La séparation  tragique de Dieu d'avec Son peuple

Ézéchiel a ressenti la douleur de Dieu

G. L. Finneman

(catalogue)

Pour la plupart d'entre nous, les prophéties d'Ézéchiel sont moins bien comprises que celles de Daniel ou de l'Apocalypse. Nous devons considérer à quel point elles sont la "vérité présente" pour notre époque.

Ézéchiel, le prophète captif à Babylone, a été très choqué par les visions divines concernant la condition spirituelle de son peuple à Jérusalem. Ce qu'il a vu pourrait également s'appliquer à nos jours.

Des captifs exilés s'accrochaient à de vaines rumeurs provenant de faux prophètes qui prédisaient le prochain retour des Juifs à Jérusalem. Mais cela ne devait pas se passer de cette manière. Dans Sa miséricorde, Dieu envoya des messages à Son peuple: Ne vous rebellez pas contre les Babyloniens! Si le roi Sédécias, chez lui en Juda, était resté fidèle à la promesse qu'il avait faite à Nébucadnetsar, la bonne nouvelle de la grâce de Dieu aurait été répandue rapidement à travers Babylone et se serait diffusée dans le monde entier.

A Jérusalem, les dirigeants se sont rebellés contre leur Seigneur. Ézéchiel chapitre 8 décrit combien l'apostasie des prêtres et des sacrificateurs était horrible à l'intérieur du lieu saint du temple. Ces abominations étaient pratiquées sous l'apparence de la religion. Mais le peuple ne se rendait pas compte à quel point il s'était égaré.

Par conséquent, le Seigneur donna des informations à Ézéchiel au sujet d'un "jugement investigatif" qui commencerait par "la maison du Seigneur", par les prêtres, et qui continuerait ensuite avec le reste des habitants de Jérusalem et de Juda (voir Éz. 9:1-6). Ils ont ressenti une profonde indignation qui n'allait pas tarder à s'exprimer parmi eux, à cause de la protection de Dieu qui se retirait. La colère allait se déchaîner par l'agitation des forces armées babyloniennes.

Mais un certain groupe devait être épargné des terribles jugements qui arrivaient. Six messagers, passant presque inaperçus, furent envoyés pour annoncer la nouvelle du malheur qui allait survenir. Mais un autre messager, un "rédacteur", fut désigné pour aller d'abord dans la ville pour y effectuer sa tâche particulière. Le résultat de son inspection allait déterminer du sort de chacun. Ici nous voyons que Dieu est peu disposé à exécuter Son jugement. Dans Sa miséricorde, Il veut d'abord espérer qu'au moins une personne et d'autres par la suite, répondront à Son appel désespéré à la repentance. Et au milieu des destructeurs, un Médiateur est encore en train de plaider.

Une profonde indignation divine n'allait pas tarder à s'abattre sur Jérusalem. Les armées de Babylone allaient devenir les instruments de Dieu.

Ézéchiel décrit le caractère particulier du "reste" qui doit être scellé. Ils "soupirent et gémissent" dans la détresse, priant et se lamentant à cause de toutes les abominations commises par le peuple de Dieu, et même par ses dirigeants.

Le premier appel que ceux qui composent le "reste" adressent à Dieu est d'abord pour leurs propres imperfections. Ils ne s'octroient pas une couronne de propre justice. Ils connaissent la grâce du pardon de Dieu et ont vécu l'expérience de la justice de Dieu qui ne s'obtient que par la foi. Leur cœur, touché par l'amour agapé du Seigneur, a résisté au péché et à la corruption. C'est avec beaucoup de chagrin qu'ils ont avoué leurs propres iniquités. Et avec un cœur reconnaissant envers l'appel miséricordieux, ils y ont répondu dans la repentance, la confession des péchés et la foi en Dieu. Ayant enlevé la poutre de leurs propres yeux, maintenant, ils peuvent voir la paille qui a provoqué l'aveuglement des autres.

Nous pouvons facilement croire qu'ils se sont largement exprimés contre les abominations d'Israël. Mais en pensant au gouffre dans lequel ils s'étaient enfoncés et dont ils avaient été retirés, aucun mot de condamnation sévère ne s'échappait de leurs lèvres. Après avoir constaté que leurs réprimandes et les efforts qu'ils faisaient pour empêcher la perversité en hauts lieux ainsi que dans les milieux modestes, étaient inutiles, ils se sont écriés comme David: "Mes yeux répandent des torrents d'eaux, parce qu'on n'observe point Ta loi" (Ps. 119:136). Comme David, ils s'étaient inquiétés de l'honneur de Dieu et non pas de leur sécurité personnelle. Et ils avaient prié pour le salut de leurs amis qui s'étaient détournés de Dieu et qui allaient bientôt avoir à faire face au jugement.

