L'alliance éternelle: Les promesses de Dieu |
Chapitre 46
LES PROMESSES FAITES A ISRAEL
Les tribus perdues d'Israël
Il existe l'idée populaire, presque universelle, qu'au temps de la captivité babylonienne, dix des douze tribus furent totalement perdues, et seulement deux des tribus purent être convoquées pour retourner en Palestine, après l'accomplissement des soixante-dix ans. Cette idée est si bien enracinée, que presque tous comprennent instantanément l'expression "les dix tribus perdues". Nous ne savons comment cette idée l'emporta, mais il nous suffira d'accepter ce que la Bible dit à ce sujet.
Juda et Israël
Avant tout, il serait bon de signaler une erreur commune quant à "Juda" et "Israël". Quand le royaume fut divisé, après la mort de Salomon, la partie sud, composée par les tribus de Juda et de Benjamin furent connues comme le royaume de Juda, avec pour capitale Jérusalem; tandis que la partie nord, composée par le reste des tribus, devint le royaume d'Israël, avec son centre en Samarie. Ce royaume du nord fut le premier à être conduit en captivité, et les tribus qui le composent sont les soi-disant perdues.
L'erreur consiste à supposer que le mot "Juifs" se limite au peuple du royaume du Sud, c'est-à-dire aux tribus de Juda et Benjamin, et que les "Israélites" représentent seulement les tribus qui composaient le royaume du Nord, les soi-disant perdues. Selon cette spéculation, le peuple généralement connu comme Juif, est celui formé par les tribus de Juda et Benjamin; ainsi, dans l'imagination spéculative de quelques théologiens, le peuple Anglo-Saxon, ou plus particulièrement le peuple qui habite la Grande Bretagne et l'Amérique, est constitué par les Israélites, c'est-à-dire, "les dix tribus perdues" redécouvertes.
Caractère et pas nationalité
Il est facile de découvrir quelle est l'origine de cette théorie. Elle est basée sur l'incompréhension absolue des promesses de l'Évangile. Elle fut inventée dans le but d'investir la race anglo-saxonne comme héritière des promesses faites à Abraham, mais ils ont perdu de vue que ces promesses englobent le monde entier, sans distinction de nationalité, et que "Dieu ne fait point acception de personnes, mais qu'en toute nation celui qui Le craint et qui pratique la justice Lui est agréable" (Act. 10:34 et 35). Si l'homme avait compris qu'un vrai Israélite est celui "dans lequel il n'y a point de fraude" (Jn 1:47), il se serait rendu compte à quel point la supposition selon laquelle les personnes, aussi dépravées et incrédules qu'elles soient, sont israélites simplement parce qu'elles appartiennent à une certaine nation, est insensée. Mais il arrive que l'idée d'une église et d'une religion nationales est fascinante, vu que pour beaucoup l'idée leur semble extrêmement plaisante de pouvoir être sauvés en masse –en marge du caractère de chacun-, au lieu de l'être par la foi et la droiture individuelles.
Distinctions sans fondement biblique
Quelques textes bibliques des Écritures suffiront à démontrer que les termes "Juifs" et "Israélites" s'emploient d'une manière équivalente, et qu'ils s'appliquent indistinctement de la personne elle-même. Par exemple, dans Esther 2:5, nous lisons qu'il "y avait dans Suse, la capitale, un Juif nommé Mardochée, fils de Jaïr, fils de Schimeï, fils de Kis, homme de Benjamin". Mais dans Romains 11:1 nous trouvons cette déclaration de l'apôtre: "Moi aussi je suis Israélite, de la postérité d'Abraham, de la tribu de Benjamin"; et il dit aussi: "Je suis Juif, reprit Paul, de Tarse" (Act. 21:39). Nous avons devant nous un homme de la tribu de Benjamin, Juif (Mardochée), et un autre homme (Paul) de la même tribu, qui se déclare Israélite et en même temps Juif.
Achaz fut un des rois de Juda et régna à Jérusalem (2 R. 16:1 et 2; És. 1:1). Il était descendant de David, et un des ancêtres de Jésus selon la chair (2 R. 16:2; Mat. 1:9). Cependant, dans 2 Chroniques 28:19, en relation avec l'invasion du sud de Juda par les Philistins, nous lisons que "l'Éternel humilia Juda, à cause d'Achaz, roi d'Israël, qui avait jeté le désordre dans Juda et commis des péchés contre l'Éternel".
Quand l'apôtre Paul retourna à Jérusalem après un de ses voyages missionnaires, "les Juifs d'Asie, ayant vu Paul dans le temple, soulevèrent toute la foule, et mirent les mains sur lui, en criant: Hommes Israélites, au secours!" (Act. 21:27 et 28).
