"AIE DU ZÈLE ET REPENS-TOI"

 

 

Chapitre 2

 

Jésus ne prononce pas des paroles de louanges

 

Catalogue

 

 

Il semble que nous soyons davantage satisfaits de nous-mêmes que Christ l'est de nous. Mais si Sa vérité blesse, elle guérit également.

 

"Écris à l'ange de l'Église de Laodicée…" (Apoc. 3:14). Pendant des décennies, nous avons supposé que le message s'adressait à l'Église dans son ensemble. Mais curieusement, le message est adressé à la direction. Nous, dirigeants, nous nous sommes souvent trompés en renvoyant le message aux membres laïcs, leur reprochant d'être un frein à l'œuvre finale de Dieu.

 

Si le message est destiné principalement à des individus dans l'Église, nous sommes confrontés à de sérieux problèmes. Des Adventistes meurent depuis presque 150 ans. Dans pratiquement tous ces enterrements, nous avons exprimé l'espoir confiant que les défunts ressusciteront à la première résurrection, ce qui est impossible sans une repentance personnelle et individuelle.

 

Par conséquent, si l'appel du Christ à la repentance est adressé principalement à des individus, il a déjà été largement écouté puisque nous pouvons, avec assurance, supposer que beaucoup de ces saints fidèles se sont repentis en vue de leur mort. Dans ce cas, le message à Laodicée devient, en fait, une lettre morte. Nous ne pouvons alors pas espérer grand-chose pour l'avenir, si ce n'est que la repentance personnelle continue à prévaloir comme elle le fait depuis plus d'un siècle. C'est ainsi que la grande majorité des gens, spécialement les jeunes, considèrent maintenant le message. Bien que chacun de nous doive appliquer individuellement et personnellement tous les conseils contenus dans les messages aux sept églises, cet appel à la repentance concerne, explicitement, plus que des individus. Et quand nous commençons à comprendre à qui il s'adresse, le contenu du message lui-même prend une signification bien plus saisissante.

 

L'appel lancé dans Apocalypse 3:20 ("si quelqu'un entend Ma voix") contient un mot grec très révélateur, tis, dont le sens premier est "un certain homme", et pas seulement "quelqu'un". Par exemple, ce n'était pas seulement "quelqu'un" qui "s'enfuit … tout nu" lors de l'arrestation de Jésus comme le relate Marc 14:51, 52. Dans ce récit, le mot tis est utilisé et est traduit par "un certain jeune homme". Dans le message à Laodicée, le mot tis renvoie de toute évidence à "l'ange" auquel le message est adressé. Indiscutablement, Jésus cite le cantique de Salomon dans Son appel, "Voici, Je me tiens à la porte et Je frappe" (Voir Cantique des Cantiques 5:2). Le "certain être" qui doit écouter est sa bien-aimée, l'Église. Le Seigneur nomme des dirigeants pour servir de modèles, d'exemples. Christ a dit de Lui-même, "et Moi, Je me sanctifie Moi-même pour eux" (Jean 17:19).

 

"Je connais tes œuvres: tu n'es ni froid ni bouillant… Ainsi puisque tu es tiède… Je te vais te vomir de Ma bouche" (Apocalypse 3:16). Nous pourrions en déduire superficiellement que puisque "l'ange" est incontestablement "tiède", automatiquement Christ a tenu Sa promesse et nous a rejetés. Cette supposition est due à certaines traductions de la Bible comme la KJV par exemple. Cette traduction a posé de sérieux problèmes à certains membres d'église sincères et les a poussés à désespérer qu'une église, en tant qu'organisation, soit un jour réellement réconciliée avec le Christ.

 

Mais l'original grec comprend un mot clef, mello, qui signifie "Je suis sur le point de te vomir" (traduction NIV). Cette idée devient claire dans Apocalypse 10:4, où Jean dit qu'il était "sur le point d'écrire" ce que "les sept tonnerres avaient dit"; or il ne l'a pas écrit car "une voix venue du ciel" le lui a interdit. Jésus se tient là, sur le point de nous vomir. Ce qu'Il dit, en réalité, c'est "tu Me donnes tellement la nausée que Je suis sur le point de te vomir."

