LA NATURE INFÉRIEURE ET LA NATURE SUPÉRIEURE
La clé pour résoudre le débat adventiste sur la christologie
Kevin D. Paulson (2014)
Certaines personnes ont l’habitude d’évoquer trois déclarations d’Ellen White
pour essayer de démontrer que le Christ dans son humanité n’hérita pas des mêmes
tendances déchues que nous héritons. Dès que l’on comprend ces trois
déclarations à la lumière de deux choses : les Écritures, et l’ensemble des
écrits d’Ellen White, la discussion actuelle sur la nature du Christ est facile
à résoudre.
Voici les trois déclarations :
Faites attention, extrêmement attention, à la manière dont vous vous étendez sur
la nature humaine du Christ. … Il aurait pu pécher ; Il aurait pu tomber, mais
pas un instant, il n’y eut en Lui une mauvaise propension.
(Ellen White, Letter 8, 1895; Seventh
Adventist Bible Commentary, vol. 5, p. 1128, 1129).
Il [Christ] est un frère dans nos infirmités, mais Il ne possédait pas les mêmes
passions. Comme Il ne pécha pas, Sa nature se révoltait contre le mal.
(Testimonies, vol. 2, pp. 201-202 ; voir
Le meilleur chemin, p. 91).
C’était un puissant intercesseur qui n’était pas soumis aux passions de notre
nature humaine déchue, mais qui, partageant
nos infirmités fut tenté en tous
points comme nous le sommes.
(Ibid, p. 509 ; Puissance de la grâce,
p. 168).
D’autres déclarations paraissent enseigner juste le contraire :
Bien qu’Il [Christ] avait toute la force de la passion de l’humanité, Il ne céda
jamais à la tentation de commettre un seul acte qui ne soit pas pur, élevé et
ennoblissant.
(In Heavenly Places, p. 155).
Les paroles du Christ encouragent les parents à amener leurs tout-petits à
Jésus. Ils peuvent s’égarer et posséder les passions de l’humanité. Mais cela ne
devrait pas nous empêcher de les amener au Christ. Il a béni des enfants,
contrôlés par des passions comme les Siennes.
(Signs of the Times, April 9, 1896 ;
Vous recevrez une puissance, p. 137,
traduction revue).
D’un mot Christ aurait pu dominer les pouvoirs de Satan. Mais Il vint dans le
monde afin de pouvoir se soumettre à toute épreuve, à toute provocation
auxquelles les êtres humains peuvent avoir à faire face, sans répondre à la
provocation, ni se venger en parole, en esprit ou en acte.
(Christ Triumphant, p. 260).
Il est évident que les passions décrites dans les trois dernières déclarations
sont des passions pécheresse, passions qui entrainent à l’impureté, la rébellion
et la provocation. Nous lisons que bien
que Christ avait toute la force de la passion humaine, il ne céda jamais à
la tentation de commettre quelque chose d’impur ou d’ignoble. Nous avons lu que
bien que nos enfants soient rebelles et possèdent des passions comme celles qui
sont communes à l’humanité, ceci ne devrait pas nous dissuader de les conduire
au Christ, vu qu’Il bénit les enfants qui avaient ces mêmes passions, passions
qui étaient « comme les Siennes ».
Ces deux collections de déclarations sont-elles contradictoires ? Ou bien
devons-nous approfondir davantage ce que Dieu dit ?
Dieu s’explique Lui-même
Selon le témoignage de la Bible, elle est son propre interprète.
Toute Écriture est inspirée de Dieu (2 Tim. 3 :16), elle est le
produit de saints hommes poussés par le Saint-Esprit (2 Pier. 1 : 20-21). Ce que
l’Esprit inspire doit être compris en le comparant à lui-même (1 Cor. 2 :
12-14).
Selon Ellen White, ses écrits doivent être compris de la même manière :
Les témoignages eux-mêmes serviront de clé pour expliquer les messages, tout
comme un passage de l’Écriture es trouve expliqué par un autre.
(Selected Messages, vol. 1, p. 42;
Messages choisis, vol. 1, p. 47).
Tous les désaccords que les Adventistes ont avec les autres Chrétiens sur la
Bible, -au sujet du Sabbat, de l’état des morts, du salut, le sanctuaire, etc.-
sont dû au fait que ceux-ci ont cessé de suivre leur propre méthode d’étude de
la Bible, comme indiqué ci-dessus. Ou bien la totalité de l’Écriture n’a pas été
prise en considération avant d’en arriver à une conclusion doctrinale, ou bien
on n’a pas permis à la Bible de s’expliquer elle-même.
Les controverses actuelles entre Adventistes sont en grande partie le résultat
de ne pas laisser l’Écriture ou Ellen White s’expliquer elles-mêmes. Aucune
compréhension doctrinale n’est valable, si elle ne parvient pas à démontrer
l’harmonie existence entre toutes les déclarations inspirées. Quand nous
laissons Ellen White s’expliquer elle-même sur ses déclarations sur la nature du
Christ citées antérieurement, leur signification devient claire.
Deux forces dans la nature humaine
Afin de résoudre le conflit apparent entre les déclarations citées au début,
nous devons faire une analyse plus rapprochée de ce que l’Écriture enseigne au
sujet de la structure de la nature humaine.
À Gethsémané, Jésus déclara à Ses disciples : « l'esprit
est bien disposé, mais la chair est faible » (Mat. 26:41). Paul dit : « je
traite durement mon corps et je le tiens assujetti » (1 Cor. 9:27).
Contrairement à ce que certains croient, cela n’a rien à voir avec le dualisme
corps/âme typique de la pensée populaire grecque ou du christianisme populaire,
ni avec ce qui arrive quand la personne meure. Quand les Adventistes du Septième
Jour enseignent un concept holistique de l’homme, ils ne renient pas
l’enseignement biblique qui affirme que différentes forces existent dans
l’homme.
Ellen White fait clairement cette distinction : « Il ne faut pas confondre la
volonté avec les penchants et les inclinations ; c’est la faculté de décider. »
(Testimonies, vol. 5, p. 513 ; voir
Pour un bon équilibre mental et spirituel,
vol. 2, p. 710 ; Tempérance, p. 88 ;
Message à la jeunesse, p. 149).
Dans de nombreuses autres déclarations elle décrivit le besoin d’assujettir les
passions et les propensions aux pouvoirs supérieurs de l’être.
(Ministry of Healing, p. 130; Counsels on Health, pp. 41-42;
Adventist Home, pp. 127-128; Christ’s Object Lessons, p. 354;
Messages to Young People, p. 237; Testimonies, vol. 3, p. 491; vol.
5, p. 335; Review and Herald, Aug. 11, 1887; 1 déc. 1896;
Le ministère de la guérison, p. 105;
Le Foyer chrétien, p. 120;
Les paraboles de Jésus, p. 307, 308;
Messages à la jeunesse, p. 235).
La Bible est claire quand elle dit qu’être tenté par nos désirs charnels
inférieurs n’est pas un péché :
Mais chacun est tenté quand il est
attiré et amorcé par sa propre convoitise. Puis la convoitise, lorsqu'elle a
conçu, enfante le péché ; et le péché, étant consommé, produit la mort. (Jacq
1 :14-15).