Il n'est pas difficile de voir comme c'est logique et naturel, en tenant compte que les douze tribus descendirent d'un homme, Jacob –ou Israël. Le mot "Israël", est donc applicable à toutes et à chacune des tribus; tandis qu'à cause de l'éminence de Juda, le terme "Juif" en vint à s'appliquer à n'importe lequel des enfants d'Israël, peu importe la tribu à laquelle il appartient. En parlant des alliances: "Voici, les jours viennent, dit le Seigneur, où Je ferai avec la maison d'Israël et la maison de Juda une alliance nouvelle" (Héb. 8:8), afin qu'il soit clair que la nouvelle alliance s'applique au peuple dans sa totalité, comme il en fut de l'ancienne.
Nous voyons donc que le mot "Juifs" s'applique avec justice aux mêmes personnes que le mot "Israélites". Maintenant, nous ferions bien de nous rappeler qu'à proprement parler, "le Juif, ce n'est pas celui qui en a les dehors; et la circoncision, ce n'est pas celle qui est visible dans la chair. Mais le Juif, c'est celui qui l'est intérieurement; et la circoncision, c'est celle du cœur, selon l'esprit et non selon la lettre. La louange de ce Juif ne vient pas des hommes, mais de Dieu" (Rom. 2:28 et 29). Le calcul des tribus s'est perdu parmi le peuple appelé juif, mais cela ne fait aucune différence; ils peuvent autant être appelés Israélites que Juifs. Maintenant, aucun de ces deux termes sont strictement applicable à aucun d'eux, excepté s'ils ont la foi authentique en Jésus-Christ; et ces deux mots sont, dans un sens absolument biblique, applicables à tous ceux qui possèdent cette foi, qu'ils soient Anglais, Grecs ou Chinois.
Aucune tribu n'est "perdue"
A propos des "tribus perdues": après la captivité à Babylone, les dix tribus ne furent pas plus perdues que ne le furent celles de Juda et Benjamin. C'est ce que les Écritures disent. Comment quelqu'un peut-il savoir que ces tribus ne disparurent pas de la scène? Pour la simple raison qu'après la captivité, nous trouvons des références à leur sujet; des individus appartenant à ces tribus sont cités par leur nom. De la même manière, nous pouvons savoir que les autres tribus existèrent aussi différenciées avant qu'après la captivité.
Ce n'est pas tout le peuple d'Israël qui fut conduit à Babylone; les plus pauvres et les moins éminents restèrent dans leur terre. Mais la majorité de toutes les tribus fut emmenée, et à la fin des soixante-dix ans, lors de la proclamation royale, la permission du retour fut d'un caractère universel, comme nous pouvons facilement le voir:
"La première année de Cyrus, roi de Perse, afin que s'accomplît la parole de l'Éternel prononcée par la bouche de Jérémie, l'Éternel réveilla l'esprit de Cyrus, roi de Perse, qui fit faire de vive voix et par écrit cette publication dans tout son royaume: Ainsi parle Cyrus, roi des Perses: L'Éternel, le Dieu des cieux, m'a donné tous les royaumes de la terre, et Il m'a commandé de Lui bâtir une maison à Jérusalem en Juda. Qui d'entre vous est de Son peuple? Que son Dieu soit avec lui, et qu'il monte à Jérusalem en Juda et bâtisse la maison de l'Éternel, le Dieu d'Israël! C'est le Dieu qui est à Jérusalem" (Esd. 1:1-3).
L'autorisation à retourner était illimitée, cependant, parmi les tribus, tous n'en profitèrent pas. Cependant, toutes les tribus étaient représentées. Ceci ne veut pas dire que ceux qui restèrent furent nécessairement perdus. On ne peut pas dire qu'une famille soit "perdue", parce qu'elle habite dans un pays étranger. Plus tard, Artaxerxés écrivit à Esdras: "J'ai donné ordre de laisser aller tous ceux du peuple d'Israël, de ses sacrificateurs et de ses Lévites, qui se trouvent dans mon royaume, et qui sont dispersés à partir avec toi pour Jérusalem" (Esd. 7:13).
"Tout Israël" représenté
Nous lisons, qu'immédiatement après le décret de Cyrus, "les chefs de famille de Juda et de Benjamin, les sacrificateurs et les Lévites, tous ceux dont Dieu réveilla l'esprit, se levèrent pour aller bâtir la maison de l'Éternel à Jérusalem" (Esd. 1:5). Nous savons que les services du temples furent rétablis, et que personne, excepté les Lévites, ne pouvait officier. Nous lisons dans Esdras 3:10-12, que lorsque les fondations du temple furent posées, "on fit assister les sacrificateurs en costume, avec les trompettes, et les Lévites, fils d'Asaph, avec les cymbales, afin qu'ils célébrassent l'Éternel". Même après la résurrection et l'ascension de Christ, nous lisons au sujet de Barnabas: "Lévite, originaire de Chypre" (Act. 4:36).
