MESSAGES CHOISIS VOLUME 3 |
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Rapport d'Ellen G. White sur la Conférence de Minneapolis
Déclaration relatant les éléments historiques
Ce chapitre rapporte une déclaration de Mme White, préparée quelques semaines avant la fin de la Conférence Générale de 1888. En se remémorant les faits elle décrit les événements qui ont eu lieu. Les conférences à Minneapolis se sont améliorées par la suite, ce qui rend la déclaration d'Ellen White d'autant plus éclairante et significative. Un bref rappel des événements historiques est en cours.
La Conférence Générale fut remarquable en raison des études bibliques et des discussions sur la loi dans Galates et sur la justification par la foi.
Cette session, à laquelle ont participé quatre-vingt-onze délégués s'est tenue du 17 octobre au 4 novembre à Minneapolis, Minnesota, dans notre église tout récemment construite. Selon l'usage, un certain nombre d'Adventistes du Septième Jour, non délégués, étaient aussi présents. Cette session fut précédée par une assemblée ministérielle de 7 jours du 10 au 16 octobre. Dans certains cas, les études bibliques commencées dans l'assemblée furent prolongées lors de la session de la Conférence Générale, occupant le laps de temps réservé à l'étude de la Bible.
Madame White fut présente et participa à la fois à l'assemblée et à la session de dix-neuf jours. Cette session fut constructive bien que routinière. Nous avons reçu des rapports et tenu des réunions sur des thèmes très variés tels que l'Ecole du Sabbat, la Santé et la Tempérance et la Distribution de Tracts ainsi que le Service Missionnaire. Des plans de travail furent assignés aux pasteurs, des programmes furent élaborés pour l'avancement de l'œuvre, des dirigeants nommés, et des comités organisés.
De plus, sur le terrain, un rapport sur les réalisations et les impressions nous parvint de la plume de W C. White, qui deux jours auparavant écrivit ce qui suit à un fidèle ministre en service dans les états du Sud :
"Nous arrivons au terme d'une autre Conférence Générale et dans quelques jours les délégués seront dispersés dans leurs champs d'action respectifs et une nouvelle année de travail débutera. Ce fut une conférence très intéressante, et quoique non accompagnée de cette paix et de cette harmonie autrefois manifestes, c'est l'une des réunions les plus productives qui aient jamais été tenues car on reconnut la valeur de nombreux principes et on arrêta quelques décisions, chose qui revêt une très grande signification étant donné leur influence sur notre travail par la suite. Cette réunion a motivé de nombreuses personnes, les incitant à étudier la Bible comme jamais auparavant, ce qui aura pour résultat une prédication plus claire."
W. C. White écrit dans sa lettre à Smith Sharp le 2 novembre 1888 de Minneapolis, Minnesota :
"Comme vous l'avez sans nulle doute observé dans le Bulletin, nous avons beaucoup progressé quant à nos missions à l'étranger et nous avons réalisé de bonnes percées en ce qui concerne l'avancement de l'œuvre dans le Sud."
On notera que le Pasteur White, parallèlement à son rapport sur le progrès mentionne l'absence de paix et d'harmonie qui étaient quelquefois manifestes lors de nos sessions de la Conférence Générale. En ce sens il fait allusions aux débats théologiques qui ont distingué la rencontre de toutes les autres Conférences Générales de l'histoire adventiste.
Les discussions ont débuté durant la semaine de l'assemblée ministérielle, où selon l'agenda on devait évoquer des sujets tels que les dix royaumes, la divinité du Christ, la guérison de la blessure mortelle et la justification par la foi. La discussion sur les dix royaumes s'anima et absorba un temps déraisonnable. Certains sujets programmés ont connu un immense succès. Vers la fin du séminaire, le pasteur Waggoner, co-éditeur de Signs of the Times, débuta une série d'études sur la loi dans le livre des Galates, études qu'on retrouva dans sa présentation de la foi du chrétien et de la justice de Christ. Ces deux thèmes se prolongèrent tout au long de la première semaine de la Conférence Générale.
C'est précisément cette série d'études, en particulier celles ayant trait à la loi dans l'épître aux Galates, sujet diversement apprécié et qui a propagé la controverse qui suivit. On ne fit aucun compte rendu de la discussion, excepté les notes succinctes de quelques délégués, les écrits d'Ellen White et les témoignages de nombreux participants qui ont révélé l'amertume de la controverse et les effets désastreux de l'attitude négative de plusieurs dirigeants bien en vue.
Dans les années qui précédèrent l'assemblée des délégués à Minneapolis, des discussions s'étaient déjà élevées sur ces thèmes théologiques incontournables. Certains commençaient à développer dans leur cœur une attitude de rejet des messages d'avertissement et de réprimande d'Ellen White. Elle ne fut pas longue à remarquer l'attitude étrange et antipathique de certains dirigeants à son encontre.
Tandis que E. J. Waggoner progressait dans son étude de la loi dans Galates et de la justification par la foi, certains, lors de la discussion furent saisis d'un esprit de contradiction. Ellen White en fut extrêmement contrariée. Bien qu'elle ne fût pas encline à s'accorder avec Waggoner sur tous les points de son rapport sur la loi dans les Galates, son énoncé limpide sur la justification par la foi lui parvint comme un baume au cœur. Elle s'exprima à vingt reprises à Minneapolis et ce fut lors des rencontres matinales des pasteurs qu'elle plaida pour une étude ouverte de la Bible, mais elle n'aborda pas personnellement la question de la justification par la foi.
L'accentuation de cette vérité fondamentale donna lieu à des réactions mitigées. Concernant les vérités énoncées à Minneapolis, A. T. Jones, lors de la session de la Conférence Générale de 1893 rapporte ceci : "Je sais que certains ici les ont acceptées, et d'autres entièrement rejetées. Vous le savez également. Certains jouèrent la carte de la neutralité", (General Conference Bulletin, 1893. p. 185).
Les débats furent par moments animés. Certains dans la crainte que cette nouvelle emphase n'affaiblisse la forte position de l'Eglise en ce qui concerne la loi de Dieu, et plus particulièrement du Sabbat, opposèrent une vive résistance au message de la justification par la foi. Aucune action ne fut entreprise sur ce point ni sur aucun autre parmi ceux évoqués lors des études bibliques.
Ellen White écrit ce qui suit le dernier jour de la session de la Conférence Générale: "Mon courage et ma foi n'ont pas faibli malgré le bras de fer injustifié dont ils ont fait l'objet"; puis elle exprima cette conviction que les retombées de la session seraient positives, (Lettre 82,1888). Quelques semaines plus tard, se référant à la Conférence Générale de Minneapolis, elle rédigea sa déclaration dont une bonne partie est ici mentionnée.
Dans la semaine et les mois qui suivirent, un dur noyau commença à manifester son opposition à Battle Creek, siège abritant à la fois les bureaux de l'Eglise ainsi que trois de ses principales institutions. Ellen White parcourant le champ pour annoncer le message aux églises, s'absenta souvent de Battle Creek. Il lui arriva quelques fois de travailler avec les pasteurs Jones et Waggoner, tous les trois étant engagés à répandre les précieuses vérités de l'Évangile. En janvier 1889, elle mena à bien une importante réunion pour nos pasteurs, dans le sud du Lancaster où bon nombre de personnes furent hautement bénies. Un compte rendu de la réunion est rapporté dans ce chapitre.
Les dossiers d'Ellen White contiennent une remarquable allocution sur les principes fondamentaux de la justification par la foi, tels qu'ils ont été énoncés le 11 mai 1889 lors du meeting en plein air d'Ottawa, Kansas. Ce meeting, aussi bien que son rapport sur le sujet figurent dans La Foi et Les Oeuvres d'Ellen White, pages 63-84.
Lors de la rencontre en plein air de septembre 1889, ce fut la victoire à Chicago et à Denver, Colorado quand elle fit part aux ouvriers de la nécessité d'une authentique conception de la justification par la foi. Le discours qui eut lieu à Denver figure dans cette section.
Tandis qu'elle assistait à la session de la Conférence Générale de 1889, un an après la conférence de Minneapolis, Ellen White rapporte ceci: "Nous avons d'excellentes réunions. L'esprit qui a régné à Minneapolis ne se trouve pas ici. Tous agissent en harmonie. Les délégués sont nombreux. La réunion qui a lieu à cinq heures du matin est bien fréquentée; les réunions sont bonnes. Tous les témoignages que j'ai entendus ont eu un caractère édifiant. Leurs auteurs disent que l'année passée a été la meilleure de leur vie; la lumière émanant de la Parole de Dieu sur la justification par la foi, Christ notre justice, a été perçue distinctement. Il y a eu des expériences fort intéressantes" (Manuscrit 10, 1889, publié dans Messages Choisis, Vol. I. p. 423).
Le 3 février 1890, quand elle s'adressa aux pasteurs réunis à Battle Creek pour un séminaire, ses expériences sur le terrain en 1889 lui revinrent à l'esprit. Son discours occupe une place justifiée dans cette introduction :
"Nous avons exploré ensemble les différents lieux de réunion au point que je serais volontiers restée auprès des messagers de Dieu, car selon moi c'étaient bien des messagers de Dieu; ils ont un message à délivrer à son peuple. Avec eux, j'ai délivré mon message qui était en parfaite harmonie avec le leur. Qu'avons-nous vu ?
