RENDU SEMBLABLE A SES FRERES

 

D.K Short

 

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VII

 

Babylone crée la confusion

 

            Christ a dit que l'Esprit de vérité "vous conduira dans toute la vérité" (Jn 16:13). Quand ce temps viendra-t-il?

 

            "Toute la vérité" ne pourra être comprise, ni ne pourra être obtenue si l'on se contente d'avoir pour but d'accroître toujours plus le nombre des membres d'église. L'entière population de la planète pourrait bien être baptisée que cela n'achèverait pas l'expiation et n'effacerait pas le péché. Il nous faut comprendre que les impératifs propres aux Adventistes, qui les exposent au boycott œcuménique, sont les clefs des évènements encore en instance dans la grande controverse. Quand même le monde entier mettrait à l'index le message qui nous a été donné, nous ne devrions pas y renoncer. Le souci d'être acceptés ne saurait nous faire oser renier la croix et fouler aux pieds la vérité.

 

             Ce qui nous a paru opportun pour conforter notre place et notre identité dans le monde œcuménique, c'est une illusion identique à celle qui aveugla le souverain sacrificateur lorsqu'il se proposa de mettre à mort le Christ. Caïphe déclara solennellement à ses frères, dans le Conseil "vous n'y entendez rien". Plutôt que d'être la risée des Romains, il est préférable de nier que cet Homme est le Messie et de Le condamner à mort. Devrions-nous transiger sur la vérité de la nature humaine de Christ en vue de sauver l'unité de l'Église? Une telle tactique n'est pas nouvelle, Caïphe l'a essayé il y a deux mille ans. Mais elle a échoué lamentablement. (Jn 11:50).

 

            On ne peut séparer la vérité de la nature humaine de Christ, de la vérité de l'authentique Saint-Esprit. Babylone deviendra un repaire de tout esprit impur et ses péchés s'accumuleront jusqu'au ciel. Si elle est dans la confusion au sujet de la nature humaine de Christ (et elle l'est), il se pourrait aussi qu'elle soit guidée par un faux Saint-Esprit. Sommes-nous disposés à payer pour être en paix avec Babylone et pour l'unité de notre propre église? On ne saurait ignorer l'importance de telles questions.

 

            Aucun peuple dans tout le cours de l'histoire n'a connu la crise à laquelle est confronté aujourd'hui l'Église Adventiste du Septième Jour. Ou bien nous n'avons pas su comprendre notre histoire, ou alors nous avons un mandat jusqu'à présent non reconnu. Quand nous saisirons toute la vérité, nous comprendrons qu'il s'agit des deux à la fois!

 

            Pendant des années nous avons parlé de recevoir la puissance du Saint-Esprit, mais nous avons le sentiment que le don n'est pas venu comme promis. On dirait que nous sommes aveugles au fait qu'il ne s'agit pas d'une substance énergétique, d'une marque de puissance qui épate nos voisins et émerveille le monde. Ce n'est pas un phénomène mystique produisant des miracles et prenant la place de la confiance en la Parole. Au contraire, la pluie de l'arrière-saison est un message de vérité pure qui établit la justice et apporte la disparition du péché.

 

            Lorsque Jésus se débattait avec la difficulté d'amener Ses disciples à voir, Il était catégorique (Jn 16:12). Il ouvrait la porte à l'espérance et promettait qu'ils comprendraient lorsque l'Esprit de vérité toucherait le cœur du peuple de Dieu. Pour nous cela signifie que ce qu'Il ne pouvait dire à Ses disciples, Il doit nous le dire à nous aujourd'hui. Il n'y a pas de huitième église à venir; Laodicée est la septième.

 

            Le message qui fut donné à nos pionniers était un message symbolisé par trois anges. Nos prédécesseurs sont morts avant de connaître la totalité du contenu de ces avertissements envoyés par Dieu. Mais il y a "un autre ange" encore à venir. Nous avons encore à voir la puissance et la gloire du message dont cet ange est porteur. Des quatre messages apportés par ces quatre anges, les trois derniers contiennent le même terrible avertissement au sujet de Babylone (Apoc. 14:6-12; 18:1-3). Les trois-quarts du dernier message de Dieu pour ce monde portent sur le sujet de cette dévastation. Cela ne peut signifier autre chose sinon que Babylone est apostate comme Dieu l'a dit et qu'elle va se remplir d'abominations.

