RENDU SEMBLABLE A SES FRERES

 D.K. Short

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VIII


 L'Évangile dissipe la confusion 

            Nous avons de quoi être stupéfaits devant la foi du Créateur: Il offre de mettre entre les mains de l'homme "la puissance de Dieu". Et cependant telle est Sa promesse: "l'Évangile de Christ … est une puissance de Dieu pour le salut" (Rom. 1:16). Et comme si ce n'était pas assez étonnant, considérez le verset suivant où il nous est dit que dans l'Évangile "est révélée la justice de Dieu". Ces Écritures nous révèlent le caractère de Dieu et Son plan pour l'humanité.  

            Mis en équation, voici ce que cela donne: l'Évangile = la puissance de Dieu = la justice de Dieu. Ce qu'Il veut nous donner, le potentiel de croissance qu'Il envisage pour nous dépasse l'entendement. (Pourquoi Dieu se mettrait-Il en souci pour des rebelles? Mieux vaut les exterminer).  

            Paul met en valeur son équation en 1 Corinthiens 1:18: "La prédication de la croix est une folie pour ceux qui périssent; mais pour nous qui sommes sauvés, elle est une puissance de Dieu". Deux choses égales à une même chose sont égales entre elles. Cela établit pour l'Évangile un axiome plus puissant qu'une bombe nucléaire ou toute autre force qu'on pourrait inventer. L'équation devient alors: l'Évangile = la puissance de Dieu = la justice  =  la croix. 

            Cela signifie que, à quiconque accueille l'Évangile est offerte la puissance même qui a œuvré à la création de l'univers, la puissance de Dieu Lui-même. Si l'esprit est capable de comprendre cela, nous saurons que Dieu n'a rien épargné lorsqu'il s'est agi de secourir Sa famille. 

            Il est donc évident que l'Évangile est infiniment plus qu'une simple bonne nouvelle. L'Évangile est la justice même de Dieu qui triomphe du péché parce que la puissance de Dieu est en elle. L'Évangile contenu dans la croix est plus qu'une image, un emblème, une enseigne, un logo, quoi que ce soit qui puisse être représenté par un dessin.  En conséquence, quiconque accepte vraiment l'Évangile accepte aussi nécessairement la croix. Ceux qui connaissent et comprennent la croix sont introduits dans la salle d'audience de Dieu, le lieu très saint du Créateur. On ne peut en tirer qu'une seule conclusion: Paul parlait de choses qui ont trait à l'expiation, laquelle est manifestement encore incomplète parce que le péché n'est pas encore éradiqué.  

            Lorsque nous comprendrons pleinement l'expiation, nous comprendrons le mécanisme du cœur humain et son esclavage à l'égard du péché. Alors nous serons en mesure d'aider  l'humanité d'une manière à laquelle nous n'avons jamais songé encore. La "puissance de Dieu" sera manifeste. Chaque membre d'église éprouvera pour le reste de l'humanité une sympathie qui se cristallisera en ce que la Bible appelle agapé. Alors l'église connaîtra par expérience la repentance solidaire, comme Christ l'a connue.  

            Les observateurs du Sabbat sauront que chaque fidèle est une cellule du corps de Christ. Tout comme Il a pris la nature humaine et s'est uni à la race humaine, de même chaque croyant verra quelle est sa place dans le tissu de l'humanité, un repentir aura lieu parmi les fidèles, faisant écho à la prière de Christ: "Père, pardonne leur, car ils ne savent ce qu'ils font" (Luc 23:24). Les membres de l'église percevront les péchés des autres comme s'ils étaient les leurs, ce qu'ils seraient sans la grâce de Dieu. Ils sauront que les pires péchés de l'espèce humaine sont cachés dans leur propre cœur comme une tendance prêtre à faire irruption en action réelle.  

            Tout croyant comprendra que le "corps n'est pas un seul membre, mais qu'il est formé de plusieurs membres". Ils apprécieront le message de Paul, convaincus que "l'œil ne peut pas dire à la main: je n'ai pas besoin de toi; ni à la tête dire aux pieds: je n'ai pas besoin de vous… Dieu a disposé le corps… afin qu'il n'y ait pas de division dans le corps, mais que les membres aient également soin les uns des autres" (1 Cor. 12:14-; 21:24-25).  

            L'Église du reste comprendra que la repentance solidaire n'a rien à voir avec l'organisation, la hiérarchie. C'est bien plutôt l'humble acceptation, individuellement et en tant que corps, de l'appel que le Témoin véritable adresse à la septième et dernière église. Il réclame en particulier que ce corps constitué, "l'ange de l'église", "aie du zèle et se repente" (Apoc. 3:14-19). 

            Lorsque le peuple de Dieu entendra Sa voix et ouvrira la porte de son cœur, il n'aura pas besoin de départements, de programmes et de psychologie savante pour toucher les cœurs. Nous ne chercherons plus à vendre un produit qui doit être bien emballé pour exciter les envies égocentriques des acheteurs. Il n'y aura pas de campagne d'affichage à tout casser. L'expiation finale n'est pas un évènement, elle est en réalité un dénouement.  