"Nous avons vu une puissance accompagner le message. Nous avons travaillé dans tous les domaines, et certains savent à quel point nous avons travaillé dur, une semaine entière il me semble, allant à Chicago aussi bien le matin de bonne heure que tard le soir afin de convaincre les frères d'accepter ces idées.
"Le diable travaillait depuis un an à éradiquer la totalité de ces idées. Ce ne fut pas chose facile de changer leurs vieilles conceptions. Ils pensaient devoir se confier en leur propre justice, en leur propres oeuvres, et continuer à regarder à eux-mêmes sans s'approprier la justice de Christ, sans l'intégrer dans leur vie et dans leur caractère. Nous avons donc travaillé là une semaine durant... Une semaine s'était écoulée sans interruption puis la puissance de Dieu, tel un raz-de-marée, enveloppa l'assemblée. Je leur dis que c'était pour libérer les hommes, pour les diriger vers l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde.
"Et là dans le sud du Lancaster, on aperçut les manifestations puissantes de l'Esprit de Dieu. Certains qui étaient présents à la session sont aussi présents aujourd'hui. Dieu à fait éclater sa gloire et chaque étudiant de l'Université fut poussé à la confession ; et on aperçut les manifestations de l'Esprit de Dieu.
"Il se déploya de lieu en lieu. Partout où nous allions, nous fumes témoins des manifestations de l'Esprit de Dieu.
"Pensez-vous, que je garderai le silence comme les dix lépreux, que je n'élèverai pas ma voix pour célébrer la justice de Dieu, le louer et le glorifier ? J'essaye de vous le démontrer afin que vous ayez le même témoignage que moi; mais il semblerait que mes paroles résonnent dans le vide; jusques à quand en sera-t-il ainsi ? Jusques à quand les personnes au cœur de l'œuvre se tiendront-elles contre Dieu ? Jusques à quand les personnes ici les soutiendront dans cette oeuvre ? Eloignez-vous frères, ôtez les mains de l'arche de Dieu et laissez entrer et agir l'Esprit de Dieu dans toute sa puissance" (Manuscrit 9, 1890).
Notez le sentiment du paragraphe précédemment cité. A la Conférence Générale de Minneapolis, alors que certains résistèrent au message du salut par la foi et que d'autres l'acceptèrent quelques jours plus tard, l'opposition prit rapidement forme au cœur de l'œuvre. Selon Ellen White, les membres d'église sur le terrain réservèrent un accueil tout à fait différent au message. La résistance stupide à laquelle certains prirent part au sein même des bureaux de l'église a considérablement retardé l'œuvre que le Seigneur entendait voir s'accomplir (Voir Testimonies to Ministers, p. 363).
Vers la fin de l'année 1890, Ellen White écrivit à ce sujet: "les préjugés et opinions qui ont régné à Minneapolis ne sont nullement éteints ; les graines semées sont prêtes à germer et porter une récolte similaire". (Testimonies to Ministers, p. 467).
Dans ce même rapport elle précise : "Certains ont manqué d'établir la distinction entre l'or pur et l'éclat" (Ibid). Elle rajoute par la suite: "La vraie religion, l'unique religion de la Bible, celle qui enseigne le pardon par les seuls mérites d'un Sauveur crucifié et ressuscité, qui prône la justification par la foi au Fils de Dieu, a été dégradée, méprisée, ridiculisée et rejetée" (Ibid., p. 468).
Le pasteur A. V. Olson, dans son livre Through Crisis to Victory, raconte l'histoire, documents à l'appui du changement progressif qui s'opéra quelques cinq ou six ans après la Conférence Générale de Minneapolis.
Il y eut néanmoins un terrible revers dans l'avancement de l'œuvre de Dieu. Ellen White s'en aperçut et en fit quelques fois mention de manière accidentelle. Cependant, à aucun moment elle ne reconnut que certains dirigeants de l'église rejetaient officiellement le précieux message porté à l'attention de la Conférence Générale en 1888. Au contraire, le 19 décembre 1892, quatre ans seulement après la remarquable Conférence, elle déclare sous une plume triomphale dans une lettre adressée aux frères :
"En remémorant notre passé, ayant survolé chaque pas effectué jusqu'à notre situation présente, je m'écrie loué soit Dieu! Quand je vois ce que Dieu a opéré, mon être déborde de confiance en Christ comme Chef de son Église. Nous n'avons rien à craindre de l'avenir, sinon d'oublier la manière dont le Seigneur nous a conduit, et ses instructions à notre attention. Nous serions un peuple fort si nous mettions notre confiance dans le Seigneur ; car nous avons les puissantes vérités de la Parole de Dieu. Nous avons tout ce qu'il faut pour être reconnaissants" (General Conference Bulletin, 1893, p. 24; voir Life Sketches, p. 196; Testimonies to Ministers, p. 31). Elle écrivit à nouveau en 1907 : "L'Église se doit de grandir en activité et d'élargir ses frontières.... Alors que nous avons connus des démêlés violents dans notre effort pour préserver notre particularité, nous n'avons jamais été aussi proches en tant que chrétiens de la Bible de gagner du terrain" (Lettre 70, 190 7 ; Messages choisis, volume 2, pp 396-39 7). Par le biais de ce compte rendu, nous introduisons le chapitre historique de cette section.
Les Editeurs
Merveilleuses promesses contre sombres pensées
C'est par la foi que je m'aventurai à traverser les Rocheuses pour assister à la Conférence Générale de Minneapolis.... Nous avons rencontré une importante délégation de pasteurs à Minneapolis. Dès le début de la rencontre, je discernai un esprit qui m'affligea. Les discours prêchés ne fournissaient pas aux gens la nourriture dont ils avaient tant besoin. Le sombre aspect du tableau leur fut présenté pour qu'ils le gardent en mémoire, ce qui n'apporterait ni lumière, ni libération spirituelle, mais le découragement.
Je fus profondément poussée par l'Esprit du Seigneur Sabbat après-midi à attirer l'attention des personnes présentes sur l'amour que Dieu manifeste à son peuple. On ne doit pas laisser notre esprit s'épancher sur les aspects désobligeants de notre foi. Dans la Parole de Dieu, semblable à un jardin de roses, de lis et d'œillets, nous pouvons cueillir par la foi les précieuses promesses de Dieu, nous les approprier intérieurement et garder courage (oui avec la joie du Seigneur) ou nous pouvons focaliser notre attention sur les épines et les chardons, nous blesser sérieusement et déplorer notre triste sort.
Dieu ne se réjouit pas de voir ses enfants garder en mémoire des pensées négatives et douloureuses. Il souhaiterait voir chaque âme cueillir ses roses et ses lis, encombrer les couloirs de sa mémoire des précieuses promesses de Dieu fleurissant tout autour de Son jardin. Il souhaiterait nous voir nous reposer sur elles, nos sens aiguisés et avisés, les accepter dans toute leur richesse, partageant la joie qui s'offre à nous. Il souhaiterait nous voir vivre dans le monde mais non du monde nous affectionnant aux choses éternelles. Il souhaiterait nous voir parler des choses qu'il a préparées d'avance pour ceux qui l'aiment, ce qui captivera notre esprit, réveillera nos espoirs et nos attentes et fortifiera notre âme pour supporter les conflits et les épreuves de cette vie. Le Seigneur nous augmentera la foi et la confiance à mesure que nous nous penchons sur ces scènes. Il écartera le voile et nous donnera un avant-goût de l'héritage des saints.
Lorsque je présentais la bonté, l'amour et la douce compassion de notre Père Céleste, je sentis que l'Esprit du Seigneur reposait non seulement sur moi, mais aussi sur le peuple. Lumière, libération et bénédiction sont tombées sur les auditeurs qui répondirent chaleureusement au message. La réunion sociale qui s'ensuivit atteste que la Parole avait trouvé un terrain favorable dans le cœur des auditeurs. Beaucoup témoignèrent que ce jour fut le plus beau de leur vie ; et c'était en fait une saison importante car nous savions que le Seigneur Jésus était présent dans cette assemblée avec le désir de nous bénir. Je savais que c'était dans une intention spéciale que Dieu avait révélé son esprit pour réprimer les doutes, faire reculer la marée de fausses croyances admises dans les cœur et esprit au sujet de la Sœur White et de l'œuvre que le Seigneur lui avait confiée.
Beaucoup furent revigorés, mais pas tous
Pour beaucoup, ce fut une période de renouveau, mais pas pour tous, hélas ! Presque aussitôt après qu'il se furent aperçus que Sœur White ne partageait pas toutes leurs idées et n'adhérait pas aux propositions et aux résolutions qui devaient être votées lors de cette conférence, le témoignage qu'ils reçurent eut aussi peu d'impact que les paroles du Christ dans la synagogue des Nazaréens. Les cœurs des auditeurs de Nazareth ont été touchés par l'Esprit de Dieu. Ils avaient l'impression d'entendre Dieu leur parler au travers de Son Fils. Ils ont vu et ressenti l'influence divine de l'Esprit de Dieu, et ils furent témoins des paroles gracieuses qui sortaient de sa bouche. Mais Satan armé de son incrédulité se tenait à leurs côtés à tel point qu'ils ont admis les interrogations et les doutes, ce qui causa une vague d'incrédulité. L'Esprit de Dieu fut éteint. Dans leur folie, ils auraient jeté le Christ au précipice si Dieu ne l'avait pas protégé pour que leur colère ne lui porte pas préjudice. Une fois que Satan avait réussi à dominer les pensées des hommes, il fit de ceux qui avaient une excellente réputation des fous et des démons. Les préjugés, l'orgueil et l'opiniâtreté sont des choses terribles lorsqu'elles dominent l'homme.