 

C'est un phénomène humain normal en cas d'extrême dégoût émotionnel. Une femme en ex Allemagne de l'Est a découvert récemment son nom dans les fichiers de la STASI (la police secrète communiste). Elle a découvert, avec horreur, que pendant des années, son mari –qu'elle croyait loyal et fidèle à son égard- avait renseigné secrètement, sur elle, la redoutable milice. Elle eut la réaction involontaire suivante: elle alla à la salle de bain et vomit. Aussi déplaisant cela soit-il, Jésus nous dit que c'est ce qu'Il ressent, non pas à propos de nous-mêmes, mais à propos de la tiédeur que nous chérissons tant. Cela ne veut pas dire qu'Il ne nous aime pas, ou qu'Il ne nous est pas fidèle. (La dame allemande aimait aussi son mari!).

 

 

Pourquoi Jésus éprouve-t-Il cela?

 

Pourquoi ne prononce-t-Il pas de bonnes paroles à notre égard. Est-Il trop sévère? Tout président de compagnie ou de comité, tout officier militaire sait qu'il faut complimenter ses subordonnés pour qu'ils fassent de leur mieux. La direction humaine de l'Église du reste représente certainement ce qu'il y a de mieux sur terre! N'aurait-il pas été judicieux de la part du Christ de dire au moins quelque chose d'agréable à notre sujet, sur notre zèle par exemple, ou sur notre intelligence, ou sur ce que nous avons accompli pendant 150 ans de travail si intense? Mais Il n'en a rien fait.

 

Pour sûr, Il n'essaie pas de nous décourager. Il désire simplement que nous affrontions la réalité afin que nous puissions rectifier le tir et nous préparer pour L'entendre enfin nous dire "c'est bien!" quand Sa louange sera alors fondée.

 

Sa réponse, expliquant pourquoi Il ressent de telles nausées, nous aide à comprendre la réalité de notre situation. Nous ne l'avons pas bien réalisé, mais c'est accablant. La vision suivante d'Apocalypse Le présente comme un "Agneau qui semblait immolé" devant Lequel se prosternaient les 4 êtres vivants et les 24 anciens qui L'adoraient de tout leur cœur et Lui chantaient un hymne dans la plus totale dévotion:

 

"Tu as été immolé et Tu as racheté pour Dieu, par Ton sang, des hommes de toute tribu, de toute langue, de tout peuple et de toute nation; Tu as fait d'eux des rois et des sacrificateurs pour notre Dieu" (Apocalypse 5:6, 9).

 

Tout le Ciel comprend et apprécie ce que cela Lui a coûté, comment Il est descendu dans les parties inférieures de la terre, comment Il a goûté l'équivalent de notre seconde mort pour nous sauver.

 

Ils ressentent quelle est la "largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur" de cet "amour de Christ qui surpasse toute intelligence". Par contre, "l'ange" de l'Église de Laodicée, bénéficiant de la lumière accumulée pendant six mille ans de révélation de la Bonne Nouvelle, n'est pas profondément ému. Alors que nous devrions éprouver le même degré de reconnaissance, nos cœurs –devenus secs et insensibles- sont tièdes. "Vous êtes tièdes", dit Jésus.

 

Il n'est donc pas étonnant que notre profession de foi et notre piété superficielles Lui donnent la nausée. Il a tout donné pour nous! Quand Il compare l'étendue de Son amour qui L'a mené au sacrifice avec la mesquinerie de la réponse de notre cœur, Il est vivement embarrassé face à l'univers qui nous observe. Est-il dur pour nous d'imaginer à quel point cela Lui est pénible?

 

 

Voyons la réalité comme le ciel la voit

 

Maintenant nous nous trouvons au seuil de la crise finale, au moment où notre maturité spirituelle devrait être bien plus grande qu'elle ne l'est. Pourtant, notre indifférence puérile Le fait souffrir. Le fait que Pierre l'ait renié lâchement lors de Son procès est pour Lui plus facile à supporter que notre piété modérée et calculatrice en ce temps de la fin.

