RENDU SEMBLABLE A SES FRÈRES

 

D. K. Short

 

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 II

 

Pourquoi les Adventistes devraient-ils être dans la confusion?

 

 

Des années avant la naissance d'une église adventiste du Septième Jour, alors que les premiers croyants cherchaient assidûment à comprendre pourquoi Jésus n'était pas revenu en 1844, ils n'étaient pas dans la confusion au sujet de Sa nature. Ellen White dépeint leurs sentiments: "Après le grand désappointement… la vérité se découvrit point par point, et s'entrelaça avec leurs souvenirs et sentiments les plus saints. Les chercheurs de vérité sentaient que l'identification de Christ avec leur nature et leur intérêt étaient complète". (2MC 109, 110).

 

Quelques années plus tard, en 1859, la messagère du Seigneur exprima cette théologie aux premiers croyants en expliquant le plan du salut: "Jésus (dit aux anges) qu'Il devrait prendre la nature humaine et que Sa force ne serait pas même égale à la leur… (Satan) dit à ses anges que lorsque Jésus prendrait la nature de l'homme déchu, il pourrait Le vaincre et faire obstacle à l'accomplissement du plan du salut". (Spiritual Gifts, vol. 1, p. 25, 27).

 

Les premiers croyants étaient capables de comprendre que Christ avait pris une nature déchue comme celle de Son peuple. Ellen White l'a prêché et publié tout au long de ce siècle sans l'ombre d'une variation. Jamais elle n'a laissé entendre que Christ serait venu en ce monde avec la nature d'Adam avant la chute. De nombreux travaux ont été mis à la disposition de l'Église dans diverses publications par des érudits et des amateurs passionnés. Les preuves sont massives et convaincantes. (Quelques exemples: Albert H. Olesen, Think Straight About the Incarnation, document privé, n.d.; pp. 176; Arthur Leroy Moore, Theology in Crisis, Life Seminars, Inc., pp. 443; Ralph Larson, The Word Was Made Flesh, The Cherrystone Press, pp. 365; Ellen White: 1MC 289-340; Jésus-Christ…; etc…).

 

Aucun jury ne pourrait manquer de percevoir le message dans les passages suivants, qui ne sont qu'une partie de l'ensemble:

 

"Étant l'un de nous, Il devait donner un exemple d'obéissance. A cet effet, Il assuma notre nature et vécut nos propres expériences. "En toutes choses Il a dû être rendu semblable à Ses frères" (Héb. 2:17). Si nous avions à endurer quelque chose que Jésus n'a pas enduré, alors sur ce point-là Satan montrerait que la puissance de Dieu ne nous suffit pas. C'est pourquoi Jésus fut "en toutes choses tenté comme nous" (Héb. 4:15). Il connut toutes les épreuves auxquelles nous sommes sujets. Et Il ne se servit à Son profit d'aucun pouvoir qui ne nous soit offert en abondance. En tant qu'homme Il connut la tentation, et Il la surmonta par la force que Dieu Lui donna … Sa vie témoigne qu'il nous est possible, à nous aussi, d'obéir à la loi de Dieu".

 

"Cela eût été, pour le Fils de Dieu, une humiliation presque infinie de prendre la nature humaine, même lorsque Adam était en Éden, innocent. Mais Jésus accepta l'humanité alors que la race avait été affaiblie par quatre mille ans de péché. Comme tout enfant d'Adam, Il se soumit aux conséquences du fonctionnement de la grande loi de l'hérédité. Ce que sont ces conséquences, l'histoire de Ses ancêtres terrestres le montre. C'est avec une telle hérédité qu'Il vint partager nos douleurs et nos tentations, et nous donner l'exemple d'une vie sans péché…"

 

"(Dieu) permit qu'Il affrontât les périls de la vie comme toute âme humaine, qu'Il livrât bataille comme doit le faire tout enfant de l'humanité, au risque d'une défaite et d'une perdition éternelle". (Ellen White, Jésus-Christ, p. 15, 33-34).

 

Ce sont là simplement des échos raisonnables de l'Écriture, et ils ne sont pas uniques dans le monde théologique. Les textes bibliques, en Anglais et en Grec, ne laissent subsister aucun doute lorsqu'on est attentif à ce qu'ils disent: "Ce n'est certes pas des anges qu'Il se charge, mais c'est de la descendance d'Abraham qu'Il se charge. En conséquence, Il a dû devenir en tout semblable à Ses frères" (Héb. 2:16-17). "Il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché" (Héb. 4:15); "Dieu a condamné le péché dans la chair en envoyant, à cause du péché, Son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché, et cela afin que la justice de la loi fût accomplie en nous" (Rom. 9:3-4); "Dieu a envoyé Son Fils, né d'une femme, né sous la loi" (Gal. 4:4).

