RENDU SEMBLABLE A SES FRERES

 

D.K. Short

 

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VI

 

La vérité ne connaît pas de confusion

 

            "La nouvelle que nous avons apprise de Lui, et que nous vous annonçons, c'est que Dieu est lumière, et qu'il n'y a point en Lui de ténèbres" (1 Jn 1:5).

 

            La manifestation de Dieu dans la chair humaine fut annoncée à Adam et Ève dans le jardin après la chute. L'accomplissement de cette promesse est une histoire de foi manifestée dans les cœurs humains, à commencer par la mère du genre humain. Si seulement son enfant pouvait être le Messie!

 

            Mais des millénaires d'instruction devaient s'écouler avant que la Postérité de la femme se manifeste dans la chair. Le genre humain devait apprendre que le combat contre la vérité et l'erreur est une réalité et que, si l'aiguillon de la mort est le péché, la foi de Dieu est plus forte que la tombe. Les enfants d'Adam commenceraient à connaître l'angoisse et la douleur que, depuis son origine, le péché a causées à Dieu.

 

            La seule faiblesse à laquelle la vérité doit faire face est l'immaturité de l'humanité. Tout comme il est aisé de tromper des enfants, ainsi Satan peut leurrer et confondre des adultes immatures. C'est donc tout ensemble une supplique et un espoir confiant que Paul exprime:

 

            "Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d'une manière digne de la vocation qui vous a été adressée. … Jusqu'à ce que nous soyons tous parvenus à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l'état d'homme fait, à la mesure de la stature parfait de Christ, afin que nous ne soyons plus des enfants, flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes, par leur ruse dans les moyens de séduction, mais que, professant la vérité dans la charité, nous croissions à tous égards en celui qui est le chef, Christ" (Éph. 4:13-15).

 

            La graine de vérité contenue dans la promesse faite en Éden doit pouvoir germer et croître jusqu'à maturité. Le plan du salut est l'histoire de cette croissance depuis la semence jusqu'à la moisson. Lorsque la promesse fut donnée à la mère de l'humanité, elle contenait une indication que Dieu deviendrait chair humaine. La compréhension de cette promesse doit grandir et se développer jusqu'à ce que le peuple de Dieu parvienne à une unité de foi et de connaissance du Fils qui soit à la mesure de la stature de Christ. Cette croissance implique le développement douloureux  de la foi et de la perception spirituelle. Comme cette expérience s'est déployée pendant 6.000 ans, nous avons quelque idée de la grandeur de l'épreuve. Ce n'est pas du fait d'une répugnance de Dieu à dispenser la foi que le processus est si lent, mais c'est la nature de notre aveuglement qui nous empêche de la comprendre.

 

            Lorsqu'Adam commit le péché, il s'ensuivit une crise. "Notre Dieu est un feu dévorant" et le péché est très combustible (Héb. 12:29). Il ne peut subsister en Sa présence. De l'impie il est écrit: "Le Seigneur détruira (l'impie) par le souffle de Sa bouche et Il (l') anéantira  par l'éclat de Son avènement" (2 Thess. 2:8).  Cet éclat, cette gloire qui juge et détruit, c'est la puissance même de la justice et de la vérité.  En d'autres termes, l'essence même du caractère de Dieu consume le péché. Ce n'est pas de Sa part colère ou représailles, mais le résultat d'une loi spirituelle; le péché ne peut subsister en Sa présence.

 

            Cela mettait Dieu en difficulté dans Ses rapports avec Adam. Comment faire connaître Sa justice à l'homme déchu? Comment l'instruire et le régénérer sans le consumer? Cela même qui était le plus nécessaire était ce qui détruirait. Il fallait une ouverture pour remettre entre les mains de l'homme la vérité au sujet de la justice, tout en voilant son éclat selon la capacité de l'homme à la supporter et à l'accueillir. On commença donc par user de symboles, de types et d'ombres. Adam et Ève, à leur insu, reçurent leur première leçon lorsque Dieu leur donna des peaux pour se vêtir; le péché est cause de mort. De cette première leçon enfantine, les enfants des hommes cheminèrent jusqu'au service majestueux du sanctuaire avec toutes ses implications glorieuses. Le tabernacle, le sacerdoce et chacune des parties du servie solennel avaient pour objet de désigner la croix du Calvaire où le véritable Agneau offrirait Son propre sang.

 

            Le résultat de Son sacrifice deviendrait manifeste dans l'expiation finale, lorsque le sanctuaire serait purifié et le péché effacé. Ce plan du salut serait comme une graine que l'on plante, qui croîtrait de symbole en symbole dans l'histoire et le développement de la vérité. Un temps viendrait où l'homme pourrait de nouveau converser avec Dieu face à face.

 

            Bien que, dans leurs entretiens, les Adventistes parlent souvent du second avènement de Christ, nous saisissons bien mal ce que cela implique et la crise qui nous menace. Chaque fois que le reste est confronté à la pure vérité de l'expiation, le feu de cette gloire, la gloire de la croix, semble être plus que nous ne pouvons supporter.