Observez que ce n’est que lorsque la convoitise a
conçu -quand la volonté a donnée son
consentement- que le péché a lieu. Ellen White l’harmonise de cette façon :
Il existe des pensées et des sentiments suggérés et provoqués par Satan qui
troublent même le meilleur des hommes ; mais s’ils ne sont pas caressés, s’ils
sont repoussés comme indésirables, l’âme ne sera pas entachée par la
culpabilité, et personne d’autre ne sera souillé par leur influence.
(That I May Know Him, p. 140; Pour
un bon équilibre mental et spirituel, vol. 2, p. 446).
Ellen White est également claire quand elle dit que la nature inférieure
elle-même ne peut pas pécher :
Les passions inférieures ont leur siège dans le corps, qu’elles utilisent. Les
mots ‘chair, charnel, convoitises charnelles’ concernent la nature inférieure et
corrompue ; la chair en elle-même ne saurait agir contre la volonté de Dieu.
Nous sommes exhortés à crucifier la chair, ‘avec ses passions et ses désirs’.
Comment y parviendrons-nous ? En mortifiant notre corps ? Non, mais en
neutralisant la tentation au péché. Les facultés mentales doivent être rendues
captives de Jésus-Christ. Toutes les propensions bestiales doivent être
assujetties aux facultés supérieures de l’âme.
(Adventist Home, pp. 127-128; Le
foyer chrétien, p. 120, 121).
Observez avec quel soin Ellen White fait la distinction entre les passions
inférieures, et les pouvoirs supérieurs. Une fois que l’on comprend cette
différence, il est plus facile d’harmoniser les deux groupes de déclarations
d’Ellen White sur les passions et les propensions en relations avec les êtres
humains, et aussi avec les deux groupes de déclarations relatives à l’humanité
de Christ.
Passions et propensions au mal : Les contrôler ou les expulser ?
Dans certaines de ses déclarations, Ellen White parle de la nécessité de
contrôler les passions et les
propensions au mal :
Le corps doit être contrôlé. Les pouvoirs supérieurs de l’être humain doivent
gouverner. Soumise à Dieu, notre volonté contrôlera nos passions. La volonté,
sanctifiée par la grâce divine, dirigera notre vie.
(Ministry of Healing, p. 130 ; voir
La tempérance, p. 80 ;
Conseils sur la nutrition et les aliments,
p. 86).
Nos propensions naturelles doivent être contrôlées, dans le cas contraire, nous
ne pourrons jamais vaincre comme Christ a vaincu.
(Testimonies, vol. 4, p. 235.)
Cependant, d’autres déclarations parlent du besoin d’expulser les passions et
les propensions au mal :
Seule, la grâce du Christ est capable de créer et de maintenir la vraie paix.
Quand cette grâce s’établit dans un cœur, elle en expulse les mauvaises passions
qui occasionnent les querelles et les disputes.
(Desire of Ages, p. 305;
Jésus-Christ, p. 293).
Mais bien que leurs mauvaises propensions au mal leur paraissent aussi
précieuses que la main ou l’œil droits, elles doivent être séparées de
l’ouvrier, sinon il ne sera pas acceptable aux yeux de Dieu.
(Testimonies to Ministers, pp. 171-172).
Les propensions à la vanité et l’amour des vains plaisirs doivent être bannis,
comme n’ayant pas de place dans la vie et dans l’expérience de ceux qui veulent
vivre par la foi au Fils de Dieu, mangeant Sa chair et buvant Son sang.
(Messages to Young People, p. 42).
Nous devons comprendre qu'en croyant en Lui nous avons le
privilège de participer ‘de la nature divine, en fuyant la corruption qui existe
dans le monde par la convoitise’. Alors nous serons purifiés de tout péché, de
tout défaut de caractère. Nous ne devons pas conserver une seule propension
pécheresse. Les tendances au
mal, héréditaires ou acquises, sont éliminées du caractère et nous devenons une
puissance vivante pour le bien.
(SDA
Bible Commentary,
vol. 7, p. 943).
Maintenant, d’où les mauvaises passions sont-elles expulsées ? Où les
propensions pécheresses ne doivent-elles pas être retenues ? Ellen White donne
la réponse dans les deux déclarations précédentes. Elle se réfère aux
propensions au mal comme n’ayant pas de place dans
la vie et dans l’expérience des
fidèles, et elle affirme que quand nous participons de la nature divine, les
tendances au mal héréditaires et cultivées sont extirpées du
caractère. Le caractère est la nature
supérieure où les décisions sont prises.
Notez qu’il n’est pas dit que ces
tendances vont être expulsés de la nature inférieure, charnelle, afin que nous
ne sentions plus les impulsions à pécher. En accord avec Ellen White, ce
changement n’aura lieu qu’au retour de Jésus :
Aussi longtemps que Satan règnera nous
aurons à soumettre le moi, à vaincre nos péchés ; tant que nous vivrons, il n’y
aura aucun arrêt dans notre marche chrétienne. Nous ne pourrons jamais dire :
J’ai pleinement abouti. (Acts
of the Apostles,
pp. 560-561;
Conquérants pacifiques,
p. 500).
Appétits et passions seront soumis au
contrôle de l’Esprit. De ce côté-ci de l’éternité, le combat n’a pas de fin.
(Counsels
to Teachers,
p. 20.)
Pendant la controverse sur la chair
sainte, au commencement de la décade de 1900, Ellen White écrivit ce qui suit :
Quand des êtres humains auront une
chair sanctifiée, ils ne resteront pas sur la terre ; ils seront transférés dans
les cieux. (Selected
Messages,
vol. 2, p. 33; Messages choisis, vol.
2, p. 38).
Nous devons observer soigneusement ce
qui est dit, et ce que ces déclarations ne disent pas. Elles ne disent pas que
de ce côté de l’éternité il est impossible d’obtenir la victoire totale sur le
péché. Ce qu’elles disent simplement c’est que le conflit avec la chair ne
cessera pas de ce côté de l’éternité, ce qui signifie que les désirs de la chair
sont présents dans la nature inférieure ses croyants. La bataille continuelle
n’implique pas nécessairement la déroute occasionnelle. (Les Russes l’apprirent
pendant la seconde guerre mondiale, quand ils expérimentèrent un très dur
combat, mais caractérisé par une victoire consistante sur les Allemands lors de
la bataille de Stalingrad jusqu’à la conquête de Berlin). La victoire complète
sur la nature charnelle est promise au chrétien dans cette vie (Rom. 8 :4, 13 ;
2 Corin. 7 :1). Mais si la victoire complète signifie une absence d’échec, elle
ne signifie pas une absence de conflit jusqu’à ce que notre vie sur cette terre
s’achève.
Le problème résolu
En résumé, Jésus eut des passions pécheresses et des mauvaises propensions
[contre lesquelles lutter] dans Sa nature inférieure, qu’Il a maintenu sous le
contrôle d’une vie sanctifiée -comme nous aussi nous le pouvons certainement par
le moyen de Son pouvoir-. Mais Il n’a jamais eu ces passions ou propensions dans
Sa nature supérieure, lieu où nous aussi n’avons pas besoin de les retenir.