Se trouvant dispersé à travers toute la ville, le reste des fidèles a pleuré dans le secret. "L'homme vêtu de lin, et portant une écritoire à la ceinture" a été envoyé pour aller à leur recherche. Dieu lui a demandé de leur faire "une marque sur le front" (Éz. 9:2 et 4). Tant que cette mission n'était pas accomplie, le dernier jugement de colère ne pouvait pas commencer. La tâche de ce messager est semblable à celle de l'ange tenant le sceau de Dieu d'Apocalypse 7.

Ceux qui sont scellés, dans les derniers jours de l'histoire de la terre, sont le reste des "serviteurs de Dieu" qu'Il va différencier par une marque. Il va marquer de Son sceau ceux dont le cœur est en communion avec Lui, ceux dont les soupirs et les gémissements sont écrits dans le livre de vie de l'Agneau. Il va recueillir leurs larmes (Ps. 56:9).

Ezéchiel 9 nous donne la clé qui nous "ouvre la porte" du mystère des 144 000. Ils sont humbles de cœur, pauvres en esprit. Ils ont faim et soif de la foi de Jésus et de Sa justice. Etre en harmonie avec le ciel est leur principal objectif. Ils sont marqués du sceau de Dieu: Son amour agapé inconditionnel, l'amour qui "est patient", qui "est plein de bonté" et qui "n'est point envieux". Cet amour "supporte tout". Croire et espérer en toutes choses ne se réalise pas facilement (1 Cor. 13:4-6).

Dans ce récit d'Ézéchiel, nous découvrons le caractère de Dieu. Parce que c'est un Dieu d'amour, Il a le péché et ses conséquences en horreur, c'est-à-dire la séparation par la mort. Ézéchiel 9 nous révèle le début des événements angoissants qui résultent de la séparation que Dieu fait à contrecœur d'avec Son peuple qui Le méprise et qui L'ignore. Dans ce livre de la Bible, nous découvrons l'une des nombreuses scènes semblables du drame tragique qui se joue sur "le théâtre de la terre", et dont le premier acte commença en Éden pour s'achever par la fermeture du rideau après le dernier acte à la fin de la vie humaine.

Le "rédacteur" envoyé du ciel joue un rôle déterminant. Après s'être dirigé vers l'entrée du temple à Jérusalem, le Seigneur a appelé l'homme "portant une écritoire à la ceinture". Dans la prophétie, nous voyons la Shékinah, la manifestation visible de la présence de Dieu, quitter le lieu très saint du temple: "la gloire du Dieu d'Israël s'éleva du chérubin sur lequel elle était, et se dirigea vers le seuil de la maison" (Éz. 9:3).

Dieu s'éloigne petit à petit de ceux qu'Il aime. Même quand Il est dans l'obligation de partir, Il attend…

Alors qu'Il s'attardait dans Son temple, nous lisons plus loin que la gloire de Dieu n'éclairait pas seulement l'intérieur mais également le parvis. "La gloire de l'Éternel s'éleva de dessus les chérubins, et se dirigea vers le seuil de la maison; la maison fut remplie de la nuée, et le parvis fut rempli de la splendeur de la gloire de l'Éternel" (Éz. 10:4).

Pas à pas, le Dieu des Juifs s'éloigne à contrecœur. Au verset 18, nous voyons la Shékinah se placer au-dessus du trône de Dieu où se trouvent des créatures vivantes. "La gloire de l'Éternel se retira du seuil de la maison, et se plaça sur les chérubins" (Éz. 10:18; voir aussi les vers. 1 et 20).

Le trône de Dieu avec la présence des roues implique la mobilité. Comparons Ézéchiel 10: 9-11 avec Daniel 7:9. "Je regardai, et voici, il y avait quatre roues près des chérubins, une roue près de chaque chérubin; et ces roues avaient l'aspect d'une pierre de chrysolithe. A leur aspect, toutes les quatre roues avaient la même forme; chaque roue paraissait être au milieu d'une autre roue. En cheminant, elles allaient de leurs quatre côtés, et elles ne tournaient point dans leur marche; mais elles allaient dans la direction de la tête, sans se tourner dans leur marche". "Je regardai, pendant qu'on plaçait des trônes. Et l'Ancien des Jours s'assit. Son vêtement était blanc comme la neige, et les cheveux de sa tête étaient comme de la laine pure; Son trône était comme des flammes de feu, et les roues comme un feu ardent". Avec la gloire de Dieu, ce trône des anges s'est déplacé vers la porte de l'orient. "Les chérubins déployèrent leurs ailes, et s'élevèrent de terre sous mes yeux quand ils partirent, accompagnés des roues. Ils s'arrêtèrent à l'entrée de la porte de la maison de l'Éternel vers l'orient; et la gloire du Dieu d'Israël était sur eux, en haut" (Éz. 10:19).

Dieu a hésité longuement avant d'abandonner le lieu très saint! Nous voyons qu'Il est vraiment parti à contrecœur. Il a attendu pour voir si on L'invitait encore à y retourner. Mais aucun des prêtres n'a remarqué Son absence. Ils étaient tout à fait inconscient de Son départ. Leur esprit, complètement absorbé par d'autres choses, ne pensait pas à Celui en qui se trouvait leur unique espérance de vie éternelle.

