LE SANCTUAIRE

 

Jack Sequeira

19

 

1844 et la purification du sanctuaire

 

Daniel 9 : 22-27

 

(catalogue)

 

    Quand nous avons commencé cette réflexion sur Daniel 8:14, nous avons vu que ce passage était un pilier qui a fait naître et a contribué à définir l'identité même du Mouvement Adventiste. Dans cette étude finale, il y a deux faits dont nous avons déjà parlés mais qui doivent être bien conservés en mémoire si nous voulons comprendre et interpréter correctement ce texte. Les voici:

 

1. Le principe du parallélisme ou encore principe de récapitulation, nous indique que, dans ces différents chapitres, Daniel rappelle différents événements historiques. Les chapitres 2, 7, 8 sont des répétitions, des récapitulations qui traitent des mêmes royaumes et des mêmes périodes de l'histoire. La pierre de Daniel 2, le jugement du chapitre sept, et la purification du sanctuaire qui se situent après les deux mille trois cents soirs et matins de Daniel 8:14, couvrent tous la même période de temps. Ces événements font partie de la même période que nous connaissons comme étant l'établissement du royaume de Dieu, le moment de l'accomplissement de toutes choses.

 

    Dans cette optique du parallélisme, une chose est très nette, c'est que la purification du sanctuaire est un événement de la fin des temps. C'est pourquoi nous disons que c'est un événement eschatologique. C'est quelque chose qui prend place à la fin des temps. Cela est confirmé par au moins trois versets dans le huitième chapitre.

 

    Examinons-les. Ils nous disent que la vision que Dieu a donnée à Daniel a pour objet de conduire l'humanité vers la fin des temps, et la dernière partie de cette vision correspond au verset 14. Voyons la dernière partie du verset 17: "Sois attentif, fils de l'homme, car la vision concerne un temps qui sera la fin". En d'autres termes, cette vision qui commence maintenant doit te propulser jusqu'à la fin des temps. Cette phrase prise seule peut bien sûr être comprise comme la fin de la dispensation d'Israël ou le temps de la fin de la dispensation des Gentils. Cela reste le temps de la fin.

 

    Le verset 19 est le deuxième à nous dire que cette vision s'accomplira au temps de la fin: "Je vais t'apprendre ce qui arrivera au terme de la colère, car il y a un temps marqué pour la fin". Puis, au verset 26, quand l'interprétation est donnée à Daniel, vous vous souviendrez qu'on ne lui donne pas l'explication du verset 14. Tout ce qu'on lui dit c'est: "Et la vision des soirs et des matins dont il s'agit est véritable. Pour toi, tiens secrète cette vision, car elle se rapporte à des temps éloignés".

 

    Le mot hébreu signifie un futur lointain. Aussi, même le chapitre 8 de Daniel nous dit que le verset 14 nous conduit au temps de la fin. La première chose que nous devons retenir c'est que la purification du sanctuaire est un événement qui se rapporte à la fin des temps.

 

2. Dans le chapitre 8 de Daniel nous avons une vue d'ensemble et nous découvrons que quatre choses ont été révélées à Daniel: le bélier avec deux cornes dont il est question aux versets 3 et 4, le bouc à une corne des versets 5 à 8, la petite corne des versets 9 à 13 qui attaque la vérité du sanctuaire, qui la foule aux pieds et qui prospère, les deux mille trois cents soirs et matins du verset 14, période à la fin de laquelle le sanctuaire sera purifié, justifié, restauré.

 

    Dans l'étude de ce chapitre, nous nous sommes aperçus que les trois premiers éléments ont été expliqués à Daniel. Le verset 20 montre le bélier comme étant le royaume des Mèdes et des Perses, les versets 21 et 22 montrent le bouc (symbolisant la Grèce), les versets 23 à 25 expliquent comment le pouvoir religieux, reconnu dans l'approche historique comme étant la papauté, a su croître. Mais le quatrième point dont parle le verset 26 n'est pas expliqué au prophète; le chapitre ne dit rien à ce sujet. Nous avons des faits et la question est "Dieu a-t-il donné l'interprétation de Daniel 8:14?" La réponse est: oui! Et nous allons voir comment.

