NE RECEVEZ PAS EN VAIN LA GRÂCE DE DIEU

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A.T. Jones 

Tout croyant peut-il avoir assez de grâce pour le préserver du péché? Oui! En vérité toute homme dans le monde peut en avoir assez pour le préserver du péché. Il en est donné assez et c'est pour cela qu'elle est donnée. Si quelqu'un ne l'a pas, ce n'est pas qu'il n'en ait pas été donné assez, mais c'est qu'il n'a pas accepté ce qui lui était donné, car "à chacun de nous la grâce a été donnée selon la mesure du don de Christ" (Éph. 4:7). La mesure du don de Christ, c'est Lui-même tout entier et c'est la mesure de toute la plénitude de la divinité. A la plénitude de la Divinité, il n'y a, en vérité, aucune mesure; elle est sans limite, c'est tout simplement l'infini de Dieu. Et pourtant, c'est l'unique mesure de la grâce qui est donnée à chacun d'entre nous. La mesure illimitée de la grâce donnée à tout homme qui est dans ce monde. Car "là où le péché a abondé, la grâce a surabondé". Cette grâce est donnée, "afin que, comme le péché a régné par la mort, ainsi la grâce régnât par la justice pour la vie éternelle, par Jésus-Christ notre Seigneur" (Rom. 5:20-21), et afin que le péché n'ait point de pouvoir sur vous, puisque vous êtes sous la grâce. 

Elle est donnée aussi "pour le perfectionnement des saints" (Éph. 4:12). Son objectif est d'amener chacun à la perfection en Christ, aussi à la perfection qui est pleinement conforme aux exigences de Dieu; car elle est donnée pour l'édification du Christ, "jusqu'à ce que nous soyons tous parvenus à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l'état d'homme fait, à la mesure de la stature parfaite de Christ". Elle est donnée à chacun d'entre nous, jusqu'à ce que nous soyons tous parvenus à la perfection, à la mesure même de la stature parfaite de Christ. En outre, cette grâce est donnée à chacun là où le péché abonde et elle apporte le salut à tous ceux à qui elle est donnée. Comme c'est par elle-même qu'elle apporte le salut, la mesure du salut qu'elle apporte à chacun est seulement la mesure de sa propre plénitude, qui n'est rien d'autre que la mesure de la plénitude de la Divinité. 

Puisqu'une grâce sans limite est donnée à chacun et qu'elle apporte le salut à la mesure de sa propre plénitude, alors si quelqu'un n'obtient pas un salut sans limite, d'où cela vient-il? Manifestement ce ne peut être que parce qu'il refuse de recevoir ce qui est offert. 

Puisqu'une grâce sans limite est donné à chacun, pour qu'elle domine en lui sur toutes les puissances du péché aussi sûrement qu'a dominé le péché et afin que le péché n'ait plus d'empire, si alors le péché règne encore sur quelqu'un, si le péché exerce son empire sur quelqu'un, où est la faille? Il est clair qu'elle réside seulement en ceci: qu'il ne laisse pas la grâce faire pour lui et en lui ce pour quoi elle lui est donnée. Par manque de foi, il contrecarre la grâce de Dieu. En ce qui le concerne, la grâce a été donnée en vain. 

Mais tout croyant, par sa profession même, atteste qu'il a reçu la grâce de Dieu. Si, alors, dans ce croyant, la grâce ne règne pas à la place du péché, il est bien clair qu'il reçoit la grâce de Dieu en vain. Si la grâce ne fait pas progresser le croyant vers l'état d'homme fait à la mesure de la stature parfaite du Christ, alors il reçoit la grâce de Dieu en vain. C'est pourquoi l'Écriture nous exhorte ainsi: Puisque nous travaillons avec Dieu, nous vous exhortons à ne pas recevoir la grâce de Dieu en vain" (2 Cor. 6:1). 