            Dans l'expiation se trouve l'ultime révélation du mystère de la piété qui a été caché dans les siècles passés et qui reste à comprendre, car c'est la révélation du caractère de Dieu. Maintenant le malentendu sur ce caractère, c'est l'œuvre suprême de Satan. Mais il sera révélé et "manifesté à Ses saints". L'univers entier assistera à son ultime manifestation, lorsque le peuple de Dieu, par la foi, comprendra Sa justice et Sa croix. La réside la puissance qui triomphe du péché et confirme l'espérance de la gloire qui est "Christ en nous" (Col. 1:26-27).  

            Avec patience, Christ s'efforça de le faire comprendre à Ses disciples, mais ils ne le comprirent pas. Parce que Jésus "savait ce qui était dans l'homme" (Jn 2:25). Il peut venir en aide aux cœurs douloureux des humains. Il a appris "par Ses souffrances". Son ultime leçon fut sur la croix et c'est la leçon qui attend tous les étudiants inscrits à l'école de Christ. Eux aussi sauront.  

            L'expiation finale confirme qu'il n'y a jamais rien eu de magique dans l'Évangile. Il ne s'accorde aucune exception, aucune exemption, il se confronte au péché sans tergiversations. Nul ne reçoit ses diplômes dans cette école dans que le voile de son cœur ne soit déchiré en deux et tous ses secrets mis à jour. L'ultime secret du cœur humain est la volonté de tuer Dieu (Rom. 8:7; 1 Jn 3:15), la démonstration en fut faite à la croix. Le mobile caché n'est pas pleinement conscient, et l'expiation ne peut être achevée avant qu'il soit complètement révélé. Ceci parce qu'il est impossible au peuple de Dieu de vivre et d'agir en harmonie avec le ciel avant de voir et de comprendre le péché comme le ciel le voit et le comprend. 

            Lorsque les observateurs du Sabbat auront cette vision, alors ils sauront que la divinité et la justice ne sont pas éloignées. Ils comprendront comment Dieu a tenté de dire à Adam et Ève que le péché équivaut à la mort. Ils comprendront que dans la croix que nous portons gît le châtiment qui nous est profitable afin que "nous participions à Sa sainteté" (Héb. 12:10). Il y a un authentique "perfectionnement des saints" et il apporte "l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu (jusqu'à ce que nous soyons tous parvenus) à l'état d'homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ" (Éph. 4:12-13).  

            Non seulement Christ a participé à la nature humaine, mais encore le plan de la rédemption appelle les humains à participer à Sa sainteté. Sentir les dégâts causés par le péché, c'et percevoir la justice. La gravité de tout ceci est décrite dans le message à Laodicée = l'appel du Témoin véritable à savoir et à se repentir

L'Évangile est le chemin de la vie 

            Notre manière de percevoir Christ ou bien soutient, ou bien détruit notre sens de l'équité et de la justice. Tous les problèmes concernant les rapports de Dieu avec l'humanité gravitent autour de cet Homme et de Son identité. La connaissance que nous avons de qui Il était et de ce qu'Il est constitue la connaissance que nous avons de Dieu et de tout ce qui a trait à notre salut et notre rejet du péché. L'inimitié contre le serpent et le péché que Dieu a mise dans nos cœurs comme un don nous presse d'aller vers la vie et la sainteté.  

            "… Par la connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur! Comme Sa divine puissance nous a donné ce qui contribue à la vie et à la piété, au moyen de la connaissance de Celui qui nous a appelés par Sa propre gloire et vertu, lesquelles nous assurent de Sa part les plus grandes et les plus précieuses promesses, afin que par elles vous deveniez participants de la nature divine" (2 Pier. 1:2-4).  

            La délivrance du péché et le fait d'être "participants de la nature divine" ne dépendent pas des sentiments, des émotions, du zèle et de la ferveur, mais de la "connaissance de Dieu et de Jésus notre Seigneur". Cette connaissance clarifie la vision spirituelle et purifie les mauvais mobiles. C'est elle qui procurera à Laodicée le collyre du discernement spirituel et la foi qui œuvre par l'agapé. Les plans stratégiques n'ouvriront pas la voie à l'Évangile éternel ni n'achèveront l'œuvre. Cet achèvement ne sera possible que quand nous serons subjugués par Sa gloire, et cela résultera de la vision de Sa gloire qui est Sa justice. Pour être transformé, chacun de nous doit avoir les yeux ouverts là où "contemplant comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous sommes transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur, l'Esprit" (2 Cor. 3:18).  

            Mais quelle est cette gloire qui nous change en Sa propre image? Les disciples ont accompagné Jésus jour après jour, mais ils ne l'ont pas vraiment vu, ils étaient aveuglés. Ils Le voyaient comme un général en chef doué d'un pouvoir fantastique pour nourrir et vêtir les troupes qui vaincraient Rome. Ils Le voyaient comme un médecin qui pourrait préserver la santé de la nation. Ils Le voyaient comme le roi qui prendrait le trône de David, mais ils ne Le voyaient pas tel qu'Il était réellement.  

            Ce qui les confondit ou peu s'en faut, ce fut de voir Dieu demeurant dans la chair de l'homme. "N'est-ce pas le charpentier, le fils de Marie?" (Marc 6:3). Là est la racine de la confusion concernant aujourd'hui Jésus notre Sauveur. S'Il a pris la nature humaine non déchue, que devenons-nous, nous qui sommes déchus? Quelle espérance avons-nous? Il nous répugne de croire que Dieu s'abaisserait à note niveau afin que nous puissions être transformés et élevés à Son niveau, "transformés en la même image, de gloire en gloire".  