 

            Plutôt que de résister aux fausse doctrines et d'envisager la croix avec tout ce que Jésus dit qu'elle implique, nous cherchons quelque autre route. C'est plus facile de tenir des propos conciliants tels que être indulgent, amour, accueil favorable, se soucier de. Nous pouvons bien penser que la société, et peut-être le monde évangélique plus particulièrement, réclament de notre part des déclarations qui s'harmonisent avec leur façon de penser. Nous pouvons bien nous préoccuper de l'avortement, du sida, de la drogue, de l'écologie et des milliers d'autres problèmes sociopolitiques avec lesquels le monde se débat. Ce ne sont pas là pourtant des articles de base du grand et ultime procès qui attend l'univers. Ce sont des questions secondaires qui résultent de ce qu'on a rejeté la vérité en faveur de l'erreur. Bien qu'elles aient leur importance, on ne pourra obtenir aucune décision en dehors de la cause suprême qui est en attente. Cette cause, c'est celle de Satan contre Christ. Quel sera le témoignage des témoins?

 

"Purifié avec du sang"

 

            "Presque tout, d'après la loi, est purifié avec du sang, et sans effusion de sang il n'y a pas de pardon" (Héb. 9:22). On attire notre attention sur un déploiement de symboles dans l'Ancien Testament. Cet amalgame d'offrandes et de cérémonies ne trouve sa signification ultime qu'à la croix. De même, presque tous les épisodes relatés dans l'Ancien Testament, qui apparaissent souvent comme des évènements historiques dramatiques, sont des paraboles écrites pour nous avertir, pour nous permettre de comprendre le conflit final.

 

            Si doux qu'est été le fruit lorsqu'Ève l'a mangé, la saveur n'a pas persisté longtemps. Lorsqu'elle le donna à son époux pour qu'il mange avec elle, le mélange de bon et mauvais s'avéra trop fort pour leur esprit. Ils furent saisis de terreur. Leur désespoir et leur honte les auraient consumés sans la promesse que Dieu leur fit en cette heure dramatique (Gen. 3:15). Ce même Dieu dont ils s'étaient détournés leur donna de l'espoir. La semence de la foi était contenue dans la promesse, et, bien que la mort physique prélevât son impôt au fil du temps, la mort éternelle, la seconde mort serait finalement vaincue par la Postérité, par la victoire sur le péché.

 

            Qui aurait pu deviner jusqu'où s'étendrait cette apostasie? Le premier-né, dont Ève espérait qu'il serait le Messie, devint la personnification de leur haine inconsciente de Dieu. Caïn tua Abel. Qui aurait pu prévoir que pendant des millénaires s'accroîtraient l'iniquité et le malheur? L'´héritage de Caïn témoigne de la gravité du péché, de la transgression dissimulée sous le voile du cœur humain.

 

            Caïn "s'éloigna de la face de l'Éternel, et habita dans la terre de Nod, à l'orient d'Eden" (Gen. 4:16). Qu'il devint apostat, c'est assez clair, puisqu'il s'éloigna de l'Éternel. Le lieu où il se rendit n'est mentionné qu'une seule fois dans l'Écriture. Le mot signifie errance, vagabondage. La racine paraît chaldéenne, et Chaldée est synonyme de sorciers, astrologues, magiciens. Le premier meurtrier et apostat sur la terre s'est installé dans un lieu qui est devenu un symbole de confusion, de mystère et de péché.

 

            Des années plus tard, après le déluge, Abraham fut appelé de la terre d'Ur en Chaldée. Depuis les portes du jardin d'Éden jusqu'au grand conflit final qui est le point culminant de l'histoire, Babylone a été le siège de l'apostasie (Apoc. 17:5). Tous ceux qui ont voulu rendre hommage au vrai Dieu ont dû se séparer de cette "MERE DES IMPUDIQUES ET DES ABOMINATIONS DE LA TERRE".