 

    L'explication est donnée en Daniel 9:24-27. Ce n'est pas uniquement notre position en tant qu'Église. De nombreux théologiens dignes de confiance optent aussi pour cette idée que les versets 24 à 27 de Daniel 9 fournissent l'explication de Daniel 8:14. Parmi eux, nous pouvons citer Desmond Ford qui ne fut pourtant pas entièrement d'accord avec nous au sujet de Daniel 8. Je vais vous donner une citation tirée d'un livre qu'il a écrit il n'y a pas si longtemps intitulé "Bonnes Nouvelles pour les Adventistes", publié par Good News Unlimited. Voici ses remarques au sujet de Daniel 9:24-27.

 

    "Nous prenons position pour dire que la vision de Daniel 8 est brièvement expliquée en Daniel 9:24-27. Pourquoi? Au chapitre neuf, Gabriel apparaît de nouveau. Ce même ange qui est apparu au chapitre 8 réapparaît, cette fois-ci pour donner à Daniel la sagesse et l'intelligence. Gabriel invite Daniel à considérer la parole et à comprendre la vision. Quelle vision? Est-ce la vision de Jérémie concernant les soixante dix années? Certains le pensent. De toute manière cette position est discutable. Nous avons une inclination pour Daniel 8:14. De cette manière, dans Daniel 9:24-27 le prophète reçoit des explications plus détaillées au sujet de la purification du sanctuaire, de la restauration de celui-ci et de sa signification". Ainsi, nous voyons que cette idée est aussi acceptée par différents théologiens sérieux.

 

    Pour bien comprendre ce texte nous avons le devoir de saisir le contexte de Daniel 9. Je ne le répéterai jamais assez. S'il vous plaît, n'utilisez pas les textes en dehors de leur contexte. Nous avons été assez accusés à ce sujet et parfois à juste titre, aussi restons dans le contexte.

 

    Regardons premièrement l'élément temps du contexte de Daniel 9. C'est environ quatorze années après la vision du chapitre 8. Lisons Daniel 9:1: "La première année de Darius, fils d'Assuérus..." Cela nous suffit pour situer l'époque, qui correspond approximativement à 538 avant Jésus-Christ. Ainsi Daniel est resté quatorze ans sans connaître la signification de cela. Pendant toute cette période il a dû lutter avec cette pensée, se demandant quel était le sens de cette vision. Cela se serait passé environ soixante cinq ans après que Jérusalem et le temple aient été détruits par Nebucadnetsar. Ce n'était que ruines depuis plus de soixante cinq années.

 

    Dans Daniel 9:2, nous découvrons que Daniel comprit, dans les prophéties qui avaient été révélées à Jérémie - un contemporain de Daniel qui vivait en Israël - que la désolation de Jérusalem et du temple durerait soixante dix années. Soixante cinq ans s'étaient déjà écoulés, il n'en restait que cinq. Mais le problème était le suivant, il semblait que la restauration, d'après Daniel 8:14 serait dans un futur beaucoup plus éloigné.

 

    Aussi Daniel était-il soucieux et troublé. Mettez-vous à sa place et essayez de penser comme un Juif de l'époque. Pour les Juifs, la destruction de Jérusalem et du temple signifiait une seule chose, résumée dans le mot: "Ichabod", - la gloire s'en est allée. Ceci voulait dire que Dieu les avait abandonnés. C'était bien évidemment un fardeau terrible pour les hommes et les femmes de Dieu. Ce n'était pas dans cinq années seulement, mais c'était dans un lointain futur que la reconstruction du sanctuaire se plaçait! Qu'a fait Daniel? Il tomba sur ses genoux, et dans le jeûne, avec le sac et la cendre, il pria. Verset 3: "Je tournais ma face vers le Seigneur Dieu, afin de recourir à la prière et aux supplications, en jeûnant et en prenant le sac et la cendre". Lisons attentivement cette prière. Il est bon que nous nous arrêtions à quelque chose de très important dans ce texte, quelque chose que l'on peut définir comme le concept de l'unité corporative. Voici donc Daniel, le serviteur de Dieu qui ne pointe pas le doigt sur l'Église pour décrier ses égarements. Il s'identifie lui-même avec cette Église qui va mal. C'est une leçon pour nous. L'Église est un corps, et si elle ne se comporte pas correctement et va de travers, vous aussi, même si vous ne participez pas à ses égarements, vous êtes un membre de ce corps. Vous avez le devoir de vous identifier à elle. Regardez le verset 5: "Nous avons péché" Au verset 6: "Nous n'avons pas écouté tes serviteurs". Verset 8: "Seigneur, à nous la confusion", et "nous avons péché contre toi". Verset 10: "Nous n'avons pas écouté la voix de l'Éternel". Verset 11: "Tout Israël (et non une partie d'Israël) a transgressé ta loi". Et c'est ainsi tout au long de cette prière.