             Le besoin des disciples et le nôtre aujourd'hui, est le même: voir et connaître "le seul vrai Dieu et Celui que Tu as envoyé, Jésus-Christ" (Jn 17:3). Nulle part au ciel ou sur la terre il n'y a de salut possible si ce n'est en Lui. Il a quelque chose à nous donner; la valeur de ce don est déterminée par notre grande indigence, et ce don ne peut venir que d'une seule source.  

            Les attributs inestimables qui désignent et confirment Jésus comme le Sauveur, nous n'osons les considérer comme Siens exclusivement. Les choix qu'Il a faits dans la chair pour renoncer à soi-même et prendre Sa croix chaque jour, nous n'osons penser qu'ils dépassent nos capacités de nous les approprier et d'en faire usage, sans quoi nous n'avons aucun espoir.  

            Peut-être peut-on l'expliquer d'après la manière dont marche la voiture familiale. Si elle tombe en panne, elle y reste à moins qu'on ne trouve des pièces qui correspondent à l'année et au modèle de la voiture. Rien en peut remplacer l'authentique. La Pièce qui descendit du ciel pour réparer l'espèce humaine convient à tous les modèles de la terre. Les deux parties sont ajustées l'une à l'autre à partir du même modèle. Ce qu'Il peut fournir convient pour réparer chaque modèle sur la terre. Dans cette réparation, il y aura une appréciation de l'Auteur du projet qui surpasse toute évaluation du monde. Ce sera rendu manifeste par l'honneur rendu au Réparateur et par la solennelle prise de conscience que, sans Lui, il n'y a aucun espoir d'être réparé.

            Christ a parcouru la totalité du territoire de notre corruption et l'a vaincue –non sans souffrances et de terribles risques, mais sans souillure. Nous devons comprendre et apprécier le risque que Dieu a pris en créant un monde et en envoyant Christ dans la chair de l'homme pour le racheter. Le danger, le risque que court un funambule, chacun peut le voir: il tombe ou il ne tombe pas. Le chemin que suivit Jésus présentait un risque semblable, mais Il n'est pas tombé. Il ne s'agissait pas d'une compensation pour apaiser un Dieu irrité. C'était la solution efficace qui attaquait le problème à sa racine. "Celui qui n'a pas connu le péché, Il L'a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions, en Lui, justice de Dieu" (2 Cor. 5:2).  

L'Évangile est victorieux du péché 

            Il ne nous est pas loisible de décider si, oui ou non, Christ est venu "dans une chair semblable à celle du péché, et à cause du péché a condamné le péché dans la chair" (Rom. 8:3). Ce dont il faut nous inquiéter, c'est comment cette victoire a été obtenue.  

            La manière habituelle de traiter ce problème, c'est de l'ignorer. Notre vague compréhension d'un besoin spirituel de réconciliation nous oblige à admettre, dans un esprit de conciliation, que Christ se trouve impliqué dans notre péché et notre égoïsme. Notre souci premier, c'est comment échapper au supplice. Nous avons tendance à dissocier la punition du péché, de l'expérience du péché. Voilà une chose que la Bible se refuse à cautionner.  

            La véritable souffrance que Christ a endurée, c'était le péché lui-même, non pas seulement le châtiment. Le texte ne dit pas que la punition du péché c'est la mort, mais que "la mort est le salaire du péché". C'est-à-dire une récompense proportionnée à l'œuvre accomplie (Rom. 6:23). Dans la perspective de notre victoire sur le péché, il ne faut pas voir la croix comme un instrument de torture, mais comme une sonde avec laquelle Dieu fouilles les profondeurs du cœur humain et montre quel potentiel, quel espoir il y a pour les êtres humains. 

            La seule manière de rendre intelligible la capacité qu'a le Christ de jeter un pont sur l'abîme qui sépare le péché de l'homme de la justice de Dieu, c'est de comprendre la nature collective de la rédemption. Il n'y a là aucun artifice mystique qui consisterait à transférer les péchés sur Christ comme on dépose des fonds sur un compte en banque. La vérité de cette expérience a commencé au baptême de Christ. La confrontation entre l'état de péché de l'homme et l'absence de péché en Christ malgré Sa nature humaine a été représentée par le symbole de l'expérience de Christ submergé par les eaux du baptême. 

            La prostituée d'Apocalypse 17:1 est assise sur les grandes eaux, elle gouverne la terre comme le vin gouverne l'ivrogne. Christ, au contraire, dans Son humilité par le baptême, et dans Sa vie de chaque jour, s'enfonce complètement sous les eaux qui, dans toute l'Écriture symbolisent le peuple. Il a été chargé des péchés du monde entier et ils l'ont entraîné au fond. Il ne s'agissait pas du simulacre d'une substitution, c'était bien réel dans Son expérience du fait de Sa naissance au sein de la famille humaine. "Car ce n'est certes pas des anges qu'Il se charge, mais c'est de la descendance d'Abraham qu'Il se charge" (Héb. 2:16; Bible de Jérusalem). Il était "né d'une femme, né sous la loi" (Gal. 4:4). 

            C'est au baptême de Christ que fut inauguré le processus de sondage des profondeurs de notre égoïsme, de notre dépravation. Il atteignit son point culminant à la croix lorsque d'une "voix forte" Il cria "tout est accompli". C'était la victoire sur le péché remportée dans la chair de l'homme. C'était la délivrance de la puissance de la loi de l'hérédité. A cet instant le monde tout entier fut introduit dans la présence de Dieu pour contempler Sa gloire, lorsque le voile du temple se déchira depuis le haut jusqu'en bas. Ce qui avait été caché au peuple était maintenant offert aux regards de l'humanité.  