 

Avec ces quelques preuves, tirées du vaste ensemble dont nous disposons, aucun tribunal ne pourrait émettre un verdict faussé, équivoque, au sujet de la nature de Christ. L'Écriture affirme qu'Il est "né d'une femme", né de la même manière que toute l'humanité. Il était "la postérité d'Abraham", de la même lignée qu'Isaac et Jacob. Un tel Enfant ne peut être autre qu'un membre de l'espèce humaine, sans tergiversations, exception ou exemption. En tant que membre de l'espèce humaine, Il a dû vivre selon ce qu'atteste l'Écriture, c'est-à-dire "tenté comme nous le sommes". Aucun être humain n'a besoin d'une formation particulière pour savoir comment naissent les tentations. Jésus a connu les mêmes.  

 

Ce que l'on sait de l'histoire de bien des personnages de la lignée de Jésus confirme que, dans Sa famille, on trouvait toutes les nuances d'une hérédité déchue.

 

Le teste cité plus haut dit catégoriquement: "Jésus accepta l'humanité alors que la race avait été affaiblie par quatre mille ans de péché. Comme tout enfant d'Adam, Il se soumit aux conséquences du fonctionnement de la grande loi de l'hérédité. Ce que sont ces conséquences, l'histoire de Ses ancêtres terrestre le montre".

 

La portée de cette loi de l'hérédité est exposée dans les dix commandements: "Moi, l'Éternel, ton Dieu, Je suis un Dieu jaloux, qui punit l'iniquité des pères sur les enfants jusqu'à la troisième et quatrième génération" (Ex. 20:5). En effaçant de son catéchisme le second commandement, l'église de Rome a supprimé cette déclaration, et ouvert la voie à son dogme de l'immaculée conception qui nie la loi biblique de l'hérédité.

 

Paul atteste sans équivoque que Christ est venu "dans une chair semblable à celle du péché" (Rom. 8:3). Ce la ne laisse aucune place à un Sauveur qui éluderait les lois de l'hérédité et viendrait dans la nature sans péché d'Adam avant la chute. La chair de péché est la conséquence de la chute et elle est donc impossible dans une nature antérieure à la chute. L'effort concerté pour persuader l'église du monde entier que semblable signifie en réalité dissemblable produit une anomalie inexplicable. (voir  Adventist Review, 08/02/1990, pp. 8, 9).

 

Lorsqu'un enfant ressemble à l'un de ses parents, soit son père soit sa mère, on ne dit pas qu'il leur est dissemblable en ce sens qu'il serait difficile de savoir qui sont ses parents. Au contraire, l'enfant est semblable à ses parents. Sin nous lisons correctement les Écritures, il n'y aura pas besoin de raisonner subtilement. Nous saurons que semblable signifie pareil, ce qui est beaucoup plus que analogue. Cela signifie "à l'image de".

 

Des théologiens non adventistes comprennent

 

            Des travaux considérables publiés par les Adventistes, ces dernières années, confirment que Christ a pris la nature humaine déchue, et ces travaux ne sont pas isolés. Des intellectuels qui ne connaissent pas les vérités propres aux Adventistes du Septième Jour en sont venus à la même conception. Des siècles avant qu'il y ait un Adventiste, des exégètes proclamaient clairement cette vérité en s'appuyant sur leurs propres découvertes.

 

            Si nous remontons au IIIe siècle, nous voyons qu'il existait déjà  dans l'Église un mépris de la loi, et que l'apostasie dont parlent Paul et Jean avait commencé (2 Thes. 2:3; 1 Jn 2:18). Une frontière séparait le vrai Christ de l'antéchrist, et les défenseurs de l'Évangile devaient entrer en lice.

 

L'un de ces premiers combattant fut Grégoire de Nysse (321?-396?) qui, avec son frère aîné Basile le Grand, combattit l'Arianisme. Grégoire affirme avec force que Christ prit l'humanité en sa totalité et assuma la nature humaine après la chute. Il s'appuie sur le texte de Paul selon lequel Jésus fut "fait péché pour nous". "La parole de l'apôtre atteste qu'Il devint péché pour nous, Lui qui a revêtu notre nature de péché". (Harry Johnson, The Humanity of the Saviour, The Epworth Press, London 1962, p. 130). Sur ce point, sa pensée est nette, mais elle était cependant viciée par l'idée de quelque miracle de conception éliminant les conséquences de la défaillance d'Adam. Cette confusion persiste encore de nos jours, mais Grégoire était certain que le Fils de Dieu avait assumé "la nature déchue". (Johnson, p. 132).