 

            Le meurtre d'Abel par Caïn ne pouvait être caché. Le Seigneur entendit et comprit le langage du sang d'Abel criant de la terre vers Lui. Ce même langage allait être utilisé 4.000 ans plus tard sur la colline du Calvaire. Jusqu'à ce jour c'est le langage que le ciel comprend, mais l'Église a encore besoin de l'apprendre. Nous "n'avons pas encore résisté jusqu'au sang, en luttant contre le péché" (Héb. 12:4).

 

            Nous avons beau prétendre que l'expiation nous met à l'abri du problème et du coût élevé du péché. L'appel du vrai Christ à porter notre croix comme Il a porté Sa croix est trop onéreux –cela coûte du sang. Nous pouvons trouver un Christ qui ferme les yeux sur le péché, qui est en dehors du courant de l'humanité, non semblable à ses frères et qui peut cependant faire des miracles. Nous pouvons nous cacher derrière cet unique substitut. Mais le péché doit être vaincu et détruit, pas seulement couvert par un substitut qui excuse nos péchés.

 

            Telle est la vérité que connaissent les Écritures. Il a souffert dans la chair, et notre vocation est de marcher à Sa suite dans cette intelligence du péché et du salut. Penser ainsi, c'est être en guerre contre les fausses doctrines de Babylone. Elle se contente d'être assise sur "les grandes eaux" car là est le lieu où les puissances de la terre s'enivre de ses mensonges, et s'associent à son impudicité (Apoc. 17:1-2).

 

            Le Fils de l'homme a voulu descendre dans les eaux et Il a été enseveli afin d'accomplir tout ce qui est juste. Il a vu qu'Il faisait partie du corps de l'humanité et Il a connu toute la profondeur de la souffrance de la race humaine dans son combat contre le moi. Il est mort pour le péché (Rom. 6:10).

 

            Choyer l'amour de soi et rechercher l'approbation de la société, convient au cœur charnel. Cela plaît davantage que l'amitié de l'humble Charpentier. Posséder les biens de ce monde, quel contraste avec Celui qui n'avait pas où reposer Sa tête! Le vrai Christ témoigne de toutes autres valeurs: "Il n'avait ni beauté, ni éclat pour attirer nos regards, et Son aspect n'avait rien pour nous  plaire. Méprisé et abandonné des hommes, homme de douleur et habitué à la souffrance, semblable à celui dont on détourne le visage, nous L'avons dédaigné, nous n'avons fait de Lui aucun cas. (És. 53:2-3).  

 

            Lorsque le monde est ivre du vin de Babylone, le peuple de Dieu doit être d'autant plus sobre, et avoir d'autant plus le sens de la vérité. Plus qu'en aucun autre temps ils ont besoin d'être conduits dans toute la vérité et de recevoir tous les dons de l'Esprit, y compris l'annonce des choses à venir (Jn 15:13-15). Cette sorte de sagesse ne peut venir que du ciel. Quelles qu'aient pu être les semences de vérité formulées par les pères de l'église dans les siècles passés, cela ne suffira pas alors que le monde soit ivre des fausses doctrines de Babylone.

 

            Cela paraît bien improbable que quelqu'un comprenne toute la vérité alors que la nature du Christ est mal comprise et que la croyance en l'immortalité de l'âme rend obscure l'expiation. Ce sont là deux des principales erreurs de Babylone, et elles vont de pair. Si l'âme est immortelle, Christ n'est pas mort. Si Christ est venu dans la nature d'Adam avant la chute, Il ne pouvait être assujetti à la mort, car la mort est le salaire du péché. Il a été "fait péché pour nous" (2 Cor. 5:21). Ce message est amplifié dans Hébreux 2:14: "Ainsi donc, puisque les enfants participent au sang et à la chair Il y a également participé Lui-même, afin que, par la mort, Il anéantît celui qui a la puissance de la mort, c'est-à-dire le diable".