            L'homme et Dieu pouvaient commencer une expérience nouvelle: comme il était réconcilié avec Dieu, l'homme pourrait de nouveau Le voir face à face. Nous qui étions "privés du droit de cité en Israël, étrangers aux alliances de la promesse, sans espérance et sans Dieu dans le monde… éloignés" nous étions maintenant "rapprochés par le sang de Christ". Le "mur de séparation" était renversé car Il avait anéanti dans Sa chair l'inimitié… en établissant la paix" (Éph. 2:12-15).  

            Ce grand cri de Jésus, on en entend l'écho dans le monde entier. Cette proclamation va redresser toutes les pensées tortueuses de l'homme et ébranler les cieux et la terre. Enfin, au bout de 6000 ans, la puissance de Dieu manifestée dans l'Évangile par Christ et reflétée dans Son peuple va abréger le travail en justice parmi toutes les nations dès lors que pourra retentir la proclamation "tout est accompli".  

Le chemin descendant même là-haut 

            Le chemin dont Jésus parlait lorsqu'Il disait: "Si quelqu'un veut venir après Moi, qu'il renonce à lui-même" mène jusqu'au ciel, mais il comporte d'abord une descente. Chaque marche descendue vers la caverne sombre de notre propre difformité secrète nous découvre aussi la lumière qui rayonne de la croix, jusqu'à ce que, comme Lui, nous mesurions l'horreur du péché qui engloutit le monde entier. Goûter la profondeur de Son désespoir et en même temps se cramponner à la main de la miséricorde, c'est marcher comme Il a marché, et vaincre comme Il a vaincu. Nulle menace extérieure de jugement ou de promesse de récompense ne pourrait justifier les replis les plus profonds de l'âme humaine comme le fera cette perception. Voir à découvert nos mobiles cachés, c'est aussi bouleversant que le reniement par Pierre de Celui qu'il prétendait aimer. Mais de même qu'une véritable prise de conscience de sa faiblesse et de ses tendances fut, pour Pierre, un premier pas vers son relèvement complet, de même pour nous le dévoilement de notre propre cœur. 

             Telle est l'essence de la purification du sanctuaire et de l'effacement du péché. Tel était le véritable but de la naissance de Christ comme postérité d'Abraham. C'est ce qui allait donner un poids d'éternité à la prophétie: "Voici, cet enfant est destiné à annoncer la chute et le relèvement de plusieurs en Israël, et à devenir un signe qui provoquera la contradiction… afin que les pensées de beaucoup de cœurs soient dévoilées" (Luc 2:34-35). La "chute" est la réalisation du péché dans nos cœurs; le "relèvement" est la résurrection pour une vie nouvelle puisée dans la puissance de l'Évangile.  

            Après son reniement, Pierre connut une triple confrontation avec Christ. Elle s'acheva sur le commandement: "Pais Mes brebis". Après s'être débattu dans les eaux profondes de l'angoisse spirituelle, enfoncé dans le désespoir, il était apte à prendre soin de ceux qui erraient, qui étaient perdus. Au contraire des pharisiens orgueilleux, il avait découvert sa faiblesse jusqu'à une profondeur telle qu'il pouvait s'identifier à tout homme. Le caractère collectif de sa repentance lui permettait d'être qualifié pour prendre en charge ceux qui se figuraient y voir clair. Il n'y avait pas une once d'auto-exaltation. La douleur et le désespoir qui avaient fait rage dans l'âme de Pierre produisirent une compassion qui crucifia définitivement l'orgueil par lequel il s'était autorisé naguère à revendiquer pour lui-même une position à la tête de tous les autres.  

            Ce n'est pas par hasard que le Catholicisme a choisi Pierre comme figure de proue de la papauté. Au stade usurpateur, orgueilleux et inconverti, il était un exemple parfait de cette "prostituée" prophétique. Aveugle et présomptueuse, elle trône sur les eaux du péché qui engloutissent l'espèce humaine. Là, elle déclare hardiment son infaillibilité tout en versant son vin de fausses doctrines et en régnant sur les cœurs humains. Une condescendance telle que celle de Christ prenant sur Lui toutes les faiblesses de l'humanité, la "chair et le sang", "la postérité d'Abraham", "rendu semblable à Ses frères" est anathème pour l'esprit arrogant de l'antichrist. "Tout esprit qui ne confesse pas que Jésus-Christ est venu dans la chair n'est pas de Dieu, c'est l'esprit de l'antichrist". (1 Jn 4:3).  

            Lorsque Jean écrivait cela, il y avait encore des témoins oculaires vivants qui pouvaient attester que Jésus était physiquement présent comme un homme. Il n'y a nul besoin d'arguer du gnosticisme, comme le conseillent certains auteurs, pour écarter les implications de ce passage. Il était un vrai homme, non une notion spirituelle. Sa vie était celle d'une personne vivante, de "chair et de sang". La chair a rapport à toutes les faiblesses du péché et à la dépravation morale de l'homme. Il est plus facile de chercher quelque intervention magique dans la vie de Christ plutôt que de croire qu'Il a réellement suivi la route de l'espèce humaine en triomphant de toute sa dégénérescence morale.  