 

Arnold Wallenkampt commente, d'une façon incisive, les aspects écœurants de la mentalité des "groupes de pensées" qui étaient si répandus –il y a un siècle et encore aujourd'hui- parmi les dirigeants et les pasteurs Adventistes du Septième Jour:

 

"Ce sont principalement les pasteurs, et non l'ensemble des chrétiens, qui sont responsables du rejet du Message de 1888. Cette surprenante révélation doit être prise très au sérieux par tout pasteur, enseignant ou responsable de l'Église Adventiste du Septième Jour". (Ce que chaque Adventiste devrait savoir au sujet de 1888, p. 90).

 

"Beaucoup de délégués à la Conférence de Minneapolis sont devenus complices du péché consistant à rejeter le message de la justification par la foi, en agissant selon les règles de la dynamique de groupes. Puisque beaucoup de leurs chers et respectés dirigeants rejetaient le message à Minneapolis, ils ont suivi ces responsables en le rejetant également… C'est ce que nous appelons aujourd'hui 'pensée de groupe'".

 

"Ce n'est pas une idée agréable à entendre, mais il n'en est pas moins vrai qu'à la Conférence de Minneapolis, les dirigeants de l'Église Adventiste du Septième Jour ont rejoué le rôle tenu par les chefs juifs à l'époque de Jésus. Pendant le ministère terrestre de Jésus, les Juifs L'approuvaient massivement. Ce furent les chefs juifs qui les poussèrent, plus tard, à demander Sa crucifixion. A la conférence de Minneapolis en 1888, ce furent les frères responsables qui menèrent l'opposition contre le Message" (Idem, p. 45-47).

 

 

Mais en quoi cela nous concerne-t-il aujourd'hui?

 

Jésus ne dit pas que c'est le fait que les Juifs L'ont alors rejeté et crucifié qui Lui donne envie de vomir. Ce qui Le rend malade, c'est que "l'ange" de l'Église, sur la scène de l'Histoire à l'acte final de la grande tragédie, connaissant l'erreur des Juifs, la répète tout en proclamant, haut et fort, aimer Jésus. Nous pouvons comprendre Sa nausée si nous réalisons combien cela est écœurant de voir quelque adulte jouer la comédie comme un enfant.

 

Il écrit que nous disons "je suis riche, je me suis enrichi et je n'ai besoin de rien" (Apocalypse 3:17). Nous ne disons pas cela verbalement, mais Il entend distinctement le langage de notre cœur:

 

"Les lèvres peuvent exprimer une pauvreté d'esprit que le cœur ne reconnaît pas. Tout en parlant à Dieu de pauvreté d'esprit, le cœur peut être enflé de vanité et se vanter du niveau élevé de sa propre humilité et de sa propre justice". (Paraboles, p. 132).

 

Aujourd'hui encore, nous nous faisons des illusions au sujet de notre véritable état face à tout l'univers. Même aux yeux de non-adventistes conciliants, nous offrons un bien triste tableau. Le Grec littéral donne à la phrase un sens encore plus poignant en insérant un petit article ho, qui veut dire celle: "Tu ne sais pas, parmi les sept églises, tu es celle qui est la plus malheureuse, misérable, pauvre, aveugle et nue" (verset 17).

 

Aucun d'entre nous, en tant que simple individu, ne mérite un tel reproche au niveau de toute l'histoire de l'humanité! Christ s'adresse forcément à nous en tant que corps communautaire.

 

 

Il y a de l'espoir pour nous

 

Le Seigneur ne passerait pas le reste du chapitre à nous dire comment réagir s'Il nous avait déjà rejetés de manière définitive. Nous Lui donnons la nausée, mais Il plaide avec nous pour soulager Sa douleur. Ce message à Laodicée est le plus crucial et le plus urgent de toutes les Écritures. Le succès de tout le plan du salut dépend de sa phase finale; et le problème de Laodicée est au cœur de cette situation critique.

 

Jésus dit; "Je te conseille d'acheter de Moi de l'or éprouvé par le feu", (verset 18). En s'adressant au mouvement Adventiste du Septième Jour et en particulier à ses dirigeants, Il nous dit que la première chose dont nous avons besoin, ce n'est pas de faire plus d'œuvres, plus d'activités, d'avoir plus de stratégies et de programmes. Il disait au verset 15, "Je connais tes œuvres". Nos œuvres sont déjà fébrilement intenses. Pierre identifie "l'or éprouvé par le feu" à l'ingrédient essentiel pour croire en l'Évangile –la loi même, qui précède toujours toute œuvre de véritable justice (1 Pierre 1:7).