Une autre déclaration d’Ellen White relative au Christ et aux propensions
pécheresses nous aide à comprendre ce point encore plus clairement :
Nous ne devons pas être communs et terrestres dans nos idées et nous ne devons
pas penser, avec nos idées perverties, que le contact de Christ avec les
tentations de Satan a dégradé Son humanité et qu'Il possédait les même
propensions coupables et corrompues que l'homme.
(Manuscript Releases, vol. 16, p. 182).
Nous pourrions arriver à une mauvaise conclusion si nous nous arrêtions là. Mais
dans le paragraphe suivant elle explique ce qu'elle veut dire :
Christ prit notre nature déchue mais pas corrompue,
et Il ne se corromprait pas à moins qu’Il
reçoive les paroles de Satan au lieu des paroles de Dieu.
(Ibid, italique ajouté).
Alors qu'est-ce qu'elle veut dire quand elle dit que Jésus n'a jamais eu les
mêmes tendances à la corruption que nous avons ? C’est simple. Ceci signifie
qu'Il n'a jamais choisi de pécher et n'a donc jamais pris goût au péché.
Remarquer qu’elle ne dit pas que sa nature ne serait pas corrompue à moins qu’il
soit né avec la même nature déchue avec laquelle les autres humains naissent. Au
contraire, la corruption décrite ici se produirait seulement s'il reçoit les
paroles de Satan à la place des paroles de Dieu. Le choix, pas la naissance, est
la source de la corruption décrite ici.
Nous voyons ce même principe mieux illustré dans plus de 200 déclarations où
Ellen White parle de tendances au mal héréditaires ou acquises (ou
cultivées).
(Desire of Ages,
p. 671; SDA Bible Commentary, vol. 7, p. 943, etc. See the Ellen White
CD-ROM for a full listing of statements using this language.
Jésus-Christ,
p. 372).
C’est la terminologie utilisée par
Ellen White pour ce que nous comprenons aujourd'hui quant à la différence entre
la nature [reçue à la naissance] et l’acquis dans le développement
de l'homme. Ellen White est claire dans sa compréhension que Jésus a pris nos
tendances héréditaires déchues, car elle écrit que « c’est avec une telle
hérédité qu’Il vint partager nos douleurs et nos tentations, et nous donner
l'exemple d'une vie exempte péché »
(Desire of Ages,
p. 49 ; Jésus-Christ, p. 34).
En d'autres termes, Son hérédité fut une source de tentation pour Lui, comme
pour nous. Mais il est très clair que Jésus n’a pas pris nos tendances déchues
et cultivées pour le mal, car pour cela, il aurait fallu qu'il pèche.
Davantage sur la nature supérieure et la nature inférieure
Quand nous comprenons le rôle de ces forces inférieure et supérieure dans la
nature humaine, les déclarations d’Ellen White qui paraissent contradictoires
s’harmonisent merveilleusement. Revoyons une de ses déclarations déjà citées :
Nous ne devons pas être communs et terrestres dans nos idées et nous ne devons
pas penser, avec nos idées perverties, que le contact de Christ avec les
tentations de Satan a dégradé Son humanité et qu'Il possédait les même
propensions coupables et corrompues que l'homme.
(Manuscript Releases, vol. 16, p. 182).
Cependant, nous disposons de cette autre déclaration :
Pensez à l’humiliation de Christ. Il prit sur Lui la souffrance de la nature
humaine déchue et souillée par le péché.
(SDA Bible Commentary, vol. 4, p. 1147).
Mais comme nous l’avons vu dans le paragraphe qui suit la première des
déclarations ci-dessus, la corruption et la dégradation décrites dans cette
déclaration sont une question de choix, pas quelque chose reçu involontairement
à la naissance. Mais dans la déclaration que je viens de citer, qui dit que la
nature humaine de Christ était « déchue et souillée », il est fait référence à
la nature inférieure. En d'autres termes, la nature supérieure de Jésus n’a pas
été dégradée, car c’est là que le choix, le caractère et la volonté existent.
Mais Sa nature inférieure était en réalité dégradée, parce qu’Il avait pris sur
Lui la même hérédité dont tous les hommes et toutes les femmes héritent.
Beaucoup de ceux qui adhèrent à la position de Christ ayant une nature humaine
avant la chute citent Hébreux 7:26, qui parle de Christ comme étant « saint,
innocent, sans tache, séparé des pécheurs ». Mais Ellen White déclare que les
Chrétiens, qui selon elle auront toujours une nature charnelle à surmonter,
(Acts
of the Apostles,
pp. 560-561; Counsels to Teachers, p. 20 ;
Conseils aux éducateurs, p. 19),
doivent atteindre, par la puissance du Ciel, ce même état de pureté :
Appréciez tout ce qui est vrai, tout
ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui
est aimable, tout ce qui mérite l'approbation ; mais séparez-vous de tout ce qui
ne ressemble pas à notre Rédempteur … Toute âme qui obtient la vie éternelle
doit être comme Christ, « saint, innocent, sans tache, séparé des pécheurs »
(Héb. 7 :26).
(In
Heavenly Places,
p. 160).
Seule la grâce de Christ peut changer votre cœur, et vous refléterez alors
l’image du Seigneur Jésus. Dieu nous appelle à être comme Lui : purs, saints,
sans tache. Nous devons refléter l’image divine.
(Sons and Daughters of God, p. 102;
Pour un bon équilibre mental et spirituel,
vol. 2, p. 597, 598).
Le contexte de ces deux déclarations indique clairement qu’elles se réfèrent au
processus de la sanctification sur cette terre, pas à l’élimination de la nature
charnelle à la glorification. C’est-à-dire, que selon l’Inspiration, nous
n’avons pas besoin [d’être né avec] une nature [inférieure] non déchue afin
d’être purs, saints, sans contamination et séparés des pécheurs.
Certains ont affirmé que lorsqu’Ellen White, se référant à Jésus, écrit que « en
Lui il n’y avait pas de péché », ceci signifie qu’Il n’hérita pas la même nature
que tous les humains héritent par naissance. Une des déclarations utilisées
ainsi est la suivante :
Il n'y avait aucun péché en Lui sur lequel Satan pourrait triompher, aucune
faiblesse ou défaut qu'il pourrait utiliser dans son intérêt. Mais nous sommes
coupables par la nature et nous avons un travail à faire pour nettoyer le temple
de l'âme de chaque souillure.
(Review and Herald, May 27, 1884).
Voici une autre déclaration dans laquelle elle utilise un langage similaire, qui
nous aide à comprendre ce que signifie la phrase « il n’y avait pas de péché en
Lui » :
Satan trouve toujours dans le cœur
irrégénéré quelque endroit où il peut se loger. Un désir coupable caressé donne
de la puissance à ses tentations. Jésus n’y céda jamais, par même en pensée. Il
pouvait dire : ‘Le prince du monde vient. Il n’a rien en Moi.’ Jean 14 :30.
