Chapitre 9

Comment une Église de plusieurs millions de membres peut-elle se repentir?

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Son mécanisme complexe gêne-t-il l'œuvre du Saint-Esprit? Le corps doit-il spirituellement se disjoindre, être privé de coordination comme un tétraplégique dont les spasmes et les saccades sont incontrôlables par la tête? La Bible répond.

La qualité essentielle de la repentance reste la même dans tous les temps et dans toutes les circonstances. Mais la repentance demandée à Laodicée est unique concernant les circonstances, la profondeur et l'étendue. L'Église n'est pas une machine, et son organisation une force impersonnelle. L'Église est un corps, et son organisation est son moyen vital de fonctionnement. Les individus composant ce corps peuvent se repentir en tant que corps.

On a vu que metanoia (repentance) implique littéralement percevoir par une "réflexion après coup". Elle ne peut être complète avant la fin du temps de grâce, donc avant que l'on discerne la culpabilité historique. Tant que le lendemain pourra apporter plus de réflexion sur la signification de notre mentalité aujourd'hui ou tant que les péchés d'un autre pourront encore nous révéler notre propre culpabilité plus profonde, notre repentance devra demeurer incomplète.

Mais elle grandira, car "à chaque pas en avant dans l'expérience chrétienne notre repentance s'approfondira" (Paraboles 156). Le Souverain Sacrificateur qui est en train de purifier le sanctuaire céleste n'a pas renoncé à Son œuvre. Son peuple peut ne pas réussir à apprendre sa leçon, mais la patience de Christ ne faillira pas. Il le ramènera sur le même terrain pour l'éprouver à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'il comprenne" (4T 214; 5T 623).

Un avenir brillant pour l'œuvre de Dieu

Une magnifique expérience figure au programme des prochains évènements: elle est unique dans l'histoire. Zacharie, le prophète fondé sur Christ, et qui annonce des évènements des derniers jours, nous dit qu'il se produira pour l'Église des derniers jours et pour ses dirigeants une réponse au Calvaire, venant du cœur, qui transformera complètement l'Église. Zacharie dit des évènements de la fin:

"Alors, Je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de supplication, et ils tourneront les regards vers Moi, Celui qu'ils ont percé, ils pleureront sur Lui comme on pleure sur un fils unique, ils pleureront amèrement sur Lui comme on pleure un premier-né. En ce jour-là, une source sera ouverte pour la maison de David et les habitants de Jérusalem, pour le péché et pour l'impureté" (Zach. 12:10; 13:1).

Qui sont les "habitants de Jérusalem"? Jérusalem est une "cité" des descendants d'Abraham, le corps organisé du peuple de Dieu. Au temps de Zacharie, Jérusalem désignait un groupe distinct de personnes appelées à représenter le vrai Dieu devant les nations du monde. Elle était un corps établi, un ensemble corporatif de soi-disant adorateurs.

L'Esprit de grâce et de supplications ne doit pas se déverser sur des descendants dispersés d'Abraham, mais sur les habitants de la "cité", corps visible du peuple dénommé de Dieu, sur terre. Il est sous-entendu qu'aucun descendant d'Abraham choisissant de demeurer hors de Jérusalem ne peut en faire partie. Les Juifs qui choisirent de rester dans les nations où ils furent dispersés, refusant de rentrer dans la Palestine ancestrale, furent en fait perdus pour l'histoire.

Qui est la "maison de David"? C'était jadis le gouvernement du peuple de Dieu. Zacharie se réfère aux dirigeants de l'Église des derniers jours, où "l'ange de l'église" ou "le roi et ses grands", selon les mots de Jonas (3:7). Ils sont les "hommes de Juda" que Daniel distingue des "habitants de Jérusalem" (9:7). "La maison de David" comprend tous les niveaux des dirigeants de l'Église organisée.

Semble-t-il possible qu'un esprit de contrition se déverse sur des dirigeants bloqués par la complexité de l'organisation? Plus l'Église est engagée dans ses multiples entités, plus grand est le danger qu'elle étouffe collectivement et massivement les incitations simples et directes du Saint-Esprit. Tout individu qui reçoit une vision est tenté de penser que ses bras sont liés –que peut-il faire? Le grand monolithe de l'organisation infiltré par le formalisme et la tiédeur, ne semble avancer qu'à la vitesse de l'escargot. Sans cet "esprit de grâce et de supplication", plus on approche de la fin des temps et plus l'Église grandit, plus ses mouvements sont complexes et encombrés, plus la perspective de la repentance apparaît comme lointaine.

Mais ne négligeons pas ce que dit la Bible. Nous avons besoin de nous rappeler que longtemps avant que nous créions nos systèmes compliqués d'organisation de l'Église, le Seigneur créa des systèmes d'organisations infiniment plus complexes et pourtant "l'Esprit … était dans les roues" (Éz. 1:20). Notre problème n'est pas la complexité de l'organisation, mais l'amour collectif du moi, mais le message de la croix peut le résoudre!