 

En d'autres termes, Jésus nous dit que ce dont nous avons premièrement besoin, c'est ce que, depuis longtemps, nous prétendons, avec assurance, déjà posséder- la connaissance et l'expérience de la justification par la foi. Mais ce que nous avons, nous pousse seulement à la tiédeur. C'est la véritable compréhension qui amène "les 4 êtres vivant" à servir, avec autant d'ardeur, "l'Agneau qui était immolé". Ils sont mûs par ce qui constitue le cœur même du message "Christ et Christ crucifié", une motivation qui nous couvre de honte à cause de notre obsession mesquine à vouloir assurer notre propre sécurité éternelle. Le diagnostic de Christ porte un coup à la racine même de ce qui constitue l'orgueil de nos dirigeants.

 

 

La subtilité de notre orgueil spirituel

 

Jusqu'à la publication du livre de Wallenkampf en 1988, la presse de notre dénomination prétendait généralement que nous étions "enrichis" au moment où notre direction avait soi-disant accepté, il y a un siècle, le début du message du Grand Cri.[1] Récemment, nous avons amorcé une soudaine volte-face, et maintenant il est ouvertement reconnu que "nous" n'avons pas accepté ce Message.[2] Cette franchise nouvelle est phénoménale et réconfortante.

 

Mais tout de même, Christ ne nous dit-Il pas maintenant que nous avons encore besoin de cet "or" qui représente la foi véritable? Si. Il dit que, pour pouvoir Le guérir de Ses nausées, nous avons besoin de "l'or" de la foi véritable, et que de plus, nous avons besoin de l'acheter, c'est-à-dire de payer quelque chose en échange.

 

Mais pourquoi ne nous le donne-t-Il pas? Il insiste pour que nous échangions, contre la foi véritable, nos vaines idées sur la justification par la foi qui ont entretenu notre tiédeur. Nous sommes confrontés à une contradiction évidente; en effet, nous déclarons comprendre et prêcher convenablement la justification par la foi, alors que ses propres fruits font si tristement défaut. Ceci est attesté par la tiédeur qui envahit l'Église. Comme la tiédeur est un mélange d'eau froide et d'eau chaude, de même notre problème spirituel est un mélange de légalisme et d'Évangile mal compris.

 

Un bon dîner constitué de nourriture saine est complètement gâché par une toute petite dose d'arsenic. Nous sommes arrivés à un moment de l'histoire du monde où la plus petite dose de légalisme ajoutée à notre Évangile est devenue fatale. La confusion des temps anciens n'est plus acceptable aujourd'hui. La foi dans le pur Évangile (au sens biblique du terme) est parfaitement incompatible avec toute tiédeur. La présence de tiédeur trahit la présence d'un légalisme sous-jacent et subliminal (ce qui est pour nous, dirigeants, dur à reconnaître).

 

Nous avons pensé posséder l'essentiel de ce "très précieux Message". Mais ce que nous avons fait en réalité, c'est copier les idées évangéliques des églises populaires qui n'ont aucune compréhension de la vérité incomparable de la purification du sanctuaire:

 

"Tout comme les Juifs ont crucifié Jésus, ainsi les mouvements religieux ont crucifié ces messages, et n'ont, par conséquent, aucune compréhension du chemin vers le Lieu Très-Saint, et ne peuvent pas bénéficier de l'intercession réalisée à cet endroit par Jésus. Comme les Juifs, qui offraient de vains sacrifices, ainsi ils adressent de vaines prières à l'endroit que Jésus a quitté; et Satan, content de les duper, endosse un habit religieux, et dirige vers lui-même les esprits des chrétiens de nom, en opérant, avec sa puissance, des signes et des miracles mensongers, pour les précipiter dans son piège" (Premiers écrits, p. 261).

 

Ce processus progressif d'absorption s'accélère depuis des décennies. Nous ne pourrons jamais obtenir la foi véritable, dit Jésus, tant que nous ne sommes pas assez humbles et honnêtes pour abandonner, échanger, la contrefaçon et acheter l'authentique.