Satan ne put rien trouver dans le Fils de Dieu qui lui permettrait de remporter
la victoire. Jésus gardait les commandements de Son Père ; il n’y avait rien à
reprendre en Lui. Telle doit être la condition de ceux qui sont appelés à
subsister au temps de détresse.
(The Great Controversy, p. 623; La
tragédie des siècles, p. 675, 676).
Donc, « pas de péché en Lui » signifie qu’Il n’a jamais caressé, encouragé un
désir coupable ; cela ne signifie pas une absence de tels désirs dans la nature
inférieure. La déclaration citée antérieurement, qui parle de nous comme étant
« coupables par nature » et ayant besoin de « purifier le temple de l’âme de
toute souillure »,
(Review and Herald, May 27, 1884;
Évènements des derniers jours, p. 194 nº 696),
clarifie encore ce point. Ailleurs, Ellen White spécifie à quel moment cette
purification aura lieu :
Aucun de nous ne recevra jamais le sceau de Dieu tant que nos caractères auront
une tache ou une souillure. Nous devons remédier à nos défauts de caractère et
purifier le temple de l’âme de toute souillure. Alors la pluie de
l’arrière-saison tombera sur nous tout comme la première pluie est tombée sur
les disciples au jour de la Pentecôte.
(Testimonies, vol. 5, p. 214;
Évènements des derniers jours,
p. 194 nº 697).
Évidemment ceci se réfère à la purification de la volonté et du caractère, qui
aura lieu avant le scellement du
temps de la fin et de la pluie de l’arrière-saison. Ceci ne se réfère pas à la
purification de la nature inférieure, charnelle, puisque la même auteure
spécifie que nous devons lutter avec cette nature jusqu’à ce que Jésus revienne
(Acts of the Apostles, pp. 560-561; Counsels to Teachers, p. 20 ;
Conquérants pacifiques, p. 499, 500).
Donc, quand elle écrit dans la déclaration précédente que notre être est
« coupable par nature » en contraste avec
Jésus qui n'avait « pas péché en Lui »
(Review and Herald, May 27, 1884),
elle parle dans le contexte de la nature supérieure. Elle ne nie pas que Jésus
hérita une nature inférieure déchue à la naissance, avec ses tendances et
désirs.
Une autre déclaration d’Ellen White clarifie ce point. Elle dit à propos de
notre Seigneur : « Le prince des ténèbres n'a rien trouvé en Lui, pas une seule
pensée ou sentiment en réponse à la tentation »
(Testimonies, vol. 5, p. 422).
Pourtant, dans une autre déclaration que nous avons vue précédemment, Ellen
White est claire : ce n’est pas la stimulation des pensées et des sentiments
pécheurs qui constitue la réponse à la tentation ici décrite, mais plutôt
chérir ces pensées et sentiments :
Certains sentiments et pensées suggérés par Satan importunent les meilleurs
d’entre nous, et si, au lieu d’être caressés et entretenus, ils sont repoussés
comme haïssables, l’âme n’est pas contaminée, ni souillée par leur influence.
(That I May Know Him, p. 140; Pour
mieux connaître Jésus-Christ, p. 142).
Dans une autre déclaration, Ellen White affirme que Jésus dut lutter contre des
pensées coupables :
Certains se rendent compte de leur grande faiblesse et de leur péché et se
découragent. Satan jette son ombre noire entre eux et le Seigneur Jésus, leur
sacrifice expiatoire. Ils disent, c'est inutile pour moi de prier. Mes prières
sont tellement mêlées de mauvaises pensées que le Seigneur ne veut pas les
écouter. Ces suggestions viennent de Satan. Dans Son humanité, Christ a
rencontré et a résisté à cette tentation, et Il sait secourir ceux qui sont
ainsi tentés
(In Heavenly Places, p. 78).
Dans un feuillet dédié spécifiquement à l’indulgence sexuelle, Ellen White offre
par ces paroles l’espérance à ceux qui sont tentés :
Tous sont responsables de leurs actes pendant qu'ils sont en probation dans ce
monde. Tous ont le pouvoir de contrôler leurs actions. S'ils sont faibles en
vertu et en pureté de pensées et d'actes, ils peuvent obtenir de l'aide de l'Ami
des désemparés. Jésus connaît toutes les faiblesses de la nature humaine et, si
on le Lui demande, Il donnera la force de vaincre les tentations les plus
puissantes.
(A Solemn Appeal, p. 78, quoted in Our High Calling, p. 337).
Ailleurs, nous lisons:
Ses plus fortes tentations (du chrétien) viendront de l’intérieur, car il doit
se battre contre les inclinations du cœur naturel. Le Seigneur connaît nos
faiblesses.
(Bible Echo & Signs of the Times, déc. 1, 1892).
Comment connaît-Il nos faiblesses ?
Il connaît par expérience les
faiblesses de l’humanité, ses désirs, et en quoi consiste la puissance des
tentations. Car Il fut ‘tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de
péché.’ Hébreux 4 : 15.
(Ministry of Healing, p. 71; Le
ministère de la guérison, p. 55 ; italique ajouté)
Mais dans une autre citation, elle nous informe sur la manière dont Jésus ne
connaissait pas nos faiblesses :
Il n’eût manifesté ni faiblesse ni imperfection humaine…
(Patriarchs and Prophets, p. 480;
Patriarche et prophètes, p. 461).
Le mot clé ici est « manifesté ». Cela se réfère au choix, au consentement de la
volonté, à la nature la plus élevée [supérieure]. Jésus a assurément lutté
contre les faiblesses humaines dans sa nature inférieure, que les déclarations
ci-dessus clarifient sans conteste. Mais Il n'a jamais consenti à de telles
faiblesses par le biais du
choix.
Nous voyons ce contraste ailleurs quand Ellen White écrit à propos de Jésus : «
Il était parfait, et non souillé par le péché. Il était sans tache ni défaut »
(Review and Herald, 17 déc. 1872).
Nous nous souvenons alors d’une autre déclaration où elle dit, « Il prit sur Lui
la nature humaine déchue, souffrante, dégradée et souillée par le péché »
(SDA Bible Commentary, vol. 4, p. 1147).
La première déclaration se réfère à sa nature supérieure, la seconde à sa nature
inférieure.
Dans une autre déclaration contenue dans la fameuse Lettre à Baker, Ellen White
dit de Christ : « Sa nature spirituelle était libre de toute souillure du
péché »
(Ibid, vol. 5, p. 1124).
Et dans une autre affirmation elle clarifie que la nature spirituelle est la
nature supérieure :
On voit des gens qui se disent disciples de Jésus-Christ, qui occupent une place
honorable dans l’Église, manger et boire avec les mondains jusqu’à
l’intempérance. On ne s’aperçoit pas qu’avec des facultés mentales et
spirituelles émoussées, on s’expose à succomber aux passions inférieures.
(Patriarchs and Prophets, p. 101 ;
Patriarches et Prophètes, p. 76).
Que les facultés de l’esprit, en tant que puissances supérieures, gouvernent le
royaume du corps et que les appétits et les passions naturelles soient placés
sous le contrôle de la conscience et des affections spirituelles.
