RENDU SEMBLABLE A SES FRERES

D. K. Short

 

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IX

 

Un diagnostic sans confusion

 

            Les promesses de Dieu à Abraham, Isaac et Jacob sont, dans le vaste plan du salut, des promesses à l'Église du reste. Si nous ne parvenons pas à voir dans notre héritage notre parenté avec l'ancien Israël, nous ne pouvons comprendre la grandeur de l'Évangile. Prendre la mesure des relations de Dieu avec ce peuple éveille les émotions les plus profondes que connaissent le cœur humain. Dieu l'a appelé à être un "peuple saint pour l'Éternel, ton Dieu… l'Éternel, ton Dieu t'a choisi pour que tu fusses un peuple spécial qui Lui appartînt entre tous les peuples qui sont sur la surface de la terre" (Deut. 7:6; KJV). Quel respect profond de la part du Tout-Puissant, "au-dessus de tous les peuples"! Mais pourquoi cette place de choix Lui serait-elle accordée parmi les nations? Non à cause d'un mérite quelconque de sa part, mais parce que le Seigneur l'aimait (vers. 8). Et il a mis l'amour de Dieu à l'épreuve, jusqu'à la limite extrême, comme le font leurs héritiers au temps de la fin.

 

            Si l'église du reste acceptait le conseil de Christ, le monde trouverait en elle ce qu'il aurait dû trouver dans la nation juive. Celle-ci était appelée à abhorrer toute forme d'idolâtrie et tout dieu qui symbolisait une telle hérésie, jusqu'à mépriser l'or qui ornait les images taillées des païens. Avons-nous appris à détester ces choses? Quand le message des trois anges sera-t-il proclamé sans restriction ni compromis? Faute de quoi, quel espoir y a-t-il d'amener le monde à choisir entre la vérité et l'erreur? Trop longtemps nous sommes restés hésitants au seuil de grandes espérances.

 

             Le collyre qui doit nous permettre de voir la réalisation de notre destinée entraîne une compréhension claire des oracles prophétiques qui nous ont été donnés. Pour proclamer le dernier message qui va illuminer la terre de sa gloire et opposer le peuple de Dieu à toutes les puissances du mal, il faut que ce message soit la vérité pure et irréfutable. Les oracles du Dieu vivant. Comprendre cette obligation divine nécessite la vue pénétrante que procure le collyre proposé par le Témoin Véritable.

 

            Il ne faut pas interpréter cela comme une simple apologie des particularités adventistes face au scepticisme œcuménique ou séculier. Si l'on considère que préserver l'héritage de l'Adventisme historique et en proclamer les doctrines est notre but, ce qu'on appelle communément achever l'œuvre, nous risquons d'être pris au piège. Comme Jérusalem jadis, nous pouvons nous barricader dans nos doctrines et nos programmes sans jamais aller au combat pour la vérité et pour le Dieu du ciel. A juste titre, un prophète a averti cette église que la destruction de Jérusalem est un type du conflit final.

 

Les enjeux en instance sont peu clairs

 

            Si l'adventisme a un message qui fournit les ultimes réponses aux problèmes qu'affronte l'humanité, il est impératif que les enjeux soient énoncés clairement. Selon les jugements prononcés par les trois anges, les enjeux sont les plus graves qui se soient jamais présentés à l'espèce humaine. Nous avons mieux à faire qu'à arranger et à peaufiner la périphérie de l'orthodoxie chrétienne. Le message des trois anges concerne le cœur du christianisme.

 

            La colère et la condamnation proclamées par le troisième ange ne peuvent viser que ceux qui rejettent finalement la vérité de l'Évangile. Dieu ne saurait prononcer le plus terrible jugement de toute l'Écriture sur qui aurait seulement négligé une manucure spirituelle. Pris au sérieux, l'Adventisme doit présenter l'Évangile au monde entier de façon telle que celui-ci le voie comme jamais il ne l'avait vu encore. Seule une œuvre aussi unique, aussi radicale pourrait justifier le jugement prononcé par les trois anges. La confrontation qui approche fait appel, en dernier ressort, à une sorte d'opération à cœur ouvert. Seule une procédure aussi audacieuse pourrait enflammer la fureur de l'opposition et de la persécution prévues par notre étude prophétique, et réveiller les multitudes dans Babylone.

 

            La rébellion, l'angoisse, la souffrance et la douleur de l'holocauste de 6.000 ans est un fait historique qu'amplifie chaque année qui passe. Si Christ diffère Son retour et si la consommation de Son royaume prolonge, ne serait-ce que d'une journée, la souffrance, la situation de cauchemar sur cette planète, il faut qu'il y ait des raisons impératives. Ce peu d'empressement du ciel à en finir paraîtrait suspect devant le jury de l'univers. La continuation du triste état de l'humanité et le jugement dernier annoncé exigent que ce qui reste à décider dans le conflit soit proportionné à la souffrance qui continue pendant ce temps.