 

C'est sur ce point que Christ rencontre de la résistance de notre part. Presque invariablement, nous, pasteurs, évangélistes, administrateurs, théologiens, dirigeants, enseignants et ministères indépendants, protestons et déclarons que nous ne souffrons d'aucun manque de discernement.

 

Les "Adventistes historiques" conservateurs ainsi que les archi-libéraux se vantent pareillement de leurs positions antithétiques.

 

La loyauté des groupes de pensées nous pousse à croire que nous comprenons tout et que par conséquent, "nous n'avons besoin de rien". Nous sentant compétents, nous ne pouvons pas "avoir faim et soif de la justification par la foi" puisque nous sommes déjà rassasiés.[3] Nous avons seulement besoin d'une voix plus forte, de procédés plus habiles pour "exploiter" ce que nous avons déjà compris.

 

 

Le cœur du problème

 

Le problème n'est pas de savoir si nous comprenons et prêchons la version populaire de la justification par la foi comme le font les Églises évangéliques qui observent le dimanche. Nous pouvons faire cela pendant mille ans et toujours manquer de délivrer le message exceptionnel que le Seigneur nous a ordonné de transmettre.[4] Dieu ne nous a pas appelés à l'œcuménisme. Plus précisément, qu'avons-nous fait de la très grande lumière qu'Ellen White déclara être "le commencement" du Grand Cri et de la pluie de l'arrière-saison?[5]

 

S'il est vrai que nous proclamons puissamment, depuis des décennies, la justification par la foi, pourquoi n'avons-nous pas mis le monde sens dessus dessous comme les apôtres le firent? Si la véritable justification par la foi est la lumière qui éclairera la terre de sa gloire (Apocalypse 18:1-4), pourquoi n'avons-nous pas éclairé la terre de cette lumière? Et pourquoi perdons-nous un tel pourcentage de notre propre jeunesse en Amérique du Nord?

 

Se pourrait-il que nous fassions effectivement les déclarations orgueilleuses que Christ nous reproche dans Son message à Laodicée? Son diagnostic met en plein dans le mille. La servante du Seigneur a souvent dit que, lorsque nous "achèterons" réellement cette sorte de justification par la foi semblable à de "l'or éprouvé par le feu", notre mission d'évangélisation sera rapidement achevée, tout comme le feu embrasant le chaume.[6] Cela ne s'est toujours pas véritablement produit –étant donné qu'il reste 900 millions de Musulmans et presque un milliard d'hindous, ainsi que maints millions de chrétiens de nom et d'autres qui n'ont pas encore été évangélisés.

 

Ici nous touchons à la plus grande cause de scission parmi les Adventistes du monde entier. Sur ce point, nous sommes obligés de nous positionner soit d'un côté, soit de l'autre. Soit Jésus à tort lorsqu'Il dit que nous sommes "pauvres" et "misérables" alors qu'en fait nous sommes "riches" comme nous le prétendons; ou bien nous sommes en réalité "pauvres" et Il a mis le doigt sur le sujet le plus tabou de la fierté des dirigeants humains. Ses paroles furent, pour les anciens chefs juifs, une pierre d'achoppement et un rocher de scandale; le sont-elles également pour nous?

 

 

Quelque chose d'autre qui n'est pas "gratuit"

 

Christ explicite encore davantage le fait que nous devons abandonner quelque chose, payer quelque chose, en précisant le second achat que nous devons réaliser auprès de Lui – "des vêtements blancs, afin que tu sois vêtu et que la honte de ta nudité ne paraisse pas" (verset 18). S'adressant à l'ange de l'Église, Il rend encore plus claire l'idée que c'est, en tant que dénomination, que nous nous trouvons dans une condition aussi honteuse. Le remède qu'Il nous recommande vivement, implique le principe fondamental de la culpabilité et de la repentance collectives.

 

(a)    Nous ne pouvons pas "acheter" la robe de la justice de Christ pour la porter à 99% ou moins encore; nous en avons besoin à 100%. La justice ne peut, en aucun cas, être innée; elle ne nous appartient pas. Tout ce que nous avons, de par nous-mêmes, n'est qu'injustice. En d'autres termes, si ce n'était par la grâce du Christ, nous ne serions pas meilleurs que tous les autres. Si nous n'avions pas de Sauveur, nous serions complètement "nus". Les péchés des autres seraient également nos péchés, sauf par Sa grâce.