(Ministry of Healing, p. 399 ; voir
Pour un bon équilibre mental et spirituel,
vol. 1, p. 52 ; Le ministère de la
guérison, p. 336).
Par le moyen d’un mauvais usage de la relation matrimoniale les passions
animales sont renforcées ; et à mesure qu’elles se renforcent, les facultés
morales et intellectuelles s’affaiblissent. Le sensuel prévaut sur le spirituel.
(Christian Temperance & Bible Hygiene, p. 130).
L’indulgence des appétits naturels et des passions a une influence déterminante
sur les nerfs et le cerveau. Les organes animaux sont renforcés, tandis que les
facteurs moraux et spirituels sont affaiblis.
(Signs of the Times, Aug. 11, 1887).
Ellen White déclare ailleurs à propos de Jésus : « Il est né sans une tache de
péché, mais Il est venu au monde de la même manière que la famille humaine »
(SDA Bible Commentary, vol. 7, p. 925).
Beaucoup ont prétendu que cette phrase signifie qu'Il est né sans hériter la
nature pécheresse commune à tous les humains. Mais au moins deux d’autres
affirmations montrent clairement que son être « né sans une tache de péché » se
réfère à Sa nature divine, pas à l'absence de désirs charnels dans Sa nature
humaine inférieure :
Quel spectacle pour le Ciel, de contempler le Christ qui, sans avoir été jamais
souillé de la moindre tache de péché, prit sur Lui notre nature détériorée !
(Selected Messages, vol. 1, p. 253;
Messages choisis, vol. 1, p. 296).
Bien qu’Il n’eût aucune tache de péché dans Son caractère, Il consentit à
connecter notre nature humaine déchue avec Sa divinité
(Ibid, vol. 3, p. 134).
En d’autres termes, tout ce qu'Ellen White veut dire quand elle dit que le
Christ est « né sans la moindre tache de péché »
(SDA Bible Commentary, vol. 7, p. 925)
est qu’Il est venu pur du Ciel. En aucun cas elle ne laisse entendre que
quelqu’un est souillé par le simple fait de naître.
Ce point nous aide à clarifier ce qu’Ellen White veut dire dans d’autres
déclarations où elle dit : « Il (Christ) a pris sur Sa nature sans péché notre
nature pécheresse »
(Medical Ministry, p. 181).
La nature sans péché décrite ici se réfère non à Sa nature humaine héritée, mais
à Sa nature divine. Cela devient plus clair encore dans une autre déclaration :
Sans péché et exalté par nature, le Fils de Dieu a consenti à prendre les
vêtements de l'humanité, pour devenir un avec la race déchue.
(Signs of the Times, 20 fév. 1893).
D’autres déclarations semblables précisent que quand Ellen White affirme que
Jésus n’avait pas de tache de péché, elle se réfère à Ses choix, pas à la nature
humaine [inférieure] qu’Il prit à la naissance :
Un seul acte non sanctifié de la part de notre Sauveur aurait gâché le modèle,
et Il n’aurait pas pu être un exemple parfait pour nous ; mais bien qu'Il ait
été tenté en tous points comme nous le sommes, il n’avait pas une seule tache de
péché.
(Sons and Daughters of God, p. 148).
Christ, le second Adam, est venu dans une chair semblable à celle du péché. Au
nom de l’homme, il est devenu sujet à la tristesse, à la fatigue, à la faim et à
la soif. Il était soumis à la tentation, mais Il ne céda pas. Il n’avait aucune
souillure de péché.
(Selected Messages, vol. 3, pp. 141-142).
Jamais une parole impure n’effleura Ses lèvres. Jamais Il ne commit une mauvaise
action, car Il était le Fils de Dieu. Bien qu’Il possédât la nature humaine, Il
était sans péché.
(Welfare Ministry, p. 287; Le
ministère de la bienfaisance, p. 215).
La lettre à Baker et l’article de Signs
La fameuse lettre à Baker mérite un peu plus d’attention, car elle constitue un
élément majeur de la cause créée par certains Adventistes en faveur de la
position de l’humanité d’avant la chute du Christ.
Ce dont nous devons nous rappeler, comme nous l’avons noté au commencement, est
que ces déclarations inspirées ne peuvent être comprises qu’à la lumière du
reste des déclarations. C'est vrai avec l'Écriture sainte (Isa. 28:9-10; 1 Cor.
2:12 - 14) et c'est vrai avec les écrits d’Ellen White. Revoyons ses mots :
Les témoignages eux-mêmes serviront de clé pour expliquer les messages, tout
comme un passage de l’Écriture se trouve expliqué par un autre.
(Selected Messages, vol. 1, p. 42 ;
Messages choisis, vol. 1, p. 47).
Gardant constamment à l’esprit ce principe qui est applicable dans tous les
domaines spirituels, nous ne pouvons pas voir la lettre Baker, ni aucun autre
matériel inspiré, d’une autre manière qu’à la lumière de la totalité des
enseignements inspirés. Aucun document ou déclaration inspiré n'est jamais
isolé. Le langage d’une déclaration inspirée doit être compris non seulement
dans son propre contexte, mais également à la lumière des autres déclarations
inspirées.
Nous avons déjà observé l'utilisation par Ellen White des termes « passions » et
« tendances » et de leurs différents domaines de la nature humaine. Mais la
photo devient plus nette quand on place le libellé d'un article des
Signs of the Times à côté des lignes
pertinentes de la lettre Baker :
« Faites attention, extrêmement attention, à la manière dont vous vous étendez
sur la nature humaine du Christ. Ne le présentez pas devant les gens comme un
homme ayant des propensions au péché. Il est le second Adam. Le premier Adam fut
créé un être pur et sans péché, sans la moindre tache de péché sur Lui ; Il
était à l’image de Dieu. Il pouvait tomber, et il tomba. A cause du péché, sa
postérité naquit avec des propensions naturelles à la désobéissance. Mais
Jésus-Christ était le Fils unique de Dieu. Il prit sur Lui la nature humaine et
fut tenté en toutes choses comme est tentée la nature humaine. Il aurait pu
pécher ; il aurait pu tomber, mais pas un instant, il n’y eut en Lui une
mauvaise propension (evil propensity).
(SDA Bible Commentary, vol. 5, p. 1128).
Adam a été tenté par l'ennemi et il est tombé. Ce n’était pas que le péché
demeurait en lui qui le fit céder, car Dieu le créa pur et droit selon Son
image. Il était aussi irréprochable que les anges devant le trône. Il n'y avait
en lui aucun principe corrompu, aucune tendance au mal. Mais quand Christ
affronta les tentations de Satan, Il portait ´une
chair semblable à celle du péché´.
(Signs of the Times, Oct. 17, 1900).
Remarquez comment ces deux déclarations placent Adam tenté et le Christ tenté
l'un à côté de l'autre. Mais il est important de noter la différence entre Adam
et Christ dans une déclaration, par opposition à la manière dont ils sont mis en
contraste dans l'autre déclaration. Même si quelqu’un conclut -comme je crois
que le poids de l’évidence le réclame- que les « propensions naturelles à la
désobéissance » dans la première partie de la première déclaration fait
référence à la nature inférieure, tandis que la « mauvaise propension » à la fin
de la déclaration se réfère à la nature supérieure caressant ces tendances, il y
a encore un contraste suffisant entre Adam et Christ pour que la déclaration ait
du sens. Adam était capable de tomber et il l'a fait. Christ était aussi capable
de tomber, mais Il ne l'a pas fait.