 

            Le cœur charnel cherche à contourner la croix qui exige la mort du moi. Mais de toute éternité le Tout-Puissant sait que là est la seule voie pour que la vie continue. "Si le grain de blé qui est tombé en terre ne meurt, il reste seul" (Jn 12:14). La manifestation suprême de ce principe dans l'existence de Dieu éclata lorsqu'Il fit face à la croix et consentit à donner Son Fils unique pour qu'Il devienne chair, membre de l'espèce humaine. Ainsi c'est à la croix que le voile qui séparait l'homme de Dieu fut déchiré et que le caractère de Dieu parut dans toute Sa gloire. C'est à la lumière de cette gloire que nous voyons la Parole faite chair.

 

            Mais il nous répugne d'accueillir cette vérité, et notre foi immature se contente d'un Sauveur qui n'aurait parcouru qu'une partie du chemin pour répondre aux besoins de l'homme. Nous disons qu'Il était différent. La gloire de Sa manifestation dans la chair nous accable, et la lutte entre la foi et le péché se poursuit. Ainsi l'avènement doit être différé jusqu'à ce que nous ayons appris, à l'école de Christ, le caractère criminel du péché. Dieu ne saurait instaurer le mensonge.

 

            Dans cette école de révélation, Abraham a été un élève remarquable. Son épreuve est une parabole destinée à aider les mortels à comprendre que Dieu existe réellement et qu'Il comprend et ressent les émotions mêmes que Ses enfants connaissent lorsqu'ils font face aux horreurs du péché et de la mort. Le parallèle est si étroit que les noms d'Abraham et du Messie ont pu figurer dans le même contexte: "Or  les promesses ont été faites à Abraham et à sa postérité. Il n'est pas dit: aux postérités, comme s'il s'agissait de plusieurs, mais en tant qu'il s'agit d'une seule, et à ta postérité, c'est-à-dire à Christ" (Gal. 3:16).

 

            Tout élève de l'école de Christ qui accepte la Postérité comme Maître, est apparenté à Abraham, sinon il n'est pas réellement un héritier de la promesse. "Reconnaissez donc que ce sont ceux qui ont la foi qui sont fils d'Abraham… Et si vous êtes à Christ, vous êtes donc la postérité d'Abraham, héritiers selon la promesse". (Gal. 3:7, 29). Ce sont de véritables Israélites, ceux qui comprennent la puissance de la dynamique cachée dans la promesse:

 

"Tous ceux qui descendent d'Israël ne sont pas Israël, et, pour être la postérité d'Abraham, ils ne sont pas tous ses enfants; mais il est dit: En Isaac sera nommée pour toi une postérité, c'est-à-dire que ce ne sont pas les enfants de la chair qui sont enfants de Dieu, mais que ce sont les enfants de la promesse qui sont regardés comme la postérité" (Rom. 9:6-8).

 

Qu'y a-t-il dans l'expérience d'Abraham qui reflète si exactement la gloire du Fils de l'homme que seuls ceux qui connaissent une expérience semblable sont regardés comme enfants de la promesse? Bien des aspects de la vie d'Abraham reflètent le modèle d'engagement sacrificiel présenté par la Postérité. Il a quitté sa parenté et la sécurité de son pays; il a pénétré, en étranger, en territoire ennemi; envers Lot et sa famille, il a fait preuve d'une générosité bien au-delà des normes usuelles; il a fait preuve d'une foi en la Parole de Dieu qui lui a permis d'obtenir l'accomplissement de tout ce qui avait été promis. Ces ressemblances et bien d'autres encore reflètent clairement la nature du Sauveur.

 

Dans l'expérience d'Abraham, il y a une action qui surpasse toutes les autres. L'expression suprême de sa foi, qui dévoile l'essence de la mission de Christ, fut liée avec son fils unique sur un autel de pierre et de bois au Mont Morija. Dans le drame du salut, le lieu même où Abraham fut appelé à offrir Isaac présente un sens profond. Morija, en Hébreux, est l'union de Yah ou le Seigneur Jéhovah, et de ra'ha qui signifie voir ou expérimenter, percevoir ou considérer. Ce sombre tunnel d'affliction qu'Abraham dut parcourir allait donc s'achever par un sacrifice sur une montagne qui incluait tout cela dans son nom.

 

En d'autres termes, le lieu de son acte suprême de foi est appelé le lieu où Dieu est perçu et révélé. Il ne s'agit pas d'une vision. C'était une promesse sous une forme visible, une démonstration de foi aussi tangible que la vie elle-même. Et cette ultime réalité de foi montre non seulement l'union du croyant avec Dieu, mais le caractère de Dieu Lui-même en ce qu'Il consent à offrir Son Fils pour qu'Il devienne un membre de la famille humaine.

 

"Or la foi est une ferme assurance des choses qu'on espère, une démonstration de celles qu'on ne voit pas" (Héb. 11:1). Telle est l'assurance que la foi fait naître; elle est le fondement de l'espérance. Voilà pourquoi la foi de Jésus était, et est une démonstration parfaite de Dieu le Père. Cette démonstration est le fruit de la connaissance de Dieu et de Christ, connaissance qui est vie éternelle. Toutes les promesses de Dieu reçoivent leur accomplissement en Christ lorsqu'Il est devenu membre de la famille humaine. Ainsi la foi parfaite révèle entièrement le Dieu qui a fait les promesses. (Rom. 4:13). "La Parole a été chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité; et nous avons contemplé Sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père" (Jn 1:14).