Propos d'Ellen White en présence de quelques uns des dirigeants
J'avais reçu une lettre du pasteur Butler [le président de la Conférence Générale était malade à Battle Creek] que je lis attentivement. Je fus surprise de son contenu. Je ne savais que faire de cette lettre, mais comme les sentiments mêmes qui y étaient exprimés semblaient travailler et dominer mes frères les pasteurs, j'en appelai quelques uns dans une pièce à l'étage et leur en fit la lecture. Aucun d'eux ne sembla surpris de son contenu; beaucoup confessaient reconnaître là les pensées du pasteur Butler pour l'avoir déjà entendu tenir le même discours.
J'ai donc expliqué de nombreuses choses. Je déclarai ce que je considérai être une cause très juste et la manière correcte d'agir entre frères dans le processus d'investigation des Ecritures. Je savais qu'ils ne voyaient pas les choses sous un éclairage favorable. J'ai donc déclaré de nombreuses choses. Tous mes discours révisaient les principes qu'il fallait mettre en oeuvre, mais je crains bien que mes paroles soient restées sans effet. Ils comprenaient à leur manière et la lumière que je déclarais avoir reçue était pour eux des paroles vides de sens.
Appels lors des rencontres matinales
L'état des choses me causa beaucoup de peine. J'adressai les appels les plus ardents à mes frères et sœurs lors des rencontres matinales et je suggérai instamment de faire de cette occasion un moment fructueux, sondant ensemble les Ecritures d'un cœur humble. Je suggérai instamment qu'ils ne devaient pas prendre une telle liberté pour parler de choses qu'ils connaissait si peu.
Ils avaient tous besoin d'apprendre à l'école du Seigneur. Jésus nous invite ainsi : "Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur; et vous trouverez du repos pour vos âmes. Car mon joug est doux et mon fardeau léger." (Mat. 11 :28-30). Si on apprend chaque jour les leçons d'humilité, on ne connaîtra pas les sentiments qui se sont manifestés lors de cette rencontre.
Il y a quelques divergences de point de vue sur certains sujets ; mais est-ce que cela justifie des sentiments acerbes et durs ? L'envie et les mauvaises présomptions, la suspicion maligne, la haine, les jalousies devraient établir leur trône dans le cœur ? Toutes ces choses sont mauvaises et rien que mauvaises. Notre aide est en Dieu seul. Passons davantage de temps dans la prière et dans l'étude des Ecritures avec un esprit bien disposé, désireux d'apprendre et prêts à être corrigés et éclairés sur toute erreur éventuelle. Si Jésus est parmi nous et si son Esprit fait pénétrer la douceur en nous, nous pourrions avoir l'une de nos meilleurs conférences.
Une session importante et chargée
Il y avait beaucoup à faire. La quantité de travail avait augmenté. De nouvelles missions étaient ouvertes et de nouvelles églises organisées. On devraient tous être en harmonie, libres de se consulter comme des frères labourant dans l'immense champ de la moisson. Ils travaillaient tous avec intérêt dans les différentes branches de l'œuvre, s'inquiétant généreusement de savoir comment l'œuvre du Seigneur pouvait être menée au mieux. S'il y eut jamais un moment lors d'une conférence où on a eu besoin de la grâce particulière et de la lumière de l'Esprit de Dieu, ce fut lors de cette rencontre ; il y avait une force latente qui poussait les organismes à provoquer un changement dans la Constitution de notre pays, ce qui lierait les consciences de tous ceux qui gardent le Sabbat de la Bible, clairement spécifié dans le quatrième commandement comme étant le septième jour.
L'heure est venue où chaque homme devrait être trouvé faisant son travail jusqu'aux limites de son aptitude à élever et à justifier la Loi de Dieu devant tous les siens et devant le monde, donnant le meilleur de ses capacités et de ses talents. Beaucoup sont aveuglés, trompés par des hommes prétendant être des ministres de l'évangile, qui font croire à beaucoup qu'ils exercent une bonne oeuvre pour la cause de Dieu alors qu'ils font l'œuvre de Satan.
La stratégie de désunion de Satan
Satan a maintenant un conseil pour décider de la manière dont il pourrait réduire au silence la plume et la voix des Adventistes du Septième Jour. Si seulement il pouvait engager leur attention et diriger leurs compétences de manière à les affaiblir et les diviser, son objectif serait sauf. Satan a réussi dans une certaine mesure. Il y a eu divergences d'opinion et de la division. Il y eut beaucoup de jalousie et de mauvaises présomptions. Il y eut de nombreux discours non sanctifiés, des insinuations et des remarques. Les pensées d'hommes qui devraient être cœur et âme à l'œuvre, préparés à réaliser des coups puissants pour Dieu à ce moment précis, sont absorbés par des sujets de peu d'importance. Parce que certains ne partagent pas leurs opinions sur tous les points de doctrine évoquant des idées secondaires et des théories non essentielles, la grande question de la liberté religieuse de la nation, qui désormais implique tant de choses, ne représente plus qu'une question de peu d'incidence pour beaucoup.
Satan a conduit les choses à sa propre manière; mais le Seigneur a suscité des hommes et leur a donné un message solennel pour son peuple, pour inciter les hommes puissants à se préparer pour la bataille, pour le jour de la préparation de Dieu. Satan a tenté d'annihiler l'effet de ce message; et quand chaque voix et chaque plume seront grandement mises à contribution pour enrayer les faits et les pouvoirs de Satan, il y aura une séparation. Les opinions divergeaient. Ce n'était pas du tout le plan de Dieu.
La loi dans les Galates
La loi dans les Galates, un point de divergence lors de cette assemblée, a été évoquée en présence des pasteurs. Ce sujet avait déjà été évoqué lors de la conférence trois années auparavant....
Nous savons que si tous se référaient aux Ecritures le cœur soumis et sous l'influence de l'Esprit de Dieu, un esprit doux se joindrait à l'étude des Ecritures, libéré des préjugés et de l'orgueil des opinions. La lumière du Seigneur brillerait sur Sa Parole et la vérité serait révélée. Mais il devrait y avoir un effort de prière, un effort assidu et beaucoup de patience pour répondre à la prière du Christ, à savoir que ses disciples soient un comme Lui et le Père sont un. La prière fervente et sincère sera entendue et le Seigneur y répondra. Le Saint-Esprit activera les facultés mentales et tous se verront face à face. "La révélation de tes Paroles éclaire, elle donne de l'intelligence aux simples." (Ps 119:130).
La justification et la justice du Christ
Le pasteur E. T. Waggoner reçut le privilège de s'exprimer ouvertement et de faire part de ses idées sur la justification par la foi et la justice de Christ en relation avec la loi. Ce n'était pas une nouvelle lumière, mais une ancienne placée au bon endroit dans le message du troisième ange... Quel est le principal objectif de ce message ? Jean voit un peuple. Il dit : "C'est ici la persévérance des saints, qui gardent les commandements de Dieu et la Foi de Jésus" (Apo 14:12). Jean contempla cette foule juste avant de voir le Fils de l'homme "ayant sur la tête une couronne d'or et dans la main une faucille tranchante" (v. 14).
La foi de Jésus fut négligée et traitée d'une manière indifférente et insouciante. Elle n'a pas occupée cette position prépondérante dans laquelle elle fut révélée à Jean. La foi en Christ, unique espérance du pécheur, fut largement écartée non seulement des discours prononcés mais aussi de l'expérience religieuse de chaque homme prétendant adhérer au message du troisième ange.
Les vérités présentées par Ellen White depuis 1844
Lors de cette assemblée, j'ai témoigné que la très précieuse lumière avait jailli des Ecritures lors de la présentation de l'éminent sujet de la justice de Christ en relation avec la loi, justice que le pécheur devrait constamment garder en mémoire comme le seul espoir de salut. Pour moi, ce n'était pas une lumière nouvelle car je reçus cette révélation durant ces quarante-quatre dernières années d'une autorité supérieure ; et je l'ai révélée à notre peuple par la parole et la plume dans les témoignages de son Esprit. Mais très peu ont répondu, et l'ont exceptée en adhérant aux témoignages rapportés sur ce sujet. Il y avait dans l'ensemble trop peu de discours et d'écrits sur cet important sujet. Les discours de certains pourront être objectivement définis comme semblables à l'offrande de Cain: sans Christ.
Le mystère de la piété
L'unité de mesure du caractère est la loi royale. La loi est le détecteur du péché. Par la loi vient la connaissance du péché. Mais le pécheur est constamment attiré à Jésus grâce à la merveilleuse manifestation de son amour en ce qu'il s'est humilié et a souffert une mort ignoble sur la croix. Quelle leçon ! Les anges, empressés, se sont efforcés de plonger leurs regards dans ce mystère. C'est un sujet qui peut mettre à l'épreuve la plus haute intelligence humaine: l'homme, déchu, trompé par Satan, prenant le parti de Satan, peut être transformé à l'image du Fils du Dieu infini ; l'homme pourra ressembler à Christ; et ce à cause de la justice de Christ accordée à l'homme, Dieu aimera l'homme, -déchu mais racheté- tout comme il aime son Fils. Lisez-le dans les oracles divins.