            Poussé logiquement jusqu'au bout, ne pas croire qu'Il ait souffert d'être tenté fait de l'expérience de Gethsémané une imposture. L'agonie de Son âme sur la croix devient du théâtre. Si l'on ne comprend pas qu'Il a vécu avec une chair et un sang réels, il est impossible de croire la prophétie qui déclare: "Tu Lui donneras le nom de JÉSUS, c'est Lui qui sauvera Son peuple de ses péchés" (Mat. 1:21). Il ne pouvait sauver Son peuple de ses péchés que si celui-ci voyait ce qu'est le péché et le fuyait. L'agonie de Son âme sur la croix, face à la seconde mort, l'ultime séparation d'avec Dieu, était le résultat du dévoilement du cœur humain. 

            La condamnation qui étreignit Son âme aura le même résultat sur Son Église à partir du moment où nous verrons le péché comme Il l'a vu –la mort éternelle, éternelle trahison envers le Créateur. Dieu ne peut nous délivrer de toutes nos difformités cachées que dans la mesure où nous les condamnons intérieurement. La profondeur de cette condamnation est la profondeur de notre repentance. Le chemin de la repentance, qui semble descendre, est en réalité le chemin qui monte vers le trône de Dieu. Christ l'a emprunté.  

La puissance de l'Évangile est-elle en "suspens" 

            Si l'on pouvait faire un graphique du travail de l'Évangile, ce serait un profil déchiqueté de pics et de vallées. Commençant à la porte de l'Éden, s'étendant de la croix jusqu'à la fin des temps, il montrerait des victoires et des défaites sans cesse répétées. Quand le graphique se régularisera-t-il en une courbe constamment ascendante? 

            Les prophéties indiquent que l'extrémité de ce schéma doit être une ligne montant jusqu'à un sommet qui surpassera toutes les réalisations antérieures et aboutissant au trône de Dieu. Mais encore aujourd'hui c'est seulement une prophétie et le graphique est encore à tracer. Combien de temps la terre peut-elle encore attendre? 

            Ou peut-être plutôt, combien de temps le ciel peut-il attendre? En fin de compte, la question est: Combien de temps le cosmos peut-il encore porter le poids du péché et supporter la destruction totale qu'il produit? Si l'Évangile est le même en tous temps, pourquoi cette courbe ascendante du graphique n'a-t-elle pu être tracée beaucoup plus tôt? Si la lumière de la vérité a été la même dans tous les siècles passés, pourquoi l'univers doit-il supporter, millénaire après millénaire, les ravages du péché? 

            Si la promesse donnée dans le jardin a jamais été vraie, elle l'est encore aujourd'hui. Mais qui peut prouver que la tête du serpent a été écrasée? Frapper un serpent à la tête, c'est le tuer. La destruction causée par le péché et les malheurs qu'il attire sur le monde sont bien trop évidents pour que l'on puisse penser que le serpent est mort. La puissance et l'autorité plénières de l'Évangile doivent se manifester avant que la fin ne puisse arriver.  

            Cela ne peut signifier que ceci: l'Évangile, en son ultime mandat, est en suspens. Plus grave: si la preuve de cette autorité et cette puissance de l'Évangile ne doit être trouvée que dans un nombre sans cesse croissant d'adhérents baptisés, alors la preuve entière ne sera jamais évidente. Il y aura toujours plus d'êtres humains qui naîtront dans ce monde et attendront d'entendre le message.  

            Ceci étant, il n'y a pas place dans l'église Adventiste pour une diversité d'opinions conflictuelles sur des sujets qui renvoient à plus tard la destinée du monde dans la balance. Les messages des quatre anges doivent conduire le monde à une décision. Nous avons atteint le point critique de confusion. Un "Tchernobyl global" menace.  

Quel pouvoir a la vérité 

            Notre vocation n'est pas seulement d'accepter la vérité telle qu'elle est en Jésus devenu chair, mais de la proclamer. Nous ne devons pas seulement chercher à connaître le contenu du message et l'accueillir, il nous faut porter les stigmates de cette annonce. C'est ce témoignage de Jésus qui enflamme la colère du dragon "contre le reste de la postérité de la femme qui garde les commandements de Dieu et qui a le témoignage de Jésus" (Apoc. 12:17).  

            Le message pour toute l'humanité est: "l'heure de Son jugement est venue". L'univers va devoir décider si Dieu est juste, s'Il peut légitimement justifier les êtres humains. En vérité l'heure de Son jugement est venue. Quel témoignage Son peuple va-t-il donner en cette heure?  

            Il y a un adage, parmi les historiens de la religion, qui dit: "L'Histoire écrase l'Apocalypse". Ce qui veut dire que les espérances et les aspirations d'un mouvement prophétique s'amenuisent et meure par suite du délai. Plus le temps passe, plus les espérances et aspirations paraissent présomptueuses et illusoires, alors que la mission divine semble s'affaiblir. Malheureusement, c'est ce qui arrive chez les Adventistes du Septième Jour.  

            Notre mouvement est dans les affres de l'embarras. Cela éclaire le sens de la phrase souvent citée: "Nous n'avons rien à craindre de l'avenir, à moins que nous n'oubliions comment le Seigneur nous a conduits et nous a instruits dans le passé" (Ellen White: Life Sketches, p. 196). Comprendre comment le Seigneur nous a conduits et "instruits dans le passé" rend capable de discerner le vrai du faux parmi les nombreuses voix qui proclament différentes orientations pour l'église. 