 

En effet, que la Parole fut faite chair, cela signifiait rendre les promesses de Dieu évidentes dans la Postérité. Une foi véritable doit produire une preuve tangible. L'incarnation de Christ fut la manifestation de la foi de Dieu qui a accompli toutes les promesses et donné à l'univers une nouvelle compréhension de Son caractère. Ce fut une preuve comme il n'y en avait jamais eu auparavant. C'est pourquoi nous sommes saisis de crainte et hésitons à accueillir les paroles de Jésus: "Celui qui M'a vu a vu le Père" (Jn 14:9).

 

Abraham notre Père dans la foi

 

            Qui consentirait à se séparer de son enfant unique? Plus difficile encore, qui consentirait à se séparer d'un enfant qui est une réponse à une prière, le fruit d'un miracle? Et pour Abraham, il s'agissait de bien plus que de la perte de la famille et de l'héritier. Offrir son fils unique, Isaac, c'était faire preuve de la foi la plus pure. Par elle, nous sommes mis en face de la vérité de Christ ainsi que la relation que nous avons avec elle et la compréhension que nous en avons.

 

            L'épreuve de sa foi mettait en jeu toute l'histoire de sa vie. Isaac représentait bien plus qu'une garantie pour l'arbre généalogique de la famille d'Abraham. Le salut du monde était en jeu dans l'accomplissement de la promesse de Dieu en Isaac. Isaac était la preuve tangible qu'après des décennies de désolation, la foi était récompensée. Le temps n'avait pas diminué l'intensité du tourment moral d'Abraham. La terre promise de Canaan, jamais cet étranger fatigué ne la posséda. Un voisinage hostile le contraignait à errer, sans sécurité ni possession véritable. Pendant des années il n'avait connu que des déceptions, et Sarah et lui n'avaient pu avoir de descendance. Quel espoir restait-il que lui et sa postérité promise puissent jamais obtenir Canaan? C'est alors que naquit Isaac.

 

            Lorsque tout espoir s'était presque évanoui, Dieu fit l'impossible, et sépara la Mer Rouge symbolique pour le patriarche et sa femme. L'enfant du miracle naquit. Par la foi, Abraham connut alors la réalité de la fidélité de Dieu. Sa substance, il la tenait dans ses bras. Cette postérité était une preuve irréfutable. Isaac était le don du salut lui-même, et pour Abraham, dès lors, le désert fleurissait. Dieu enfin, avait honoré et accueilli cet homme qui ne vivait que de sa foi. Le problème domestique des deux épouses fut résolu. On creusa un puits et on scella l'acte de propriété. On planta des arbres, on mit fin au nomadisme; cependant durant des décennies il demeura dans le pays des Philistins. Et c'est alors qu'il fut frappé comme la foudre.

 

"Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, et va-t-en au pays de Morija, et là, offre-le en holocauste" (Gen. 22:2). Supprimer Isaac, c'était annihiler la foi elle-même. C'était une suppression, une révocation de la promesse, une annulation de l'expérience de toute sa vie. Perplexité, doute, frustration envahirent l'âme du vieillard dont toutes les espérances se concentraient sur cet enfant de la promesse. Une secousse terrifiante ébranla le cœur d'Abraham. Il entra dans une période de tourments tels qu'il n'en avait jamais connus. Les flots du désespoir déferlaient en lui comme une inondation. Dieu l'avait-il abandonné?

 

             Il passa alors en revue toute sa vie. Il y avait peu de bon. Il y voit des hésitations, des mensonges à Pharaon; le manque de foi dans sa relation illicite avec Agar, d'où naquit le fils de l'esclave, Ismaël. Est-ce son manque de foi qui lui valait cette condamnation? Qu'était-ce d'autre qu'une condamnation? La mort même serait accueillie comme une délivrance de cet affreux abîme d'espoir fracassé, et pourtant Dieu était toujours le Maître.

 

            Une étincelle de foi brûlait encore. Il se cramponnerait à la promesse en dépit du sentiment accablant d'être abandonné. Dieu doit être fidèle. S'il exigeait la vie d'Isaac, Il pourrait et voudrait le ressusciter, car la miséricorde et la justice s'unissent dans les rapports de Dieu avec l'homme.

 

            Dans le sillage de cette œuvre qui brisait le cœur, surgit l'une des révélations les plus vives et profondes de la lutte passionnée de Dieu Lui-même sacrifiant Son Fils. Comment pouvait-Il le livrer pour qu'Il soit fait chair et sang, qu'Il prenne la nature humaine et devienne un membre de la race rebelle?

 

             La foi d'Abraham a été comme une clef qui ouvre une porte et révèle la gloire même du ciel. Cette gloire manifestée grâce à la foi du saint vieillard est l'aboutissement véritable de la postérité promise. Isaac, pourrait-on dire, ressuscite comme un message révélateur du même combat que Dieu doit livrer contre Lui-même. C'est pourquoi la promesse tourne autour d'Abraham et de Christ, partenaire dans la révélation des merveilles du plan du salut.