C'est là le mystère de la piété. Cette image d'une valeur suprême doit être placée dans chaque discours, elle doit être présente dans tous les recoins de la mémoire, elle doit être annoncée par les lèvres des hommes, présentée par les hommes qui ont goûté et qui ont connu combien le Seigneur est bon. C'est quelque chose que nous devons méditer, et elle doit être le thème de chaque discours. Des théories arides ont été présentées et de précieuses âmes ont été privées du Pain de Vie. Ce n'est pas là le discours qui convient, ni celui que le Dieu du ciel acceptera car il n'est pas fondé en Christ. L'image divine du Christ doit être maintenue devant tout homme. C'est lui qui est l'Ange debout sur le Soleil (Apoc. 19:17). Il n'y a point d'ombre en lui. Revêtu des attributs de la Divinité, enveloppé des gloires divines et dans l'image du Dieu infini, il doit être élevé devant les hommes. Quand les hommes garderont cela à l'esprit, le mérite de la créature tombera dans l'insignifiance. Plus sa vie, son enseignement, la perfection de son caractère seront étudiés, plus le péché paraîtra odieux et exécrable.
En le contemplant l'homme ne peut que l'admirer et être attiré à lui, charmé et plus désireux de lui ressembler jusqu'à s'assimiler à son image et à revêtir la pensée du Christ, marchant avec Dieu tel Enoch. Son esprit est rempli des pensées de Jésus, c'est son meilleur ami.
Etudier Jésus, notre modèle
"C'est pourquoi, frères saints qui avez part à la vocation céleste, considérez l'apôtre et le souverain sacrificateur de la foi que nous professons, Jésus-Christ" (Héb. 3: 1). Etudier le Christ. Etudier son caractère point par point. Il est le modèle que nous sommes appelés à copier dans notre vie et dans notre caractère, sinon nous cesserons de représenter le Christ, mais présenterons au monde une copie erronée. N'imitez personne, car les hommes manquent de principes, de discours, de manières et de caractère. Je vous présente l'Homme Jésus-Christ. Vous devez le connaître personnellement comme votre Sauveur avant de pouvoir l'étudier comme votre modèle et votre exemple. Paul écrivit : "Je n'ai point honte de l'Évangile : c'est la puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit, du Juif premièrement, puis du Grec, parce qu'en Lui est révélée la justice de Dieu par la foi et pour la foi ; selon qu'il est écrit: Le juste vivra par la foi. La colère de Dieu se révèle du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes qui retiennent injustement la vérité captive, car ce qu'on peut connaître de Dieu est manifeste pour eux, Dieu le leur ayant fait connaître" (Rom. 1: 16-19).
La reconnaissance envers l'Esprit de Dieu d'avoir touché l'esprit des hommes
Nous fûmes profondément et solennellement reconnaissants envers Dieu d'avoir incité les esprits à voir Christ dans les oracles vivants, et à le représenter au monde, et ce pas seulement en paroles. Ils voient les recommandations de l'Ecriture stipulant que tous ceux qui se disent être disciples du Christ sont dans l'obligation de marcher sur ses traces, d'être imprégnés de son Esprit, afin de présenter au monde Jésus-Christ qui est venu représenter le Père.
En représentant Christ, nous représentons Dieu au monde. "Si quelqu'un n'a pas l'Esprit du Christ, il ne lui appartient pas" (Rom. 8 : 9). Interrogeons-nous: Reflétons-nous dans l'église et dans le monde le caractère du Christ? Lorsque nous sondons les Ecritures, nous devons les étudier intensivement et en profondeur. Placer la justice du Christ dans la loi révèle pleinement Dieu dans son véritable caractère et révèle la loi qui est sainte, juste et bonne, somme toute glorieuse quand on la contemple dans sa vraie nature.
Si tous ceux qui ont un ministère pouvaient étudier leur Bible ensemble, avec l'Esprit du Christ, se respectant les uns les autres dans la véritable courtoisie chrétienne, le Seigneur serait leur Maître. Mais le Seigneur n'a aucune chance de toucher des esprits si largement dominés par Satan. Tout ce qui ne s'accorde pas avec leurs pensées et leurs jugements humains apparaîtra dans l'ombre, sous forme d'idées vagues ....
Beaucoup affligèrent Ellen White par leurs pensées
Ma préoccupation pendant la rencontre était de présenter Jésus et son amour à mes frères, car j'ai eu des preuves incontestables que beaucoup n'avaient pas l'Esprit du Christ. Mon esprit demeura en paix, fixé sur Dieu ; et je fus attristée de constater qu'un esprit différent s'était mêlé à l'expérience de nos frères pasteurs et qu'il faisait lever tout le camp. Je sais que l'esprit de beaucoup fut remarquablement aveuglé, si bien qu'ils ne pouvaient discerner où se trouvait l'Esprit de Dieu, ni ce qui constituait la véritable expérience chrétienne. Voir que c'étaient ceux-là qui avaient la garde du troupeau de Dieu m'était pénible. Quelle manque de foi authentique: les mains pendaient inactives parce qu'elles ne s'étaient pas levées dans la prière sincère!
Certains n'éprouvaient nul besoin de prier. Ils avaient l'impression que leur propre jugement suffisait et ils ne pensaient pas du tout que l'ennemi de tout bien guidait leur jugement. Ils ressemblaient à des soldats partant à la guerre sans armes et sans armure. Pouvons-nous nous réjouir de ce que les discours étaient dépourvus de l'Esprit de Dieu, de ce que l'Eau vive refusait de couler dans des canaux obstrués, et de ce que la Lumière du ciel ne pouvait percer l'épais brouillard de tiédeur et de péchés?
Je ne pus dormir que quelques heures. J'écrivais à toute heure de la matinée, me levant souvent à deux ou à trois heures du matin et soulageant mon esprit en écrivant sur ces sujets. J'en éprouvai de la douleur à voir l'esprit qui gouvernait certains de nos frères dirigeants, et cet esprit sembla être contagieux. Beaucoup de discours se firent entendre.
Une présentation de la vérité qu'elle pouvait appuyer
Quand je déclarai en présence de mes frères que j'entendais les opinions du pasteur E. J. Waggoner pour la première fois, certains ne me crurent pas. Je déclarai avoir entendu présentées de précieuses vérités auxquelles je pouvais répondre de tout cœur, car ces puissantes et glorieuses vérités, la justice du Christ et le sacrifice entier accompli en faveur de l'homme, n'ont-elles pas été imprimées sur mon esprit avec une encre indélébile par l'Esprit de Dieu ? Ce sujet ne figure-t-il pas en long et en large dans les Témoignages ? Quand le Seigneur a chargé mes frères de proclamer ce message, je fus sans voix pour exprimer ma reconnaissance envers Dieu, car je savais que ce message était adapté à l'époque.
Le message du troisième ange est la proclamation des commandements de Dieu et de la foi de Jésus-Christ. Les commandements de Dieu ont été proclamés, mais la foi de Jésus-Christ n'a pas été proclamée par les Adventistes du Septième Jour comme ayant la même importance, la loi et l'Évangile allant de pair. Je ne parviens pas à trouver les mots pour exprimer ce sujet dans sa plénitude.
"La foi de Jésus", on en parle, mais on ne la comprend pas. Qu'est-ce qui constitue la foi de Jésus mentionnée dans le message du troisième ange ? C'est Jésus qui porte nos péchés. Il a été traité comme nous méritons de l'être. Il est venu dans ce monde et a pris nos péchés afin que nous reçussions sa justice. Donc la foi en la capacité de nous sauver amplement et entièrement est la foi de Jésus. Le sang sur les linteaux des portes était la seule garantie pour les Israélites. Dieu dit : "Quand je verrai le sang, je passerai par dessus vous" (Ex 12 :13). Tout autre procédé en vue d'obtenir le salut serait sans résultat. Seul le sang sur les linteaux des portes pouvait barrer la route à l'ange de la mort. Il n'y a de salut pour le pécheur que dans le sang de Christ qui nous purifie de tout péché. L'homme au quotient intellectuel élevé peut avoir de larges réserves de connaissances, il peut s'engager dans des spéculations théologiques, il peut être illustre et honoré des hommes et être considéré comme le dépositaire de la connaissance, mais à moins d'avoir la connaissance salutaire du Christ crucifié pour lui et de saisir par la foi la justice de Christ, il est perdu. Le Christ "était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités ; le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris" (Es. 53 : 5). "Sauvé par le sang de Jésus-Christ" sera notre espérance pour le temps présent et notre chant durant l'Eternité.
Préjugés pugnaces et fausses accusations
Quand je déclarai publiquement ma foi, nombreux sont ceux qui ne me comprirent pas et qui rapportèrent que Sœur White avait changé, que Sœur White était influencée par son fils W. C. White et par le pasteur A. T. Jones. Il va sans dire que de telles affirmations émanant des lèvres de ceux qui me connaissaient depuis des années, qui avaient grandi avec le message du troisième ange et qui s'étaient vus gratifiés de la confiance et de la foi de notre peuple, ne pouvaient pas rester sans effet.
