CHAPITRE 6

DIEU MANIFESTE DANS LA CHAIR

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« La parole a été faite chair ; elle a habité parmi nous » (Jean 1 :14). Aucune expression ne pouvait plus clairement montrer que Christ était à la fois Dieu et homme. A l’origine, seulement divin, il prit sur lui-même la nature humaine, et vécut parmi les hommes comme un simple mortel, excepté à certaines occasions, où Sa divinité éclata, comme lors de la purification du temple, ou quand ses paroles brûlantes de vérité simple, forçaient même ses ennemis à confesser que « jamais homme n’a parlé comme cet homme ».

L’humiliation, à laquelle Christ se soumit volontairement, est très bien exprimée par Paul dans son épître aux Philippiens (2 :5-8) : « Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus-Christ, lequel, existant en forme de Dieu, n’a point regardé comme une proie à arracher d’être égal avec Dieu, mais s’est dépouillé lui-même, en prenant une forme de serviteur, en devenant semblable aux hommes ; et ayant paru comme un simple homme, il s’est humilié lui-même, se rendant obéissant jusqu’à la mort, même jusqu’à la mort de la croix ».

L’idée est que, bien que Christ fut en forme de Dieu, étant « l’éclat de sa gloire, et l’image exacte de sa personne » (Hébreux 1 :3), ayant tous les attributs de Dieu, étant le souverain de l’univers, et l’Unique que tous les cieux sont ravis d’honorer, il ne pensa pas qu’aucune de ces choses devaient être désirées, aussi longtemps que les hommes étaient perdus et sans force. Il ne pouvait pas jouir de sa gloire tandis que l’homme était un proscrit, sans espérance. Aussi, il s’anéantit lui-même, se dépouilla de toutes ses richesses et de sa gloire, et prit sur lui la nature de l’homme, afin de pouvoir le racheter. Et ainsi, nous pouvons harmoniser l’unité de Christ avec le Père, par la déclaration : « mon Père est plus grand que moi ».

Il est impossible pour nous de comprendre comment Christ put, étant Dieu, s’humilier lui-même jusqu’à la mort de la croix, et il est plus qu’inutile de spéculer sur ce sujet. Tout ce que nous pouvons faire c’est accepter les faits tels qu’ils sont présentés dans la Bible. Si le lecteur trouve difficile d’harmoniser certaines déclarations de la Bible concernant la nature de Christ, qu’il se souvienne qu’il serait impossible de l’exprimer dans des termes qui permettraient à des esprits limités de la comprendre pleinement. De même que la greffe des gentils dans le tronc d’Israël est contraire à la nature, de même l’économie divine est un paradoxe pour l’intelligence humaine.

Nous citerons d’autres textes qui nous conduirons plus près de l’humanité de Christ, et de ce qu’elle signifie pour nous. Nous avons déjà lu que « la parole fut faite chair », et maintenant, nous lirons ce que Paul dit concernant la nature de cette chair. « Car, chose impossible à la loi, parce que la chair la rendait sans force, Dieu a condamné le péché dans la chair, en envoyant, à cause du péché, son propre Fils dans une chair semblable à celle du péché, et cela afin que la justice de la loi fût accomplie en nous, qui marchons, non selon la chair, mais selon l’esprit » (Romains 8 :3, 4).

Il nous suffira de réfléchir un peu pour comprendre que si Christ prit sur lui la ressemblance de l’homme afin de le racheter, il a dû être rendu semblable à l’homme pécheur, puisque c’est l’homme pécheur qu’il vint racheter. La mort ne pouvait pas avoir de pouvoir sur un homme sans péché, comme Adam l’était en Eden ; et elle n’aurait pu avoir aucun pouvoir sur le Christ, si le Seigneur n’avait pas mis sur lui l’iniquité de nous tous. Et qui plus est, le fait que Christ revêtit lui-même la chair, non d’un être sans péché, mais d’un homme pécheur, c’est-à-dire que la chair qu’il assuma avait toutes les faiblesses et les tendances pécheresses auxquelles la nature humaine déchue est sujette, est montrée par l’affirmation qu’il « fut fait de la semence de David selon la chair ». David avait toutes les passions de la nature humaine. Il dit de lui-même : « Voici, je suis né dans l’iniquité, et ma mère m’a conçu dans le péché » (Psaume 51 :7).

La déclaration suivante de l’épître aux Hébreux est très claire sur ce point : « car assurément ce n’est pas à des anges qu’il vient en aide, mais c’est à la postérité d’Abraham. En conséquence, il a dû être rendu semblable en toutes choses à ses frères, afin qu’il fût un souverain sacrificateur miséricordieux et fidèle dans le service de Dieu, pour faire l’expiation des péchés du peuple ; car, ayant été tenté lui-même dans ce qu’il a souffert, il peut secourir ceux qui sont tentés » (Hébreux 2 :16-18).

S’il fut fait en toutes choses semblable à ses frères, alors il a dû souffrir de toutes les infirmités, et être sujet à toutes les tentations de ses frères. Deux autres textes qui montrent très clairement ce sujet donneront une évidence suffisante sur ce point. Nous citons d’abord 2 Corinthiens 5 :21 :  « Celui qui n’a point connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu ».

Ceci est beaucoup plus fort que l’affirmation qu’il fut fait « à la ressemblance de la chair pécheresse ». Il fut fait péché. Voici le même mystère que celui de la mort du Fils de Dieu. L’Agneau de Dieu sans tache, qui ne connut pas le péché, fut fait péché. Sans péché ; cependant, il ne fut pas seulement considéré comme pécheur, mais il prit réellement la nature pécheresse sur lui. Il fut fait péché de telle sorte que nous puissions être faits justice. Aussi, Paul dit aux Galates « mais, lorsque les temps ont été accomplis, Dieu a envoyé son Fils, né d’une femme, né sous la loi, afin que nous reçussions l’adoption » (Galates 4 :4, 5).

