CHAPITRE 8

CHRIST LE LÉGISLATEUR

(index)

« Car l’Eternel est notre juge, l’Eternel est notre législateur, l’Eternel est notre roi : c’est lui qui nous sauve » (Esaïe 33 :22).

Il nous faut maintenant considérer Christ dans un autre rôle, qui n’est cependant pas différent. Il s’agit de la conséquence naturelle de sa position de Créateur, car celui qui crée doit certainement avoir l’autorité pour guider et pour contrôler. Nous lisons dans Jean 5 :22, 23, les paroles de Christ : « le Père ne juge personne, mais il a remis tout jugement au Fils, afin que tous honorent le Fils comme ils honorent le Père ». Comme Christ est la manifestation du Père dans la création, de même, il est la manifestation du Père pour donner et faire appliquer la loi. Quelques textes de l’Ecriture suffiront à le prouver.

Dans Nombres 21 : 4-6, nous avons le récit partiel d’un incident qui eut lieu pendant que les enfants d’Israël étaient dans le désert : « Ils partirent de la montagne de Hor par le chemin de la mer Rouge, pour tourner le pays d’Edom. Le peuple s’impatienta en route, et parla contre Dieu et contre Moïse : Pourquoi nous avez-vous fait monter hors d’Egypte, pour que nous mourions dans le désert ? Car il n’y a point de pain, et il n’y a point d’eau, et notre âme est dégoûtée de cette misérable nourriture. Alors l’Eternel envoya contre le peuple des serpents brûlants ; ils mordirent le peuple, et il mourut beaucoup de gens en Israël ».

Le peuple parla contre Dieu et contre Moïse, en disant : Pourquoi nous as-tu amenés dans le désert ? Il blâma son chef. C’est pourquoi il fut exterminé par les serpents. Maintenant, lisons les paroles de l’apôtre Paul concernant ce même événement : « Ne tentons point le Seigneur, comme le tentèrent quelques-uns d’eux, qui périrent par les serpents » (1 Corinthiens 10 :9). Qu’est-ce que cela prouve ? Que le Chef contre lequel ils murmuraient était le Christ. Ceci est encore plus clair par le fait que quand Moïse unit son sort à celui d’Israël, il regarda « l’opprobre de Christ comme une richesse plus grande que les trésors de l’Egypte, car il avait les yeux fixés sur la rémunération » (Hébreux 11 :26). Lire aussi 1 Corinthiens 10 :4, où Paul dit que les pères « ont tous bu le même breuvage spirituel, car ils buvaient à un rocher spirituel qui les suivait, et ce Rocher était Christ ». Ainsi donc, Christ était le Conducteur d’Israël depuis l’Egypte.

Le troisième chapitre de l’épître aux Hébreux confirme le même fait. Ici on nous dit de considérer l’Apôtre et le Souverain Sacrificateur de la foi que nous professons, Jésus-Christ, qui a été fidèle dans toute Sa maison, non pas comme un serviteur, mais comme un fils dans sa propre maison (versets 1-16). Puis on nous dit que nous sommes Sa maison, si nous retenons fermement notre confiance jusqu’à la fin. En conséquence, nous sommes exhortés par le Saint-Esprit à entendre sa voix et à ne pas endurcir nos coeurs, comme le firent les pères dans le désert. « Car nous sommes devenus participants de Christ, pourvu que nous retenions fermement jusqu’à la fin l’assurance que nous avions au commencement, pendant qu’il est dit : Aujourd’hui si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas vos coeurs, comme lors de la révolté. Qui furent, en effet ceux qui se révoltèrent après l’avoir entendue, sinon tous ceux qui étaient sortis d’Egypte sous la conduite de Moïse ? Et contre qui Dieu fut-il irrité pendant quarante ans, sinon contre ceux qui péchaient, et dont les cadavres tombèrent dans le désert ? » (versets 14-17). Ici encore, Christ est décrit comme le Conducteur et le Capitaine d’Israël pendant leur séjour de quarante années dans le désert.