Ce point est clarifié à mesure que cette lettre se poursuit, quand Ellen White
nie « qu'une souillure ou une
inclination corrompue reposait sur Christ, ou qu'Il céda d'une manière ou d'une
autre à la corruption.
»
(SDA Bible Commentary, vol. 5, p. 1128).
L’expression « reposait sur » implique tout autant le choix que de céder à la
corruption. Le thème ici est la nature supérieure, pas la nature inférieure. Sa
négation que le Christ « céda de quelque
manière que ce soit à la corruption » implique qu'il y a plus d'une façon de
le faire, et que s’Il avait caressé de telles tendances dans Son esprit - même
sans aucune manifestation extérieure – ceci auraient signifier céder à la
corruption.
En d’autres termes, il n’est pas nécessaire de voir un contraste entre les
enfants d’Adam nés « avec les tendances inhérentes à la désobéissance » et le
fait que Christ « pas un instant » n'a eu une mauvaise propension, pour que
cette déclaration ait un sens. Il y a simplement assez de contraste entre sa
déclaration selon laquelle Adam a cédé à la tentation, mais pas Christ. Ses
autres déclarations citées précédemment, concernant les propensions présentes ou
absentes de l'esprit [nature supérieure] par choix,
clarifient davantage ce point.
(Ibid, vol. 7, p. 943; Testimonies to Ministers, pp. 171-172; Messages
to Young People, p. 42; Messages à la
jeunesse, p. 39).
L’attention démesurée accordée par certaines personnes à la lettre à Baker,
au détriment de tant d’autres déclarations d'Ellen White sur ce sujet ne
peuvent que nous rappeler la déclaration de F. D. Nichol : « si le seul verset
de la Bible sur l’état des morts était Philippiens 1:23, qui parle du désir de
Paul de s’en ‘aller et d'être avec Christ’,
nous pourrions être justifiés pour accepter la doctrine populaire de l’état
intermédiaire après la mort.
(F.D.
Nichol, Answers to Objections -paperback edition- [Washington, D.C:
Review and Herald Publishing Assn, 1952], p. 345).
C’est le consensus inspiré [l’ensemble des déclarations spirituelles inspirées]
qui aide à expliquer ce que les passages individuels ne disent pas toujours
d’eux-mêmes dans la langue parfois imparfaite qu’ils utilisent.
Basés sur ce consensus, sur la totalité des enseignements inspirés concernant
les natures inférieurs et supérieures, et leur rôle dans la lutte contre le mal,
nous pouvons dire en toute sécurité que les « propensions inhérentes à la
désobéissance » décrites dans la lettre Baker se référent à la nature inférieure
(que Christ avait), tandis que la « mauvaise propension » citée dans la dernière
partie de cette déclaration fait référence au contrôle potentiel de la nature
supérieure par de telles tendances [de la nature inférieure], que le Christ n'a
jamais expérimentées parce qu'Il n'a jamais péché. De la même manière, le
consensus [l’ensemble] des Écritures nous dit que le temps de notre départ (la
mort) et le moment où nous allons être avec Christ sont des événements largement
séparés, même si Philippiens 1:23 énonce les deux en une seule phrase.
[Il existe des preuves supplémentaires pour montrer que la « mauvaise
propension » que Jésus n'a jamais hébergée doit nécessairement faire référence à
la nature supérieure. La nature inférieure est un concept fixe, statique, acquis
par héritage natal. C'est quelque chose comme la couleur des yeux avec laquelle
on est né. En revanche, la nature supérieure est dynamique, elle change -ou peut
changer- dans le temps, car cela dépend de la volonté, du choix de l'individu.
Nous lisons que « pas un instant, il n’y a eu en Lui une mauvaise propension ».
L'expression « pas un instant » ne peut que désigner quelque chose de dynamique,
susceptible de changer avec le temps. La renvoyer à la nature inférieure aurait
aussi peu de sens que de dire de quelqu'un « pas un instant, n'a eu les yeux
bleus »].
Voici une autre déclaration d'Ellen White qui nous aide à comprendre ce besoin
de mettre en évidence toutes les preuves inspirées ensemble avant d'arriver à
une conclusion. Il s’agit de l’une de celles que nous avons déjà citées qui dit
de Jésus : « Jamais Il ne commit une mauvaise action, car Il était le Fils de
Dieu »
(White, Welfare Ministry, p. 287 ;
Le ministère de la bienfaisance, p. 215).
Pris isolément, cette déclaration pourrait nous amener à croire que Jésus n’a
pas péché parce qu’il était Dieu. Mais d'autres déclarations clarifient que,
comme le dit la déclaration ci-dessus, Il a maintenu Sa dignité de Fils de Dieu,
en ne péchant pas ; ce n’était pas Sa divinité qui l’empêchait de pécher, mais
le même pouvoir mis à notre disposition.
(Desire of Ages, pp. 311-312; SDA Bible Commentary, vol. 7, pp.
929,930; Selected Messages, vol. 3, pp. 136-141; Review and Herald,
April 1, 1875 ; Jésus-Christ, p. 301,
302).
Considérons maintenant la deuxième des deux déclarations à l’étude dans cette
section : celle de l'article Signs.
En termes simples, ce passage n'a de sens que si nous reconnaissons que Christ
avait les tendances à faire le mal dans sa nature inférieure. Notez à nouveau
qu'il est dit qu’Adam n'avait pas « de péché intrinsèque », « aucun principe
corrompu, aucune tendance au mal. » Puis, la phrase suivante dit : « Mais quand
Christ affronta les tentations de Satan, Il portait ´une
chair semblable à celle du péché´.
»
(Signs of the Times, Oct. 17, 1900).
Tous les arguments que nous entendons souvent au sujet de la « chair
semblable à celle du péché »
(Rom 8: 3) sont à côté de la question à la lumière de cette déclaration, puisque
l'expression est utilisée ici pour faire un contraste avec Adam avant la chute -
qui, nous dit la déclaration, n’avait pas de principes corrompus, ou de
tendances au mal. Certes, des termes tels que « péché intrinsèque » et
« principe corrompu » ne pourraient pas s'appliquer à Jésus, mais au moins il
faut reconnaître que la nature charnelle de Jésus incluait des tendances au mal.
Sinon, la déclaration n'offre aucun contraste avec Adam et n'a aucun sens.
Nous devons toujours garder à l’esprit la prémisse énoncée au début, à savoir
qu’aucune explication du matériel inspiré n’est valable à moins qu’il soit en
harmonie avec la totalité du matériel inspiré. La position selon laquelle Christ
prit une nature humaine comme celle d’Adam avant la chute est tout simplement
incapable de rassembler toutes les déclarations d'Ellen White – ou les versets
bibliques sur ce sujet. La plupart des défenseurs de cette position ont échouer
dans leur tentative. Les évidences suggèrent que c’est l’une des principales
raisons pour lesquelles beaucoup d’entre eux cherchent à minimiser le rôle
doctrinal d’Ellen White dans ce domaine et dans d’autres discussions.