            Notre frustration vient de notre effort pour conserver le sentiment d'une mission spéciale pour notre dénomination, tout en nous dissociant des attentes apocalyptiques embarrassantes des pionniers. Autant essayer de défier la gravitation. Nous ne pouvons pas plus dissocier la mission de notre église de l'humiliation et de l'embarras, que Jésus ne peut sauver l'humanité sans l'humiliation du Calvaire. Nous ne pouvons nous présenter au monde avec un logo de trois anges et nier le contenu désastreux de leur message. Nous faisons face à la tâche extrêmement difficile de prononcer le jugement du Protestantisme apostat et du Catholicisme, et du reste du monde, alors que moralement, nous ne sommes guère ou pas du tout différents, si toutefois nous le sommes.           

            Comment pouvons-nous, en conscience, dire que ceux qui n'acceptent pas nos enseignements sont Babylone? Oserons-nous proclamer qu'ils sont prisonniers du "repaire de tout esprit impur, du repaire de tout oiseaux impur et odieux"? Notre propre taux de divorces, nos procès, nos divertissements sont à peu près identiques aux leurs, et ceux que le monde entier pratique. 

            Serait-ce pour cette raison que nos fidèles entendent si rarement les sermons qui nous caractérisaient il y a quelques décennies? Serait-ce pour cette raison que nous avons pratiquement redéfini la mission de notre Église sous la forme d'un programme d'activités? Nous bâtissons d'énormes institutions médicales, dotées d'équipements qui font la Une des journaux, des universités avec les derniers perfectionnements et des programmes Tiers-mondistes renommés. Nous collectons des tonnes de vêtements usagés dont nous faisons une monnaie d'échange pour des services communautaires. Ces bonnes œuvres authentiques contiendraient-elles une malédiction parce qu'on a ce qui est plus important dans la loi? 

            Faire des choses louables que le monde juge valables, c'est la conduite la plus facile à suivre. Cela seul pourrait être une religion subtile, type alliance des plus traditionnelle. Mais être ce que l'Évangile est censé produire, nommer le péché par son vrai nom et comprendre son ultime sentence, c'est la dernière chose que le cœur humain désire. Nous tremblons devant l'éclat pénétrant et redoutable de la gloire de la Nouvelle Alliance. Comme la Schékinah dans le lieu très-saint, elle révèle Dieu et pénètre les pensées et les desseins du cœur humain. Mais elle apporte le repos loin des propres œuvres de l'orgueil humain (Héb. 4:9-12).  

            Notre situation, bien que misérable, n'est ni unique, ni désespérée. Nous sommes des enfants d'Abraham et devons revendiquer les promesses mêmes qui lui ont été faites.  

            "Toi qui te donnes le nom de Juif (Adventistes), qui te reposes sur la loi, qui te glorifies de Dieu, qui connais Sa volonté, qui apprécies la différence des choses, étant instruit par la loi, toi qui te flattes d'être le conducteur des aveugles, la lumière de ceux qui sont dans les ténèbres, le docteur des insensés, le maître des ignorants, parce que tu as dans la loi la règle de la science et de la vérité; toi donc qui enseignes les autres, tu ne t'enseignes pas toi-même! Toi qui prêche de ne pas dérober, tu dérobes! Toi qui dis de ne pas commettre l'adultère, tu commets l'adultère! Toi qui a en abomination les idoles, tu commets des sacrilèges! Toi qui te fais une gloire de la loi, tu déshonores Dieu par la transgression de la loi! Car le nom de Dieu est à cause de vous blasphémé parmi les païens (non-adventistes). (Rom. 2:17-24).  

            Comme nous, Israël a subi la confrontation entre sa mission divine et son imperfection morale. Comme nous, il devait relever et proclamer la loi de Dieu fouée aux pieds. Ce qu'il n'a pas pu accomplir d'une manière littérale, nous, en tant qu'Israël spirituel, en héritons: c'est notre mandat. Mais jusqu'à présent notre manque de foi, notre aveuglement ont abouti au même échec et au même embarras. 

             La vérité dont Paul tentait de persuader ses frères Juifs est significative pour nous aujourd'hui. Le simple fait d'appartenir à la nation juive, ce qui était leur cas, ne leur donnait aucun avantage. Il leur était demandé plus. "Le Juif, c'est celui qui l'est intérieurement" (Rom. 2:29). Pour nous, cela veut dire connaître les vérités qui sont des points de repère dans l'église du reste, comprendre les messages des trois anges et l'avertissement global qu'ils contiennent. Il va nous falloir prendre conscience que Babylone est ce que le texte dit clairement, et nous devrons le faire savoir au monde. 

            Le souci de Paul est doublement important pour la postérité d'Abraham au temps de la fin: "Quel est donc l'avantage des Juifs (Adventistes)?... Il est grand de toute manière, et tout d'abord en ce que les oracles de Dieu leur (nous) ont été confiés" (Rom. 3­:1-2). Être adventiste, cela comporte un avantage et une responsabilité –nous avons la responsabilité d'être le porte-parole du ciel, en vérité un oracle qui parle pour Dieu.  