 

(b)   La compréhension de cette vérité jette notre orgueil dans la poussière. Il n'y a aucun moyen pour nous d'obtenir cette robe spéciale de la justice du Christ, à moins que nous prenions d'abord conscience de notre nudité spirituelle et que nous soyons désireux d'échanger nos fausses idées pour avoir en contrepartie la vérité qui seule peut couvrir notre honte.

 

L'impact de Son appel peut sembler excessif. Ne sommes-nous pas une dénomination prospère et respectée, comptant six millions de membres et disposant de grandes institutions? Nous nous prévalons bien d'être l'une des églises ayant le taux de croissance le plus rapide dans le monde, n'est-ce pas? Pourquoi Christ ne nous loue-t-Il pas en conséquence?

 

(c)    Il ne parle pas du tout de nos "hauts faits". Le problème de notre "nudité", c'est le manque de compréhension de l'Évangile lui-même. C'est là où l'accusation pique à vif l'amour-propre de notre dénomination et soulève notre indignation. Si nous pouvons détourner le sens des paroles du Christ en insistant sur le fait qu'Il s'adresse à nous en tant qu'individus seulement, nous pouvons toujours esquiver le coup. Nous pouvons prétendre que c'est quelqu'un d'autre qui est spirituellement "nu" alors que collectivement nous sommes bien habillés. Ce n'est que lorsque nous comprenons que "l'ange" représente la direction de l'Église que nous commençons à nous sentir gênés au plus haut point. Notre sensation agréable d'être, en tant que dénomination, bien vêtus, est brusquement anéantie.

 

(d)   Considérez par exemple la situation critique d'une autre communauté chrétienne –les Mormons. Leurs "vêtements" théologiques reposent sur leur confiance en l'inspiration divine de Joseph Smith et en son ouvrage: le livre des Mormons. Mais il a été prouvé de manière évidente que leur "foi" est fondée sur une énorme supercherie. Eu égard à leur connaissance de ces faits et à leur honnêteté intellectuelle, imaginez leur honte en tant que dénomination!

 

Dans notre cas, le problème ne réside pas dans nos "27 doctrines" ou dans notre histoire. Leur validité globale n'est pas remise en question. Notre nudité communautaire, c'est notre ignorance de la vérité qui seule peut donner un sens à ces 27 croyances, à savoir "le message de la justice du Christ" que le Seigneur a essayé de nous transmettre il y a un siècle. Ce message aurait éclairé la terre entière de sa gloire si nous l'avions reçu:

 

"La justification par la foi en Christ sera rendue manifeste par la transformation du caractère. C'est un signe, pour le monde, de la vérité des doctrines que nous professons" (Ellen G. White 1888 Matériels, p. 1532).  

 

"Un seul intérêt prévaudra, un seul sujet engloutira tous les autres –CHRIST NOTRE JUSTICE." (Review and Herald, supplément du 23 Décembre 1890).

 

Combien de temps encore pourrons-nous continuer en soutenant fièrement que nous ne manquons de rien?

 

Dans le cas des Mormons, en tant que corps collectif, ils ne se soucient probablement pas de leur situation fâcheuse du point de vue théologique et historique car (et nous restons gentils dans nos paroles) ils n'ont pas été éduqués dans la connaissance du message du troisième ange. Ils n'ont pas la prétention de se tenir devant le monde comme ceux qui "gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus." Ils n'ont pas non plus le sens aiguisé du discernement spirituel dont nous sommes imprégnés grâce aux écrits d'Ellen White. Si les Mormon peuvent soutenir socialement et économiquement leur communauté, ils seront vraisemblablement contents, en tant que corps collectif, de continuer sans ce "vêtement blanc" de la justice du Christ qui couvrirait leur honte sur le plan historique et théologique.