 

    Voyez la peine de Daniel, c'est une douleur de Juif. Regardez les versets 16 à 19: "Seigneur, selon ta grande miséricorde, (non selon notre droiture mais selon ta justice) je t'en supplie, que ta colère et ta fureur se détournent de ta ville de Jérusalem, de ta montagne sainte; car, à cause de nos péchés et des iniquités de nos pères (c'est la repentance corporative), Jérusalem et ton peuple sont en opprobre à tous ceux qui nous entourent".

 

    Les nations qui nous entourent, y compris Babylone, pointent leur doigt vers nous en nous disant: "Où est votre Dieu? Vous êtes un peuple vaincu, où est votre Dieu?" Daniel se sent concerné. Verset 18: "Mon Dieu, prête l'oreille et écoute! Ouvre les yeux et regarde nos ruines, regarde la ville sur laquelle ton nom est invoqué! Car ce n'est pas à cause de notre justice (il a déjà confessé ses péchés et ceux de l'église) que nous te présentons nos supplications, c'est à cause de tes grandes compassions". Daniel compte sur l'Amour et la miséricorde de Dieu. Verset 19: "Seigneur écoute! Seigneur pardonne! Seigneur sois attentif! agis et ne tarde pas, par amour pour toi, ô mon Dieu! Car ton nom est invoqué sur ta ville et sur ton peuple". Y a t-il des reproches à faire à la chrétienté aujourd'hui? Oui, aussi avons-nous besoin de prier comme Daniel le fit. Il nous est dit au verset 20: "Je parlais encore, je priais, je confessais mon péché et le péché de mon peuple d'Israël". Que s'est-il passé? Dieu  a-t-il écouté cette prière? Oui. Dieu dit à Daniel: "Oui Daniel, je comprend ta préoccupation et je sais que vous êtes maintenant dans la confusion. Tu ne peux pas concilier la prophétie de Jérémie qui arrive à son terme dans seulement quatre ans avec celle que je t'ai fait connaître". Ce que je voudrais vous montrer c'est que Daniel ne pense pas à un sanctuaire céleste. Son fardeau c'est Jérusalem et son peuple. Mais nous savons, par le principe du parallélisme déjà étudié, que Daniel 8: 14 ne concerne pas la nation Juive. C'est un passage qui concerne le temps de la fin de toutes choses. Ainsi Dieu a un problème. "Que dois-je faire ?"

 

    Jésus a connu un problème similaire. Regardons Matthieu 24 et voyons ce même problème auquel Jésus a été confronté. Daniel, c'est du moins mon avis, ne faisait pas de distinction entre la prophétie de Jérémie, qui annonçait les soixante dix années de désolation et le passage de Daniel 8:14. Il ne saisissait pas la différence. Les disciples aussi commirent la même erreur. Matthieu 24:1: "Comme Jésus s'en allait, au sortir du temple, ses disciples s'approchèrent pour lui en faire remarquer les constructions". Regarde Jésus, quel temple magnifique! Verset 2; "Mais il leur dit: Voyez-vous tout cela? Je vous le dis en vérité, il ne restera pas ici pierre sur pierre qui ne soit renversée".