            Pour les Juifs, leur sanctuaire était au centre de tout. C'est là que Dieu communiquait avec Son peuple. Le tabernacle était leur lieu de réunion, lors des voyages dans le désert. Même les nations païennes sentaient que les Hébreux avaient là quelque chose de majestueux et que mépriser ces lieux amenait sur eux le malheur. Mais plus que tout cela encore, le sanctuaire lui-même parlait car chaque élément du mobilier, chaque ustensile était un réservoir de vérité.

            Nous devrions être ramenés à la modestie en prenant conscience que ce qui nous distingue de tous les autres mouvements sur terre, c'est qu'à nous aussi un sanctuaire a été donné. La seule vérité très importante qui a surgi du grand désappointement et qui demeure aujourd'hui notre marque distinctive, c'est que Jésus a commencé une œuvre d'expiation finale dans le sanctuaire céleste. Notre marasme, notre instabilité face au monde évangélique vient de ce que nous ne croyons pas aux oracles qui nous ont été donnés. En quoi nous sommes tout semblables aux Juifs, car c'est l'aveuglement de l'incrédulité qui a empoisonné la totalité de leur existence et les a empêchés de remplir leur mandat divin. Mais leur faute et notre faute ne sauraient altérer les desseins de Dieu. "Eh quoi! Si quelques-uns n'ont pas cru, leur incrédulité anéantira-t-elle la loi de Dieu?" (Rom. 3:3).  

            Ce qu'ils n'ont pas cru et ce que nous ne croyons pas perpétue le péché de tous les temps. C'est l'incrédulité, l'amour de soi, qui ont crucifié Jésus. Il nous reste encore à comprendre combien tout cela est embarrassant pour Dieu. Il avait confié Ses oracles à Israël, mais ils ont trahi la foi en rejetant Jésus. Le Fils de Dieu qui s'est fait chair incarnait tout ce que leurs oracles proclamaient. Il était le véritable Agneau qu'ils offraient matin et soir. Il était le Souverain Sacrificateur, Il était le Pain de proposition, le Pain de vie. Le Parfum de Sa justice était l'encens qui remplissait les deux lieux. Il était la lumière qui éclairait le sanctuaire et le monde. Dieu avait mis entre les mains de Son peuple ces précieuses révélations, l'essence de la vérité et de la justice sous forme de symboles. Il s'attendait que l'univers, en les voyant, eût une révélation de Son caractère.  

            Mais quelle humiliation allait recevoir Sa confiance! Le peuple s'empara de la gloire pour lui-même comme preuve qu'il était "riche et enrichi". Ils n'avaient besoin de rien –et en particulier ils n'avaient pas besoin de ce Charpentier. Tout ce que le ciel pouvait fournir leur était confié, mais ils ne le reconnurent pas. Les oracles donnés dans le type et les oracles dans la chair qui devaient dissiper les accusations portées par Satan contre Dieu, ils s'en emparèrent et les gaspillèrent.  

            Bien qu'il ait clairement vu l'insulte faite à Dieu, Paul a dit qu'il y avait de l'espoir. Malgré leur faute, un jour les oracles parleront, le message sera entendu. Tous les mensonges, toutes les représentations fausses qu'on a accumulées au sujet de Dieu se dissiperont. Le message des trois anges, les oracles mis entre les mains de Son peuple du reste porteront leur fruit.  

            Le reste saura que l'affaire suprême qui est placée devant l'univers est le jugement de la vérité et de la justice –le caractère de Dieu. Leur souci d'être récompensés en s'asseyant au bord du fleuve d'eau de la vie ou en marchant dans les rues pavées d'or qui mène à une demeure céleste passera à l'arrière-plan. Le Créateur sera reconnu juste, et Babylone avec toutes les abominations sera "précipitée avec violence, et elle ne sera plus trouvée" (Apoc. 18:21). La foi de Dieu sera récompensée et justifiée quant Il sera jugé (Rom. 3:4).  

            Combien de temps encore le peuple de Dieu va-t-il être obsédé par le désir égoïste de son propre salut? Dieu a rendu notre sécurité facile. Il a compromis Son rang face à l'univers pour nous assurer  de Son engagement envers la vérité et notre délivrance du péché. L'amour infini de Dieu désire ardemment quelque reconnaissance de la part de Ses enfants. Ne pourraient-ils avoir un peu le sens du sacrifice? Ne pourraient-ils comprendre que Dieu aussi a des sentiments? Combien de temps leur faudra-t-il pour comprendre la grandeur du plan du salut? Six mille ans, est-ce assez long? 

            En tant que postérité d'Abraham, nous avons une responsabilité, qui est d'envisager l'apparente contradiction de sacrifier notre salut individuel et collectif au profit de la foi aux promesses de Dieu. L'Isaac de chaque personne sera offert, compromettant l'avenir comme l'a fait la Parole lorsqu'elle a été faite chair. Jamais nous ne chanterons le cantique de Moïse et de l'Agneau tant que nous  ne comprendrons pas ce qu'il signifie, et n'accepterons pas d'être effacés du Livre. Comme Moïse, le peuple de Dieu aura collectivement un amour de la vérité et de l'honneur du nom de Dieu qui ne fléchira pas devant la mort.  