« Car, ayant été tenté lui-même dans ce qu’il a souffert, il peut secourir ceux qui sont tentés » (Hébreux 2 :18). « Car nous n’avons pas un souverain sacrificateur qui ne puisse compatir à nos faiblesses ; au contraire, il a été tenté comme nous en toutes choses, sans commettre de péché. Approchons-nous donc avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être secourus dans nos besoins » (Hébreux 4 :15-16).

Encore un point, et alors nous pourrons apprendre la leçon entière en relation avec le fait que « la parole fut faite chair et habita parmi nous ». Comment se fait-il que « la faiblesse est aussi son partage » (Hébreux 5 :2), et cependant, ne pas connaître le péché ?

Certains ont pu penser en lisant tout ceci, que nous déprécions le caractère de Jésus, en l’abaissant au niveau de l’homme pécheur. Au contraire, nous exaltons simplement le pourvoir divin de notre Sauveur béni qui descendit volontairement au niveau de l’homme pécheur, afin d’élever l’homme jusqu’à Sa pureté sans tache, qu’il conserva dans les circonstances les plus adverses. Son humanité voila seulement sa nature divine, par laquelle il était inséparablement relié au Dieu invisible, et qui était plus que capable de résister avec succès aux faiblesses de la chair. Il eut a lutter durant toute sa vie. La chair, animée par l’ennemi de toute justice, tendait à pécher, cependant sa nature divine n’hébergea jamais, ne serait-ce qu’un instant, un mauvais désir, et sa puissance divine ne vacilla jamais. Ayant souffert dans la chair tout ce que les hommes peuvent souffrir, il remonta vers le trône du Père aussi immaculé que lorsqu’il quitta les cours de gloire. Quand il reposa dans la tombe, sous la puissance de la mort, « il fut impossible qu’il soit retenu par elle parce qu’il ne connut pas le péché ».

Mais certains diront :  « Je ne vois là aucun encouragement pour moi. C’est certain, je dispose d’un exemple, mais je ne peux pas le suivre, car je n’ai pas la puissance que Christ avait. Il était Dieu, même quand il était ici sur la terre ; moi, je ne suis qu’un homme ». Oui, mais vous pouvez avoir le même pouvoir qu’il avait, si vous le voulez. Il était « lui-même sujet à l’infirmité » (Hébreux 5 :2), cependant, il ne pécha point parce que la puissance divine habitait constamment en lui. Maintenant, lisons les paroles inspirées de l’apôtre Paul, et voyons quel est votre privilège : « A cause de cela, je fléchis les genoux devant le Père, duquel tire son nom toute famille dans les cieux et sur la terre, afin qu’il vous donne, selon la richesse de sa gloire, d’être puissamment fortifiés par son Esprit dans l’homme intérieur, en sorte que Christ habite dans vos coeurs par la foi ; afin qu’étant enracinés et fondés dans l’amour, vous puissiez comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la profondeur et la hauteur, et connaître l’amour de Christ, qui surpasse toute connaissance, en sorte que vous soyez remplis jusqu’à toute la plénitude de Dieu » (Ephésiens 3 :14-19).

Peut-on demander plus ? Christ, en qui habite toute la plénitude de la Divinité corporellement peut habiter dans notre coeur, pour que nous puissions être remplis de toute la plénitude de Dieu. Quelle merveilleuse promesse ! Il est « touché par le sentiment de notre infirmité ». C’est-à-dire, ayant souffert tout ce que la chair pécheresse hérite, il connaît tout, et il s’identifie si étroitement avec ses enfants, que tout ce qui pèse sur eux, retombe également sur Lui, et Il sait combien la puissance divine est nécessaire pour résister à la chair pécheresse ; et si nous désirons sincèrement refuser l’impiété et les convoitises de ce monde, il est capable et désireux de nous donner la force « surpassant abondamment tout ce que nous demandons ou pensons ». Toute la puissance qui demeurait en Christ par nature, nous pouvons l’avoir en nous par grâce, car il nous la donne gratuitement et sans mesure.

Alors, que les âmes fatiguées, faibles, et opprimées par le péché, prennent courage. Qu’elles « viennent sans crainte au trône de la grâce » où elles sont certaines de trouver la grâce pour les aider au moment du besoin, parce que ce besoin est ressenti par notre Sauveur au moment même où il se manifeste. Il est « touché par le sentiment de notre infirmité ». S’il avait simplement souffert il y a mille huit cents ans, nous pourrions craindre qu’il ait oublié certaines de ces infirmités ; mais non, la tentation même qui vous opprime, le touche aussi. Ses blessures sont toujours vives, et il subsiste toujours pour intercéder pour vous.

Quelles merveilleuses possibilités il y a pour le chrétien ! Quelles hauteurs de sainteté il peut atteindre ! Quelle que soit la lutte que Satan peut mener contre lui en l’assaillant là où la chair est la plus faible, il peut demeurer à l’ombre du Tout-Puissant, et être rempli de la plénitude de la force de Dieu. Celui qui est plus fort que Satan, peut habiter dans son coeur continuellement ; et alors, tout en considérant les attaques de Satan comme du haut d’une solide forteresse, il peut dire : « Je puis tout par Celui qui me fortifie » (Philippiens 4 :13).

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