La grâce de Dieu est pleinement apte à accomplir ce pour quoi elle est donnée, si seulement on la laisse agir. Nous avons vu que la grâce étant entièrement de Dieu, la puissance de la grâce n'est rien d'autre que la puissance de Dieu. Il est donc bien évident que la puissance de Dieu est abondamment capable d'accomplir tout ce pour quoi elle est donnée –le salut de l'âme, la délivrance du péché et de son pouvoir, le règne de la justice dans la vie et le perfectionnement du croyant jusqu'à la mesure de la stature parfaite de Christ –si seulement elle pénètre dans le cœur et la vie pour œuvrer selon la volonté de Dieu. Mais la puissance de Dieu est pour le salut de tout homme qui croit. Le manque de foi contrecarre la grâce de Dieu. Beaucoup croient et reçoivent la grâce de Dieu pour la délivrance des péchés passés, mais ils s'en contentent et ils ne lui accordent pas la même place dans leur âme pour dominer sur le pouvoir du péché présent qu'ils lui en accordent pour les libérer des péchés passés. Cela aussi n'est qu'un autre aspect du manque de foi. Ainsi, pour ce qui est du grand dessein final de la grâce, le perfectionnement de la vie à la ressemblance de Christ –c'est pratiquement en vain qu'ils reçoivent la grâce de Dieu. 

"Puisque nous travaillons avec Dieu, nous vous exhortons à ne pas recevoir la grâce en vain" (2 Cor. 6:1-3). Car il est dit: au temps favorable Je t'ai exaucé, au jour du salut Je t'ai secouru; voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut. Nous ne donnons aucun sujet de scandale en quoi que ce soit, afin que le ministère ne soit pas un objet de blâme. Ce terme de ministère ne se réfère pas seulement au ministère ordonné de la chaire; il englobe tout homme qui reçoit la grâce de Dieu, ou qui a invoqué le nom de Christ. Car, "de même que tout homme a reçu le don, de même donnez-le les uns aux autres comme de bons dispensateurs de la grâce multiforme de Dieu" (1 Pier. 4:10). Il ne veut pas que personne reçoive la grâce de Dieu en vain, de peur que cette grâce et son opération sainte ne soient un sujet de scandale et que par là les hommes soient plus longtemps empêchés de s'y abandonner. Il en veut pas que Sa grâce soit reçue en vain, car lorsqu'elle l'est, le scandale apparaît en bien des choses et le ministère de la grâce lui-même est blâmé. Mais lorsque la grâce de Dieu n'est pas reçue en vain, qu'on lui fait la place qui lui revient, il n'y a nul scandale, en quoi que ce soit et non seulement le ministère ne sera pas l'objet de blâme, mais de bénédictions. 

Et maintenant, pour montrer combien le règne de la grâce est entier et pénètre tout dans une vie où elle n'est pas reçue en vain, le Seigneur a dressé cette liste; elle embrasse toutes choses et par elles nous nous rendons recommandables à Dieu. 

"Nous nous rendons à tous égards recommandables envers Dieu, par beaucoup de patience, dans les rétributions, dans les calamités, dans les détresses, sous les coups, dans les prisons, dans les séditions, dans les travaux, dans les veilles, dans les jeûnes, par la pureté, par la connaissance, par la longanimité, par la bonté, par un esprit saint, par une charité sincère, par la parole de vérité, par la puissance de Dieu, par les armes offensives et défensives de la justice, au milieu de la gloire et de l'ignominie, au milieu de la mauvaise et de la bonne réputation; étant regardés comme imposteurs, quoique véridiques; comme inconnus quoique connus; comme mourants et voici nous vivons; comme châtiés, quoique non mis à mort; comme attristés et nous sommes toujours joyeux; comme pauvres et nous et nous en enrichissons plusieurs; comme n'ayant rien, et nous possédons toutes choses" (2 Cor. 6:4-10). 

Cette énumération couvre la totalité des expériences que peut comporter la vie de n'importe quel croyant en ce monde. Elle montre que là où la grâce de Dieu n'est pas reçue en vain, cette grâce prendra possession et le contrôle de la vie de telle sorte que toute expérience qui entrera dans la vie sera vécue comme une grâce et utilisée pour nous rendre recommandables envers Dieu, et nous perfectionner jusqu'à la mesure de la stature parfaite de Christ. "Puisque nous travaillons avec Dieu, nous vous exhortons à ne pas recevoir la grâce en vain" (2 Cor. 6:1).

RH 22/9/1896

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