Le Dieu hésitant d'Israël s'est arrêté à côté de la porte d'orient qui aboutissait au parvis du peuple. Ici, nous voyons Dieu regarder plusieurs fois, pour voir s'Il pouvait encore trouver quelqu'un de suffisamment perspicace et courageux afin de se tenir comme un pilier à l'entrée du temple et le sauvegarder.

Dieu s'éloigne petit à petit de ceux qu'Il aime. Même quand Il est sur le point d'être dans l'obligation de partir, Il attend. Il retournerait volonté en arrière, si seulement Son peuple répondait à Son appel de grâce incessant.

De nouveau, à contrecœur, la Shékinah s'est dirigée avec peine vers le versant ouest du Mont des Oliviers, supervisant le temple et la ville de l'autre côté de la vallée du Cédron. "Les chérubins déployèrent leurs ailes, accompagnés des roues; et la gloire du Dieu d'Israël était sur eux, en haut. La gloire de l'Éternel s'éleva au milieu de la ville, et elle se plaça sur la montagne qui est à l'orient de la ville" (Éz. 11:22, 23). Dieu hésitait. Le cœur meurtri et brisé, Il se lamentait: Ô Israël, comment puis-je t'abandonner?

Sur cette montagne, appelée "la montagne de la perdition" (2 R. 23:13), le peuple avait installé ses idoles comme il l'avait fait dans le temple. Même là, il n'y avait aucune place pour la gloire de Dieu.

Des siècles plus tard, sur cette montagne, Jésus a observé cette même ville et a de nouveau pleuré sur ses habitants. La lutte désespérée de la séparation de Christ, avec Ses mots déchirants d'angoisse, démontre bien la douleur terrible que Dieu a ressentie quand, à l'époque d'Ézéchiel, Il a été dans l'obligation de quitter Son Temple, Sa ville et Son peuple: "Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses poussins sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu! Voici, votre maison vous sera laissée déserte". "Si toi aussi, au moins en ce jour qui t'es donné, tu connaissais les choses qui appartiennent à la paix! Mais maintenant elles sont cachées à tes yeux" (Mat. 23:37, 38; Luc 19:42).

Une fois de plus, la Shékinah hésite et retarde Son départ, espérant éviter la tempête qui approche.

Son départ progressif et lent est significatif. Il révèle que Dieu se sépare de Son peuple avec une tristesse "divine". Cela montre aussi qu'Il ne serait pas parti s'Il n'avait pas été dans l'obligation de le faire. Bien que le Seigneur déteste s'en aller, Il a souvent dû tourner le dos à ceux qu'Il aimait.

Les mots suivants nous donnent des indications supplémentaires: "La sainte Shékinah, en s'éloignant du premier temple, s'est placée sur la montagne qui est à l'orient, comme si elle délaissait à contrecœur la ville choisie" (JC 832). Cela s'adresse à nous aujourd'hui. Ézéchiel 8-11 a davantage été écrit pour nous avertir à l'heure actuelle plutôt que pour ceux de cette époque, quand le prophète a reçu ce message de la part de Dieu. A travers le départ désespéré de Dieu du lieu très saint du temple, nous pouvons observer à quel point Christ aujourd'hui est peu disposé à achever Sa tâche d'intercession en tant que Souverain Sacrificateur dans le lieu très saint du sanctuaire céleste.

La Shékinah persiste et retarde Son départ, espérant éviter la tempête qui approche.

La lutte désespérée de la séparation de Dieu et Son adieu mystérieux vont de nouveau se produire à la fin de l'histoire humaine, quand chaque être vivant aura pris position pour ou contre Lui. Alors, Il prononcera ces paroles déchirantes: "Que celui qui est injuste soit encore injuste, que celui qui est souillé se souille encore…" (Apoc. 22:11).

Mais jusqu'à présent, la miséricorde se prolonge. Nous avons encore l'opportunité de répondre à Dieu, de nous repentir et d'être sauvés en Jésus-Christ. Le Soleil de justice s'attarde à la "tombée de la nuit" sur la terre, dont l'histoire touche à sa fin, et hésite à nous enlever Ses rayons. Nous qui avons dédaigné Ses bénédictions, nous pouvons encore Lui répondre pendant ces derniers instants du "coucher de soleil" et rétablir la paix avec Dieu.

Aujourd'hui, Il nous invite vous et moi à rejeter le péché, à venir à Lui avec nos fardeaux, afin qu'Il puisse nous décharger et nous soulager. Il va nous laver du péché dans sa totalité et préparer notre caractère pour Son royaume. Malgré notre indifférence, notre dureté et notre mépris, Dieu va nous pousser à être reconnaissants de Son amour et de Sa miséricorde. "Dieu fixe de nouveau un jour –aujourd'hui- en disant: "Aujourd'hui, si vous entendez Ma voix, n'endurcissez pas vos cœurs" (Héb. 4:7).

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