Chapitre 10

Ce que l'histoire de notre dénomination nous apprend

Les mauvaises nouvelles: nous avons perdu quelques batailles
Les bonnes nouvelles: la guerre n'est pas terminée

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L'appel de Christ à la repentance des temps de la fin, à la lumière de notre histoire dénominationale a-t-il une signification? Est-il possible de voir notre histoire de différentes manières?

(1) Nous pouvons considérer notre passé historique avec une sorte de fierté triomphaliste et avec satisfaction, comme une équipe sportive qui n'a presque jamais perdu un match. Cette attitude-là est considérée comme une preuve de loyauté, car elle suppose que les bénédictions de Dieu sont répandues sur l'Église et sont le signe de Son approbation de notre état spirituel. Résultat: une tiédeur d'autosatisfaction envahissante. C'est là de loin le point de vue le plus courant de notre histoire de la dénomination, mais l'orgueil spirituel est le contraire de la vraie foi néo-testamentaire qui inclut toujours un élément de contrition.

(2) En contraste, d'autres considèrent notre histoire avec désespoir. Il y a de réels échecs dans notre histoire que certains interprètent comme une preuve évidente que le Seigneur a rejeté cette Église. Ce point de vue a produit divers groupes séparatistes et fait éclore continuellement de nouveaux mouvements de critique, aussi stériles que destructifs. Souvent ces mouvements naissent comme une protestation légitime contre l'orgueil spirituel et l'apostasie au sein de l'Église, bien qu'ils apportent rarement une solution pratique au problème. Mais il y a cependant quelque chose que ces deux tendances détiennent en commun:

Les deux s'opposent avec opiniâtreté à la notion de repentance de la dénomination. Le premier groupe s'y oppose en alléguant que cela n'est pas nécessaire. Même le fait de le suggérer est considéré comme impertinent et déloyal, critique envers l'institution, de la même façon que les prêtres de l'ancien Israël considéraient les appels de Jérémie à une repentance nationale. Le deuxième groupe rejette aussi cet appel à la repentance corporative comme étant impossible, car ils assument l'idée que le Seigneur a retiré de l'Église à la fois le privilège et même la possibilité d'une telle repentance.

(3) Nous pouvons considérer notre histoire avec une contrition, une tristesse à salut. C'est là l'approche réaliste du problème. L'Église est vraiment "le reste" authentique selon la prophétie et Dieu la conduit malgré tout. Mais notre manquement à honorer notre Seigneur, comme la prophétie indique que cela doit être fait, exige que nous tombions sur nos genoux. Le monde n'a pas encore vraiment entendu le message comme Dieu l'entendait, et Son peuple n'a pas encore été préparé pour le retour de Christ. Cette position-là "se réjouit dans la vérité". Elle ne cherche pas à éliminer, supprimer ou éluder les faits réels et constats d'échec dans l'histoire de la dénomination, qui appellent à la repentance et à la réformation dans l'Église. Quoiqu'il en soit, le réalisme illumine d'espérance le futur. La joie du Seigneur accompagne toujours la vraie repentance.

Tentatives pour expliquer ce long retard

La vérité ouvre toujours le chemin à l'espérance. La négation ou la suppression de la vérité conduit au désespoir frustrant. Ceci est dû au fait que la conscience reconnaît la réalité de la fuite du temps, l'inertie spirituelle envahissante, et le panorama mondial désolant. Le mépris de l'appel de Christ à la repentance, sera une cause inévitable de découragement de tout membre sincère et informé. La perte pour l'Église est incalculable.