 

    Nous savons par l'histoire qu'il faisait ici allusion à la destruction du temple en l'an 70. A quoi les disciples pensaient-ils ? Pour eux, la destruction du temple était équivalente à la seconde venue de Jésus. Que lui répondirent-ils? Verset 3: "Il s'assit sur la montagne des oliviers. Et les disciples vinrent en particulier (en aparté, car comme Daniel ils étaient perturbés) lui poser cette question: Dis-nous, quand cela arrivera-t-il, et quel sera le signe de ton avènement et de la fin du monde?" Les disciples associaient la destruction de Jérusalem avec la fin du monde et la seconde venue du Christ. Ils étaient dans la confusion à ce sujet. Que pouvait faire Jésus? Pouvait-Il leur dire: "Vous faites erreur? Votre temple sera détruit dans peu de temps (en l'an 70), mais ma seconde venue sera dans vingt siècles et peut être plus". Ils ne pouvaient pas gérer cela, et c'est pourquoi Jésus a combiné les deux événements. Quand vous lisez Matthieu 24, vous pouvez noter que les signes de la destruction de Jérusalem et les signes de la seconde venue de Jésus, signes séparés par deux mille ans, sont liés. Cela peut vous paraître injuste, mais souvenez-vous que Dieu vit dans l'éternité. Mille ans sont comme un jour. Un texte dit que mille ans sont comme un clin d'œil. Le temps de Dieu est sans limite. A mon avis, Dieu a fait avec ses disciples comme avec Daniel.

 

    Dans Daniel 9, l'ange Gabriel va vers Daniel pour lui dire: "Daniel, je suis venu maintenant pour ouvrir ton intelligence". Pourtant il ne parle pas de la fin du monde dans les versets 24 à 27 du chapitre 9. Il parle des dernières années de la nation Juive. La prophétie de Jérémie est juste. Le temple des Juifs sera restauré avant d'être de nouveau définitivement détruit. C'est la fin! Aussi explique-t-il par les soixante dix semaines les temps de la fin de la nation Juive. Mais, en même temps, ceci doit donner une explication de Daniel 8:14, concernant la consommation de toutes choses. La seule façon, me semble-t-il de réconcilier l'ensemble, c'est de prendre les soixante dix semaines comme modèle. Dieu emploie un modèle pour montrer ce qui se passera à la fin des temps. Le principe des "jours-années" est déjà présent ici dans Daniel 9. Nous devons prendre les événements importants des soixante dix semaines et les utiliser comme un modèle pour comprendre Daniel 8:14.

 

    Ce que je fais ici, le Nouveau Testament le fait aussi. Il utilise le principe Juifs-Gentils. Si vous regardez au Nouveau Testament, vous verrez que Dieu divise la race humaine en deux camps - les Juifs et les Gentils. Considérons quelques exemples. Quand Jésus a confié le grand mandat évangélique, Il dit: "Portez l'Évangile premièrement aux Juifs. Après leur avoir donné leur chance, et s'ils le rejettent, alors prêchez-le aux Gentils". De même quand Il envoya les soixante dix, Il dit: "N'allez pas vers les Gentils. Leur temps n'est pas encore venu. Parlez aux Juifs premièrement. Paul dit de même dans les Romains: "Les Juifs d'abord, et les Gentils ensuite".

 

    Ceci ne veut pas dire que les Gentils ne pouvaient être sauvés sous la dispensation Juive. Ils pouvaient l'être, mais il fallait pour cela que les Gentils deviennent Juifs à ce moment là. De même pour notre période chrétienne qui débuta en 31 après Jésus-Christ, un Juif qui accepte l'Évangile doit devenir un Gentil. Aujourd'hui quand un Juif devient chrétien en Israël il perd sa citoyenneté, le gouvernement annule son passeport parce qu'il est devenu un Gentil. Pour les Juifs, ce qui concerne la foi concerne aussi l'État. Souvenez-vous néanmoins que les Juifs peuvent être sauvés aujourd'hui. Dieu ne donnera pas pour autant une seconde chance à la nation Juive, la Bible n'enseigne pas cela. Mais Dieu dit que tout Juif qui accepte Jésus-Christ comme le Messie peut être sauvé. Regardons maintenant aux cinq points plus importants des soixante dix semaines: Les soixante dix semaines débutent avec un ordre ; celui de reconstruire Jérusalem et de restaurer le temple.

 

    Pour que ceci se réalise, pour que Jérusalem et le temple soient reconstruits, les Juifs doivent quitter Babylone et retourner à Jérusalem, la ville dévastée. Ils ne peuvent rester plus longtemps dans les belles demeures Babyloniennes, ils doivent sortir de Babylone et aller en Israël.

