ANNEXE B

(catalogue)
(index)


 

Le thème "en Christ"

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Référence au rapport de la Commission pour la Prééminence,
"Points de désaccord"


 

 Robert J. Wieland


 

Introduction
 

Les membres de la Conférence Générale ont confié à la CPE (1994-2000) une responsabilité particulière: examiner si la Bible confirme les vues sur la justification par la foi telle qu'elle fut enseignée par A.T. Jones et E.J. Waggoner pendant les années où Ellen White les soutenait (1888-1896). Le premier centre d'intérêt portait sur la Bible, non dans l'intention de déprécier les écrits d'Ellen White, mais parce qu'elle-même, en tant que "plus petite lumière", nous invite à étudier "la plus grande lumière". L'Église Adventiste du Septième Jour doit proclamer au monde la vérité de la Bible.

Cependant, en tant qu'introduction à l'étude de la Bible, bon nombre de citations importantes d'Ellen White attirent notre attention et nous invitent à une recherche plus approfondie de l'enseignement biblique du thème "en Christ" (C'est nous qui soulignons).

(1) Son affirmation stupéfiante dans Jésus-Christ. Lorsque le Père entoura Jésus de Ses bras au moment de Son baptême dans le Jourdain, il entourait aussi la race humaine tout entière "en Lui". "La parole dite à Jésus au Jourdain: 'Celui-ci est Mon Fils bien-aimé, objet de Mon affection', embrasse 1'humanité tout entière. Dieu parle alors à Jésus en tant que notre représentant. Malgré tous nos péchés et nos faiblesses, nous ne sommes pas rejetés comme des êtres sans valeur. Il nous a acceptés dans le Bien-Aimé" (Éph. 1: 6, KJV).(1) (Jésus-Christ, p. 94).

(2) La citation sur la déclaration d'émancipation. Ellen White compare la race humaine tout entière aux esclaves de la Confédération Américaine légalement rendus libres par la déclaration d'émancipation proclamée le 1er janvier 1863 par le Président A. Lincoln: "Le cœur [du Sauveur] rempli d'amour divin et de sympathie est attiré surtout par le pécheur le plus désespérément englué dans les filets de l'ennemi. Avec Son sang, Il a signé le décret d'émancipation de la race humaine" (Ministère de la Guérison, p. 68). (2)

(3) Les citations: "Christ sauva le monde". Ellen White reconnaissait que Jésus avait donné le salut à tout être humain: "Christ... racheta la faute honteuse d'Adam, et sauva le monde" (My Lifie Today, p. 323; Youth's Instructor, 2 Juin 1898). "Il rendit la faveur divine à toute la famille humaine" (3) (1MC 402). "Christ... agit envers l'humanité à la place de Dieu, sauvant la race d'une mort instantanée" (4) (ST 29/05/1901).

(4) Les méchants vivent grâce à la croix. "Personne, qu'il soit saint ou pécheur, ne mange sa nourriture quotidienne sans être nourri du corps et du sang du Christ" (Jésus-Christ, p. 664). (5)

(5) Pour être perdu, il faut rejeter le don de Dieu "en Christ". "Le pécheur peut résister à cet amour, refuser de se laisser attirer par le Sauveur; mais s'il ne résiste pas, il sera attiré vers Lui"... dans la repentance" (Le Meilleur Chemin, p. 24, traduction plus littérale; Les clés du bonheur, p. 11). (6)

Conclusions d'après les citations d'Ellen White: Dans un certain sens, toute la race humaine est "en Christ"; chaque âme a été "émancipée" en Christ; Il a réalisé le salut du monde; d'une certaine manière, chaque être humain partage la Cène du Seigneur; le "don" offert par la grâce du Christ est si efficace que quelqu'un doit y résister et Le rejeter pour être perdu.
 

QUE DIT LA BIBLE A PROPOS DE L'IDÉE "EN Christ"?
 

L'amour de Dieu pour le monde est si fort et si efficace que le pécheur doit refuser de croire pour "périr". Jn 3: 16-19.

Le Père a fait retomber sur Christ la culpabilité des péchés de chaque être humain. És. 53: 6. Il a "adopté" chacun en Christ. En tant que notre second "Adam", Christ a pris toute l'humanité en Lui-même. Aussi sûrement qu'Adam a été racheté et sauvé quand "l'Agneau a été immolé dès avant la fondation du monde", chaque descendant d'Adam est racheté et "sauvé" dans ce même sens objectif. Il peut recevoir ou rejeter le "don" qui lui a été donné "en Christ".