            Notre problème, comme celui d'Israël, c'est que nous avons considérés les oracles comme une fin en soi. L'histoire de la construction de leur sanctuaire et de leur observation méticuleuse de ses rituels nous éveillera à notre destinée prophétique. La véritable signification de la prophétie des 2.300 jours concerne le Messie et l'effacement du péché. Il devait être retranché au milieu de la soixante-dixième semaine, pour faire cesser les transgressions, mettre fin au péché et amener la justice éternelle (Dan. 9:24). La symbolique de leur sanctuaire matériel ne peut que préfigurer, mais jamais égaler les réalisations spirituelles de l'église du reste, quand le sanctuaire sera définitivement purifié. Instruit par l'expérience d'Israël, le peuple de Dieu saura voir qu'il est désigné pour construire un temple de la vérité qui résistera aux feux de l'ultime purification. Ce temple ne sera pas détruit comme celui de l'ancienne Jérusalem.  

            Lorsque le 3ème décret d'Artaxerxès entra en vigueur en 457 av. J-C, la construction commença enfin, non sans retard et déceptions. Alors que les ouvriers de Néhémie balayaient les décombres et les gravats, un groupe d'anciens se mit à gémir et à se lamenter. En regardant les fondations du temple de Salomon, une prise de conscience terrible leur brisa le cœur. Jamais on ne pourrait égaler la beauté et la majesté de ce premier temple. Pour le premier édifice, on avait prodigué les richesses d'Israël alors au faîte de sa gloire. Lorsqu'Israël prospérait au carrefour économique des nations, le temple était un des édifices célèbres de l'ancien monde. Mais, alors que, faisant ces comparaisons, les anciens sombraient dans le désespoir et le chagrin, un extraordinaire message d'espoir vint du Seigneur par l'intermédiaire du prophète Aggée: "La gloire de cette dernière maison sera plus grande que celle de la première, dit l'Éternel des armées" (Ag. 2:9).  

            Au commencement des 2.300 années, l'ancien Israël fut rappelé de la Babylone littérale pour restaurer le sanctuaire matériel. A la fin des 2.300 ans, l'Israël spirituel est rappelé de la Babylone spirituelle pour faire bien comprendre la vérité du sanctuaire céleste. Cela implique de recouvrer la plénitude de la puissance et du dessein de l'Évangile "afin qu'il n'y ait pas de division dans le corps", car le peuple de Dieu sera véritablement "le corps de Christ" lorsqu'il deviendra "le temple du Saint-Esprit" (1 Cor. 12:25-27; 6:19). La gloire de cette "dernière maison sera plus grande que celle de la première", car Christ demeurera dans ce corps aussi réellement qu'Il marchait dans le temple à Jérusalem (Ag. 2:9). La gloire de ce temple du dernier jour stupéfiera l'univers lorsque la terre sera éclairée par le peuple de Dieu qui aura expérimenté dans sa vie l'œuvre réelle de purification du sanctuaire. Ce sera une manifestation de gloire encore jamais vue. Ce sera pour certains la lumière de la vie, mais pour la majorité la condamnation à la mort éternelle. 

            Telle était donc la gloire aux jours de l'ancien Israël. La prophétie d'Aggée fut perdue pour eux. Ils avaient besoin d'un changement radical dans leur façon de comprendre la gloire. Leur notion de gloire était liée à la puissance et au prestige parmi les nations. Mais la gloire selon la définition de Dieu ne pouvait être rabaissée à ce concept charnel. La gloire qui élèverait le dernier temple au-dessus du premier serait du domaine de la vérité. La Parole d'Abraham proclamerait la "gloire comme celle du Fils unique venu du Père, plein de grâce et de vérité" et de ses lèvres viendraient des paroles telles qu'aucun homme n'en a jamais encore prononcées.  

            Cette gloire devait annoncer la première pluie. Mais c'est la pluie de l'arrière-saison qui amène la moisson à maturité. Les types et les ombres de la nation hébraïque n'étaient qu'une piste de lancement d'où jaillirait la révélation de Jésus-Christ. Tragiquement, il n'ont vu que la rampe de lancement et elle est devenue une fin en soi. Épris qu'ils étaient de la routine de leur organisation, ils n'ont pas su voir ce qu'elle était destinée à accomplir. Dans leur aveuglement, ils entreprirent de crucifier les vérités qui possédaient en elles le pouvoir de mettre la révélation sur orbite. 

            L'Adventisme a construit sa propre plate-forme de lancement. Dans sa charpente on trouve quantité de poutres et d'entretoises, de programmes et de commissions, de procédures exécutives et de recommandations de comités, d'assurances tout risques et de sorties de secours, animés par une stratégie globale. Tout en haut de la tour se trouve un emblème de trois anges finement dessinés. Mais, comme nos ancêtres spirituels, nous n'arrivons pas à reconnaître les oracles pour ce qu'ils sont et le message qu'ils contiennent. Nous nous contentons de la piste d'envol. C'est une construction étonnante. Mais toute la machinerie qui s'y trouve et tous les projets qui sont encore sur la planche à dessin ne produiront jamais la lumière et l'éclat nécessaire à un lancement réel. Tous les signaux disent: "Partez!" Le compte à rebours a commencé. Mais tout dépend d'une bonne ou d'une mauvaise lecture et compréhension des instructions de lancement. Ces instructions sont toutes contenues dans le message qui nous a été donné! Les oracles de Dieu nous sont confiés pour qu'ils soient donnés au monde.  

            Dans le plan de Dieu, la vérité a le pouvoir de détruire entièrement l'erreur. A la fin, ou bien nous accepterons la vérité, si grand soit l'embarras et si amère la repentance, ou bien l'erreur nous détruira. La crise imminente ne réside pas dans les événements, mais dans les enjeux.

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