 

            Le fait qu'en six millénaires le conflit n'a pas été résolu est la seule raison logique de l'ajournement du second avènement. Les questions initiales soulevées au sujet du caractère de Dieu et la rébellion subséquente qui a lancé cette grande controverse n'ont pas été pleinement comprises. Elles sont encore à réfuter. La raison exige que nous soupesions cet effroyable dilemme.

 

            Nul plus que Dieu Lui-même ne désire ardemment une fin de ce conflit. Il a déjà donné la démonstration de Sa volonté d'apporter une solution et Il a vidé le ciel pour le prouver. C'est pour cette raison que "la Parole a été faite chair et Elle a habité parmi nous". Dans l'incarnation, être "rendu semblable à Ses frères" est le diagnostic et la prescription pour le péché. Mais Son témoignage et Sa défense n'ont pas plus de poids que ceux de quiconque est appelé au tribunal. Dieu doit respecter Ses propres règles. On doit présenter au jury des preuves qui démontrent que le combat de Christ contre le péché avait lieu sur le même plan que celui de tout être humain qui combat dans cette guerre. La loi requiert la justice pour tous, indépendamment de sa position.

 

            En cas de transgression, "prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l'affaire se règle sur la déclaration de deux ou trois témoins" (Mat. 18:16). Tous ceux qui sont jugés comparaissent devant le même tribunal. Dieu ne peut gagner Sa cause, résoudre cette controverse diabolique, sans la fidélité de Ses témoins. "Mais vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez Mes témoins" (Act. 1:8). Cette puissance rend Son peuple capable, dans ce procès, de soutenir, ensemble, la vérité. Ses témoins s'accordent avec le témoignage du Témoin principal et Le soutiennent. Il a compris la cause depuis le début. Il a déclaré qu'Il ne pouvait rien faire de Lui-même. Il a dit "si c'est Moi qui rend témoignage de Moi-même, Mon témoignage n'est pas vrai" (Jn 5:30-31). Ceux qui sont avec Lui comprennent aussi ce qui est en jeu, et ils porteront le même témoignage. Ce n'est pas d'eux-mêmes qu'ils se soucient, mais de la validation de la vérité, et de la défense de Dieu.

 

            Le témoignage spécifique de l'Adventisme, ce sont les messages des trois anges. Ces déclarations qui justifient le ciel sont liées à la gloire de Dieu et à la purification du sanctuaire. Ce message a été notre Pâque, comme la Pâque a donné naissance à Israël et a annoncé le but ultime de son existence. Ainsi la purification du sanctuaire contient une vérité aussi certaine que la présence du sang de la Pâque sur les montants des portes d'Israël. Pour comprendre notre symbolique adventiste des montants de portes, il nous faut revenir au sanctuaire de l'ancien Israël. Il y avait une expiation pour le lieu saint, pour le tabernacle et pour l'autel (Lév. 16). Des objets inanimés étaient associés aux péchés des êtres humains et il y avait une expiation pour les deux ensemble. Rien n'était omis dans la tâche de purifier le camp et le peuple "afin que vous soyez purifiés de tous vos péchés devant l'Éternel" (v. 30).

  

 

Le problème de la purification du sanctuaire

 

            La signification de ce grand Jour des Expiations est immense. Cette purification des péchés qui souillaient le lieu saint avait lieu une fois par an. Cette œuvre complétait le cycle annuel des services. Notre raison d'être s'y rattache.

 

            L'épisode de 1844 dans notre histoire et le jugement investigatif plongent leurs racines profondément en Lévitique 16 pour confirmer leur validité. Mais, mise à part la défense de notre pedigree confessionnel, nous avons acquis peu de chose qui permettent d'espérer mettre fin à la grande controverse. Nous avons dû laisser passer quelque chose. Les évènements du monde et notre égoïsme nous ont rendus aveugles au problème des vrais enjeux.

 

            Caché sous les nombreux détails des rituels, dans le service du sanctuaire, il se trouve un concept troublant. Pourquoi des objets inanimés auraient-ils besoin de rédemption? Des personnes peuvent accumuler la culpabilité et la souillure du péché, mais comment des objets inanimés peuvent-ils être souillés? Prétendre que le péché et la culpabilité sont transférés du peuple sur l'autel, c'est déjà répondre à cette question. Le péché n'est pas une entité que nous pouvons transférer indifféremment d'un lieu à un autre; on ne pouvait donc pas le transporter comme un objet dans le lieu saint.  Qu'est-ce que Dieu veut faire comprendre quand Il place la trace de la souillure sur les objets de la première partie du sanctuaire? (voir Ex. 30:10 et Lév. 16:18).