 

            Donner à l'Église du reste le discernement qui permet de reconnaître les sophismes de Babylone, c'est peut-être la plus grande œuvre que l'Esprit a à accomplir. L'épreuve ne saurait prendre fin tant que cela n'est pas fait. Dieu doit avoir un peuple qui se tienne auprès de Lui, engagé vis-à-vis de la vérité, et qui comprenne ce que Christ a dit: "Le prince de ce monde vient, il n'a rien en Moi" (Jn 14:30).

 

            Il y a dans l'Ancien Testament un récit rarement relu, sauf comme une histoire dramatique pour les enfants. Nous avons besoin de nous en souvenir: "Toutes ces choses ont été écrites pour notre instruction". L'histoire de Samson est une parabole.

 

Samson: Babylonien ou Laodicéen

 

            A première vue, la vie de Samson ne reflète aucune orientation spirituelle bien claire. Physiquement le plus fort des hommes, il était spirituellement le plus faible. Cependant Dieu ne l'abandonna pas en dépit des meurtres et des adultères qui entachaient sa vie. Son appétit sensuel paraissait sans bornes. Il ne cessait de harceler les Philistins, qui en étaient irrités. Voilà un homme qui paraissait invincible bien qu'il se rendit coupable de presque toutes les atrocités morales, et pourtant Dieu ne l'a pas abandonné alors même qu'il avait renié sa vocation (Juges 13-16). Pourquoi un tel récit?

 

            Cachée au cœur du dilemme de Samson se trouve peut-être la chef de notre propre problème. C'est l'orgueil de sa propre force qui a fait sa faiblesse, et cette confiance le rendit aveugle. Il était "riche et s'était enrichi, et n'avait besoin de rien". On ne connaissait ni ne comprenait quelle était la véritable source de sa force. Comprendre sa faut et son triomphe final, cela pourrait être une source d'espoir pour nous aujourd'hui.

 

            Samson était un enfant dont la naissance était survenue par une grâce particulière de Dieu. Sa mère était stérile avant que le Seigneur n'intervînt. Samson naquit pour délivrer Israël de ses ennemis, les Philistins, mais il se montra incapable même de se délivrer de lui-même, jusqu'à de que, dans sa cécité, il reçût la vue. C'est une parabole pour l'Église du reste. La prophétie d'Apocalypse 18 appelle l'Israël spirituel à abattre son ennemie spirituelle, Babylone. Cela ne peut se faire tant que l'ennemi n'est pas reconnu.

 

            Il se pourrait que, comme Samson, nous ayons été dépouillés de notre force lorsque nous sommes tombés en proie aux séductions offertes par Delila. Dans le cas de Samson, "il lui ouvrit son cœur, et lui dit: Le rasoir n'a point passé sur ma tête, parce que je suis consacré à Dieu dès le ventre de ma mère. Si j'étais rasé je deviendrai faible et ma force m'abandonnerait, je deviendrais faible, et je serais comme tout autre homme". (Juges 16:17).

 

            Le reniement par Samson de sa vocation divine a été à l'origine d'un désastre spirituel pire que la violation des commandements. Comprendre ce qui s'est passé, c'est voir l'importance de l'histoire sainte. La faute de Samson est due en grande partie à l'oubli de sa propre histoire. Sa naissance s'était accompagnée de circonstances qui le mettaient à part de "tout autre homme". Quand Delila le tourmentait jour après jour et s'efforçait de le séduire, son objectif était toujours de le ravaler au niveau de "tout autre homme".

 

            Mais il y avait eu une mission divine lors de sa naissance. Il ne devait pas être comme "tout autre homme". Le plan de sa vie avait été tout entier modelé en harmonie avec les desseins de Dieu. Sa nourriture et sa conception de la vie devaient être différentes. Israël était en captivité, il fallait le délivrer. Seul le secours du ciel pouvait apporter le salut.