Dans Luc 2:36-38 nous lisons que "Anne, fille de Phanuel, de la tribu d'Aser", reconnut le Seigneur dans l'enfant Jésus, "et elle parlait de Jésus à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem". Nous avons là des représentants, de deux des dix tribus supposées avoir disparu mystérieusement, nommés par leur nom, et habitant Jérusalem. Il est certainement impossible de qualifier une chose de "perdue", quand on sait exactement où elle est!
Les autres tribus ne sont pas spécifiquement nommées, cependant, nous lisons dans Esdras 2:70: "Les sacrificateurs et les Lévites, les gens du peuple, les chantres, les portiers et les Néthiniens s'établirent dans leurs villes. Tout Israël habita dans ses villes".
Quand l'apôtre Paul fut conduit au tribunal du roi Agrippa, il dit: "Et maintenant, je suis mis en jugement parce que j'espère l'accomplissement de la promesse que Dieu a faite à nos pères, et à laquelle aspirent nos douze tribus, qui servent Dieu continuellement nuit et jour" (Act. 26:6 et 7). Nous voyons ici qu'aux jours de Paul les douze tribus existaient, et elles attendaient l'accomplissement de la promesse que Dieu avait faite à leurs pères.
De plus, l'apôtre Jacques adressa son épître "aux douze tribus qui sont dans la dispersion" (Jacq. 1:1).
Nous disposons de plus d'évidences, qu'aucune tribu d'Israël ne se perdit, plutôt qu'une autre. Aujourd'hui, toute distinction tribale est effacée et aucun Juif ne peut dire à laquelle des douze tribus il appartient, de manière que dans ce sens, ce ne sont pas dix mais toutes les tribus qui se sont perdues, bien que toutes soient représentées dans le peuple Juif dispersé sur la terre. Cependant, Dieu tient les comptes et dans le monde à venir Il placera chacun à la place qui lui revient, vu que la ville qu'Abraham attendait, la capitale de l'héritage qui lui fut promise ainsi qu'à sa descendance; la Nouvelle Jérusalem, a douze portes, sur lesquelles il y avait "des noms écrits, ceux des douze tribus des fils d'Israël" (Apoc. 21:12).
Qui le Seigneur considère-t-il comme Israélite?
Les derniers deux textes suggèrent autre chose: La distribution par tribus que Dieu fait, n'est pas celle que les hommes font. "L'homme regarde à ce qui frappe les yeux, mais l'Éternel regarde au cœur" (1 Sam. 16:7), et "le Juif, ce n'est pas celui qui en a les dehors… mais le Juif, c'est celui qui l'est intérieurement; et la circoncision, c'est celle du cœur" (Rom. 2:28 et 29). Tous ceux qui seront sauvés entreront "par les portes dans la ville", mais chacune de ces portes reçoit le nom de l'une des douze tribus, montrant ainsi que ce sont les sauvés qui composent ces douze tribus d'Israël. C'est aussi évident par le fait que "Israël" signifie vainqueur. L'épître de Jacques est adressée aux douze tribus; cependant, il n'y a pas un seul chrétien qui ne sache pas que l'instruction et les promesses de cette épître lui sont destinés.
Ceci nous conduit au fait qu'en réalité, toutes les tribus sont perdues "car tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu" (Rom. 3:23). "Nous étions tous errants comme des brebis, chacun suivait sa propre voie; et l'Éternel a fait retomber sur Lui l'iniquité de nous tous" (És. 53:6); aussi, quand le Seigneur Jésus vint, il dit: "Le Fils de l'homme est venu chercher et sauver ce qui était perdu" (Luc 19:10). Il déclara avoir été envoyé "aux brebis perdues de la maison d'Israël" (Mat. 15:24), au moment précis où Il se disposait à accorder une bénédiction à une femme cananéenne pauvre et désespérée, descendante de ces païens qui habitaient la terre avant l'époque de Josué.
Nous avons enfin retrouvé les tribus perdues d'Israël. Non seulement dix d'entre elles furent perdues, mais chacune d'elles; elles furent si totalement perdues, que leur unique espérance de salut se trouve dans la mort et la résurrection de Christ. C'est dans cette condition que nous nous trouvons, aussi nous pouvons lire avec plaisir ce qui nous appartient: les promesses se référant à la réunion d'Israël, qui sera notre prochain thème d'étude et dernier chapitre.