On est forcé d'avouer que le long retard doit s'expliquer d'une certaine façon. Quatre solutions possibles sont suggérées:

a) Certains disent que l'intégrité de l'Église doit être révisée. C'est-à-dire que ses espoirs ont été déçus, parce que son existence même a perdu sa légitimité. D'après eux, elle a perdu la faveur du Seigneur, ajoutent-ils, et elle ne représente plus un mouvement valable qu'Il conduit. Il est inévitable que ceux qui soutiennent ce point de vu assument une position de "Retire-toi, ne m'approche pas, car je suis saint!" (És. 65:5).

b) Certains théologiens disent que le problème vient des doctrines fondamentales de l'Église. Selon eux, nos pionniers étaient théologiquement ingénus. En particulier, la doctrine du sanctuaire qui suscita le Mouvement Adventiste et en fit une dénomination unique, n'est pas scripturaire. Cette posture est la conséquence fatale de décades de privation du "message du troisième ange, en vérité", la révélation du message de 1888 avec la purification du sanctuaire.

c) Certains suggèrent que c'est notre compréhension de l'Esprit de Prophétie qui ne va pas. Selon eux, Ellen White n'a pas joui, disent-ils, de la mesure d'inspiration divine que nous avons supposé. Elle fut inspirée seulement dans le sens où d'autres auteurs religieux du 19e siècle le furent. Quelque chose doit changer, et le cœur charnel, ayant été longtemps contrarié par les principes chrétiens élevés d'E. White, est prêt à détruire sa crédibilité prophétique. "Nous en voulons pas que cet Homme règne sur nous", tel était le cri de l'Israël rebelle concernant Jésus. Or, nous faisons face à la même révolte contre "le témoignage de Jésus". On le ridiculise comme une vieille relique du 19e siècle.

d) D'autres disent que le déversement du Saint-Esprit à la Pentecôte fut l'authentique seconde venue, en continuel progrès depuis lors. Plus le grand retard se prolonge, plus forte sera la tentation de restructurer la doctrine de la seconde venue, dans le sens d'abandonner la croyance en un retour personnel, littéral et imminent de Jésus.

Les quatre postures décrites contiennent en commun une accusation implicite contre Dieu Lui-même. L'idée est "Mon Seigneur tarde à venir". Depuis les jours des pionniers, on le suppose, Dieu s'est moqué des prières d'un peuple sincère, qui est resté fidèle à Ses commandements et à la foi de Jésus, face aux moqueries et au ridicule des autres églises chrétiennes et du monde. Ceci nous oblige à croire que Dieu a déçu Son peuple, non seulement le 22 Octobre 1844, mais continuellement depuis lors. La question en jeu est la fidélité de Dieu!

La solution de Christ pour trouver une issue

Si l'appel de Christ adressé à "l'ange de l'église de Laodicée" est compris comme un appel à la repentance de la dénomination, alors nous pouvons reconsidérer les quatre solutions proposées ci-dessus:

a) L'intégrité de l'Église comme véritable "reste" prophétique reste intacte.

b) Nos doctrines fondamentales conservent leur validité, puisque totalement scripturaires.

c) Ellen White triomphe de toute attaque ou critique, dans le plus pur, authentique et honnête exercice du don prophétique décrit comme le "Témoignage de Jésus" dans Apocalypse 19:10.

d) Le déversement du Saint-Esprit à la Pentecôte n'est pas confondue avec la seconde venue personnelle, future et littérale de Christ. Le Seigneur n'a pas retardé Sa venue, et Il ne s'est pas moqué des prières sincères de Son peuple depuis 1844. Les pionniers furent vraiment conduits par le Saint-Esprit dans leur compréhension des prophéties, de la seconde venue et du sanctuaire. La seule chose qui doit être "révisée", est notre incrédulité pécheresse corporative laodicéenne, qui a contrecarré toutes les tentatives de notre Seigneur pour apporter la guérison, l'unité et la réforme.

D'un autre côté l'alternative est effrayante: Si notre Seigneur a retardé Sa venue, Il nous a trompés et nous ne pouvons pas Lui faire confiance dans le futur. Mais si c'est nous qui avons retardé le retour du Seigneur, alors il y a de l'espoir. Quelque chose peut être fait. Notre incrédulité impénitente peut être guérie. Insister sur le fait que notre Seigneur a retardé Sa venue détruit virtuellement l'espoir adventiste; tandis que reconnaître que nous l'avons retardée peut au contraire affermir et valider notre espérance.