Ainsi donc Christ est déjà passé par la seconde mort pour chaque être humain. Héb. 2: 9.

"En n'imputant point aux hommes leurs offenses", Dieu a porté au crédit de chaque être humain tous les bénéfices du sacrifice du Christ. Notre mission consiste à annoncer cette nouvelle aux hommes. 2 Cor. 5: 18-20. (7)

Ainsi, Christ "mange avec les pécheurs" (Luc 15: 2) parce qu'Il les considère comme non coupables, leurs péchés Lui étant "imputés". Traiter un pécheur coupable comme s'il ne l'était pas est rendu possible par une justification légale ou "un verdict d'acquittement juridique" "en Christ". (Rom. 5: 16, NEB).

Le Père a "adopté" la race humaine tout entière "en Christ". Éph. 1: 3-6. (8)

Les pronoms personnels "nous", "nos", employés dans Ésaïe 53: 1-6, incluent chaque membre de la race humaine parce que le "nous" est le même: "nous étions tous errants comme des brebis". ("Tous ont péché", Rom. 3: 23). Il s'ensuit donc que l'iniquité de "nous tous" qui est retombée sur Christ est celle de chaque individu. Ainsi, là encore, il est clair que Christ a adopté la race humaine "en Lui".

Il s'ensuit également que chaque âme humaine peut choisir de croire et dire avec David: "ô Éternel, je suis ton serviteur,... Tu as détaché mes liens" (Ps. 116: 16).

Chaque être humain peut croire et affirmer qu'il a un Avocat le défendant à la barre lors du jugement de Dieu. 1 Jn 2: 1, 2. (9)

Christ est déclaré "Sauveur du monde", "Sauveur de tous les hommes". Jn 4: 42; 1 Tim. 4: 10.

Puisqu'Il a "goûté la mort pour chaque homme", la "mort" que Christ a "abolie" doit être la seconde mort. 2 Tim. 1: 10. Puisque Dieu veut que "tout homme soit sauvé et parvienne à la connaissance de la vérité", Il a spécialement préparé "l'étang de feu", non pas pour les êtres humains, mais pour le "diable et ses anges". Mat. 25: 41. Les méchants qui finiront dans l'étang de feu y aboutiront parce qu'ils auront choisi la mort éternelle. Ils l'aiment parce qu'ils haïssent Christ. Prov. 8: 36.

Christ a levé la condamnation légale pour "tous les hommes" ("verdict juridique de condamnation") que la transgression d'Adam avait fait reposer sur la race humaine. Rom. 5: 16.

Renversant la "condamnation" en Adam, Christ a apporté à "tous les hommes" une légale "justification qui donne la vie" par le "don" de Lui-même. Rom. 5: 18.

Les mêmes "tous" qui ont péché sont "gratuitement justifiés par Sa grâce, par le moyen de la rédemption qui est en Jésus-Christ". Rom. 3: 23, 24. Ce n'est pas l'expérience de la justification par la foi, car "tous" ne l'expérimentent pas; c'est le fondement sur lequel l'expérience peut s'appuyer quand le pécheur croit.

L'acte de justification eut lieu quand le sang le Christ a été répandu. Rom. 5: 9. Dans un sens corporatif "nous avons été réconciliés avec Dieu par Sa mort" bien avant même que nous ne soyons nés. Vers. 10. Quand nous croyons en l'Évangile, "nous obtenons la réconciliation". Vers.11.

Tout comme chaque être humain est par création et par nature placé "en Adam", de la même manière chaque être humain est par rédemption placé "en Christ" comme Sa "possession acquise". La première et la seconde résurrection prouvent l'identité légale de tous les êtres humains (les sauvés comme les perdus) "en Christ". 1 Cor. 15: 22; Éph. 1: 14. Mais les perdus ont choisi de refuser l'identité qui leur a déjà été acquise. (10)

Une personne adoptée est légalement libre de rejeter l'adoption. Ainsi, le pécheur peut choisir par incrédulité de refuser son "élection" ou "adoption" "en Christ". Jos. 24: 15.

L'exemple de l'expérience d'Ésaü est un avertissement illustrant la manière dont les perdus répudient leur situation de "choisis en Christ". Il "possédait" le droit d'aînesse, celui-ci était sien en vertu de sa naissance, personne ne pouvait le lui dérober, mais il a choisi de le "vendre" pour répondre à un penchant sensuel futile. Gen. 25: 34; Héb. 12: 15-17.