(Voir Roy Adams, “Divided, We Crawl,” Adventist Review, February 1995, p.
2; George R. Knight, Angry Saints: Tensions and Possibilities in the
Adventist Struggle Over Righteousness by Faith -Hagerstown, MD:
Review and Herald Publishing Assn, 1989-, p. 107; Martin Weber, Adventist Hot
Potatoes -Boise, ID: Pacific Press Publishing Assn, 1991-, pp. 100-113;
Who’s Got the Truth? Making sense out of five different Adventist gospels
-Silver Spring, MD: Home Study International Press, 1994-, pp. 187-211).
L’explication de Melvill
Certains adventistes, qui défendent la position de l'humanité de Christ d'avant
la chute, ont essayé de recourir à un des auteurs duquel Ellen White semble
avoir emprunté une partie du langage, suggérant que cet auteur a la vraie
explication de ce qu’elle a enseigné sur ce sujet.
(Tim Poirier, “Sources Clarify Ellen White’s Christology,” Ministry,
December 1989, pp. 7-9; “A Comparison of the Christology of Ellen White and
Henry Melvill,” Shelf Document, Washington, D.C: Ellen G. White Estate, 1982;
Woodrow W. Whidden II, Ellen White on the Humanity of Christ
-Hagerstown, MD: Review and Herald Publishing Assn, 1997-, pp. 48- 49).
Un auteur contemporain adventiste dit :
Bien qu'Ellen White n'ait pas cité les mots (de Melvill, tels que « des
infirmités innocentes, » « la propension coupable, » et « enclin à offenser »)
les sentiments de Melvill pourraient très bien
reflétez les propres convictions
d'Ellen White.
(Poirier, cité par Whidden, Ellen White on the Humanity of Christ, p. 49).
Cette manière de voir le matériel inspiré ne peut être qualifiée que de
spéculative et dangereuse. En premier lieu, l'auteur ci-dessus admet qu'en
réalité Ellen White n'a pas utilisé les expressions utilisées par Melvill pour
se référer à l'humanité de Jésus, mais il prétend que « les sentiments de
Melvill pourraient très bien refléter
les propres convictions d'Ellen White »
(Ibid; italique ajouté).
Mais même si on pouvait démontrer de façon concluante qu'Ellen White emprunta
une partie du langage de Melvill pour exposer sa compréhension de l'humanité de
Jésus, ceci ne prouverait pas qu’elle empruntait sa théologie. Bien qu'il soit
vrai qu'Ellen White, comme beaucoup d'auteurs de Bible, fit une utilisation
occasionnelle de sources non inspirées, permettre à de telles sources
d'interpréter les écritures inspirées elles-mêmes est extrêmement dangereuse.
Par exemple, il a été démontré que l'apôtre Paul a utilisé
le langage du livre apocryphe La
Sagesse de Salomon quand il écrivit certaines de ses épîtres
(Bruce
Metzger, An Introduction to the Apocrypha -New York : Oxford University
Press, 1957-, pp. 159-160,162).
Faut-il donc consulter ce
livre non inspiré pour connaître ce que Paul voulait vraiment dire ?
D'autres évidences indiquent que Christ aurait emprunté la Règle d'Or du célèbre
rabbin Hillel
(Robert
W. Olson, “Ellen G. White’s Use of Uninspired Sources” -White Estate Paper-, p.
17).
Doit-on alors consulter les écrits du rabbin Hillel pour connaître la véritable
signification de ce que le Christ a enseigné sur ce sujet ou sur un autre ?
Lorsqu'un écrivain inspiré utilise les mots d'un écrivain non inspiré, les mots
utilisées ne peuvent être compris que dans le contexte où l’auteur inspiré les
place. Un tel langage assume alors tout le sens que le consensus inspiré
[ensemble des déclarations inspirées] lui impose. Il n’y a aucun indice tant
dans les Écritures que dans les écrits d’Ellen White, que ces sources non
inspirées puissent fournir la clé de la compréhension des passages inspirés. Une
fois de plus, selon ses propres mots :
Les témoignages eux-mêmes serviront de clé pour expliquer les messages, tout
comme un passage de l’Écriture se trouve expliqué par un autre
(Selected Messages,
vol. 1, p. 42 ; Messages choisis,
vol. 1, p. 47).
Condamner le péché dans la chair
L’apôtre Paul écrit dans le livre aux Hébreux :
« Car chose impossible à la loi, parce
que la chair la rendait sans force, -Dieu a condamné le péché dans la chair, en
envoyant, à cause du péché, son propre Fils dans une chair semblable à celle du
péché, et cela afin que la justice de la loi fût accomplie en nous, qui
marchons, non selon la chair, mais selon l'esprit. » (Romains 8 : 3, 4).
Dans les versets suivants il écrit :
Ceux, en effet, qui vivent selon la
chair, s'affectionnent aux choses de la chair, tandis que ceux qui vivent selon
l'esprit s'affectionnent aux choses de l'Esprit. … Or ceux qui vivent selon la
chair ne sauraient plaire à Dieu. Pour vous, vous ne vivez pas selon la chair,
mais selon l'esprit, si du moins l'Esprit de Dieu habite en vous. Si quelqu'un
n'a pas l'Esprit de Christ, il ne lui appartient pas. … Si vous vivez selon la
chair, vous mourrez ; mais si par l'Esprit vous faites mourir les actions du
corps, vous vivrez. » (vers. 5, 8, 9, 13).
Nous avons parlé antérieurement des arguments que certains ont soulevés
concernant l’expression « une
chair semblable à celle du péché
» car elle peut être interprétée comme similitude ou simulation. Tant l’évidence
linguistiques que contextuelles indique que dans les Écritures le mot «
ressemblance » (homoiomati en grec) signifie similitude (voir aussi Actes
14: 11,15; Phil 2: 7). Du préfixe « homo », contenu dans ce mot, dérive des mots
tels que « homogène » et « homosexuel ». « Homo » signifie égal, à la différence
de « hétéro » qui signifie différent.
Mais même cet argument mis à part, les versets de Romains 8 que nous avons cités
ci-dessus montrent clairement que la chair, telle que décrite dans ces versets,
est quelque chose d'hostile au Saint-Esprit et à la volonté de Dieu. Jésus « a
condamné le péché dans la chair, en envoyant, à cause du péché, son propre Fils
dans une chair semblable à celle du péché, et cela afin que la justice de la loi
fût accomplie en nous, qui marchons, non selon la chair, mais selon l'esprit. »
(vers. 3-4). Nous lisons que « ceux
qui vivent selon la chair ne sauraient plaire à Dieu »
(vers. 8), que « si vous vivez
selon la chair, vous mourrez
» (vers. 13). Mais l'apôtre déclare également : «
vous ne vivez pas selon la chair, mais
selon l'Esprit, si du moins l'Esprit de Dieu habite en vous.