Comme les Juifs

Notre parallélisme historique avec l'ancienne nation juive est frappant. Elle était le vrai peuple établi par Dieu, jouissant de la plus grande preuve de Sa faveur, autant que nous. L'orgueil de la structure et de l'organisation dénominationnale est résumé dans cette attitude prétentieuse: "C'est ici le temple de l'Éternel, le temple de l'Éternel, le temple de l'Éternel!" (Jér. 7:4). Le "temple", c'est notre organisation mondiale qui est une cause d'orgueil pour nous autant que le temple l'était pour les anciens Juifs. Dieu Lui-même avait établi et bénit ce temple, mais le rejet par les Juifs de la repentance nationale annula sa signification.

"La même désobéissance et le même échec que ceux de l'église juive ont caractérisé dans une plus grande mesure le peuple qui a reçu cette grande lumière du ciel grâce aux derniers messages d'avertissement. Laisserons-nous l'histoire d'Israël se répéter dans notre expérience? Comme lui, gaspillerons-nous nos occasions et nos privilèges jusqu'à ce que Dieu permette que l'oppression et la persécution surviennent? Le travail qui pourrait s'accomplir dans la paix et dans une relative prospérité sera-t-il laissé à faire jusqu'à ce qu'on doive l'accomplir en des jours de ténèbres, sous la pression de l'épreuve et de la persécution? Il y a une terrible somme de culpabilité dont l'Église est responsable" (5T 456-457).

Quelle que puisse être cette culpabilité, l'Église est toujours l'unique objet de la considération suprême de Dieu. Sans l'expiation du Christ, il est désastreux pour l'amour-propre de tout individu de faire face à la réalité de sa culpabilité. Il en est de même pour le corps de l'Église. Pour affronter cette "terrible somme de culpabilité" sans découragement, nous devons aussi voir comment l'amour de Dieu pour l'Église, en tant que corps, est inchangé. Une fois de plus, ceci implique la reconnaissance de l'aspect créateur de l'amour agapé de Dieu. Ceux qui, adonnés à la critique, sont prêts à abandonner toute espérance pour l'Église, sont –sans le savoir- en conflit avec la vérité fondamentale du caractère de Dieu. Dieu est agapé (1 Jn 4:8). L'expiation finale, dont nous avons longuement parlé, doit inclure une réconciliation finale avec la réalité de Son caractère divin, dans le cadre du Jour antitypique des Expiations. Là où les Juifs échouèrent, l'Église du reste doit vaincre en réponse à la grâce qui surabonde d'autant plus. Bien des déclarations inspirées assimilent l'échec de notre dénomination à celui des Juifs. Quelques exemples doivent suffire.

"Depuis la réunion de Minneapolis (1888), j'ai vu l'état de l'Église de Laodicée comme jamais auparavant. J'ai entendu les reproches de Dieu à ceux qui se sentent si satisfaits et qui ne connaissent pas leur dénuement spirituel… Comme les Juifs, beaucoup ont fermé les yeux de peur de voir" (RH 26/8/1890).

"Il y a moins d'excuses de nos jours pour l'obstination et l'incrédulité qu'il y en avait pour les Juifs du temps de Christ… Beaucoup disent: 'Si j'avais vécu du temps de Christ, … je n'aurais pas rejeté et crucifié Jésus, comme l'ont fait les Juifs'; mais cela se prouvera par la façon dont vous traitez Son message et Ses messagers aujourd'hui. Le Seigneur éprouve Son peuple d'aujourd'hui comme Il éprouva les Juifs de leur temps. Si nous parcouront le même chemin, si nous chérissons le même esprit, si nous refusons d'accepter les reproches et les avertissements, alors notre culpabilité sera grandement augmentée, et la condamnation qui s'abattit sur eux, s'abattra sur nous" (RH 11/4/1893).

"Tout l'univers assista au traitement scandaleux de Christ, représenté par le Saint-Esprit (à la session de 1888). Si Christ avait été devant eux, ils ('nos propres frères') L'auraient traité d'une façon semblable à celle dont les Juifs ont traité Christ" (Special T., série A, nº 6, p. 20).