 

(e)    Mais nous ne pouvons pas faire de même, car nous possédons une conscience collective vouée par-dessus tout à la Vérité. Cette Église a été fondée uniquement grâce à la puissance de la Parole de vérité. Loué soit le Seigneur! Notre conscience sera inévitablement réveillée par le "témoignage authentique" de Christ, particulièrement en Amérique du Nord, le berceau de l'Adventisme, où notre "nudité" devient de plus en plus manifeste, nous seront tôt ou tard contraints par la réalité à reconnaître ce que dit Christ.

 

(f)    La prise de conscience d'une culpabilité collective et partagée nous délivre du piège consistant à vouloir être plus "saint que l'autre". Aucun de nous ne peut critiquer l'autre. Nous partageons ensemble la faute pour laquelle Jésus nous blâme.

 

 

Quand nous pourrons "voir" notre nudité nous aurons naturellement du discernement

 

Le troisième achat que Jésus nous spécifie, c'est le "collyre afin que tu vois" (Apocalypse 3:18). Le Seigneur nous demande d'oindre nos yeux avec le collyre qu'Il nous propose. Une fois que nous aurons "acheté" "l'or" et les "vêtements blancs", notre vision sera automatiquement rendue nette. Nous commencerons alors à nous voir comme l'univers qui nous entoure nous voit et comme des gens sensés (que nous disons être dans "Babylone") nous voient. Nous comprenons clairement que, dans le message d'Apocalypse 3:18, il ne s'agit pas seulement d'individus et de leurs besoins.

 

Ce qui est en jeu, c'est l'image de l'Église Adventiste du Septième Jour aux yeux de l'histoire du monde actuel. En vertu de notre destinée divine, nous devons laisser un impact beaucoup plus grand sur la pensée des gens. Dans le futur, cet impact ne sera pas nos "œuvres" charitables, domaine dans lequel d'autres nous surpasseront toujours nettement. Ce sera le contenu de Bonnes Nouvelles de notre message. Ce sera une présentation distincte et unique de la justification par la foi, dans un message qui dépassera de loin celui –du même nom- délivré par les églises populaires. Une fois que nous aurons appris à "voir", nous discernerons immédiatement les différences entre ce que nous avons prétendu être la justification par la foi et ce qu'est "en vérité le message du troisième ange" qu'Ellen White a reconnu être implicite dans les véritables concepts du message du Grand Cri.

 

Christ nous donne maintenant le seul commandement direct de Son message: "Moi, Je reprends et Je corrige tous ceux que J'aime. Aie donc du zèle et repens-toi!" (verset 19). Notre nature pécheresse regimbe instinctivement contre ce type d'amour –l'amour qui châtie. Nous ne devons donc pas trouver surprenant que le sérieux appel de Christ à la repentance rencontre du ressentiment de la part de ceux qu'Il aime et de l'opposition de la part de ceux qui n'aiment pas la vérité.

 

Mais Il nous assure qu'Il nous aime de cet amour familial proche et intime (philo, dit-Il) qui légitime la réprimande et la punition et nous permet de les supporter.

 

La vie et le ministère d'Ellen White sont pour nous des exemples. L'Esprit de prophétie ne nous a jamais flattés! "Le Témoignage de Jésus" –son créateur- ne le fait pas non plus.

 

Il y a de solides raisons d'approfondir davantage la signification de ce commandement primordial du Témoin et Véritable- "Repens-toi".

 


 

[1] Exemples: The Fruitage of Spiritual Gifts, de L.H. Christian, 1947¸ Captains of the Host, de A.W. Spalding, 1949; Through Crisis to Victory, de A.V. Olson, 1966; Movement of Destiny, de L.E. Froom, 1971; The Lonely Years, de A.L. White, 1984.

[2] Voir par exemple le numéro de Février 1988 de Ministry; What Every Adventist Should Know About 1888, de Arnold Wallenkampf; From 1888 to Apostasy de George Knight, et Angry Saints du même auteur.

[3] Notez qu'il n'y a qu'une seule sorte de justice qui constitue une bénédiction pour ceux qui soupirent après elle –la justice par la foi (Matthieu 5:6):

[4] Comparez avec Testimonies to Ministers, p. 91, 92.

[5] Voir Review and Herald, 22 Novembre 1892.

[6] Voir Messages choisis, vol. 1, p. 138.

Chapitre 1    Index    Catalogue    Chapitre 3