 

Harry Johnson énumère une liste de personnalités connues dans l'histoire qui ont compris que, selon l'Écriture, Christ a prit la nature humaine déchue. Ils ont compris que cette vérité est essentielle à l'efficacité de la rédemption. Il y eut Félix d'Urgel (vers 780) en Espagne; Antoinette Bourignon (née en 1616) en France; Peter Poiret (né en 1646) en Allemagne; Johann Conrad Dippel (né en 1788) en Écosse; Hermann Freidrich Kohlbrugge (né en 1803) en Hollande; Johann Christian Conrad von Hofmann (né en 1810) en Allemagne; Eduard Bohl (né en 1836) en Allemagne; Hermann Bezzel (né en 1961) en Bavière. Au travers des siècles ces exégètes de la Bible s'accordent à dire que cela était essentiel pour le plan de la rédemption. La portée de cette affirmation est claire si nous comprenons que Christ n'aurait pas pu mourir s'Il n'avait pris la chair et la nature de  l'humanité après la chute.

 

Les penseurs et les érudits des siècles passés ne sont pas isolés. Des hommes de notre temps de la fin ont également vu l'importance de cette vérité. Karl  Barth, théologien protestant Suisse joue un rôle important dans la clarification de cette question. Au sujet de la nature humaine de Christ relativement à la chute, il dit: "Il est un homme comme nous… pareil à nous dans l'état de la condition où nous a mis notre désobéissance" (Johnson, p. 167, citant Church Dogmatics, vol. 1, p. 151).  Comme les autres érudits mentionnés, Barth affirme que Christ n'a pas péché bien qu'Il ait pris notre nature. Il dit:

 

"Il n'était pas un pécheur, mais intérieurement et extérieurement, Sa situation était celle d'un pécheur…

 

"Il importe de ne pas affaiblir ni obscurcir la vérité salvatrice que la nature assumée par Dieu en Christ est identiquement notre propre nature telle que nous la voyons à la lumière de la chute. S'il en était autrement, comment Christ pourrait-Il être réellement comme nous? Quel rapport aurions-nous avec Lui?

 

"Par conséquent, dans notre était et condition, Il ne fait pas ce qui conditionne et produit cet état et cette condition, ou ce que nous, dans cet état et cette condition, nous faisons sans cesse. Notre existence humaine non sanctifiée, assumée et adoptée par le Verbe de Dieu, est une existence humaine non sanctifiée, le Verbe éternel s'approche de nous. En sanctifiant notre existence humaine non sanctifiée Il se fait au plus haut degré et salutairement proche de nous…

 

"Jésus n'a pas fui l'état et la situation de l'homme déchu, au contraire Il les a pris, les a vécus et supportés Lui-même en tant que Fils éternel de Dieu. Comment l'aurait-Il pu si, dans Son existence humaine, Il n'avait pas été exposé à de véritables tentations et épreuves intérieures, si, comme les autres hommes, Il n'avait pas suivi un cheminement intérieur, s'Il n'avait crié vers Dieu, s'Il n'avait prié avec ferveur dans une véritable détresse intérieure? C'est dans cette supplication, où Il était au plus haut degré solidaire de nous, que fut faite ce que nous ne faisons pas, la volonté de Dieu." (Johnson, pp. 168-169, citant Church Dogmatics, vol. 1, p. 151).

 

L'intuition profonde de Barth le rend très proche de l'histoire Adventiste, sa théologie montre Christ proche de nous. Mais, il n'est pas un cas unique. Il y a d'autres théologiens modernes qui ont la même compréhension des Écritures. L'un d'eux J.A.T. Robinson, dit:

 

"Le premier acte, dans le drame de la rédemption, est l'identification volontaire à l'extrême quoique sans péché, du Fils de Dieu avec le corps de chair dans son état déchu. Il est nécessaire d'insister sur ces termes parce que la théologie chrétienne a manifesté une extraordinaire répugnance à prendre au pied de la lettre les phrases audacieuses, presque barbares, dont Paul se sert pour convaincre du scandale de l'Évangile". (Johnson, p. 104, citant The Body, p. 37).