Je devins l'objet de remarques et de critiques, mais aucun de mes frères ne vint me demander des comptes ou rechercher des explications. Nous avons tenté très énergiquement de réunir dans une salle libre tous les frères hébergés dans la maison afin de prier ensemble. Nous n'y parvîmes que quelques fois. Ils choisirent de se retirer dans leur chambre et de tenir débats et prières entre eux. Aucune occasion ne semblait se présenter pour faire tomber ce si solide préjugé. Aucune chance ne s'offrait pour écarter cette méprise à mon égard , à l'égard de mon fils et des pasteurs E. J. Waggoner et A. T. Jones.
J'essayai de faire un effort supplémentaire. Ce matin-là, de bonne heure, j'avais rédigé des questions qui seraient présentées aux frères, afin qu'il n'y ait plus désormais de méprise sur mes paroles. Un assez grand nombre de nos responsables dirigeants étaient présents, et j'en ai l'assurance, commencèrent à voir les choses sous un angle différent; et beaucoup en auraient tiré bénéfice s'ils avaient eu l'opportunité d'entendre ce que j'avais à dire. Mais ils l'ignoraient et ne furent donc pas au bénéfice de mes explications, ni du catégorique: "Ainsi parle l'Eternel" que j'ai délivré. Il y eut des questions à ce moment-là. "Soeur White, pensez-vous que le Seigneur ait une lumière nouvelle ou une ampliation de la lumière pour Son peuple?" Je répondis : "Très certainement. Je ne le pense pas seulement, mais je peux en parler très clairement. Je sais qu'une précieuse vérité doit nous être révélée si nous sommes le peuple appelé à être debout pour le jour de la Préparation de Dieu."
Ellen White exhorte à étudier la Bible avec une ouverture d'esprit
Puis on me posa la question suivante à savoir si je pensais que l'affaire devait en rester là, suite aux déclarations personnelles de frère Waggoner concernant la loi dans Galates. Je répondis : "Nullement. Nous voulons tout savoir sur les deux aspects de la questions." Mais j'affirmai que l'esprit qui s'était révélé lors de la Conférence était déraisonnable. Je dus insister pour qu'il y ait l'esprit adéquat, l'esprit semblable à celui de Christ, l'esprit que E. J. Waggoner avait manifesté durant toute la présentation de ses opinions, afin que la discussion ne soit pas menée sur le ton de la polémique.
Je recommande que cette question soit gérée dans un esprit chrétien afin qu'il n'y ait aucune remarque à l'attention des frères qui auraient une opinion divergente. Ils devraient imiter le pasteur E. J. Waggoner qui s'est conduit comme un vrai gentleman chrétien, argumentant ses opinions de manière directe....
La loi dans les Galates : une question qui n'était pas vitale
On fit cette observation : "Si nous avons une vision erronée de l'épître aux Galates, c'est que nous n'avons pas le message du troisième ange et notre position s'effondre ; rien ne s'attache à notre foi."
Je répondis : "Frères, c'est exactement là ce que je vous disais. Cette déclaration est fausse, elle est extravagante et exagérée. Si elle est évoquée alors qu'on étudie la question, je me ferai un devoir de traiter ce problème devant tous les participants, et de leur dire que cette déclaration est incorrecte, qu'ils veuillent bien l'entendre ou pas. Le sujet évoqué n'était pas une question essentielle et ne devait pas être traité comme telle. L'excellente portée de ce sujet a été exagérée, c'est pourquoi, à travers les malentendus et les idées perverses, on remarqua l'esprit qui dominait lors de cette assemblée, un esprit contraire à celui du Christ et qui ne devrait jamais être manifesté entre frères. Un esprit pharisaïque se développait parmi nous, esprit contre lequel j'élèverai ma voix où qu'il se révèle...."
On pouvait observer un manque flagrant de sage discrimination et de bon sens. J'ai souvent constaté le mauvais côté de ces choses. Les croyants, aussi bien que les incroyants remarquaient la divergence de point de vue. Ces choses me firent une si forte impression que j'eus le sentiment que mes frères avaient connu un grand changement. Cette question me fut présentée quand j'étais en Europe, sous forme de chiffres et de symboles, mais j'en reçus l'explication par la suite afin que je ne reste pas dans l'ombre en ce qui concerne l'état de nos églises et de nos dirigeants....
Je revins dans ma chambre me demandant quelle était la meilleure voie à suivre. Cette nuit-là, je passai beaucoup de temps dans la prière au sujet de la loi dans les Galates. Ce n'était qu'un détail minime. Mon âme dirait "Amen! Amen!" à n'importe quelle chose qui serait en accord avec un "Ainsi dit le Seigneur". Mais l'esprit par lequel nos frères étaient dominés était si opposé à l'Esprit de Jésus, si différent de l'esprit qui devrait régner parmi nous qu'il me remplit d'angoisse.
Le lendemain matin, lors de la réunion des dirigeants, j'avais des choses déplaisantes à dire à mes frères, choses que je n'osai pas remettre à plus tard. Le sel avait perdu sa saveur, et l'or fin son éclat. Des ténèbres spirituelles recouvraient le peuple et beaucoup donnèrent la preuve qu'ils étaient animés d'un esprit occulte, car le résultat fut similaire à ce qu'on observerait s'ils n'étaient pas sous l'éclairage de l'Esprit de Dieu.
Quelles pages d'histoire rapporterait l'ange de Dieu! Le levain a accompli son oeuvre et a presque fait lever toute la pâte. J'avoue que j'avais des reproches et des avertissements à adresser à mes frères. Mon âme était opprimée par l'angoisse. J'eus bien plus d'anxiété à annoncer ces choses que ceux à qui elles étaient adressées en eurent à l'entendre. Par la grâce de Dieu, j'expérimentai la puissance divine qui me poussait à rester devant mes frères les pasteurs, espérant et priant pour que le Seigneur ouvre les yeux aveuglés. Je fus fortifiée pour annoncer les paroles que ma secrétaire sténographiaient.
Minneapolis: un terrain révélateur
Le Seigneur éprouvait son peuple qui avait reçu de grandes lumières, pour savoir s'il marcherait dans cette lumière ou s'il s'en écarterait en cas de tentation, car peu savent de quelle sorte d'esprit ils sont animés jusqu'à ce que les circonstances soient de nature à révéler l'esprit qui pousse à 1'action. Le cœur naturel est pour beaucoup une force incontrôlable et ils ne se doutent donc pas que l'orgueil et les préjugés sont entretenus comme des invités de marque; et dans leurs paroles et leurs actes ils travaillent contre la lumière et la vérité. Nos frères qui ont occupé un poste de responsabilité dans l'œuvre et la cause de Dieu auraient dû être si étroitement liés à l'œuvre et à la cause de Dieu qu'ils n'appelleraient pas la lumière ténèbres, ni les ténèbres lumière....
La justification par la foi ne dévalorise pas la loi
Considérant le Christ comme notre seule source de puissance, présentant son amour inégalable, prenant sur lui la culpabilité des péchés des hommes et imputant sa justice à l'homme n'efface nullement la loi et n'enlève rien à sa dignité. Ceci au contraire, la place là où la juste lumière luit sur elle et la glorifie. Ceci n'est réalisé qu'à travers la lumière qui se réfléchit de la croix du Calvaire. La loi est complète et entière dans l'immense plan du salut que lorsqu'elle est présentée dans la lumière qui jaillit du Seigneur crucifié et ressuscité. Ce n'est que spirituellement qu'on peut comprendre cela. Elle allume dans le cœur de celui qui la contemple une foi ardente, l'espérance et la joie de savoir que le Christ est sa justice. Cette joie est uniquement pour ceux qui aiment et gardent les paroles de Jésus, qui sont les paroles de Dieu.
Si mes frères avaient été dans la lumière, les paroles que le Seigneur m'avaient données à leur attention auraient trouvé une réponse dans le cœur de ceux pour qui j'ai travaillé. Comme je constatai que les préjugés et l'incrédulité verrouillaient les cœurs avec lesquels je désirais vivement être en harmonie, je jugeai préférable pour moi de les quitter. Mon intention était d'aller à Minneapolis le premier jour du mois... Je souhaitais méditer, prier afin de savoir de quelle manière nous pourrions travailler pour présenter au peuple, à la lumière de la Bible, le sujet du péché et de l'expiation. Il avait grandement besoin de cette forme d'enseignement afin de transmettre la lumière à d'autres et d'avoir le privilège béni d'œuvrer avec Dieu pour rassembler et ramener ses brebis au bercail. Quelle puissance devons-nous recevoir de Dieu pour que des cœurs glacés qui n'ont qu'une religion légaliste voient les plus excellentes choses préparées pour eux: Le Christ et Sa Justice? Nous avions besoin d'un message vivant pour communiquer la vie aux ossements desséchés (Manuscrit 24, 1888).