 

    En arrivant là, ils doivent reconstruire le temple et la ville. Notez ce que Daniel 9 dit à propos de la restauration (non au sujet de l'ordre mais de la restauration). Daniel 9:25: "Sache-le donc et comprends! Depuis le moment où la parole a annoncé que Jérusalem sera rebâtie jusqu'à l'oint, au conducteur, il y a sept semaines; dans soixante deux semaines, les places et les fossés seront rétablis, mais en des temps fâcheux". (Ainsi la reconstruction prendra beaucoup de temps.) La part la plus difficile dans ces soixante dix semaines, c'est le travail de reconstruction en lui-même. Il y aura beaucoup d'opposition. Il y aura beaucoup de difficultés mais le travail se fera - c'est garanti même si cela prendra beaucoup de temps. Premièrement un ordre. Deuxièmement la sortie de Babylone. Troisièmement la restauration qui prend place dans des temps troublés.

 

    Après la restauration vient la confirmation de l'alliance. Pendant des années, tout au long des générations, Dieu a promis un Messie aux Juifs. Le peuple était tourné vers cette promesse depuis des années. Cette promesse s'est réalisée dans la dernière de ces soixante dix semaines. Lorsque Christ vint, Il confirma la promesse (point quatre) donnée depuis si longtemps.

 

    Dans le milieu de la semaine, la soixante dixième, Il réalisa tout ce qu'il avait promis dans le système sacrificiel (point cinq). Il accomplit l'expiation. Il mourut sur la croix.

 

    Les Juifs ont-ils accepté cette promesse qui se réalisait alors? Je parle des Juifs en tant que nation et non en tant qu'individus. La réponse est: non. Dieu leur accorda trois années et demi de plus. Dieu ne les blâme pas d'avoir crucifié le Christ. Il aurait pardonné cela. Mais après que le Christ soit ressuscité et que les soldats soient allés vers Caïphe, le leader, en disant: "Cet homme que tu as mis à mort et dont tu as scellé le tombeau est ressuscité", ils n'avaient plus d'excuse. La résurrection était la preuve suprême de la messianité de Jésus.

 

    Caïphe avait deux choix. Soit il acceptait cette évidence que son Église s'était trompée - ce en quoi il avait personnellement des responsabilités - en crucifiant le Fils de Dieu, ou bien il pouvait tenter de masquer cette erreur. C'étaient là les deux possibilités de réaction qui lui étaient offertes. Il décida de dissimuler la vérité, et quand les soldats lui dirent que, dans la mesure où ils déclareraient que ses disciples seraient venus chercher son corps on les accuserait de ne pas avoir accompli leur devoir de soldats Romains, il leur dit: "Ne craignez rien. Nous allons trouver une solution à cette affaire". Il se proposait de donner un petit "baksheesh" -c'est un mot utilisé au Moyen Orient. Vous ne pouvez pas obtenir un permis de travail dans ces régions sans verser un petit "baksheesh" (pourboire).

 

    Il arrive que l'Église soit dans la nécessité de pratiquer cette méthode en donnant de l'argent sous la table pour obtenir une autorisation quelconque. Cela fait partie de la culture du Moyen Orient. Il n'y a pas le choix là-bas. J'ai essayé de passer outre ces méthodes, mais j'ai échoué. Nous construisions une église en Afrique, où ces mêmes problèmes existent. J'étais l'architecte de cet édifice et j'ai rencontré l'entrepreneur qui devait construire l'église. Je lui ai dit: "C'est une église que nous construisons, et je souhaite qu'il n'y ait aucune corruption dans cette réalisation". Il me répondit: "Jack, tu en saurais plus si tu étais né ici". Je lui ai répondu: "D'accord, mais je ne veux aucune trace de corruption dans ce travail". "O.K.! essayons!"

 

    Nous avons préparé les fondations et avant de couler le béton il était nécessaire que nous obtenions une autorisation de l'ingénieur, vérifiant que celles-ci étaient assez profondes et que la dalle était correctement faite. Je suis allé voir l'ingénieur moi-même. Je lui ai dit: "S'il vous plaît, venez inspecter notre travail". J'ai rempli le formulaire et il me dit alors, "Je viendrai demain". Le lendemain passa et il ne vint pas. Je suis donc allé le revoir pour lui demander pourquoi il n'était pas venu. "J'étais trop occupé" me répondit-il. Cela a duré trois mois. La saison des pluies s'approchait et l'entrepreneur me dit: "Pourquoi ne renonces-tu pas?" "C'est bon, allez, je renonce". Mon ami a donné quelques shillings et l'inspecteur a dit: "Votre pasteur est architecte. Vous n'avez pas besoin d'être inspecté. Allez-y et coulez le béton". Je pense que Caïphe a fait comme cela. Il a donné l'argent aux soldats en disant: "Nous allons nous occuper du problème".

