L'ISLAM LANCE UN DEFI AU MONDE

Robert J. Wieland

(catalogue)

Chevauchant la crête d'une vague de renaissance culturelle et religieuse, l'Islam est aujourd'hui la force mystique au développement le plus rapide dans le monde. Pourquoi?

La Droite chrétienne américaine n'est qu'une pathétique minorité si on la compare aux millions de musulmans réveillés et zélés pour réformer le monde. Les fidèles du Croissant veulent exercer une pression mondiale pour qu'on reconnaisse Allah comme Maître suprême par une soumission à sa Charia ou Loi.

Humiliés par des siècles d'assujettissement militaire, social et économique, les peuples islamiques, dans plus de soixante-dix pays, sont aujourd'hui au sommet d'un renouveau culturel et religieux. Le pétrole et la politique du Moyen-Orient ont catapulté l'Islam dans une position de prééminence mondiale. Des décennies de soutien d'Israël par les États-Unis d'Amérique ont aussi contribué à jeter les Arabes à nouveau dans une position héroïque de David défiant Goliath. L'homme de l'Occident est fasciné et terrorisé par la mystique d'un Islam militaire renaissant au plan mondial.

Le zèle actuel de l'Islam pour se propager rivalise avec l'évangélisation traditionnellement agressive du Christianisme. Dans les pays qui constituent son fief, la foi en Allah bénéficie d'une renaissance du militantisme. Dans les régions qui ont toujours été considérées comme solidement chrétiennes, l'Islam s'affaire à élever des mosquées et des minarets avec un zèle ressemblant à celui des missionnaires du dix-neuvième siècle bâtissant des églises en pays païen.

L'Islam est devenu la seconde grande religion d'Europe, ce continent qui fut jadis le centre culturel du Christianisme mondial. Il prétend avoir près de deux millions d'adeptes dans le royaume conservateur de Grande Bretagne. Et les Américains, si longtemps habitués à avoir un sentiment de supériorité parce qu'ils envoyaient des missionnaires dans les pays enténébrés, éprouvent maintenant la sensation étrange d'être les destinataires du zèle missionnaire d'une foi étrangère.

Le journal "Christianity today" rapporta récemment qu'il y a plus de Musulmans que de Méthodistes aux U.S.A.. Les inspirateurs du premier amendement à la Constitution des U.S.A. auraient eu de la peine à imaginer qu'il deviendrait le parapluie de protection sous lequel les disciples de Mahomet pourraient prospérer. Mais, protégé par cette garantie de liberté religieuse, rêve de futurs U.S.A. s'inclinant en direction de la Mecque.

Là où l'Islam présente d'énormes "avantages"

En Afrique animiste, au sud du Sahara, beaucoup d'Africains trouvent dans l'islam plus de signification que dans le Christianisme. Totalement attaché à l'adoration d'un seul Dieu, Allah, l'Islam semble satisfaire leur désir ardent d'un culte dépourvu d'idolâtrie, et qui cependant s'adapte également à la culture polygame de l'Afrique. Un mari musulman peut avoir jusqu'à quatre épouses sans être mal vu. L'islam a encore l'avantage supplémentaire de ne pas s'identifier à l'homme blanc. Les missionnaires islamiques prétendent que leur religion et leur mode de vie sont parfaitement adaptés aux besoins sociaux du Tiers monde.

Quel est donc le secret de cet étrange attrait de l'islam pour l'homme d' aujourd'hui, que ce soit dans la brousse africaine ou dans les villes sophistiquées de l'Occident ? En particulier, pourquoi exerce-t-il un tel attrait sur les Britanniques dont les cathédrales grandioses sont presque vides le dimanche matin ? La réponse se trouve dans un aperçu mystérieux et rarement compris des raisons d'une ancienne confrontation entre l'Église primitive et Mahomet lui-même.