Jugement d'Ellen White lors de la fermeture
(Ecrit à l'attention d'un membre de sa famille, le 4/11/1888)
Notre session [de la Conférence Générale de Minneapolis] est terminée. Sabbat dernier j'ai donné mon dernier discours. Pour la première fois dans la congrégation, un sentiment considérable semblait régner. Je leur demandai d'avancer pour la prière bien que l'église fût bondée. Un assez grand nombre s'approcha. Le Seigneur me donna l'esprit de supplication et sa bénédiction descendit sur moi. Ce matin-là, je ne suis pas sortie donner des réunions. Ce fut pour Willie une rencontre très éprouvante et je devais veiller sur chaque point de peur qu'il n'y ait des mouvements, des prises de résolutions qui pourraient s'avérer destructibles pour le reste de l'œuvre.
Une vingtaine de fois je pris la parole avec une grande liberté. Nous croyons que cette rencontre provoquera un grand bien. Nous ne connaissons pas l'avenir mais nous avons le sentiment que Jésus se tient à la barre et nous n'échouerons point. Mon courage et ma foi sont restés fermes et ne m'ont pas abandonnée, bien que ce fut le bras de fer le plus dur et le plus incompréhensible que nous ayons jamais eu parmi notre peuple. Je ne saurais expliquer la question par la plume à moins d'écrire des pages et des pages. Donc je ferai mieux de ne pas entreprendre la tâche.
Le Pasteur Olsen sera président de la Conférence Générale et Frère Dan Jones, du Kansas, son assistant. Le Pasteur Haskell assurera le poste jusqu'à ce que frère Olsen revienne d'Europe [LePasteur Haskell présidait les réunions de l'assemblée de la Conférence Générale en l'absence du pasteur G. I. Butler, président de la Conférence Générale. Peu de temps après la fin de l'assemblée, on demanda à W. C. White de remplir le ministère de président par intérim de la Conférence Générale, ce qu'il fit pendant environ six mois]. Je ne saurais dire ce que l'avenir pourra révéler, mais nous resterons quatre semaines environ à Battle Creek et notre témoignage sera prêt sans retard, à n'importe quel moment. Alors nous pourrons voir comment vont les choses dans le grand centre de l'œuvre. Nous sommes déterminés à faire tout ce qui est en notre pouvoir, dans la crainte de Dieu, pour aider notre peuple dans cet état d'urgence.
L'esprit d'un homme malade a été le pouvoir dominant dans le Comité de la Conférence Générale, et les pasteurs ont été l'ombre et l'écho du pasteur Butler aussi longtemps que nécessaire pour la cause. L'envie, les mauvais soupçons, les jalousies ont travaillé comme la levure, jusqu'à ce que toute la masse parût levée...
Aujourd'hui dimanche, je n'assiste à aucune réunion, mais j'ai échangé beaucoup de conversations. Je suis reconnaissante envers Dieu pour la force, la liberté et la puissance avec lesquels son Esprit accompagna mon témoignage, bien que celui-ci produisît sur beaucoup d'esprits l'effet le plus minime de toute mon histoire. Satan semblait avoir le pouvoir de contrecarrer mon oeuvre d'une manière étonnante; mais je tremble à l'idée de ce qu'il y aurait pu y avoir à cette rencontre si nous n'avions pas été présents. Dieu aurait agi d'une manière ou d'une autre pour empêcher que cet esprit soit introduit dans la rencontre, en exerçant un pouvoir dominant. Mais nous ne sommes pas pour le moins découragés. Nous avons confiance dans le Seigneur Dieu d'Israël. La vérité triomphera et nous entendons bien triompher avec elle. Nous pensons à vous tous et nous serions ravis d'être avec vous ; mais nos désirs ne doivent pas être pris en compte. Le Seigneur est notre Berger, laissons-le diriger notre route et nous Le suivrons là où il nous conduit (Lettre 82, 1888).
Deux extraits de prédications à Minneapolis
[Ellen White parla à vingt reprises à Minneapolis mais ne mentionna pas la justification par la foi. Elle veilla à guider les personnes présentes à ouvrir leur esprit à la vérité fondée dans la Bible.]
Ce que nous voulons présenter maintenant est comment vous pouvez avancer dans la vie chrétienne. Nous entendons beaucoup d'excuses : Je ne peux pas vivre de telle ou telle façon.
Que veulent-ils dire? Voulez-vous dire que le sacrifice accompli pour la race déchue au Calvaire était incomplet, qu'on ne nous a pas accordé suffisamment de grâce et de puissance pour éliminer nos défauts et nos tendances naturels, que le Sauveur qui nous a été donné n'était pas complet?
Ou comptez-vous lancer des reproches à Dieu ? Soit, vous pouvez dire: "C'était le péché d'Adam". Vous dites: "Je ne suis donc pas coupable de cela et je ne suis pas responsable de sa culpabilité et de sa chute. J'ai toutes ces tendances naturelles en moi et on ne doit pas me blâmer si toutes ces tendances naturelles me poussent à l'acte. Qui doit-on condamner ? Est-ce Dieu ?
Pourquoi Dieu a t-il laissé à Satan ce pouvoir sur la nature humaine? Ce sont des accusations contre le Dieu des cieux et Il vous donnera si vous le souhaitez une occasion de porter vos accusations contre lui à la fin du monde. Puis il vous renverra ces accusations quand vous serez introduit dans la cour du jugement (Manuscrit 8; Sabbat 20/10/1888). [Les exposés d'E. White qui ont été prise en notes apparaissent dans un appendice de 60 pages, dans le livre Through Crisis to Victory, pp. 242-302].
Si Dieu avait pu changer Sa loi pour rencontrer l'homme dans sa condition déchue, Christ n'aurait pas eu besoin de venir en ce monde. Car la loi est immuable, elle ne peut être changée. Dieu a envoyé Son Fils unique qu'Il a engendré pour mourir pour la race déchue. Mais Christ a-t-il pris sur lui la culpabilité des hommes, leur a-t-il accrédité sa justice pour qu'ils continuent de violer les préceptes de Jéhovah ? Non, certainement pas. Christ est venu car l'homme n'avait aucune chance de garder la loi par ses propres forces. Il est venu lui apporter la force d'obéir aux préceptes de la loi. Et le pécheur repentant peut venir à Dieu en disant : "Oh Père, j'implore ton pardon par les mérites du Sauveur crucifié et ressuscité". Dieu acceptera tous ceux qui viennent à Lui dans le nom de Jésus. (Manuscrit 17; dimanche 21 Octobre 1888).
Trois mois après Minneapolis
Quand nous donnons le meilleur de nous-même
Remercions Dieu de ce qu'il n'est pas trop tard pour réparer les injustices. Le Christ considère nos dispositions; quand Il nous voit porter notre fardeau avec foi, sa parfaite sainteté couvre nos fautes. Si nous faisons de notre mieux, il devient notre justice. Nous avons besoin de chaque rayon de lumière que Dieu nous envoie pour faire de nous la lumière du monde (Lettre 22, 1889. Publiée dans Messages Choisis, Vol. 1, p. 431, 432).
La réception qu'eut le message de la justification par la foi
Des réunions spéciales commencèrent vendredi 11 janvier 1889 dans le sud du Lancaster. Nous nous réjouîmes de voir l'église complètement pleine de ceux qui étaient venus pour recevoir les bénéfices des réunions. [
Cette rencontre fut l'une des premières au cours desquelles Ellen White présenta le message de la justification par la foi qui fait suite à la Conférence de Minneapolis. Elle fit de fréquentes sorties durant l'année 1889 pour porter le message aux églises. Certaines de ses prédications ont été mises par écrit, comme celle d'Ottawa, dans le Kansas le 11 mai. Ce sermon typique est publié dans Faith and Works, pp 63-79.]... Il y eut des délégués du Maine, du Connecticut, du Massachusetts et d'autres Etats. Nous nous sommes aperçus qu'il y avait du travail à faire pour mettre les choses en ordre; une oeuvre que les plus gros efforts de l'homme ne pouvaient accomplir sans l'aide de Dieu. Nos cœurs se tournaient vers Dieu dans une ardente supplication afin qu'il oeuvre en notre faveur....
Nous nous sentîmes préoccupés pour ceux qui avaient porté aux autres le message de la vérité, craignant qu'ils ne ferment leurs cœurs à quelques uns des précieux rayons de la lumière divine que Dieu leur avait envoyés. Jésus se réjouissait quand ses disciples recevaient ses messages de vérité...
Sabbat après-midi, beaucoup de cœurs furent touchés et beaucoup d'âmes furent nourries du Pain venu du ciel. Après le sermon, nous avons eu une belle réunion de témoignage. Le Seigneur s'approcha très près de nous, et convainquit les âmes de leur grand besoin de Sa grâce et de Son amour. Nous avons ressenti la nécessité de présenter le Christ comme un Sauveur qui n'est pas loin mais à portée de la main. Quand l'esprit de Dieu se met à agir dans le cœur des hommes, la confession des péchés et la réparation des torts en sont les fruits. Pendant toutes les rencontres, à mesure que les gens cherchaient à se rapprocher de Dieu, ils produisirent des oeuvres dignes de la repentance, se confessant les uns aux autres là où il y avait eu offense soit en paroles soit en actes....