 

    Jésus disait aux Juifs: "Combien de fois ne vous ai-je pas pris sous mes ailes comme une poule le fait pour ses poussins. Mais maintenant votre maison vous sera laissée déserte". Quand ils lapidèrent Etienne, ils confirmèrent par cet acte leur rejet du Messie. C'est l'abomination qui a conduit Jérusalem à sa ruine - Ichabod pour la nation.

 

    Quand le temple était sur le point d'être détruit, les soldats Romains prirent l'insigne de Rome et le clouèrent sur la porte du temple. Jésus avait dit à ses disciples: "Quand vous verrez ce signe alors vous saurez que la fin est proche. Que ferez-vous? Partez, fuyez Jérusalem". Grâce à la prophétie que Jésus donnait - prophétie associée au livre de Daniel -aucun chrétien à notre connaissance ne périt dans ce siège. Mais les incroyants moururent, et je peux vous dire que cela a été une affaire terrible. Lisez à cet effet les récits qui en ont été faits. Les Juifs durant ce siège mangèrent les rats. Ils mangèrent aussi leurs propres enfants et périrent quand même parce qu'ils finirent affamés. Voilà le désespoir qui fut le leur pendant ce siège.

 

    Nous avons vu ces cinq points et maintenant nous allons les appliquer à Daniel 8:14 comme le temps de la consommation de toutes choses. Les soixante dix semaines commencèrent avec un ordre. La purification du sanctuaire débute elle aussi avec un ordre. Prenez le livre de l'Apocalypse et souvenez-vous que ce livre complète le livre de Daniel. Là, dans ce livre, au chapitre 10 nous trouvons une description de l'amère déception du désappointement de 1844. Un très amer désappointement ! Mais il y avait un petit reste plein de foi qui s'attendait à Dieu. Et qu'a dit Dieu à ce reste qui attendait en gardant la foi malgré l'expérience qu'il traversait, l'amertume dans les entrailles. Verset 11: "Puis on me dit : il faut que tu prophétises (prêches) de nouveau".

 

    Pourquoi "encore?" Parce que l'Évangile qui avait été donné à la première Église avait été pollué par la petite corne. Souvenez-vous que le sanctuaire est un type du plan du salut. Il a été pollué par la petite corne de Daniel 8. Que dit Dieu à son petit troupeau? "Tu dois encore prophétiser - tu dois restaurer l'Évangile et le proclamer à beaucoup de nations, de peuples, de langues et de rois".

 

    Apocalypse 14 nous dit ce qu'est cette proclamation qui doit être faite. C'est le message des trois anges qui correspond en réalité à l'Évangile Eternel. Ainsi, l'ordre que Dieu a donné à ce petit troupeau - le mouvement Adventiste issu du mouvement Millérite - était de restaurer l'Évangile et de le proclamer au monde. C'est ici l'ordre qui nous est donné. C'est aussi ce que signifie 1844 pour moi - un ordre d'en haut - C'est le premier point.

 

    Afin que ce commandement puisse se réaliser, il est nécessaire que ce peuple quitte Babylone. Non pas la Babylone physique mais la Babylone spirituelle. "Sortez du milieu d'elle mon peuple". C'est le deuxième point.

 

    La restauration véritable sera le point trois. Avons-nous restauré l'Évangile? Dieu a essayé de le faire il y a cent ans mais cela s'est terminé en queue de poisson. C'est pourquoi nous avons des difficultés, cette restauration se fera comme celle de Jérusalem, nous a-t-on dit, dans des conditions difficiles. La restauration de l'Évangile se fait aujourd'hui dans des temps difficiles. Nous sommes obligés de combattre pour cette restauration de l'Évangile. En tant qu'Église nous ne sommes pas unis dans notre compréhension de l'Évangile. Aussi en sommes-nous au point trois.