 

            C'est Abraham qui comprit la foi de Jésus. Cette compréhension ne pouvait s'obtenir "qu'en suivant l'Agneau partout où Il irait". C'est sur la croix que Jésus a porté tout le poids du doute de l'humanité et en a triomphé par la foi. Tout au long de Sa vie, Il a porté la croix chaque jour; le Calvaire a résumé Son combat. Telle est la foi qui manifeste et révèle Dieu dans la chair. Aussi sûrement que fut réelle chaque étape dans la vie d'Abraham, de même Christ, la postérité d'Abraham, est réellement devenu membre de la famille humaine. Il a pris sur Lui la nature humaine dans sa condition d'après la chute, sans exemption, et Il a fait face à des tentations semblables à celles d'Abraham et à celles que nous connaissons aujourd'hui.

 

            Pour Abraham, cette expérience fut comme la traversée de l'ombre de la mort. Il fut violemment tenté de tourner le dos aux promesses de Dieu et de se cramponner à sa chair en Isaac. De même Christ dut choisir entre Sa volonté, les clameurs de Sa chair, ou accepter la croix et boire la coupe. Dans l'un comme dans l'autre cas, le salut du monde était en jeu; tout dépendait de la foi.

 

             Si nous ne comprenons pas les faiblesses que Christ a assumées en prenant la nature pécheresse de l'homme, il nous manque la dernière pierre de taille indispensable pour la construction du temple de vérité. Jamais nous ne serons munis de la foi de Jésus tant que nous n'aurons pas compris sur quel terrain Sa foi a passé. Pour "suivre l'Agneau partout où Il va", il nous faut Le connaître comme Celui qui a été rendu "semblable à Ses frères". Alors nous verrons clairement qu'Il est "la voie nouvelle est vivante qu'Il a inauguré pour nous au travers du voile, c'est-à-dire de Sa chair". Cela nous donnera "au moyen du sang de Jésus, une libre entrée dans le sanctuaire" (Héb. 10:20, 19).

 

            Ainsi donc, nous sommes la postérité de Christ, d'Abraham, nous sommes héritiers en vertu de la promesse. Le monde a attendu 4.000 ans, puis Dieu a envoyé Son Fils, le don promis "né de la femme, né sous la loi". Tout cela afin que nous puissions être fils et non esclaves, héritiers de Dieu par Christ, la Postérité d'Abraham. Dans cette vérité, il n'y a nulle confusion. "C'est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Demeurez donc fermes… Marchez selon l'Esprit, et vous n'accomplirez pas les désirs de la chair … afin que vous ne fassiez point ce (les péchés) que vous voudriez" (Gal. 5:1, 16, 17).

 

"Mon Dieu et votre Dieu"

 

            Comme nous l'avons dit, Jésus se désignait habituellement comme "le Fils de l'homme". Les implications de ce fait sont immenses et doivent être mieux comprises. Disait-Il au monde qu'Il avait un lien de famille particulier avec l'humanité? Nous apercevons cette vérité dans Son entretien avec Marie après la résurrection.

 

            Il avait achevé Son ministère terrestre. Il avait fait tout ce qui était en Son pouvoir avant de retourner au ciel. Son cheminement dans la chair avec les enfants des hommes accomplirait-il la loi? Avait-Il été réellement le second Adam, avait-Il vaincu là où le premier Adam avait échoué? Comment pouvait-Il le savoir? D'après ce qu'Il a dit à Marie, la confirmation devait encore être faite.

 

             Marie était au tombeau, elle pleurait, en proie au désespoir total. Elle ne paraît pas se rendre compte que des messagers célestes lui parlent quand ils lui demandent: "Femme pourquoi pleures-tu?" Sans lever les yeux pour voir ce qui se passe, elle répond: "Ils ont enlevé mon Seigneur". Puis aveuglée par les larmes, elle entend la même question posée par Jésus Lui-même: "Pourquoi pleures-tu?" Pensant que c'était le jardinier, son angoisse persiste et elle demande où on a mis Jésus.

 

            C'est alors que Jésus dit: "Marie!" et c'est alors qu'elle fut ressuscitée de son tombeau d'affliction. Elle reconnut Jésus et répondit: "Maître!" Il était là, réel et vivant, debout devant elle. Il allait faire une déclaration stupéfiante. Il allait confirmer qu'Il s'était uni Lui-même aux enfants d'Adam sans l'ombre d'une exemption, la vrai Postérité de la femme. Avec une note de suspens et de profonde anticipation, Jésus dit à Marie: "Ne me touche pas; car Je ne suis pas encore monté vers Mon Père. Mais va trouver Mes frères, et dis-leur que Je monte vers Mon Père et votre Père, vers Mon Dieu et votre Dieu" (Jn 20:17).