Aussi sûrement que l'histoire des Juifs illustre leur besoin de repentance nationale, de même notre histoire de 1888 illustre notre besoin de repentance et d'une purification finale. La messagère inspirée du Seigneur le vit rapidement. Selon E. White, la conférence de 1888 fut un Calvaire en miniature, une manifestation du même esprit d'incrédulité et d'opposition à la justice de Dieu que celui qui a inspiré les anciens Juifs. L'esprit qui domina les opposants au message ne fut pas une incompréhension mineure, une sous-estimation temporaire d'une doctrine discutable. Ce fut une rébellion profonde contre le Seigneur. La servante du Seigneur insiste souvent sur sa signification: en essence, ce fut un renouvellement de la crucifixion de Christ. Cette réalité est notre grande "pierre d'achoppement et un rocher de scandale".

Notre histoire révèle une inimitié contre Dieu

Ayons à l'esprit que ces faits ne diminuent nullement la vérité que l'Église Adventiste du Septième Jour était alors et demeure: "l'Église du reste". Les frères qui s'opposèrent au message de 1888 étaient le véritable "ange de l'église de Laodicée" et Dieu ne rejeta pas Son Église. A la lumière de notre histoire, l'appel de Christ à se repentir reprend vie, et la seule raison pour laquelle ce ne fut pas une réalité vibrante jusqu'alors, c'est que nous ne l'avons pas compris. L'Église est fondamentalement honnête dans son cœur, et le long retard à se repentir est dû à rien d'autre qu'au manque de compréhension, et à la distorsion de cette vérité.

Alors que les anciens Juifs ont rejeté leur Messie longtemps attendu, nous avons rejeté la venue longtemps attendue du Saint-Esprit. Notons les points de comparaison suivants:

a) Le Messie à l'époque des Juifs est né dans une étable. Le début de la pluie de l'arrière-saison –en 1888- se manifesta dans des circonstances étonnamment humbles. Les deux évènements prirent les dirigeants respectifs par surprise.

b) Les Juifs ne discernèrent pas le Fils de Dieu sous Son humble apparence. Nous n'avons pas discerné le début de l'opportunité eschatologique des siècles, sous la forme humble –et dans l'imperfection humaine- de la présentation du message de 1888.

c) Les Juifs eurent peur que Jésus ne détruise leurs structures dénominational. Nous avons eu peur que le message de 1888 ne fasse tort au caractère unique de l'Église et ne détruise peut-être son efficacité en exaltant la foi plutôt que les œuvres de la loi en tant que voie de salut.

d) L'opposition des dirigeants Juifs influença beaucoup de gens à rejeter Jésus. L'opposition persistante de frères dirigeants importants dans les années qui suivirent 1888 influença beaucoup d'ouvriers et de laïcs plus jeunes, soit à ne pas tenir compte du message, soit à mal le comprendre. L'Église en général l'aurait accepté s'il lui était parvenu sans l'opposition des dirigeants (1MC, p. 275-276).

e) La nation juive ne se repentit jamais de son péché. Elle ne retrouva donc jamais les bénédictions que la royauté de Jésus lui aurait procurées. En tant qu'Église, nous n'avons jamais fait face à notre culpabilité corporative, et nous ne nous sommes pas repentis du rejet du début de la pluie du Saint-Esprit. Pour cette raison, nous n'avons jamais encore bénéficié de toutes les bénédictions du réveil. La réalité très évidente d'un siècle d'histoire démontre cette vérité.

Notons comment l'œuvre de l'Évangile aurait pu se terminer il y a près d'un siècle:

"L'influence qui résulta de la résistance à la lumière et à la vérité à Minneapolis tendit à neutraliser la lumière que Dieu avait accordée à Son peuple dans les Témoignages. Si chaque soldat du Christ avait fait son devoir, si chaque sentinelle sur les murailles de Sion avait fait résonner clairement la trompette, le monde aurait pu, avant ce jour, entendre le message d'avertissement. Mais l'œuvre a de nombreuses années de retard. Quels comptes rendra-t-on à Dieu pour avoir ainsi retardé Son œuvre?" (GCB, 1893, p. 419).