 

    Mais la question est la suivante: "l'Évangile sera-t-il restauré?" Jérusalem a-t-elle été finalement restaurée? Oui, et l'Évangile le sera également parce que le chapitre 18 de l'Apocalypse le dit. A sa restauration, la terre entière sera éclairée de la gloire de Dieu. Autrement dit Dieu confirmera son alliance - qui correspond à l'Évangile éternel - non pas cette fois ce qui fût fait avec la nation Juive en l'an 31 mais avec le monde entier. Il montrera d'une façon définitive qu'aucun peuple, qu'aucune nation dans le monde n'aura d'excuse pour dire, comme Caïphe le dit, que "l'Évangile ne peut pas sauver". Cela sera très clair. Le monde entier sera éclairé de cette gloire de Dieu. Il n'y aura plus d'excuses pour personne.

 

    Maintenant donc vient cette question: "Le monde acceptera-t-il l'Évangile?" Je ne parle pas des personnes, car nous savons que des milliers se convertiront à ce moment là, mais je parle du monde. Non, il ne se convertira pas. Cette fois-ci non pas à cause de son ignorance, mais d'une manière délibérée et volontaire, comme Caïphe le fit avec Jésus-Christ. Ce sera en fait un total et volontaire rejet de l'Évangile. C'est cette abomination qui conduira ce monde à la désolation pour mille ans. Pour moi, Dieu a suscité le mouvement Adventiste pour restaurer cet Évangile et pour participer puissamment à sa proclamation. Pour le moment nous ne sommes qu'au début du combat, mais quand il sera achevé, la terre entière sera éclairée par la vérité telle qu'elle est en Jésus-Christ. Il n'y aura plus d'excuses pour personne. Et, quand le monde aura délibérément et volontairement refusé l'Évangile, alors, viendra la fin du temps de grâce. Dieu dira au monde: "Je vais laisser votre maison déserte". Dieu va retirer sa protection de la terre et le monde connaîtra les sept dernières plaies.

 

    A mon avis, ce moment se concrétisera par la loi du dimanche, comme il s'est matérialisé en 70 après Jésus-Christ avec le sceau romain apposé sur le temple. Ce sera un signe pour les chrétiens, qui indiquera la nécessité de fuir comme le sceau indiqua aux premiers chrétiens qu'il était temps de partir. Quand nous verrons cela, il nous faudra abandonner nos réfrigérateurs et nos provisions, et nous nourrir de cresson et de pissenlits dans les montagnes, mais ce sera seulement pour une courte période.

 

    C'est du moins ce que je comprends de Daniel 8:14. Je sais que nous avons une mission et si nous détruisons 1844, nous détruisons aussi notre raison d'être. En détruisant la mission de cette église nous devenons une dénomination parmi les autres, ballottée à tout vent de doctrine. Aussi voulons-nous participer à la restauration de l'Église et particulièrement en faveur des jeunes de notre église. Je vous encourage, vous les jeunes, à restaurer l'Évangile puisque ma génération a échoué dans cette mission. Votre génération ne peut pas se permettre d'échouer parce que, durant toute cette période pendant laquelle nous avons tenté de restaurer l'Évangile, le diable, de son côté, n'a pas sommeillé. Il a travaillé en permanence et il le fait encore plus activement.

 

    Nous devons réaliser vraiment ce que dit Daniel 8:14. Il nous faut accepter que c'est là un message particulier pour nous aujourd'hui et je prie pour que, comme Daniel, nous puissions nous agenouiller et dire: "Éternel, nous t'implorons, nous te demandons instamment de restaurer l'Évangile qui a été corrompu par la petite corne; ceci pour que le monde puisse connaître la vérité telle qu'elle est en Jésus-Christ et afin qu'Il puisse revenir comme Il l'a promis".

 

    Jésus a dit dans Matthieu 24:14: "Cette bonne nouvelle du royaume sera prêchée dans le monde entier, pour servir de témoignage à toutes les nations. Alors viendra la fin". Ce mot "témoignage" est un terme légal. Dans un tribunal vous pouvez témoigner pour ou contre quelqu'un. Cette prédication de l'Évangile sera le plus grand témoignage jamais rendu à un monde qui l'aura délibérément rejeté. Quand cette oeuvre de proclamation sera achevée, alors viendra la fin. Que Dieu nous bénisse, afin que nous puissions apporter au monde le message qu'Il nous a confié.

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