 

            Une déclaration presque insondable! Voici Celui qui s'est fait méprisable aux yeux des hommes, a pris une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes. Voici qu'Il annonçait au monde qu'Il avait pour Ses frères une nouvelle qu'ils devaient comprendre. La nouvelle était qu'Il retournait vers Son Père, le même Père que le leur. Il retournait vers Son Dieu, le même Dieu que le leur, et Il voulait que Ses frères sachent qu'Il était un avec eux. Il avait renversé le mur de séparation entre l'homme et Dieu, et ils étaient proches de Lui, non plus éloignés. Il confirmait qu'Il était le fils d'Adam, qui était fils de Dieu et que Jésus Lui-même était la postérité de cette lignée royale (Luc 3:23-38). Son sang avait scellé Sa parenté avec les enfants des hommes car Il avait anéanti dans Sa chair l'inimitié de l'homme envers Dieu. (Éph. 2:13-16).

 

            Mais lorsque Marie alla dire ces choses à Ses frères, "ils ne crurent point" (Mc 16:10-11). La question nous est posée; Ses frères du temps de la fin, quand le mystère de Dieu va s'achever, ont-ils plus de foi que n'en avaient les disciples, croient-ils réellement ce qu'Il a fait?

 

"Je vous le déclare…"

           

Lorsque Jésus fut jugé, Il fit connaître au monde qu'Il était "semblable à Ses frères". L'accusation était en mauvaise posture. Les autorités savaient ce qu'elles voulaient obtenir, mais on ne trouvait pas de témoins. Comment condamner un homme à mort sans témoins? Même les témoins qu'on avait soudoyés ne s'accordaient pas. A la fin on en trouva deux dont le récit pourrait influencer le tribunal.

 

Tel qu'il est dit dans le texte grec, le compte-rendu est dramatique! "Cet homme a dit: Je puis détruire le temple de Dieu, et le rebâtir en trois jours". Mais l'accusé gardait le silence. Il savait qu'Il n'avait jamais rien dit de tel. Ce qu'Il avait dit était comme une parabole que même les disciples ne comprirent qu'après la résurrection. "Il parlait du temple de Son corps" (Jn 2:21-22).

 

Mais pendant ce procès, Pierre est dans la cour, et il expérimente son temps de trouble. Lorsqu'il prend conscience de ce qu'il a fait, il sort précipitamment, et se repent amèrement. Comment a-t-il pu méconnaître à ce point son cœur trompeur?

 

Cependant le tribunal est de plus en plus tendu, quand enfin on a trouvé deux témoins. L'Accusé refuse de se défendre. L'accusateur est embarrassé et désappointé, et en dernier ressort pour aboutir à un verdict, il en appelle au Dieu de l'univers en adjurant l'Accusé de répondre. Ses paroles sont poignantes: "Je T'adjure, par le Dieu vivant, de nous dire si Tu es le Christ, le Fils de Dieu". La cour suspend son souffle, elle attend ce que cet "Homme de Galilée" va répondre (Mat. 26:63)

 

Le silence ne pouvait se prolonger davantage. L'Accusé doit rendre témoignage, mais ce qu'Il dit, ils ne l'entendent que pour Le condamner. Aujourd'hui la question est: comprenons-nous ce qu'Il a réellement dit? Dans Sa réponse, on peut trouver une façon idiomatique de dire oui, mais il y a aussi, dans cette réponse, une profonde ambiguïté latente. A la question du souverain sacrificateur "Es-Tu le Christ, le Fils de Dieu?" Jésus répond: Ce sont tes paroles, Caïphe, c'est ce que tu dis, mais Je vous le dis, "vous verrez désormais le Fils de l'homme assis à la droite de la puissance de Dieu et venant sur les nuées du ciel". Le juge s'empare de ces paroles de l'Accusé et décrète qu'il n'y a plus besoin de témoins, Il mérite la mort. Par Son propre témoignage, Il doit être condamné.

 

Que dit l'Accusé? Lorsque le souverain sacrificateur cherche à Lui imposer des morts, Jésus proclame qu'Il est "le Fils de l'homme". Il appartient à la race humaine. Il est un enfant d'Adam, le fils de David. Il déclare en présence de l'univers que lors de son second avènement Il reviendra comme "Fils de l'homme". Il vient, assis à la droite de la puissance de Dieu, et Il est là parce qu'Il est vainqueur. C'était un prélude à ce qu'Il a dit à Marie: "Mon Dieu et votre Dieu", car après avoir vaincu, Il s'assied auprès du "Père sur Son trône". Nous aussi, nous pourrons nous asseoir sur ce trône lorsque nous vaincrons par la foi de Jésus. (Mat. 26:57-66; Apoc 3:21).

 

Luc répète le récit (Luc 22:66-71). Les "principaux sacrificateurs et les scribes" assemblés, sont en ébullition et posent la question: "Si Tu es le Christ, dis-le nous? C'était une situation sans issue. S'Il le leur disait, ils ne le croiraient pas, et s'Il les interrogeait, ils refuseraient de répondre, mais ils pouvaient apprendre ceci: "Désormais le Fils de l'homme sera assis à la droite de la puissance de Dieu". Dans un souffle ils Lui posèrent ensemble une question directe: "Tu es donc le Fils de Dieu?" Il leur répondit: "Vous le dites", ce sont vos paroles, et sur ces paroles Il fut condamné. Sa propre affirmation est qu'Il était le Fils de l'homme, et Il ne semblait jamais las de le déclarer.