La même chose apparaît dans Josué 5 :13-15, où l’on nous dit que l’homme que Josué vit près de Jéricho, ayant une épée nue à la main, à la question de Josué : « Es-tu des nôtres ou de nos ennemis ? répondit : Non, mais je suis le Chef de l’armée de l’Eternel, j’arrive maintenant ».En effet, personne ne pourra contester que Christ était le réel Conducteur d’Israël, bien qu’invisible. Moïse, le conducteur visible d’Israël « se montra ferme, comme voyant celui qui est invisible ». Ce fut Christ qui commanda à Moïse d’aller délivrer son peuple.

Maintenant, lisons Exode 20 :1-3 : « Alors Dieu prononça toutes ces paroles, en disant : je suis l’Eternel, ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Egypte, de la maison de servitude. Tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face. » Qui prononce ces mots ? Celui qui les fit sortir d’Egypte. Et qui fut le conducteur d’Israël à la sortie d’Egypte ? Le Christ. Alors qui proclama la loi sur le Mont Sinaï ? Christ, l’éclat de la gloire du Père, l’image exacte de sa personne, qui est la manifestation de Dieu à l’homme. Ce fut le Créateur de toutes les choses créées et Celui à qui tout jugement a été confié.

Il y a une autre façon d’arriver à cette démonstration : Quand le Seigneur viendra, il y aura un grand cri (1 Thessaloniciens 4 :16) qui pénétrera dans les tombeaux et ressuscitera les morts (Jean 5 :28-29). « L’Eternel rugira d’en haut ; de sa demeure sainte il fera retentir sa voix ; il rugira contre le lieu de sa résidence ; il poussera des cris, comme ceux qui foulent au pressoir, contre tous les habitants de la terre. Le bruit parvient jusqu’à l’extrémité de la terre ; car l’Eternel est en dispute avec les nations, il entre en jugement contre toute chair ; il livre les méchants au glaive, dit l’Eternel » (Jérémie 25 :30, 31). En comparant ceci avec Apocalypse 19 :11-21, où Christ est montré comme le conducteur des armées du ciel, la parole de Dieu, le Roi des rois et le Seigneur des seigneurs qui s’avance pour fouler « la cuve du vin de l’ardente colère du Dieu tout-puissant », détruisant tous les méchants, nous voyons que c’est Christ qui rugit de sa demeure contre tous les habitants de la terre, quand il soulève une controverse avec les nations. Joël ajoute autre chose, quand il dit : « De Sion l’Eternel rugit, de Jérusalem il fait entendre sa voix : les cieux et la terre sont ébranlés. Mais l’Eternel est un refuge pour son peuple, un abri pour les enfants d’Israël » (Joël 3 :16).

Par ces textes, auxquels beaucoup d’autres pourraient s’ajouter, nous apprenons, en relation avec la venue du Seigneur pour délivrer son peuple, qu’il parle d’une voix qui ébranle la terre et les cieux. « La terre chancelle comme un homme ivre, elle vacille, comme une cabane ; son péché pèse sur elle, elle tombe, et ne se relève plus » (Esaïe 24 :20), et « les cieux passeront avec fracas » (2 Pierre 3 :10). Lisons maintenant Hébreux 12 :25, 26 : « Gardez-vous de refuser d’entendre celui qui parle ; car si ceux-là n’ont pas échappé qui refusèrent d’entendre celui qui publiait des oracles sur la terre, combien moins échapperons-nous, si nous nous détournons ce celui qui parle du haut des cieux, lui, dont la voix alors ébranla la terre, et qui maintenant a fait cette promesse : Une fois encore j’ébranlerai non seulement la terre, mais aussi le ciel ».

La voix ébranla la terre au moment où la loi fut proclamée au Sinaï (Exode 19 :18-20 ; Hébreux 12 :18-20), événement saisissant qui n’eut jamais son pareil, et n’en aura jamais jusqu’au retour du Seigneur avec les anges du ciel, pour sauver son peuple. Mais notons : la même voix qui ébranla alors la terre, dans les temps à venir ébranlera non seulement la terre, mais aussi le ciel ; et nous avons vu que c’est la voix du Christ qui retentira avec une ampleur telle qu’elle ébranlera le ciel et la terre, lors du dénouement de sa controverse avec les nations. Donc il est démontré que c’était la voix de Christ qui se fit entendre au Sinaï, lors de la proclamation des dix commandements. Ceci coïncide exactement avec la conclusion logique de ce qui a déjà été commenté sur Christ Créateur et Auteur du Sabbat.