» (vers. 9).
Tant Paul qu’Ellen White
(Acts of the Apostles, pp. 560-561; Counsels to Teachers, p. 20 ;
Conquérants pacifiques, p. 499-500 ;
Conseils aux éducateurs, p. 18-19),
ne disent pas dans le verset ci-dessus que les chrétiens n’ont plus de nature
charnelle à combattre. C’est clair quand il écrit ailleurs : «
je traite durement mon corps et je le
tiens assujetti.
» (1 Cor. 9:27). Il dit simplement que les chrétiens refusent de vivre selon la
chair, et il déclare que « si
par l'Esprit vous faites mourir les actions du corps, vous vivrez.
» (vers. 13).
Selon Paul, il est vraiment possible de soumettre la chair et de vaincre le
péché par le biais de la puissance de l’Esprit. Et c'est Jésus qui « a condamné
le péché dans la chair » (vers. 3), dans la nature [inférieure] charnelle, la
nature dont nous héritons, qui nous a montré comment « marcher non selon la
chair, mais selon l’Esprit » (vers. 4)
Résumé
En résumé, les écrits d'Ellen White, comme la Bible, s'interprètent eux-mêmes
(Selected Messages, vol. 1, p. 42 ;
Messages choisis, vol. 1, p. 47).
Comme pour les Écritures, quand certaines déclarations d’Ellen White semblent
être en désaccord les unes avec les autres, nous devons approfondir ses écrits
pour obtenir une explication.
Les Écritures et Ellen White enseignent toutes deux que les forces inférieures
et supérieures existent dans la nature humaine (Matt. 26:41; I Cor. 9:27)
(Testimonies, vol. 5, p. 513),
et que dans la vie du chrétien sanctifié, les forces inférieures doivent être
contrôlées par les forces supérieures.
(Ministry of Healing, p. 130; Counsels on Health, pp. 41-42;
Adventist Home, pp. 127-128; Christ’s Object Lessons, p. 354;
Messages to Young People, p. 237; Testimonies, vol. 3, p. 491; vol.
5, p. 335; Review and Herald, Aug. 11, 1887; 1 déc. 1896;
Le foyer chrétien, p. 120 ;
Le ministère de la guérison, p. 105;
Les paraboles de Jésus, p. 307-308 ;
Message à la jeunesse, p. 236).
Gardant à l’esprit cette vision inspirée de la structure de la nature humaine,
il devient clair que quand Ellen White dit que Jésus avait des passions
coupables et une tendance au mal
(In Heavenly Places, p. 155 ; Signs of the Times, April 9, 1896 ;
Oct. 17, 1900 ; Christ Triumphant, p. 260),
elle parle de la nature inférieure, charnelle, dont tous les humains - y compris
Jésus - héritent à la naissance. En revanche, quand elle écrit qu’Il n’avait pas
de passions ni de penchants pécheurs
(SDA Bible Commentary, vol. 5, p. 1128 ; Manuscript Releases, vol.
16, p. 182 ; Testimonies, vol. 2, pp. 201-202,509),
elle parle de la nature supérieure, siège du caractère et de la volonté
[capacité de choisir], lieu où nous ne devons pas héberger ou retenir de telles
passions et propensions.
(Desire of Ages, p. 305; SDA Bible Commentary, vol. 7, p. 943;
Testimonies to Ministers, pp. 171-172; Messages to Young People, p.
42; Jésus-Christ, p. 294;
Message à la jeunesse, p. 38-39).
Comme Jésus, le chrétien doit continuellement lutter contre la nature
inférieure, charnelle, durant tout son séjour sur cette terre
(Acts of the Apostles, pp. 560-561 ; Counsels to Teachers, p. 20 ;
Conquérants pacifiques, p. 449-450 ;
Conseils aux éducateurs, p. 19).
Mais parce que Jésus a toujours fait confiance à la force de Son Père et n’a
jamais cédé à la nature inférieure, le chrétien sanctifié est capable - à
travers le même force divine- de faire comme Jésus (Rom. 8: 3-4; I Pierre 2:
21-22; Apoc. 3:21).
Importance pratique
Notre position sur cette question fait toute la différence dans les luttes
concrètes de nos vies. Son importance se manifeste dans l’intimité dès le moment
de la dévotion avant l'aube, quand le jeune homme plaide pour vaincre les forces
de la passion, pour être réconforté par la pensée que Son Sauveur a vaincu ces
mêmes tentations
(A Solemn Appeal, p. 78, quoted in Our High Calling, p. 337).
Son importance se fait sentir dans le bureau exécutif et sur le chantier de
construction, en affrontant les frustrations et les irritations, dans la
confiance que notre Seigneur domina tous ces sentiments
(Desire of Ages, pp. 88,734-735 ;
Jésus-Christ, p. 71-72, 737-738).
Sa splendeur émerge comme le soleil dans le cœur de l’adolescente dans la
famille de laquelle il y a une histoire d'inceste, quand elle apprend que ceci
faisait partie de l’histoire de la famille de Jésus (Genèse 19:32-38 ; Ruth
4:10; Mat. 1:5).
Il y a quelques années, un rédacteur en chef confessionnel écrivit au sujet du
débat continuel sur cette question dans son église : « Comme j’aimerai que nous
puissions cesser d’utiliser notre énergie à débattre sur Lui (Christ) afin que
nous puissions Le contempler »
(William G. Johnsson, “Our Matchless Saviour—V,” Adventist Review, 26
août 1993, p. 4).
J'apprécie sa préoccupation. C’est aussi mon désir que nous puissions tous
contempler davantage le Christ. Mais il ne sert à rien de contempler un faux
Christ, un sauveur aseptisé qui n'a jamais lutté contre les frustrations, les
impulsions et les hormones de l'humanité déchue. En avançant sur notre chemin à
travers le véritable champ de mines qu’est la vie, la sécurité inspirée d'un
Sauveur réellement pertinent devient plus précieuse que n’importe quoi.
Ce n’est pas, comme certains le croient, une discussion abstraite du style de
combien d’anges peuvent danser sur la tête d'une épingle ! C'est une question
d'une importance extrêmement pratique. C’est pour cette raison, et pas pour une
inclination maladive pour les débats, que ce thème ne disparaîtra pas.
Nous terminons avec la promesse suivante de la plume inspiré :
Il nous est impossible, par nos propres forces, de résister
aux désirs impérieux
de notre nature déchue. C’est par là
que Satan nous tente. Le Christ savait que l'ennemi s’approcherait de tout être
humain, profitant de ses faiblesses héréditaires, et s’efforçant de prendre au
piège de ses fausses insinuations ceux qui ne se confient pas en Dieu. Et
foulant le chemin que l'homme doit parcourir, le Seigneur a préparé la voie à
notre victoire. Dieu n’ordonne pas que nous soyons en désavantage dans le
conflit avec Satan. Il ne veut pas que nous soyons intimidés et découragés par
les assauts du serpent. « Prenez courage, nous dit-Il, … J'ai vaincu le monde. »
Jean 16:33
(Desire of Ages, pp. 122-123 ;
Jésus-Christ, p. 104-105).