 

"Fils de l'homme"

 

            C'est le titre que Jésus a utilisé des dizaines de fois losqu'Il parlait de Lui-même. La manière dont Il s'est servi de cet titre a`des implications profondes qui montrent que c'était bien plus qu'un simple nom, une désignation commode. Il décrit une condition, un héritage qui conférait une marque de noblesse et d'autorité. A l'évidence, le second Adam honorait Sa place dans le vaste plan de la création alors que le premier Adam avait méprisé la fonction qui lui avait confiée et la rejetait, tandis qu'Il convoitait le trône de Dieu. Au contraire, Jésus ne convoitait nullement la place qu'Il avait eue en tant que Dieu comme une proie à arracher. Il était disposé à se dépouiller Lui-même, à prendre une forme de serviteur et "devenir semblable aux hommes", supportant la rétribution du péché sans aucune participation au péché. (Phil. 2‑7-8).

 

            C'est cette qualité même de "Fils de l'homme" qui rend Christ crédible face à l'univers. Selon la notion païenne courante de Dieu, Il peut faire tout ce qui Lui plaît parce qu'Il est Dieu. Le véritable Christ fut contraint de secourir l'homme dans sa condition d'après la chute, alors que la solution facile eût été de l'abandonner parce qu'irréformable. A l'évidence, il n'y avait nul besoin d'aider Adam dans sa condition d'avant la chute. Il n'avait pas besoin d'un Sauveur. C'est dans ce cadre que Dieu perçut qu'Il devait prendre des mesures drastiques, hors des possibilités des mortels, et c'est ainsi qu'Il donna le baume de Galaad pour guérir la maladie du péché.

 

            Jésus disait de Son Père qu'Il agit et, selon Son exemple Lui aussi devait agir (Jn 5:17). Il tenta d'expliquer cela aux Juifs lorsque, un jour de Sabbat, Il guérit un infirme, malade depuis trente-huit ans. C'était plus qu'ils n'en pouvaient supporter et ils "cherchaient à Le faire mourir". Lorsqu'Il déclara qu'Il devait agir parce que Son Père travaille, leur zèle à Le faire mourir s'accrut. Transgresser le Sabbat par une guérison, c'était déjà beaucoup, mais prétendre que Dieu était Son Père était intolérable. Mais Jésus ne fut pas ébranlé par leur dédain. Au contraire, Il déclara que tout ce qu'Il faisait, c'est ce qu'Il voyait faire à Son Père. Lui-même ne pouvait rien faire. A la fin, à la révélation dernière, Il recevrait: "le pouvoir de juger, parce qu'Il est le Fils de l'homme" (v. 19-30). Par Son combat corps à corps avec le péché, la Postérité d'Abraham comprendrait ce qu'implique le jugement. En ne recherchant pas Sa propre volonté, Il rendait une sentence juste.

 

            Seul le Fils de l'homme pouvait faire cela car, seul le Fils de l'homme croyait vraiment ce que Moïse et les prophètes avaient écrit à Son sujet.

 

            Se nommer Lui-même le "Fils de l'homme" n'était pas seulement un titre provisoire à assumer pendant quelque temps sur la terre. Il a une portée éternelle. Jean, l'auteur de l'Apocalypse (la Révélation) était prêt à écrire quand il reçut le message pour les sept églises. L'Alpha et l'Oméga, le Tout-Puissant faisait connaître Ses desseins et le prophète écouta. On découvre d'étonnantes relations de famille lorsque le prophète reconnaît sa mission. Il répond:

 

"Moi Jean, votre frère, et qui a part avec vous à la tribulation et au royaume et à la persévérance en Jésus", j'étais prêt à écrire dans un livre ce que l'Esprit dit (Apoc. 1:4-9). Jean, dans son service de prophète, a déduit qu'il était un frère de l'Alpha et l'Oméga. Il pouvait l'affirmer parce que le premier et le dernier, le Fils de l'homme, est devenu un membre de la famille humaine.   

 

            Alors qu'il commençait à décrire les splendeurs qui lui étaient montrées, on l'introduisit auprès des "sept chandeliers d'or". C'était le tabernacle de la présence même du Créateur. Au milieu des sept chandeliers il y avait "quelqu'Un qui ressemblait à un fils d'homme", que Jean reconnut dans toute Sa gloire et Ses vêtements sacrés. Là, au milieu  du ciel, était le Fils de l'homme, Celui que Jean pouvait appeler frère.

 

            Terrassé par la gloire, Jean tomba à Ses pieds, mais le Fils de l'homme dit: "Ne crains point! Je suis le premier et le dernier, et le vivant. J'étais mort; et voici Je suis vivant aux siècles des siècles" (vers. 17-18). C'était Lui la Postérité, "né de la femme, né sous la loi", le Fils de l'homme, mort mais "vivant aux siècles des siècles", qui dit à Son frère: "Ne crains point". Que pouvait faire de plus la Majesté du ciel pour montrer Sa compassion et Son amour à la race d'Adam? L'encouragement que Jean a reçu s'adresse à nous aujourd'hui.