 

            Dans la grande controverse entre la vérité et l'erreur, c'est la Postérité de la femme qui apporte la délivrance à cette planète captive et écrase la tête de l'ennemi de Dieu et de l'homme. Mais tant que la femme est stérile, il n'y a pas de délivrance. De même que la promesse fut donnée à Abraham par une naissance miraculeuse, de même fut-elle donnée à Marie, et de même à la femme de Manoach. Comme il en a été pour Isaac et pour Jésus, une promesse prophétique accompagna la naissance de Samson. Il avait une vocation particulière: "Ce sera lui qui commencera à délivrer Israël de la main des Philistins" (Juges 13:5).

 

            La naissance de l'adventisme a eu lieu selon une promesse analogue de délivrance triomphante. Le sanctuaire de Dieu, le lieu de Sa demeure a été pollué et déshonoré par le péché pendant 6000 ans. Mais avec l'Adventisme vient la promesse triomphante: "Deux mille trois cents soirs et matins; puis le sanctuaire sera purifié" (Dan. 8:14). En ce qi concerne Samson, c'est son vœu de naziréat qui était le signe et le sceau de sa destinée prophétique de libérateur d'Israël. Le rasoir ne passera point sur sa tête, parce que cet enfant sera consacré à Dieu (Bible de Jérusalem: nazir) dès le ventre de sa mère; et ce sera lui qui commencera à délivrer Israël de la main des Philistins" (Juges 13:15). Lorsqu'il grandit, Samson sut qu'il était différent. Il ne mangeait pas comme les autres. Il ne ressemblait pas aux autres. Mais sa vie devint le triste témoignage de sa méconnaissance du secret de la foi qui aurait donné à cette différence sa pleine valeur. Il continuait à penser comme les autres! Il passait sa vie et dépensait ses forces à poursuivre ses propres intérêts en usant les dons de Dieu.

 

             Dans son entourage, constatant les dons dont il jouissait, on l'enviait et le haïssait tout ensemble. A de rares moments, l'Esprit de Dieu trouvait une ouverture pour accomplir Ses desseins de détruire les Philistins et délivrer Israël. Le plus souvent, cette délivrance se trouvait avilie parce qu'elle impliquait de délivrer aussi Samson d'une situation de crise créée par ses tendances égoïstes et frivoles. Samson se convainquit que, en tant que favori du ciel, il pouvait faire tout ce qui lui plaisait tout en continuant à bénéficier des bénédictions d'en haut. Mais il y avait un défaut fatal: il oublia son histoire et les enseignements de cette histoire.

 

            Dérivant de plus en plus loin de la route que Dieu lui avait tracée, son intelligence spirituelle s'obscurcit. Il était sans cesse tourmenté par le désir d'épater les autres et d'obtenir l'approbation des ennemis pour la destruction desquels Dieu l'avait suscité. Il s'efforça même de prendre femme parmi eux, mais on ne voulut pas de lui. Ces étrangers, maîtres dans les affaires de ce monde, qui avaient des chars, des charrettes, des armes de fer, ne cessaient de provoquer Samson. Chaque fois qu'il se joignait à eux, ils lui demandaient de leur livrer le secret de sa force et de devenir "comme tout autre homme". Sa  mission était l'objet d'un assaut auquel il n'avait pas songé.

 

            Finalement, après avoir flirté avec la ruine et le compromis, il faiblit et commença à jouer avec les fondements de sa propre vision prophétique. Il dit à Delila de tisser "sept tresses de ma tête" (Juges 16:13). Etrange langage symbolique: sept étant le nombre parfait, une perte totale impliquait sa pensée, la puissance motrice de son caractère.

 

            La destruction n'était plus qu'à un pas; ce n'était plus simple complaisance au péché: c'était un reniement du pacte qui était à la base de sa naissance. Sa chevelure était le symbole de la vocation prophétique  donnée à sa naissance. Renoncer à sa chevelure, c'était renoncer à cette vision, et "faute de vision, le peuple vit sans frein" (Prov.29:18; Bible de Jérusalem).  