"On a résisté à la lumière qui doit éclairer la terre entière de sa gloire et l'action de nos propres frères a dans une grande mesure tenu cette lumière loin du monde" (RH 11 et 18/3/1890).

Cette humble messagère fut fermement convaincue, jusqu'à sa mort, que l'Église Adventiste du Septième Jour est le véritable "reste" de la prophétie biblique, chargé de proclamer le dernier message de l'Évangile de la miséricorde de Dieu. Elle fut fidèle à l'Église jusqu'à la fin, soutenant que l'humiliation de notre cœur devant Dieu est notre seule réponse possible qui peut permettre au ciel de renouveler son don du Saint-Esprit pour l'accomplissement de la tâche longtemps retardée de la proclamation de ce message au monde.

La vérité authentique est encourageante, et non déprimante

La vérité authentique est toujours optimiste, positive, encourageante. Une vue déformée du sermon de Pierre à la Pentecôte pourrait le qualifier de "négatif" ou "d'accusateur" car il signalait clairement la culpabilité de la nation et appelait à la repentance. Mais après la repentance de la Pentecôte, la puissance pour témoigner vint. Un renouvellement de ce phénomène glorieux attend notre réconciliation avec le Seigneur.

L'amour de Dieu pour le monde exige que Son message de la bonne nouvelle se répande partout avec puissance. Nous savons que Dieu n'est pas injuste en nous refusant de nouvelles pluies de l'arrière-saison, jusqu'à ce que nous comprenions et que nous nous repentions de la même façon que le Seigneur exigeait que l'ancien Israël comprenne et se repente. On peut dire de nous, en vérité, "grande est la colère de l'Éternel qui s'enflamme contre nous, car nos pères n'ont pas écouté les paroles de ce livre pour agir selon tout ce qui est écrit à notre sujet" (2 R. 22:23).

La raison en est que les péchés de nos pères spirituels s'enracinent en nous s'il n'y a pas de repentance. C'est ce qui arriva à l'ancien Israël. Et bien que nous ayons été très peu nombreux en 1888, la nature de cette impénitence s'est propagée aujourd'hui dans tout le corps mondial, comme les virus responsables des maladies physiques. Le mal doit suivre sa route jusqu'à ce que la repentance puisse le déraciner. Jusque là, chaque nouvelle génération sera plongée dans la même tiédeur.

Ceci n'est pas la doctrine du péché originel d'Augustin. Il n'y a pas de transmission génétique de la culpabilité. Nous connaissons la réalité de la manière dont le péché s'est propagé depuis l'Éden –"par le moyen de l'influence, profitant de l'action d'un esprit sur un autre, … se propageant d'esprit en esprit" (RH 16/4/1901).

La repentance corporative de Daniel

Notre position est analogue à celle d'Israël du temps de Daniel. Il aurait pu objecter au Seigneur, "certains d'entre nous et certains de nos pères furent fidèles, Seigneur; vois comme j'ai été fidèle, et aussi Schadrac, Méschac et Abed-Nego! Nous avons suivi la réforme sanitaire. Souviens-Toi comment certains de nos 'pères', tels que Jérémie, Baruch et d'autres, tinrent noblement pour la vérité durant l'apostasie. Nous ne sommes pas tous coupables, Seigneurs!"

Mais comment Daniel pria-t-il? Remarquons son usage du "nous" corporatif:

"Tout Israël a transgressé Ta loi, et s'est détourné pour ne pas écouter Ta voix… à cause de nos péchés et des iniquités de nos pères, Jérusalem et Ton peuple sont en opprobre à tous ceux qui nous entourent… je confessais mon péché et le péché de mon peuple d'Israël" (Dan. 9:11, 16, 20).

Le fait que nous n'étions pas personnellement présents en 1888 ne diffère pas du fait que Daniel ne vivait pas du temps de ses pères. Christ, dans Sa chair, nous a montré comment vivre une repentance des péchés auxquels nous ne pensions pas être personnellement participants. Si Lui, l'Unique sans péché se repentit à cause des péchés du monde entier, sûrement nous pouvons nous repentir à cause des péchés de nos pères dont nous sommes aujourd'hui les enfants spirituels! La vérité essentielle qui crie et réclame qu'on la reconnaisse est que leur péché est le nôtre, à cause de la réalité du principe biblique de la culpabilité corporative.