 

            Lorsque Jean eut achevé de transmettre la proclamation la plus terrible de toute l'histoire (le message des trois anges), il lui fut donné un nouvel aperçu de l'avenir. Dans une vision, il vit une nuée blanche, et "sur la nuée était assis quelqu'Un qui ressemblait à un Fils d'homme, ayant sur Sa tête une couronne d'or, et dans Sa main une faucille tranchante" (Apoc. 14:14). Le second avènement est décrit ici. 

 

            Prêt pour Son retour triomphal, le Fils de l'homme reviendrait, toujours en tant que membre de la famille humaine (22:16). "Le Rejeton de la postérité de David" lancerait Sa faucille car "la moisson de la terre est mûre.

 

            Jean a vu le vrai Christ. Il est Celui qu'il pouvait appeler frère. Il est le médiateur entre Dieu et l'homme. Le grec, dans 1 Timothée 2:5 nous dit qu'Il est "Jésus-Christ, Homme". Nous avons l'assurance que notre Avocat comprend pleinement nos tentations. Dans le grand jugement de tous les siècles, qui est imminent, les enfants d'Adam ont un défenseur, un Homme pour servir de médiateur: " Jésus-Christ, Homme".

 

"Fils de Dieu"

 

            L'incommensurable merveille de Christ devenant Fils de l'homme côtoie une autre vérité également stupéfiante. Des pécheurs vont être appelés Fils de Dieu. Ce n'est que le revers de la même monnaie.

 

            Jean dit à l'Église qu'elle peut reconnaître quiconque a l'esprit de l'antichrist, car celui-ci refusera de confesser que Jésus-Christ est venu dans la chair. A l'inverse, l'Église saura que l'Esprit de Dieu habite ceux qui confessent que "Jésus-Christ est venu dans la chair". Ce même auteur assure l'Église que les enfants des hommes sont appelés à être membres de la famille céleste. Voici ce qu'il dit:

 

"Voyez quel amour le Père nous a témoigné, pour que nous puissions être appelés enfants de Dieu! Et nous le sommes. Si le monde ne nous connaît pas, c'est qu'il ne L'a pas connu. Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté; mais nous savons que, lorsque cela sera manifesté, nous serons semblable à Lui, parce que nous Le verrons tel qu'Il est" (Jn 3:1-2).

 

Jésus était le Fils de l'homme et le Fils de Dieu. Merveille des merveilles, les enfants de Dieu vont participer avec Lui à la même relation. Des êtres humains font partie de la famille royale céleste. Paul dit: "Car tous ceux qui sont conduits par l'Esprit de Dieu sont fils de Dieu… L'Esprit Lui-même rend témoignage à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Or si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers, héritiers de Dieu et cohéritiers de Christ, si toutefois nous souffrons avec Lui, afin d'être glorifiés avec Lui" (Rom. 8:14-17). Souffrir avec Lui, c'est voir le péché tel qu'il est. L'apathie de l'Église serait-elle la conséquence d'un aveuglement, parce que nous ne croyons pas avoir cette haute vocation? Réfléchissez: "enfants de Dieu", "fils de Dieu", "cohéritiers avec Christ"! Dieu pourrait-Il se faire plus proche de la race humaine?

 

Le texte sacré nous dit que nous avons été appelés à la gloire et à la vertu et que nous avons reçu "les plus grandes et les plus précieuses promesses, afin que par elles vous deveniez participants de la nature divine" (2 Pier. 1:4). Cette "nature divine" doit être formée afin "que nous participions à Sa sainteté" (Héb. 12:10). Il est temps de nous arrêter de compter sur nos doigts, même si on le tolère chez des enfants. Un enfant qui demeure un enfant, c'est un cas pathétique. Les adultes doivent progresser, passer de l'arithmétique à l'algèbre et au calcul infinitésimal. Il y a bien longtemps que les Adventistes auraient dû grandir et progresser dans l'intelligence des choses de Dieu et de l'éternité, et ce besoin s'accroît d'année en année.

 

Il est raisonnable de penser que le second avènement de Christ a été différé parce que nous n'avons pas perçu que le mystère de Dieu est encore à réaliser. Il ne peut s'achever avant que nous n'ayons compris que la puissance qui permet de vaincre entièrement le péché est contenue implicitement dans la nature que Christ a prise. Qu'Il n'ait pas commis de péché, cela prouve la puissance de l'Evangile. C'est cette puissance, offerte à toute l'humanité, qui constitue "les richesses incompréhensibles de Christ". Dans Son peuple, "tous les hommes (verront) quelle est la dispensation du mystère caché de tout temps en Dieu qui a créé toutes choses par Jésus-Christ" (Éph. 3:8-9). Le monde attend de voir et de comprendre "le mystère caché de tout temps et dans tous les âges, mais révélé maintenant à Ses saints, à qui Dieu a voulu faire connaître quelle est la glorieuse richesse de ce mystère parmi les païens, savoir: Christ en vous, l'espérance de la gloire" (Col. 1:26-27).