Pourquoi a-t-on besoin de l'organisation?

Le monde a besoin d'une "Jérusalem" qui soit "témoin pour toutes les nations". Sans elle, la tâche ne peut pas s'accomplir. L'histoire de l'échec de l'ancienne Jérusalem prouve que sans "l'esprit de grâce et de supplication", l'organisation de la dénomination devient inévitablement orgueilleuse et présente sous un faux jour sa mission divine. Zacharie dit qu'une vision correcte du Calvaire communique la contrition (Ils tourneront les regards vers Moi, Celui qu'ils ont percé [pas les Juifs et les Romains d'il y a deux milles ans], et ils pleureront amèrement sur Lui). La vision de la croix apportera l'ultime solution au problème du péché et de l'impureté de l'homme.

Qu'est-ce que "l'impureté"? C'est une couche profonde de la motivation égoïste inconsciente qui est à la base de tout péché, qui doit être purifiée au Jour des Expiations, ce qui n'a jamais été accompli par aucune génération précédente. La peur de l'enfer, avec le revers de la médaille -l'espoir d'une récompense éternelle-, cèderont le pas à la contrainte pure de l'amour de Christ. L'amour collectif du moi sera "crucifié avec Christ".

Qu'est-ce que l'esprit de grâce et de supplication? Deux éléments distincts constituent cette expérience phénoménale: "l'esprit de grâce", le fait d'apprécier la croix, une vision du caractère d'amour de Dieu qui détruit et annihile complètement la suffisance et l'orgueil humains, et "l'esprit de supplications", les prières s'élevant de cœurs contrits et attendris. La différence de qualité est essentielle, entre ces "supplications" et les prières formalistes et ordinaires, et cette différence est très grande. Les gens découvriront tout de suite l'authenticité de ces "supplications" car elles viendront de cœurs humiliés par la repentance de toute la communauté. Quand la prière vient d'un tel cœur, dit David, alors nous enseignerons "Tes voies à ceux qui les transgressent, et les pécheurs reviendront à Toi" (Ps. 51: 15). L'Esprit répandu dans toutes les assemblées d'églises se reconnaîtra. Formant un contexte étroit à la prophétie de Zacharie (chap. 10), on a une autre prophétie montrant ce que sont les résultats d'une telle repentance de la dénomination:

"Il viendra encore des peuples et des habitants d'un grand nombre de villes. Les habitants d'une ville iront à l'autre (dénomination), en disant: Allons implorer l'Éternel et chercher l'Éternel des armées! Nous irons aussi! Et beaucoup de peuples et de nombreuses nations viendront chercher l'Éternel des armées à Jérusalem et implorer l'Éternel" (Zach. 8:20-22).

La croix et la repentance de toute l'Église

Que peut faire n'importe qui pour hâter ce jour? Devons-nous descendre dans notre tombe et laisser faire cela à une génération future?

Si nous refusons la repentance que Christ nous demande la réponse à cette deuxième question doit être oui. Si nous nous en tenons à l'orgueil et à la dignité des affaires habituelles, la réponse est oui. Si nous permettons aux anciens plans négatifs de la dénomination de continuer, la réponse doit être oui.

La réponse à la question: comment faire? est le message de la croix. "Ils tourneront les regards vers Moi, Celui qu'ils ont percé" dit le Seigneur. C'est là qu'est centrée la pleine reconnaissance de la culpabilité de toute la communauté et "l'Esprit" accordé peut seulement accompagner une repentance totale et franche du corps de l'Église. Tout péché humain est basé sur le meurtre du Fils de Dieu. Tant qu'on ne le voit pas, "l'esprit de grâce et de supplication" n'est pas accueilli dans le cœur orgueilleux et reste irrecevable. Alors, nous restons puérils, tragiquement satisfaits de nous pavaner sous le regard stupéfait de l'univers, ignorant notre véritable état. Une connaissance de la vérité totale crée la douleur d'avoir péché et non une peur égocentrique de la punition, mais une sympathie christocentrique d'identification avec Lui dans Ses souffrances, et un intérêt sincère pour Sa justification.

Le déplacement du centre d'intérêt du moi vers Christ sera un miracle. Il ne s'est jamais pleinement réalisé depuis les temps apostoliques. "Ils pleureront amèrement sur Lui comme on pleure sur un fils unique, ils pleureront amèrement sur Lui comme on pleure un premier-né" (Zach. 12:10). Déplacer le centre de notre intérêt, de l'angoisse relative à notre propre salut à l'intérêt concernant Christ –seul le Saint-Esprit peut le faire.

Notre souci naturel pour notre sécurité personnelle a souvent imprégné notre expérience religieuse, nos chants, nos prières, notre message. S'il n'y avait pas la puissance du Saint-Esprit pour accomplir le miracle du changement, nous pourrions penser qu'il faudrait des décennies, peut-être même des siècles, pour amener un tel changement dans la nature humaine. Mais une œuvre rapide est possible, et elle a été promise.