 

            Samson ne connaissait pas son état, aussi il se dit: "Je m'en tirerai comme les autres fois, et je me dégagerai", ignorant ce qui était arrivé. Il ne savait pas qu'il était séparé de Dieu. Il pensait être riche et n'avoir besoin de rien. Le lamentable récit dit: que "les Philistins le saisirent, et lui crevèrent les yeux; ils le firent descendre dans la prison" (Juges 16:21). Jésus dit à Son peuple qu'au temps de la fin il y aura un autre groupe qui se réveillera et se trouvera comme Samson. Sans force, sans pouvoir, sans huile pour leur lampes, dépourvu de cela même qui est le plus nécessaire à l'heure de la crise (Mat. 25:1-13).

 

            Samson était désormais, pauvre, aveugle et nu. Mais la vérité c'est qu'il était dans la meilleure condition qu'il eût jamais connue au cours de sa vie. Maintenant, quoique aveugle, il voyait sa faiblesse. Dans cet état, il commença à comprendre quelque chose qui lui avait échappé. Il sentit qu'il devait se voir lui-même pécheur "comme tout autre homme" avant d'être en mesure d'accomplir sa mission de délivrer Israël et de détruire ses ennemis. Il comprit la grandeur solennelle de la repentance solidaire.

 

            Travaillant au milieu des Philistins, dans l'esclavage du péché, une vision nouvelle commença à prendre forme dans son esprit. Le Seigneur se tenait à la porte et frappait. Ayant été rendu aveugle, Samson, maintenant voyait. Alors que son intelligence grandissait, il en était de même de ses cheveux. Les séductions qui l'avaient attiré dans le camp des Philistins, qui avaient ensuite détruit la conscience de sa mission et la promesse prophétique, lui apparurent alors telles qu'elles étaient. Les plaisirs des honneurs et l'approbation du monde étaient devenus les fers qui mordaient dans sa chair. Il détestait son aveuglement, il eut sa faiblesse en horreur. Comme l'apôtre Paul qui avait jadis fréquenté les notabilités du pays, qui était lui-même parmi les pharisiens, Samson découvrit alors le Dieu ont "la puissance s'accomplit dans la faiblesse" (2 Cor. 12:9).

 

            C'est un paradoxe que seule la sagesse de Dieu peut résoudre: le mystère de sainteté et le mystère d'iniquité mûrissent simultanément. L'ivraie et le froment sont moissonnés ensemble. Tandis que mûrissait le discernement spirituel de Samson, en même temps le blasphème outrecuidant des ennemis d'Israël atteignait son paroxysme. Or les princes des Philistins  s'assemblèrent pour offrir un grand sacrifice à Dagon, leur dieu, et pour se distraire, ils disaient: Notre dieu a livré entre nos mains Samson notre ennemi… Dans la joie de leur cœur, ils dirent: Qu'on appelle Samson, et qu'il nous divertisse! (Juges 16:23,  25). Ils insultaient la vérité qui faisait d'Israël le peuple de Dieu

 

            Comme Belschatsar, des siècles plus tard, ces ennemis de Dieu apportèrent Ses vases sacrés à leur festin religieux pour ridiculiser le ciel et Son peuple. Mais ce défi et cette insulte allaient recevoir leur réponse car Samson avait commencé à voir sa mission prophétique. Il comprenait maintenant sa naissance ainsi que les restrictions qui l'avaient mis à part de "tout les autres hommes". Rien ne comptait plus hormis l'accomplissement du dessein pour lequel il était né. Son plus grand désir, sa plus grande joie c'était maintenant d'obéir et d'aller jusqu'au bout de ce destin prophétique. Il avait appris que "la vie, c'est le Christ et mourir représente un gain" (Phil. 1:21; Bible de Jérusalem).

 

            Dès lors il pouvait se saisir des deux colonnes de la vérité et déployer sa force dans une direction qui en justifierait enfin la raison d'être. Il avait appris à connaître sa faiblesse et sa ressemblance avec tout autre homme, mais il avait appris aussi que la bonté et la miséricorde de Dieu pouvait le rendre différent. Il put se repentir. La sentence qu'il prononça sur les ennemis de Dieu, il se l'appliquait aussi à lui-même et de faisant il prit part aux souffrances de la croix avec Jésus.