 

Longtemps nous nous sommes complus dans les prophéties, mais prêcher les prophéties sans comprendre l'Évangile, c'est courir sans porter de message. A la crucifixion, le voile du temple se déchira, découvrant à l'univers de nouvelles notions du plan de Dieu. De même le voile de ténèbres spirituelles qui nous environne dans le temps de la fin doit être arraché. La plus grande entrave pour Dieu à l'achèvement de Son œuvre, c'est notre propre aveuglement spirituel.

 

C'est évident d'après ce que le Témoin véritable dit à la septième église: "Tu … ne sais pas". Un millier d'actions décidées par des comités, fondés seulement sur la sagesse et la stratégie humaines, ne sauraient accomplir notre destinée et ne feront qu'augmenter notre aveuglement. L'essence de la justice est une juste compréhension. Lorsque Christ est devenu le Fils de l'homme, Il a lutté corps à corps avec le péché. Il a vu ses conséquences et c'est cette perception qu'Il nous offre.

 

Depuis l'âge de douze ans jusqu'au moment de Son baptême, Jésus n'a cessé d'étudier l'Ancien Testament. Par le livre de Daniel, Il a appris quand il devait être baptisé. Mais le message que Jean prêchait exigeait la repentance. Lorsque Jean traitait les pharisiens et les sadducéens de "races de vipères", c'était vraiment la vérité: ils venaient poussés par la peur, sans repentance. C'est dans ce climat que le "Fils de l'homme" se présenta pour être baptisé, car c'est dans la repentance que se trouve l'entière connaissance du péché. Le baptême de Christ signifiait qu'Il avait une vue parfaitement claire de la repentance et du péché. Il en avait une certitude absolue et Il le dit à Jean: "Il est convenable que nous accomplissions ainsi tout ce qui est juste" (Mat.3:1-15). Il a été fait "péché pour nous, Lui qui n'a pas connu le péché, afin que nous devenions en Lui justice de Dieu" (2 Cor. 5:21).

 

Cette appréciation de la repentance jointe à la condamnation solidaire du péché ont placé le Sauveur sur le chemin de l'obéissance qui devait s'achever au jardin de Gethsémani et à la croix. C'est alors qu'Il connut son temps de trouble. Ce temps de trouble n'était pas dû au manque de nourriture ou d'abri, c'était la terrible angoisse d'affronter le péché alors que Son moi cherchait à échapper à la croix.

 

Le "Fils de l'homme", le "Fils de Dieu" a tracé la route que chacun de Ses disciples devra parcourir lorsque les anges libèreront les quatre vents du conflit. Pour chacun des enfants de Dieu, ce temps de trouble consistera à affronter le moi et à décider d'accepter la croix au lieu de s'efforcer à la contourner. Nous ne pouvons échapper au péché que dans la mesure où nous Le voyons tel qu'Il est. C'est une vision parfaitement claire qui a conduit le "Fils de l'homme" et le "Fils de Dieu" à Sa croix.

 

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            Ce titre de "Fils de l'homme" était celui par lequel Jésus préférait se désigner Lui-même, et il figure près de 80 fois dans les Évangiles. Le SDA Bible Commentary se réfère à cet emploi à de nombreuses reprises. En voici deux exemples significatifs:

 

"L'hébreu a plusieurs mots pour homme: (1) 'ish qui se réfère à l'homme en tant que mâle ou époux; (2) 'enosh qui est un terme plus général, rarement utilisé au singulier; c'est le plus souvent un collectif pour tout le genre humain. Il semble englober l'homme dans sa fragilité, son mal, sa moralité. Jésus, qui a assumé non pas la nature des anges mais celle de la race humaine après que quatre mille ans de péché y avaient imprimé leurs stigmates de dégénérescence, est prophétiquement appelé "Fils de 'enash" (Dan. 7:13); 'enash est la forme araméenne de 'enosh. (3) 'adam décrit l'homme au sens générique. Dieu dit: "Faisons adam à notre image" (Gen. 1:26). Le mot anglais mankind (en français: le genre humain, l'humanité) traduit convenablement 'adam en bien des endroits."

 

"La Septante a … littéralement "comme un fils d'homme" … L'araméen est riche de sens. Comme d'autres langues de l'antiquité, l'araméen omet l'article lorsque l'accent primordial est mis sur la qualité, et s'en sert quand l'insistance est mise sur l'identité… En accord avec cette règle, le Fils de Dieu est présenté comme "Un en forme d'homme"… Dans le Nouveau Testament, l'expression "Fils de l'homme" que la plupart des commentateurs s'accordent à reconnaître comme provenant de Daniel 7:13, se présente presque toujours avec l'article… Dieu a choisi de présenter Son Fils dans une vision prophétique en insistant particulièrement sur Son humanité… Ainsi, les pécheurs repentants ont comme représentant en présence du Père un être semblable à eux, Un qui a été tenté comme nous en toutes choses et qui peut compatir à leurs faiblesses (Héb. 4:15). Quelle pensée réconfortante!" (The SDA Bible Commentary, vol. 4, pp. 580, 829).

 

Eu égard au fait que Jésus se réfère au livre de Daniel (Mat. 24:15), il est raisonnable de penser qu'Il connaissait parfaitement la signification de "Fils de 'enosh lorsqu'Il parlait de Lui-même.

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