Ils furent nombreux, même parmi les pasteurs, ceux qui virent la vérité telle qu'elle est en Jésus, entourée d'une lumière dans laquelle ils ne l'avaient jamais vue auparavant. Ils virent le Seigneur comme un Sauveur qui pardonne les péchés et la vérité comme l'élément qui sanctifie l'âme. "Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner et pour nous purifier de toute iniquité.... "
Beaucoup avaient des idées déformées
Il y en a qui semblent croire qu'ils ont une grande tâche à accomplir eux-mêmes avant de pouvoir venir à Christ pour recevoir le salut. Ils semblent penser que Jésus viendra à leur toute dernière bataille et leur apportera de l'aide en mettant la dernière touche à l'œuvre de toute leur vie. Il leur est difficile de comprendre que Christ est un Sauveur complet et capable de sauver entièrement tous ceux qui viennent à Dieu par Lui. Ils perdent de vue que le Christ est "le Chemin, la Vérité et la Vie." Quand nous nous appuierons individuellement en Christ, dans la pleine assurance de la foi, croyant seulement à l'efficacité de Son sang pour nous purifier de tout péché, nous aurons la paix en croyant que ce que Dieu a promis, Il peut l'accomplir...
Présentation du message lui-même
Comme nos frères et sœurs ouvraient leurs cœurs à la lumière, ils acquirent une meilleure connaissance de ce qui constitue la foi. Le Seigneur fut réellement précieux; il était prêt à fortifier son peuple. Les réunions se prolongèrent une semaine de plus de ce qui avait été programmé. L'école était ajournée et tous travaillèrent à rechercher le Seigneur avec empressement. Pasteur Jones vint de Boston et travailla avec beaucoup de zèle en faveur du peuple, prêchant deux fois, voire trois fois par jour. Le troupeau de Dieu recevait un aliment qui nourrissait l'âme. Les discours présentaient le véritable message de Dieu pour son peuple d'aujourd'hui. Les réunions commençaient très tôt pour finir tard dans la nuit, et les résultas furent hautement satisfaisants.
Tant les étudiants que les enseignants avaient largement leur part de bénédiction divine. On sentit l'action profonde de l'Esprit de Dieu dans presque tous les cœurs. Ceux qui assistèrent à la rencontre donnèrent un témoignage unanime de ce qu'ils avaient acquis une expérience qui surpassait tout ce qu'ils avaient connu jusque-là. Ils témoignèrent de leur joie en sentant que Christ avait pardonné leurs péchés. La reconnaissance et la louange à Dieu remplissaient leur cœur. Une douce paix inondait leur âme. Ils aimaient chacun et sentaient qu'ils pouvaient reposer dans l'amour de Dieu.
Je n'ai jamais vu un réveil avancer d'une manière si complète, et cependant être libre de toute excitation inadéquate. Il y en eut beaucoup qui témoignèrent que lorsque les vérités pénétrantes ont été présentées, ils eurent la conviction d'être des pécheurs à la lumière de la loi. Ils s'étaient confiés en leur propre justice. Ils la voyaient maintenant comme des haillons crasseux, en comparaison de la justice de Christ, la seule acceptable aux yeux de Dieu.
Même qu'ils n'avaient pas été des transgresseurs déclarés, ils se considéraient comme corrompus et dégradés dans leur cœur. Ils avaient substitué leur Père céleste par d'autres dieux. Ils avaient lutté pour enrayer le péché, mais s'étaient confiés en leur propre force. Nous devrions aller à Jésus juste tels que nous sommes, confesser nos péchés et jeter nos âmes impuissantes sur notre Rédempteur plein de compassion. (RH, 5/3/1889).
Le besoin d'une conception claire de la Justification par la foi
[
Conseils donnés aux pasteurs lors de la réunion champêtre, dans le Colorado, le 13 Septembre 1889, en présentant le thème de la justice par la foi].Je fus invitée sous la tente des pasteurs à adresser des remarques à ceux-ci. Nous avons discuté un peu des meilleurs projets pour éduquer le peuple dans ce domaine précis en relation avec la religion à la maison.
Beaucoup semblent ignorer ce qu'est la foi. Beaucoup se plaignent d'idées noires et de découragement. Je demandai : "Vos visages sont-ils tournés vers Dieu? Le contemplez-vous, Lui, le Soleil de justice? Vous avez besoin de définir d'une manière simple, devant l'Église, le sujet de la foi et de l'entière dépendance de la justice du Christ. Vos discours et prières étaient si dépourvus de fondement en Christ, dans son amour inégalable, dans son grand sacrifice pour nous que Satan a presque éclipsé les pensées que nous devrions et devons avoir de Jésus-Christ. Il nous faut accorder moins de confiance en l'homme pour obtenir une aide spirituelle, et plus, beaucoup plus de confiance en nous approchant de Jésus-Christ notre Rédempteur. Avec une intention ferme, nous pouvons nous reposer sur les attributs divins de Jésus. Nous pouvons parler de son amour, nous pouvons raconter, chanter sa miséricorde, nous pouvons faire de Lui notre Sauveur personnel. Ainsi, nous serons un avec Christ: Nous aimerons ce qu'il a aimé, nous détesterons le péché tout comme Lui. Nous devons parler de ces choses et nous reposer sur elles."
Je m'adresse aux pasteurs. Conduisez le peuple pas à pas, vous appuyant sur l'efficacité du Christ, jusqu'à ce que par une foi vivante, il voit Jésus tel qu'il est, dans sa plénitude, un Sauveur pardonnant les péchés, celui qui peut pardonner toutes nos transgressions. C'est en le contemplant que nous serons transformés à son image. C'est une vérité présente. Nous avons traité la loi, ce qui est juste. Mais nous avons simplement élevé le Christ d'une manière occasionnelle comme le Sauveur qui pardonne les péchés.
Nous devons garder à l'esprit le Sauveur qui pardonne les péchés. Mais nous devons le représenter dans Sa véritable position: Celui qui est venu mourir pour magnifier la loi de Dieu, la rendre honorable, et cependant, pour justifier le pécheur qui dépend entièrement des mérites du sang du Sauveur crucifié et ressuscité. Ce point ne fut pas éclairci.
Le message qui sauve l'âme, le message du troisième ange est le message qui doit être porté au monde. Les commandements de Dieu et la foi de Jésus sont tous deux importants, grandement importants, et ils doivent être annoncés avec une force et une puissance comparables. Nous nous sommes largement attardés sur la première partie du message et peu sur la seconde. La foi de Jésus n'est pas comprise. Nous devons en parler, nous devons la vivre, nous devons la prier et enseigner le peuple à inclure cette partie du message dans sa vie personnelle. "Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ" (Phil. 2:5).
La nécessité des discours christocentriques
Des discours entiers arides et profanes mentionnaient à peine le nom de Jésus. Le cœur du prédicateur n'a pas été subjugué, ni attendri par l'amour de Jésus. Il s'appuie sur des théories arides. Cela ne laisse aucune grande impression. L'orateur n'a pas reçu l'onction divine, comment donc pourrait-il toucher les cœurs? Nous avons besoin de nous repentir et de nous convertir. Oui, le prédicateur doit se convertir. Oui, Jésus doit être élevé devant les frères et on doit l'implorer de "regarder et vivre".
Pourquoi nos lèvres sont-elles silencieuses sur le sujet de la justice du Christ et de son amour pour le monde? Pourquoi ne donnons-nous pas au peuple ce qui lui donnerait une vie nouvelle? L'apôtre Paul est transporté par l'enthousiasme et l'adoration quand il déclare: "Et, sans contredit, le mystère de la piété est grand : celui qui a été manifesté en chair, justifié par l'Esprit, vu des anges, prêché aux Gentils, cru dans le monde, élevé dans la gloire" (1 Tim. 3:16).
"Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, lequel existant en forme de Dieu, n'a point regardé comme une proie à arracher d'être égal à Dieu, mais s'est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et ayant paru comme un simple homme, il s'est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu'à la mort, même jusqu'à la mort de la croix. C'est pourquoi aussi Dieu l'a souverainement élevé, et lui a donné le nom qui est au dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père" (Phil. 2:5-11).
"… en qui nous avons la rédemption, la rémission des péchés. Il est l'image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création. Car en Lui ont été créées toutes choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été crée par Lui et pour Lui. Il est avant toutes choses et toutes choses subsistent en Lui" (Col. 1:14-17).
C'est là le thème magnifique et céleste qui a été dans une large mesure écarté des discours, car le Christ n'est pas formé dans le cœur de l'homme. Satan a fait en sorte qu'il en soit ainsi, que le Christ ne soit pas l'objet de notre contemplation et adoration. Ce nom si puissant, si indispensable devrait être sur toute langue.
"C'est d'elle que j'ai été fait ministre, selon la charge que Dieu m'a donnée auprès de vous, afin que j'annonce pleinement la parole de Dieu, le mystère caché de tout temps et dans tous les âges, mais révélé maintenant à ses saints, à qui Dieu a voulu faire connaître quelle est la glorieuse richesse de ce mystère parmi les païens, savoir : Christ en vous, l'espérance de la gloire. C'est Lui que nous annonçons, exhortant tout homme et instruisant tout homme en toute sagesse, afin de présenter à Dieu tout homme, devenu parfait en Christ. C'est à quoi je travaille, en combattant avec sa force, qui agit puissamment en moi" (Col. 1: 25-29).
C'est ici la tâche des ministres du Christ. Parce que cette tâche n'a pas été accomplie, parce que Christ et Son caractère, Sa parole et Son oeuvre n'ont pas été présentés au peuple, l'état religieux des églises témoignent contre les pasteurs. Les églises sont sur le point de mourir car le Christ y est peu présenté. Elles n'ont ni la vie ni le discernement spirituels.