 

            L'Adventisme naquit basé sur la doctrine du sanctuaire. Cet enseignement est essentiel à la continuation de son bien-être et à son triomphe futur. Si le sanctuaire est un tableau noir divin dans l'école de la vérité, ces ustensiles et éléments souillés doivent représenter des vérités rédemptrices qui sont elles-mêmes insuffisantes et ont besoin de purification et de rédemption.

 

            En d'autres termes, les moyens mêmes dont Dieu se sert pour sauver les hommes par le ministère du lieu saint sont eux-mêmes entachés dans l'opération. De même que des siècles de culte cérémoniel ont été rendus caducs et ont nécessité que le véritable Agneau vienne au temps fixé, de même l'entière compréhension de l'incarnation et de l'expiation doit donner naissance à une compréhension plus grande de la vérité avant le second avènement. Cela est inhérent à la purification du sanctuaire au Jour des Expiations. Il y a un risque en suspens. D'après le livre des Hébreux, ce risque, pour le saint lieu, résulte d'une expiation pour le péché qui ne l'éradique pas complètement.

 

            "En effet, la loi, qui possède une ombre des biens à venir, et non l'exacte représentation des choses, ne peut jamais, par les mêmes sacrifices qu'on offres perpétuellement chaque année, amener les assistants à la perfection. Autrement, n'aurait-on pas cessé de les offrir?" (Héb. 10:1-2).

 

            L'équation spirituelle est simple. La routine quotidienne des cérémonies est reconnue comme inférieure pour une raison: elle est répétitive, elle ne finit jamais. Le sacrifice quotidien, ou continuel, pour le péché, lié au ministère du lieu saint, ne supprime pas le péché, sinon il prendrait fin. C'est le péché qui rend les offrandes sacrificielles nécessaire; continuer à pécher exigeait de continuelles offrandes. Les offrandes perpétuelles dans le lieu saint témoignent de l'incapacité de ce ministère à supprimer le péché. Cette incapacité le contraint à porter la charge des péchés qu'il pardonne jusqu'à ce qu'il puisse être purifiés par un ministère supérieur. Les déclarations, liées au service du lieu saint, qui attribuent aux croyants plus de justice qu'elles n'en donnent réellement, rendent de telles procédures salvatrices susceptibles d'être mal comprises.

 

            C'est la raison pour laquelle, bien que le peuple de Dieu puisse recevoir l'assurance de la justification et du pardon, en fait, c'est Sa réputation même que Dieu met en cause en leur attribuant ce statut judiciaire légal. L'image physique d'un Sauveur ensanglanté plaidant en notre faveur devant le trône du ciel est une représentation de ce que la médiation entraîne réellement, du fait de cette avance de crédit accordée.

 

            Les dimensions de cet avoir, on peut les constater partout dans le monde dans les dures réalités de la vie. Au cours des années 1980, beaucoup de nations de la terre ont connu une débauche de dépenses. Des millions de personnes se sont réjouies de l'apparente prospérité. Au diable la dette! Les banques consentaient des prêts par milliards en se contentant d'espérances en guise de garanties, comme insouciantes devant le fait que toute dette devra être payée tôt ou tard. On a négligé les lois de l'économie qu'on ne peut annuler. Mais elles reviendront nous hanter, et réclamer un jour qu'on règle les comptes. Tout crédit consenti en échange d'un quelconque miracle futur est voué à la faillite.

 

            "L'Évangile éternel" qui doit être prêché aux habitants de la terre est également soumis à la loi. Toute interruption qui ajourne la sanction du péché accroît une dette qui est enregistrée à l'autel du lieu saint. La tâche de l'Adventisme est de révéler que el livre de comptes célestes soit être ouvert et examiné. Les immenses ressources procurées par la croix n'ont de valeur qu'autant qu'elles sont appréciées, comprises, et investies dans la transformation de vies humaines. Cela donne un sens à l'appel du Comptable céleste quand Il dit: "Si quelqu'un veut venir après Moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge de sa croix et qu'il Me suive" (Mat. 16:24). A juste titre, Il demande seulement que le conjoint épousé L'accompagne et apprécie l'investissement qu'a fait le ciel lorsque la Parole s'est faite chair. Il demande que les fiançailles prolongées prennent fin, et que le mariage puisse avoir lieu. On ne répond pas à un amour véritable par substitution.