La foi pure de Christ, telle qu'elle fut enseignée par Lui et ses apôtres était si parfaitement adaptée aux besoins universels de l'homme qu'elle fit dans le monde des progrès phénoménaux au premier siècle. Un attrait intrinsèque presque irrésistible rendit sa propagation si efficace que les religions rivales pâlirent à côté d'elle. Le vaste réseau du paganisme organisé et institutionnalisé qui, pendant des milliers d'années, avait captivé les empires, y compris Rome, s'effondra devant l'Évangile de Jésus-Christ Si la simple fidélité à Christ et à ses enseignements, qui caractérisa les chrétiens du premier siècle, avait continué, l'Islam n'aurait trouvé aucun terrain fertile pour ses racines.

L'Église primitive fut nettement conquérante, mais dans une grande mesure, elle succomba à cette sinistre tentation qui la transforme en vaincue. Après avoir d'abord vaincu les superstitions des siècles passés, le Christianisme se mit ensuite à absorber beaucoup d'idées que les apôtres avaient positivement haïes et combattues. Des doctrines et des pratiques païennes, revêtues d'un vernis chrétien, commencèrent à s'infiltrer dans l'église : culte des images, idée de l'immortalité naturelle de l'âme, pénitences, prêtrise humaine au lieu de la prêtrise pleinement suffisante de Christ, libre usage du vin et adoption de fêtes païennes, comme le premier jour de la semaine consacré au soleil au lieu du Sabbat du septième jour prescrit par la Bible. L'Islam se dressa essentiellement comme une protestation contre cette conception païenne christianisée plutôt que contre le pur Christianisme lui même.

Probablement illettré, mais ayant des capacités naturelles énormes et une perspicacité aiguisée, Mahomet fut outré, choqué par l'Église décadente, telle qu'il la voyait de son temps. Le Judaïsme, pensait-il, avait déjà failli à la mission de satisfaire les besoins des gens en général, et il semblait aussi que le Christianisme établi, pénétré par le paganisme, ne faisait pas mieux.

De même que l'Iran stigmatisa l'Amérique par les mots de "Grand Satan", Mahomet pensait faire face au "Grand Satan" de son époque, caractérisé par l'idolâtrie, l'intempérance, l'arrogance et la dissipation sous le couvert de la religion.

Il ne réalisait guère qu'il était le témoin des prophéties inspirées par le ciel données dans le livre de Daniel six siècles avant Jésus-Christ. Daniel avait vu apparaître, dans une vision prophétique, la montée d'une puissance politico-religieuse faisant profession de Christianisme mais qui, en fait, serait un chef-d’œuvre de tromperie et d'apostasie.

Cette vision représentait cette puissance par une "petite corne", jaillissant au milieu des dix cornes ou nations européennes et elle prononcerait de grandes paroles contre le Très-Haut tout en prétendant l'adorer ... elle ferait la guerre aux saints du Très-Haut et penserait changer les temps et la loi, etc ... (Daniel 7 : 25). Décrivant cette puissance, Daniel dit encore qu'elle s'éleva elle-même jusqu'au Chef de l'armée céleste et usa de supercherie et prospéra." (Daniel 8 :11,12).

Ce fut un épisode cosmique tragique du grand conflit entre Christ et Satan. Quelle meilleure voie pouvait suivre l'ennemi du Christ pour tenter de détruire la pure foi de Jésus que celle de la corruption venant du dedans de l'Église elle-même? C'est cela qui offrit à l'Islam son opportunité.

Le Nouveau Testament prédit l'apostasie de l'Église

Paul avertit les vrais croyants de son époque : "Après mon départ, des loups cruels viendront parmi vous ... disant des choses perverses." (Actes 20: 29-30) " ... car il faut que l'apostasie soit arrivée auparavant, et qu'on ait vu paraître l'homme du péché, le fils de la perdition l'adversaire qui s'élève au-dessus de tout ce qu'on appelle Dieu ou de ce qu'on adore, jusqu'à s'asseoir dans le temple de Dieu, se proclamant lui-même Dieu." (2 Thessaloniciens 2: 3-4).

Jean vit cette même puissance politico-religieuse obtenant un tel succès que ''le monde entier fut dans l'admiration" et ''il lui fut donné de faire la guerre aux saints et de les vaincre; et le pouvoir lui fut donné sur toute tribu, toute langue et toute nation." (Apocalypse 13: 3-7).