 

            Dans ce jugement était sa liberté, car, en comprenant toute la profondeur de la perversité de sa rébellion et de son péché, il fut délivré de ces ténèbres et de son aveuglement. Et c'est avec ce collyre qu'il allait puiser la force qui jetterait bas le temple des ennemis de Dieu. Le récit dit:

 

            "Et Samson embrassa les deux colonnes du milieu sur lesquelles reposait la maison, et il s'appuya contre elles; l'une était à sa droite l'autre à sa gauche. Samson dit: Que je meure avec les Philistins! Il se pencha fortement, et la maison tomba sur les princes et sur tout le peuple qui y était. Ceux qu'il fit périr à sa mort étaient plus nombreux que ceux qu'il avait tués pendant sa vie" (Juges 16:29-30).

 

            La question qui se pose à l'église aujourd'hui est: Quand est-ce que Laodicée va comprendre? Est-elle capable de voir qu'elle a été rasée et qu'elle est nue? Sommes-nous capables, comme Samson, d'être instruits par notre propre histoire? Par notre association avec les Philistins, notre tête à nous aussi a été dépouillée des sept tresses de la vérité et ainsi nous avons perdu notre mission. Nous avons consenti à faire compromis sur compromis. On nous dit maintenant que nous pouvons nous secouer et retrouver des forces en dehors de la vérité qui nous a soutenus et a fait de nous un peuple tout au long de notre histoire. On nous dit que des choses telles que comprendre la nature de Christ et "la justification par la foi dans un contexte de fin des temps" ne sont pas essentielles pour le salut, ni pour la mission de l'Église. On nous assure à tort que jamais l'église mondiale n'a considéré ces sujets comme importants, qu'il faudrait les laisser de côté car ce sont des sujets que Satan utiliserait pour tromper le peuple de Dieu. De telles déclarations ne peuvent provenir que de ceux qui ont eu les yeux arraché.

 

            Mais plus que de voir et de comprendre la Source de notre force, nous devons savoir quelle est la puissance de l'Évangile et comment nous en servir. Ce n'est que lorsqu'elle consentira à mourir que l'Église vivra. Sa raison d'être n'est pas d'épater les gens, si hauts placés soient-ils dans Babylone. Mais rendre à l'Adventisme son exactitude doctrinale, n'est pas suffisant. Il faut laisser les implications de nos croyances et doctrines imprégner nos vies et notre expérience quotidienne. Les doctrines de vérité que nous avons reçues doivent déchirer le voile de nos âmes et mettre à nu notre difformité cachée. Comme Samson, nous devons nous voir nous-mêmes semblables à "tous les autres hommes". Quand nous le ferons, nous sonderons la profondeur du problème commun à l'humanité, qu'est la dépravation cachée. Comme Samson, nous aurons trouvé le support sur lequel prendre appui, et des ombres de ce désespoir repentant surgira par puissance d'abattre la forteresse du mensonge.

 

            Samson avait reçu à la naissance la force et tous les éléments nécessaires à l'accomplissement de sa destinée comme libérateur d'Israël. Il ne lui manquait qu'une perception intuitive en proportion avec sa force. A nous aussi, en tant qu'Adventistes du Septième Jour, ont été octroyées nos puissantes colonnes doctrinales. Pourtant jusqu'à ce que nous obtenions la perception complète qu'exigent ces vérités, nous restons susceptibles de les abandonner ainsi que notre force, avec nos espérances prophétiques.

 

            C'est pour la même raison que le prophète Ésaïe annonça la captivité d'Israël à Babylone. "Aussi Mon peuple sera-t-il déporté faute d'intelligence" (És. 5:13; Bible de Jérusalem). Le Témoin véritable redit la même chose à la dernière église: "Tu… ne sais pas".

 

            Samson était un laodicéen trompé par l'ennemi d'Israël, mais quand il devint aveugle il retrouva la vue, alors il se repentit et vainquit les ennemis du Seigneur. Lorsque nous saurons que nous sommes aveugles et que nous nous repentirons, alors nous recevrons notre vue. Peut-être ce temps est-il maintenant venu, de savoir, et de recevoir le collyre offert par le Témoin véritable. "Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux églises!" (Apoc. 3:22).

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