            L'horreur éprouvée par les perdus en souffrant la seconde mort sera liée à leur prise de conscience quand ils s'apercevront de quelle façon ils ont répété l'histoire d'Ésaü. Ils verront comment il ont méprisé leur élection en Christ. Ils comprendront qu'ils avaient la bénédiction du droit de naissance (ce don ne leur était pas seulement offert!), ils étaient choisis... en Lui, prédestinés... à être Ses enfants d'adoption par [en] Jésus-Christ, "acceptés en Son bien-aimé", "en qui [ils avalent la rédemption par Son sang. Ils verront qu'ils auront dédaigné et rejeté tout cela comme le fit Ésaü. L'étang de feu mettra miséricordieusement fin à l'horreur de l'auto-condamnation totale qu'ils ressentiront. Éph. 1: 3-7; Ap. 20: 12-14; Héb. 10: 29. (11)

"Croire en Jésus" est un choix qui permet d'apprécier ce que Christ a accompli pour nous par Son sacrifice dans le don de Lui-même. La foi est le choix d'une expérience d'identification de soi "en Christ", qui permet de valider tout ce qui a déjà été accompli pour chacun/chacune. Recevoir, croire, s'approprier, apprécier cet Évangile objectif débouche sur une expérimentation de l'Évangile subjectif qui est une vie transformée par la justification par la foi. (12)

Croire et apprécier l'amour de Dieu est facile tandis que résister ou regimber contre est difficile. Mat. 11: 29-30; Act. 26: 14. (13)


 

Notes :

1) - Une déclaration comparable se lit dans The Ellen G. White 1888 Materials, pp. 124, 125. Elle voit le "nous" d'Éphésiens 1 comme faisant essentiellement référence à la race humaine "en Christ" au travers de l'adoption par Sa grâce. Certains ont des difficultés à comprendre ce concept. A la question: Que dois-je faire pour être sauvé? ils répondaient plus volontiers "fais et vis"que "crois et tu seras sauvé". Tout le "faire" a été réalisé "en Christ". Vivez maintenant et agissez comme quelqu'un qui est sauvé!

2) - Il est à noter que "l'émancipation" était seulement une déclaration légale annonçant que tous les esclaves de la Confédération étaient maintenant "libres". Pour expérimenter la liberté nouvellement acquise, l'esclave devait (1) entendre la bonne nouvelle, (2) y croire, (3) marcher vers la liberté. Le Père a légalement "adopté" la race humaine tout entière "en Christ".

Individuellement le pécheur doit (1) entendre la Bonne Nouvelle, (2) y croire, (3) marcher vers la liberté. D'aucune manière, l'illustration de la proclamation d'émancipation donnée par E.G. White ne favorise le concept de l'antinomisnisme (contre la loi) "pèche et vis". Lorsque Paul emploie l'expression "un verdit d'acquittement juridique" en référence au sacrifice de Christ pour "tous les hommes", il n'insinue jamais l'idée que Dieu force tous les hommes à être sauvés éternellement. Ils peuvent résister.

3) - Être rétabli dans la faveur de Dieu, alors que l'on est encore ennemi de Dieu ou éloigné de Lui, est précisément la signification de la justification objective réalisée par le sacrifice de Christ. Le terme "justifié" est principalement défini par l'illustration de Deutéronome 25: 1: le juge hébreu doit prononcer la culpabilité ou l'innocence d'une personne sur la base de l'évidence du cas. Pour lui, "justifier" l'accusé ne peut pas rendre un coupable juste. Tout ce que pouvait faire le juge était de faire une déclaration. Dans notre cas, nous sommes coupables, mais le Christ a assumé notre culpabilité. Ainsi "en Lui" la race humaine tout entière a été proclamée innocente ou justifiée dans un sens légal. Mais beaucoup résistent ou rejettent le don qui leur a été offert en Lui. De cette façon, ils reprennent volontairement sur eux-mêmes la condamnation qui était la leur en Adam. Quand une telle décision devient définitive, le pécheur a dépassé le point de non retour.

4) - Son utilisation du terme "mort" est la même que Paul dans Hébreux 2: 9. Il est évident qu'elle ne veut pas dire que Christ a sauvé la race de la première mort qui est un "sommeil", connue de (presque) toute l'humanité. Elle veut dire qu'Il a sauvé la race de la seconde mort. Personne n'a besoin de passer par la seconde mort si ce n'est à cause de son incrédulité.

5) - Aucun pécheur ne peut profiter ne serait-ce que d'un souffle à moins qu'il ne soit au bénéfice de la justification légale ou d'un "verdict d'acquittement juridique" en Christ (Rom. 5:16, NEB).