La peur du message de la justification par la foi
Les enseignants du peuple eux-mêmes ne se sont pas familiarisés par une expérience vivante avec la Source de leur dépendance et de leur force. Et lorsque le Seigneur suscite des hommes et les envoie avec ce même message pour le temps présent, un message qui n'est pas une vérité nouvelle, mais exactement celle qu'a prêchée l'apôtre Paul, qu'a enseigné le Christ, cela leur semble être une doctrine étrange. Ils commencent à pousser le peuple à se méfier, ce peuple sur le point de mourir pour n'avoir pas été fortifié par l'élévation du Christ. Ils disent au peuple: "Ne soyez pas trop pressé. Il vaudrait mieux attendre et ne pas considérer cette question jusqu'à ce qu'on en sache un peu plus". Ainsi les pasteurs prêchent les mêmes théories desséchées alors que le peuple a besoin d'une manne fraîche.
Le caractère du Christ est un caractère infiniment parfait et il doit être élevé. Il doit être manifestement contemplé car Il est la force, la puissance, la sanctification et la justification pour tous ceux qui croient en Lui. Ceux qui ont eu un esprit pharisaïque s'imaginent que s'ils s'attachent aux bonnes vieilles théories et ne prennent aucune part au message que Dieu envoie à Son peuple, ils se mettraient dans une position favorable et sécurisante. Ainsi pensaient les Pharisiens d'antan et leur exemple devrait être un avertissement pour les pasteurs contre cette attitude de propre suffisance.
Présentez les thèmes inspirés de l'évangile
Nous avons besoin qu'une puissance s'empare de nous maintenant et nous pousse à obtenir le zèle et une foi ardente. Alors, baptisés du Saint-Esprit, nous aurons Christ formé en nous, l'espérance de la gloire. Alors nous exhiberons Christ comme le sujet divin de notre foi et de notre amour. Nous parlerons du Christ, nous prierons le Christ et prierons au sujet du Christ. Nous louerons Son saint nom. Nous parlerons au peuple de ses miracles, de son abnégation, de son sacrifice, de ses souffrances et de sa crucifixion, de sa résurrection et de son ascension triomphale. Ce sont là les thèmes de l'évangile suscitant une inspiration pour réveiller l'amour et la ferveur intense dans tous les cœurs. Voilà les trésors de la sagesse et de la connaissance, une fontaine inépuisable. Plus vous rechercherez cette expérience, plus grande sera la valeur de votre vie.
On a beau puiser l'eau de vie de la fontaine, l'approvisionnement ne diminue pas pour autant. Les ministres de l'évangile seraient des hommes puissants s'ils mettaient toujours le Christ devant eux et s'ils consacraient leur temps à l'étude de son admirable caractère. S'ils agissaient ainsi, il n'y aurait pas d'apostasie, personne ne serait séparé de la fraternité pour avoir attiré la disgrâce sur la cause de Dieu et avoir exposé Jésus-Christ à la honte publique, à cause de leurs pratiques licencieuses. Les facultés de tout ministre de l'évangile devrait être employées à enseigner les églises de croyants à recevoir par la foi Jésus-Christ comme leur Sauveur personnel, à inclure Christ dans leur vie, à faire de Lui leur Modèle, pour apprendre de Lui, croire en Jésus et exalter Sa personne. Le pasteur lui-même devrait s'étendre sur le caractère du Christ. Il devrait considérer la vérité et méditer sur les mystères de la rédemption, particulièrement sur l'œuvre médiatrice du Christ pour notre temps.
S'appesantir davantage sur l'incarnation et l'expiation
Si Christ est tout et en tout pour chacun d'entre nous, pourquoi nos églises ne s'étendent-elles pas davantage sur son incarnation et son sacrifice expiatoire ? Pourquoi les cœurs et les langues ne sont-ils pas employés à la louange du Rédempteur? C'est de cette manière que les facultés des rachetés seront employées durant les siècles sans fin de l'éternité.
Nous avons besoin d'une relation vivante et personnelle avec Dieu afin de prêcher Jésus aux autres. Alors, nous pourrons transmettre l'expérience vivante et personnelle de ce que le Christ est pour nous à travers notre expérience et notre foi. Les gens doivent être attirés par Christ. Nous avons reçu le Christ et avec un empressement divin nous pouvons parler du pouvoir qui réside en nous. Les gens doivent être menés à Christ. L'importance doit être donnée à son efficacité pour sauver.
Ceux qui apprennent véritablement en s'asseyant aux pieds du Christ découvrent les précieuses gemmes de vérité prononcées par notre Sauveur, et discerneront leur signification et apprécieront leur valeur. Et en devenant toujours plus humbles et disposés à être instruits, leur compréhension s'ouvrira pour découvrir les merveilles de la loi, le Christ les ayant présentées dans des termes clairs et précis.
La doctrine de la grâce et du salut en Jésus-Christ est un mystère pour bon nombre de ceux dont les noms figurent sur les registres de l'église. Si Christ était sur terre parlant à son peuple, il lui reprocherait sa lenteur à comprendre. "J'ai laissé en votre possession des vérités concernant votre salut et dont vous ne soupçonnez pas la valeur".
Oh, dire qu'on puisse déclarer au sujet des pasteurs qui prêchent au peuple et aux églises: "Alors il leur ouvrit l'esprit afin qu'ils comprennent l'Ecriture" (Luc 24 :45). Je vous déclare dans la crainte de Dieu que jusqu'à ce jour, les vérités bibliques en rapport avec le grand plan de la rédemption ne sont que peu comprises. La vérité se révélera, se déploiera, se développera de façon continue car elle est divine, tel son Auteur.
Comment Jésus enseigne le peuple
Jésus n'a pas fait beaucoup de commentaires ni des discours incessants sur des doctrines mais il s'exprima souvent en phrases courtes, comme celui qui sème les graines célestes des doctrines, comme des perles rassemblées par un ouvrier averti. Partout où il a enseigné, il a exposé les doctrines de la foi et de la grâce. Oh, pourquoi les pasteurs ne donnent-ils pas aux églises la véritable nourriture qui leur apporterait la santé et la vigueur spirituelles. Il en résulterait une riche expérience dans l'obéissance concrète à la Parole de Dieu. Pourquoi les pasteurs ne renforcent-ils pas les choses restantes sur le point de mourir?
Sur le point de quitter ses disciples, le Christ cherchait le plus grand réconfort qu'il pouvait leur apporter. Il leur promit le Saint-Esprit -le Consolateur- pour se conjuguer aux efforts humains. Quelle promesse est moins expérimentée, moins accomplie dans l'église que la promesse du Saint-Esprit? Quand cette bénédiction, qui entraînera toutes les autres à sa suite est rejetée, il en résulte une vraie sécheresse spirituelle. C'est là le reproche nécessaire au prédicateur qui sermonne longuement. L'église doit se lever et ne plus se contenter d'une maigre rosée.
Notre besoin du Saint-Esprit
Pourquoi nos membres d'église sont-il dépourvus de leurs privilèges? Ils ne sont pas personnellement et vivement conscients de leur nécessité de l'influence de l'Esprit de Dieu. L'église, comme Marie peut dire : "Ils ont enlevé mon Seigneur et je ne sais où ils l'ont mis" (Jean 20 :13).
Les pasteurs qui prêchent la vérité présente consentiront à la nécessité de l'influence de l'Esprit de Dieu pour convaincre de péché et pour convertir les âmes; et cette influence doit accompagner la prédication de la Parole; mais ils ne ressentent pas suffisamment leur importance pour en avoir une connaissance profonde et pratique. L'insuffisance de la grâce et de la puissance de l'influence divine de la vérité sur les cœurs les empêche de discerner les choses spirituelles et de présenter leur importance positive sur l'église. Aussi, avancent-ils en boitant, comme des nains, dans la croissance spirituelle parce qu'ils ont une religion légaliste dans leur ministère. Ils ne ressentent pas la puissance de Dieu comme une nécessité vivante, efficace, un principe éternel.
Oh, si tous pouvaient s'en apercevoir et embrasser le message que Dieu leur a donné! Il a suscité ses serviteurs pour présenter un message qui, parce qu'il évoque l'élévation de la croix, a été perdu de vue et est enterré sous les décombres du formalisme. Cette vérité doit être sauvée et replacée dans le cadre de la vérité présente. Ses déclarations doivent être défendues et elle doit retrouver sa position dans le message du troisième ange.
Que les nombreux ministres du Christ proclament un jeûne, convoquent une assemblée solennelle et cherchent Dieu pendant qu'Il se trouve. Implorez-Le, vous qui êtes maintenant couchés au pied de la croix du Calvaire. Dépouillez vous de tout votre orgueil, et en tant que gardiens représentants des églises, pleurez entre le portique et l'autel et criez: "Éternel, épargne ton peuple! Ne livre pas ton héritage à l'opprobre aux railleries des nations! Ôte de nous ce que tu veux, mais ne nous refuse pas ton Esprit Saint, parce que nous sommes ton peuple."
Priez, oh oui priez pour que Dieu déverse son Saint-Esprit! (Manuscrit 27,1889).