En effet, le fait que Christ soit une partie de la Divinité, possédant tous les attributs divins, étant l’égal du Père sous tous les rapports, en tant que Créateur et Législateur, est la seule force du sacrifice d’expiation. C’est ceci seulement qui fait de la rédemption une possibilité. Christ est mort «afin de nous amener à Dieu » (1 Pierre 3 :18), mais s’il lui avait manqué un seul iota pour être l’égal de Dieu, il ne pourrait pas nous conduire à Dieu. Divinité veut dire avoir les attributs de Dieu. Si Christ n’avait pas été divin, alors nous n’aurions eu qu’un sacrifice humain. Peu importe, si Christ eut été reconnu comme la plus haute intelligence créée de l’univers ; dans ce cas, il aurait été un sujet, devant allégeance à la loi, sans la capacité de rien faire de plus que son propre devoir. Il n’aurait eu aucune justice à impartir aux autres. Il y a une distance infinie entre l’ange le plus élevé jamais créé et Dieu ; par conséquent, l’ange le plus élevé n’aurait pas pu élever l’homme déchu et le rendre participant de la nature divine. Les anges peuvent servir les humains, mais Dieu seul peut racheter. Remercions Dieu que nous soyons sauvés par la rédemption qui est en Jésus-Christ en qui « habite corporellement toute la plénitude de la Divinité », et qui est donc capable de « sauver parfaitement ceux qui s’approchent de Dieu par lui ».

Cette vérité nous aide à comprendre plus parfaitement la raison pour laquelle Christ est appelé la Parole de Dieu. Il est Celui par qui la volonté divine et la puissance divine se font connaître aux hommes ; il est, pour ainsi dire, le porte-parole de Dieu, la manifestation de Dieu. Il manifeste ou fait connaître Dieu à l’homme. Il a plu au Père qu’en lui habitât toute la plénitude ; et ainsi, le Père n’est pas relégué à une position secondaire, comme certains se l’imaginent, quand Christ est exalté en tant que Créateur et Législateur ; car la gloire du Père rayonne à travers le Fils. Puisque Dieu est connu seulement à travers Christ, il est évident que le Père ne peut pas être honoré comme il devrait être honoré par ceux qui n’exaltent pas Christ. Comme Christ lui-même l’a dit : « Celui qui n’honore pas le Fils, n’honore pas le Père qui l’a envoyé » (Jean 5 :23).

On se demande comment Christ pouvait être le Médiateur entre Dieu et l’homme tout en le Législateur ? Nous n’avons pas à l’expliquer, mais seulement à accepter le texte de l’Ecriture tel qu’il est. Et le fait qu’il en est ainsi donne de la force à la doctrine du sacrifice d’expiation. La certitude pour le pécheur du pardon complet et gratuit repose sur la garantie que le Législateur lui-même, celui contre lequel il s’est rebellé et qu’il a bravé, est Celui qui s’est donné pour nous. Comment est-il possible pour quiconque de douter de la sincérité de l’intention de Dieu, ou de sa parfaite bonne volonté à l’égard des hommes, quand il s’est donné lui-même pour leur rédemption ? Car, qu’on ne s’imagine pas que le Père et le Fils étaient séparés dans cette oeuvre. Ils ont été Un dans ce cas, comme dans toutes les autres opérations. Le conseil de paix existait entre les deux (Zacharie 6 :12-13), et même ici sur la terre le Fils, seul premier-né, était dans le sein du Père.

Quelle merveilleuse manifestation d’amour ! Christ l’innocent souffrit pour le coupable ; le juste, pour les injustes ; le Créateur, pour la créature ; l’Auteur de la loi, pour le transgresseur de la loi ; le Roi, pour ses sujets rebelles. Puisque Dieu n’a pas épargné son propre fils, mais l’a volontairement livré pour nous tous –Christ volontairement s’est donné lui-même pour nous- comment ne nous donnerait-il pas toutes choses gratuitement avec lui ? L’Amour infini ne pouvait pas trouver une plus grande manifestation de lui-même. Le Seigneur peut dire avec raison : « Qu’aurait-on pu faire de plus pour ma vigne, que je n’aie pas fait » ?

Chapitre 7   Catalogue   Index   Chapitre 9