Nous devons examiner brièvement un argument qui a prétendu s'opposer au besoin de la repentance de la dénomination.

L'Assemblée de 1901 a-t-elle annulé l'incrédulité de 1888?

Certains ont prétendu que la session de l'Assemblée de la Conférence Générale de 1901 a été le théâtre d'une volte-face, d'une réforme qui a détruit le rejet du message de 1888 et ses conséquences. Cette idée suppose l'hypothèse analogue que la pluie de l'arrière-saison et le Grand Cri ont fait des progrès depuis lors. De nombreux baptêmes et une croissance des institutions et des finances sont souvent cités comme preuves, même si les Mormons et les Témoins de Jéhovah peuvent aussi montrer une croissance statistique phénoménale.

Il est vrai que la session de 1901 a apporté de grandes bénédictions. Mais il est clair qu'il n'y a pas eu de réforme spirituelle profonde. Avec une vivre perspicacité, Ellen White a écrit au juge Jesse Arthur, Elmshaven, le 14 Janvier 1903:

"Le résultat de la dernière Assemblée de la Conférence Générale (1901) m'a causé la plus grande et terrible peine de ma vie. Il n'y a eu aucun changement. L'esprit qui aurait dû intervenir dans toute l'œuvre comme résultat de la réunion, n'est pas intervenu parce que des hommes n'ont pas reçu les témoignages de l'Esprit de Dieu. Quand ils sont allés à leurs divers champs de travail, ils n'ont pas marché dans la lumière que le Seigneur avait fait étinceler sur leur chemin, mais ils ont apporté dans leur travail les faux principes qui ont dominé l'œuvre à Battle Creek.

"A la suite de cette impénitence, l'achèvement de l'œuvre de Dieu fut retardée pour une durée indéterminée. Nous devrons peut-être rester ici dans ce monde, de nombreuses années encore, à cause de cette insubordination comme celle des enfants d'Israël, mais pour l'amour de Dieu, Son peuple ne devrait pas ajouter un péché à un autre, en accusant Dieu des conséquences de sa mauvaise ligne de conduite" (Lettre du 7/12/1901; M-184, 1901).

Même alors, il n'était pas trop tard pour s'engager dans une expérience de la repentance. La messagère du Seigneur n'a pas utilisé les mots "repentance de l'Église", mais elle exprima ce principe. "Tous" avaient besoin d'y participer:

"Mais si tous maintenant voulaient seulement voir, confesser et se repentir de leur propre ligne de conduite, d'avoir abandonné la vérité de Dieu, et suivi les conceptions humaines, alors le Seigneur leur pardonnerait" (Ibid.).

Jean-Baptiste aurait pu passer plusieurs années de sa vie à essayer de considérer tous les besoins de réforme de son temps. Il préféra mettre "la cognée… à la racine des arbres" (Mat. 3:10).

Note: Si nous devions faire la liste de toutes les déviations courantes et multiformes du plan de Dieu, nous lasserions le lecteur et même les anges. Il faudrait des rayonnages de livres plus longs que ceux réservés à l'Encyclopédia Britannica pour détailler l'énumération critique de chaque déviation des "principes correctes" dans les fonctions de l'organisation et de la pratique ecclésiastique, en ce qui concerne l'œuvre éducative, médicale, la réforme sanitaire, l'œuvre évangélique et administrative, etc. On a parlé et écrit sur ce sujet durant des générations. Il n'y a pas de fin pour les gémissements et les plaintes, pour les vêtements déchirés. Il est facile de dire que la "conversion" solutionnera ce problème. La "hache" que Christ empoigne est différente de celle que les faux christs tiennent. Le "dragon" qui est "irrité contre la femme", se manifeste de cette manière. Il peut même se déguiser en "réformateur" et commencer à couper toutes sortes de "branches" avec un zèle singulier, en ayant soin de laisser la "racine" intacte: l'amour du moi.

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