La dernière église est composée d'individus comme tous les autres au cours de l'histoire, nés avec un esprit dépravé, avec le cœur naturel irrégénéré du pécheur. Mais la révélation de la vérité réalisera pour eux une grande transformation de l'esprit. Plus totalement ils reçoivent l'esprit de Christ, et plus intense devient leur sentiment de contrition. La perception après coup de l'esprit illuminé considère le péché sans illusion. Laodicée a enfin les yeux ouverts.

Néanmoins, cette repentance est l'opposé de la dépression ou du découragement. Quand nous pouvons voir notre état de péché grâce à la repentance de la "perception éclairée après coup", nous pouvons vraiment apprécier la "bonne nouvelle". Ceux qui craignent la repentance, parce qu'ils l'associe au découragement ou à la dépression, ne comprennent pas l'Esprit de Christ, et ferment leur cœur à la puissance guérissante du Saint-Esprit. La joie du monde est éphémère et se change vite en désespoir dans l'épreuve. Christ nous donne Sa paix et Sa joie, "pas comme le monde donne". C'est la joie de Celui qui est un "Homme de douleur et habitué à la souffrance" (voir Jn 14:27; És. 53:3). Quand l'Église du reste agira dans la tragique désintégration de la vie humaine qui caractérisera les derniers jours, cette joie profonde ineffable du Seigneur proviendra d'une contrition authentique.

Pour l'individu, la repentance est une perception rétrospective, un changement d'esprit qui observe le caractère et l'histoire personnels à la lumière du Calvaire. Ce qui précédemment n'était pas compris devient évident. L'égoïsme profond de l'âme, les motifs corrompus, tout est vu à la lumière qui brille de la croix.

La repentance du corps de l'Église est la même perception rétrospective, mais en contemplant l'histoire dénominationale selon la perceptive du Calvaire. Ce qui était autrefois caché dans l'histoire, devient manifeste. Des mouvements et des faits qui semblaient mystérieux au moment où ils se produisirent, apparaissent sous leur véritable et ample signification. La Pentecôte décrit pour toujours la réalité glorieuse de cette repentance.

La raison du succès des apôtres

Le secret du succès de l'église primitive tenait à la compréhension de ce fait: "vous avez été crucifiés avec Christ" et la vraie repentance s'en suivit. Christ crucifié devint l'appel central de tout le ministère des apôtres. Le livre des Actes n'aurait jamais été écrit si les membres de l'église primitive n'avaient pas compris leur participation à la culpabilité du meurtre du Fils de Dieu, et de même, s'ils n'avaient pas participé à l'expérience joyeuse de la repentance opportune.

Dans Actes 10, on lit comment d'autres que les Juifs partagèrent la même expérience. Les apôtres s'émerveillèrent de ce que les Gentils manifestèrent la même réaction profonde en face de la croix que les Juifs croyants, recevant aussi le don du Saint-Esprit (vers. 44-47).

Le Saint-Esprit fit pénétrer leurs paroles dans les cœurs, mieux qu'ils ne s'y attendaient. Les païens, repentis, s'identifièrent aux Juifs et reconnurent leur part de culpabilité. Autrement dit, les païens firent l'expérience d'une repentance corporative.

Rien dans la Bible n'indique que la pleine réception du Saint-Esprit dans les derniers jours, sera différente en quoi que ce soit.

Auriez-vous mieux fait?

Imaginons que nous ayons été dans la foule rassemblée devant Pilate, ce vendredi matin. L'étrange Prisonnier est enchaîné. Il est populaire de s'unir pour le condamner. Pas une voix ne s'élève pour le défendre.

Supposons que nous soyons en relation avec le gouvernement de Pilate ou employés de Caïphe, le souverain sacrificateur. Nous faisons vivre notre famille avec notre salaire. Aurions-nous le courage de nous lever seul et de dire: Nous commettons une faute terrible! Cet homme n'est pas coupable de ce dont on l'accuse. Il est ce qu'Il déclare être. Il est le divin Fils de Dieu! J'en appelle à vous, Pilate et Caïphe, acceptez cet Homme comme le Messie!"

Supposons que notre propre cercle d'amis intimes se soit déjà rallié à la moquerie et l'insulte envers Jésus, aurions-nous eut le courage de l'affronter seul, de lui reprocher ce qu'il fait?

Sachant que défendre Jésus de cette manière pourrait nous mener aussi à la croix, oserions-nous parler haut? La réponse est sûrement évidente.

Nous n'osons pas dire que l'Église en tant que corps mondial ne peut pas connaître cette expérience, de peur que, quand nous contemplons la croix merveilleuse sur laquelle le Prince de gloire mourut, nous ne versions le mépris sur Son sacrifice d'amour en supposant qu'il a été vain.

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