6) - Étrangement, cette pensée n'a jamais été exprimée par Ellen White si ce n'est après 1888. Des citations parallèles se trouvent dans Jésus-Christ, pp. 358 et 378 et Signs of the Times du 11 Août 1890. Serait-ce un concept qu'elle a appris à énoncer après avoir entendu ou lu Jones et Waggoner?

7) - Si nous n'informons pas le pécheur de cette vérité, il aura tendance immanquablement à regarder son salut comme reposant sur sa seule initiative, ce qui constitue l'idée, essentielle et fondamentale de tout légalisme insidieux. La résistance répétée des Adventistes du Septième Jour à cette vérité est directement responsable de la condition de "tiédeur" de l'Église.

8) - Ellen White emploie le pronom personnel "nous" dans ce chapitre (Jésus-Christ, p. 94). Ce sens objectif n'entre en aucun cas en contradiction avec ses avertissements souvent exprimés selon lesquels le pécheur doit individuellement faire l'expérience de recevoir Christ. Cette dernière n'étant possible que sur la base de la première.

9) - Mais Christ ne peut pas contraindre le pécheur à Le prendre comme Avocat de la défense si le pécheur choisit de rejeter Ses services déjà offerts.

10) - les "Adventistes historiques" ne comprennent pas parfois la vision du message de 1888 concernant la justification en supposant, à première vue, que cela encourage l'hérésie de "pèche et vis". Il faut bien comprendre la "contrainte" de l'agapé comme une puissance motivante. Nous ne devons pas réduire dans l'esprit du pécheur une appréciation pleine et entière de la valeur de l'amour agapé, car seul l'agapé est la véritable obéissance aux dix commandements (Rom. 13: 10). Réduire l'agapé en le résumant à "amour, amour, amour", comme on le fait fréquemment, c'est déprécier sévèrement ce concept et faire par là une distorsion tragique du "très précieux message" au sujet de la croix du Christ et de Sa puissance motivante pour délivrer du péché. La motivation est la clé, qu'elle soit poussée par la peur de l'enfer ou l'espoir de la récompense, ou qu'elle soit contrainte par l'agapé.

11) - Certains Adventistes rejettent l'idée que Christ soit mort de la seconde mort parce qu'ils estiment qu'Apocalypse 20: 14 décrit "l'étang de feu" matériel comme englobant tous les aspects de la seconde mort. Puisque les pharisiens n'ont pas jeté Jésus dans un "étang" réel d'huile brûlante, ergo, Christ ne peut pas avoir enduré la seconde mort! Ils ne tiennent pas compte de l'agonie que décrit le verset 12. La torture mentale et spirituelle infligée à soi-même est plus douloureuse que la douleur causée par une température aussi élevée soit-elle. Ces frères et sœurs ne comprennent d'ailleurs pas davantage la nature de l'agonie du Christ sur Sa croix.

12) - Ainsi, il y a une justification qui a été accomplie à la croix quand la race humaine a été justifiée par Son sang. Le pécheur croit ou ne croit pas, il n'y a pas de moyen terme. S'il croit, il expérimente la justification par la foi "qui est rendue manifeste par l'obéissance à tous les commandements de Dieu" (Testimonies to Ministers, p. 92; de toute évidence, la version de la justification par la foi prônée par les observateurs du dimanche n'atteint pas son but. S'il ne croit pas, il "aura foulé aux pieds le Fils de Dieu, et aura tenu pour profane le sang de l'alliance par lequel il a été sanctifié, et [il aura outragé l'Esprit de la grâce" (Héb. 10: 29). Puisse Dieu nous préserver de cela!

13) - Cet aperçu stupéfiant de la révélation divine est devenu une pierre d'achoppement pour bon nombre d'Adventistes du Septième Jour qui chérissent l'idée que suivre Jésus est difficile et servir le diable est facile. Cette confusion largement répandue serait impossible si le très précieux message [1888] avait été accepté et proclamé par la Conférence Générale il y a plus d'un siècle. Le point de vue d'Ellen White, clairement énoncé dans Une vie meilleure, p. 161, doit être accepté: "N'allons pas... en conclure que le chemin qui monte est pénible et que celui qui descend est agréable. La route qui mène à la mort est semée de souffrances, de châtiments, de chagrins et de déceptions qui sont autant d'invitations à revenir en arrière. L'amour [agapé] de Dieu a voulu rendre ce chemin de la destruction pénible aux insouciants et aux entêtés". Cela serait la mort totale!

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