 

            A l'évidence donc, la substitution de Jésus prolonge la peine et la souffrance, même actuellement. Nos péchés, qui nécessitent une médiation continue, constituent le fardeau embarrassant que le ciel soit supporter. Aussi longtemps que nos péchés contraignent à une telle médiation substitutive, on doit voir l'expiation en terme de protection de ses bénéficiaires, plutôt que leur régénération. La purification du lieu saint doit donc comporter une solution à cette contradiction selon laquelle les saints sont protégés légalement de leurs péchés sans avoir remporté sur eux une victoire correspondante.

 

            C'est la raison pour laquelle les fidèles du passé sont retenus dans la tombe. Ils doivent rester en attente jusqu'à ce que les vérités rédemptrices qui ont opéré leur salut puissent être justifiées. "Tous ceux-là, à la foi desquels il a été rendu témoignage, n'ont pas obtenu ce qui leur était promis, Dieu ayant en vue quelque chose de meilleur pour nous, afin qu'ils en parvinssent pas sans nous à la perfection" (Héb. 11:39-40). Les saints de tous les âges restent prisonniers du tombeau, ils nous attendent.

 

            Apporter cette délivrance et le fruit ultime de l'Évangile, c'est la raison d'être de notre existence et de la vérité qui nous a été donnée. Le plus grand crime de toute l'histoire n'a pas été encore éclairci, on ne l'a pas encore compris. Il ne le sera jamais tant qu'on ne reconnaîtra pas que le péché commis à la croix est la revendication de la chair victorieuse du péché. La manifestation de la juste colère devait confirmer pour les cœurs humains que la croix n'a pas pour but de protéger les humains de la mort, mais de les assurer que la chair de l'homme peut survivre à la mort. Le combat a montré à l'évidence que la chair peut vaincre le péché par la grâce de Christ.

 

            C'est en tant qu'homme que Christ a dû supporter les conséquences du péché de l'homme. C'est comme homme qu'Il a dû endurer la colère de Dieu contre la transgression. C'est dans sa nature humaine qu'Il a craint de ne pouvoir supporter le conflit avec les puissances des ténèbres. Son "humanité reculait devant le sacrifice suprême" (Jésus-Christ, chapitre: Gethsémané; Ellen White).

 

            "Ce n'était pas la peur de la mort qui l'accablait. Ce n'était pas la douleur et l'ignominie de la croix qui causaient Son indicible agonie… Sa souffrance venait du sentiment de la malignité du péché, de savoir que, par sa familiarité avec le mal, l'homme était devenu aveugle à sa monstruosité… Peu nombreux seraient ceux qui voudraient échapper à son pouvoir" (Ibid., p. 756).

 

            "Mais le Christ, venu sur la terre en tant qu'homme, a vécu dans la sainteté et a formé un caractère parfait. Il offre ces choses gratuitement à tous ceux qui veulent les recevoir. Sa vie se substitue à celle des hommes. De cette manière ceux-ci obtiennent la rémission des péchés commis auparavant, au temps de la patience de Dieu. Plus encore: Le Christ communique aux hommes les attributs même de Dieu. Il façonne le caractère humain à la ressemblance du divin: un magnifique chef-d'œuvre de force et de beauté spirituelle. Ainsi la justice qu'exige la loi se trouve réalisée chez celui qui croit en Christ. Dieu a voulu montrer Sa justice dans le temps présent, de manière à être reconnu juste, tout en justifiant celui qui a la foi en Jésus". (Ibid., p. 767).

 

            Comme êtres humains, membres de l'Église du reste, nous "sommes participants à la chair et au sang". Christ "y a également participé Lui-même, afin que, par la mort, Il anéantît celui qui a la puissance de la mort, c'est-à-dire le diable" (Héb. 2:14). Cela apporte non seulement la rémission légale des péchés passés, mais encore "Christ imprègne les hommes des attributs de Dieu" et "construit le caractère humain à la ressemblance du caractère divin" en sorte que "la justice de la loi s'accomplie en celui qui croit". Telle est l'ultime victoire dans la bataille cosmique. Tel est le fruit de l'Évangile éternel.

 

            Finalement, voici un groupe de croyants qui sont nés de Dieu et vainqueurs du monde "et la victoire qui triomphe du monde c'est notre foi" (1 Jn 5:4). Inséparable de cette victoire, de ce triomphe glorieux, la promesse du Seigneur: "Celui qui vaincra, Je ferai de lui une colonne dans le temple de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem… J'écrirai sur lui Mon nom nouveau" (Apoc. 3:12). Il n'y a pas de substitution pour cette expérience que l'Église du reste doit vivre avant le second avènement.

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