           

Harry Johnson indique que cette conception de la nature de Christ ne fait pas de doute dans les écrits de Paul. Il ajoute qu'elle n'a pas souvent été acceptée, plus par suite des préjugés doctrinaux qu'à partir d'un "exposé biblique valable". (Johnson, p. 105).

 

Au travers des siècles, ces chercheurs ont affirmé que l'Évangile requiert un Christ qui ait pris la nature humaine déchue. L'un de ces premiers théologiens déjà mentionné est Félix d'Urgel, qui vécut en Espagne aux alentours de 780. Son interprétation amplifie la pensée Adventiste. Il déclara qu'il n'y avait possibilité de rédemption que si Christ avait pris une nature telle que la nôtre. "Félix pensait que, pour que l'expiation soit réelle, valide, et non un simulacre, Christ devait avoir assumé la même nature humaine que celle de toute l'humanité". (Johnson, p. 135). Il enseignait que cette nature humaine possédait la totalité des attributs de l'humanité. Pour que la rédemption ait réellement lieu, il fallait que Christ prît la nature qui avait besoin d'être rachetée.

 

Aujourd'hui où les femmes occupent des postes de plus en plus importants, il est intéressant de remarquer Antoinette Bourignon. En France, dans les premières années du XVIIe siècle, elle se fit connaître en proclamant la nature déchue de Christ. Jeune fille, elle avait voulu entrer dans un couvent catholique romain, mais ne l'avait pu faute d'argent. Après quoi elle se détourna du papisme et devint un chef religieux de sa propre initiative. Sa réflexion la convainquit que "s'Il n'avait pas plu à Jésus-Christ d'assumer notre volonté corrompue, Il n'aurait pu souffrir; en effet dans ce cas, toutes les souffrances Lui auraient été insensibles". (Johnson, p. 138, citant Antoinette Bourignon, An Admirable Treatise of Solid Vertue, p. 80). Elle considérait que cette doctrine était importante pour la rédemption et permettait à Jésus de lancer cet appel: "soyez Mes disciples".

 

A l'époque des pionniers adventistes, il y eut Thomas Erskine. Cet avocat écossais qui se tourna plus tard vers la théologie écrivit plusieurs ouvrages pour soutenir le véritable Évangile. La formation de juriste lui permit de parvenir à une interprétation claire de l'Écriture concernant la nature de Christ, et, en 1831, il publia The Brazen Serpent pour soutenir sa thèse. Il assura ses lecteurs que si Christ n'avait pas pris notre nature déchue, "Il n'aurait pu connaître la mort pour tous les hommes et Sa résurrection n'aurait pas entraîné nécessairement avec elle celle de tous les autres hommes". (Johnson, p. 157, citant The Brazen Serpent, pp. 43, 44).

 

D'autres intellectuels portent le même témoignage. A une époque plus récente des auteurs tels que T.F. Torrance, Nels F.S. Ferre, C.E.B. Cranfield, Harold Roberts et Lesslie Newbigin ont écrit des livres présentant Christ comme un Sauveur qui a assumé notre nature de péché mais a vécu une vie humaine sans péché. a partir de leur étude des Écritures, ces exégètes pensent que Jésus a vécu une vie d'homme a été sujet aux tentations violentes de pécher auxquelles nous avons à faire face. Leur langage montre clairement que, dans cette condition humaine, environné par le péché, Il a eu une vie parfaitement innocente, et que c'est de l'intérieur du territoire de l'ennemi qu'Il a affronté et vaincu le péché dans notre nature.

Nous ne voulons nullement suggérer par là que la théologie de ces exégètes équivaut à la pure doctrine des Adventistes du Septième Jour. Sans une intelligence de la vérité du sanctuaire on ne peut ajuster toutes les données théologiques en un temple parfait de la vérité. Néanmoins, des chercheurs qui ignorent tout des enseignements adventistes sont parvenus, par leur étude des Écritures, à une conclusion qui s'accorde avec ce que le message de 1888 a enseigné dans les cent dernières années concernant la nature humaine du Christ.

 

On pourrait trouver de nombreux intellectuels qui soutiennent cette interprétation. On pourrait fournir un nombre indéfini de références en accord avec les Écritures, et toutes confirment l'enseignement adventiste de 1888 disant que Christ a assumé la nature humaine déchue. Mais cela ne suffirait pas au jour du jugement, cela ne déciderait pas de l'issue du conflit que le péché a apporté dans l'univers. Il y a bien plus à comprendre en ce temps de la fin.

 

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