Cette série peu connue de prédictions bibliques dévoile ce mystère autrement inexplicable : à savoir, pourquoi tant de choses qui prétendent représenter le christianisme, différent en réalité, sont en contradiction avec les enseignements purs et simples de la Bible.

Mahomet ne pouvait pas percer et comprendre ce secret prophétique. Rien, dans le Coran, ne révèle qu'il ait eu une vue pénétrante concernant la véritable raison de la corruption qu'il voyait se déguiser en Christianisme. Le prophète Arabe découvrit une faille, un vide dans le monde religieux d'alors et s'empressa de le combler par ses enseignements étranges et autoritaires. Ainsi naquit l'Islam et ses racines se nourrirent de la décomposition d'une chrétienté méditerranéenne idolâtre, superstitieuse et viciée.

L'une des grandes étapes phénoménales de l'histoire fut l'imprévisible mais fulgurant succès militaire de la montée de l'Islam à ses débuts. Très peu d'années après la mort du prophète, en 632 après J.-C., à la fois l'empire Romain d'Orient (Byzance) et l'empire Perse tombèrent comme un fruit trop mûr entre les mains des Musulmans. Bien que peu instruits, les cavaliers d'Allah mirent pourtant en déroute ces potentats de l'univers durant des campagnes et des raids audacieux, tels que le monde n'en avait pas connu de semblables depuis Alexandre le Grand. Les rudes fils du désert se trouvèrent soudain en possession de richesses inespérées et devinrent en même temps héritiers d'une culture avancée dépassant leur compréhension. Par exemple, un Bédouin vendit la fille d'un homme riche pour la somme de 1.000 dirhams, simplement parce qu'il n'avait jamais imaginé qu'une somme plus importante puisse exister.

Des milliers de chrétiens d'Afrique du Nord et des pays du Moyen Orient devinrent Musulmans presque d'un jour à l'autre et le pays de Saint-Augustin, au Christianisme jadis si orthodoxe abandonna mystérieusement et honteusement son identité chrétienne. Et cela si complètement que la plus riche province romaine du temps du Christ se rattacha fanatiquement à l'Étoile et au Croissant. En Afrique du Nord, pays de nombreux Pères de l'église, il demeura à peine un vestige de son histoire chrétienne jadis brillante. On peut se demander si les doctrines de l' Évêque d'Hippone ne contribuèrent pas d'une certaine manière à conditionner ses disciples pour qu'ils capitulent. (1).

L'Islam terrorisa l'Europe durant des siècles 

Vers 712, l'Islam avait déjà franchi de vive force les colonnes d'Hercule et établi en Espagne une présence qui devait durer sept cents ans. Les Arabes allèrent jusqu'aux Alpes, gardant un point d'appui dans le Valais jusqu'au 10e siècle. L'Europe, secouée par le spectre de la conquête musulmane, craignait alors l'Islam comme nous craignons, nous, la guerre nucléaire ou chimique.

Il s'avéra que l'apogée de l'église du Moyen-Age fut aussi pour le monde une des périodes les plus sombres de son histoire (2). L'ignorance et la superstition s'étendirent sur l'Europe comme un linceul. Mais une lumière brilla sur les pays de l'Islam. L'éducation se répandit avec des bibliothèques dans la plupart des villes (celle du Caire contint plus d'un million de volumes). Les Arabes nous donnèrent notre système numérique, inventant le chiffre zéro. Six siècles avant Copernic, ils savaient que la terre tourne autour du soleil. Leur médecine pratiqua l'asepsie et l'anesthésie et, dès le quatorzième siècle, elle connut la circulation du sang.

Beaucoup de savants chrétiens assimilent Allah au Dieu de la Bible. Le Coran, le livre saint de l’Islam a reconnu les prophètes de l'Ancien Testament comme les messagers de Dieu et Jésus comme le vrai Messie, né de la vierge Marie. Bien que le Coran semble ne pas accorder la divinité à Jésus, il lui concède cependant le statut unique de "Parole de Dieu". Il enseigne de hauts principes éthiques et moraux dans un style épique, poétique et plein de musique pour l'oreille arabe. Le Coran a été à la langue arabe ce que la version King James de la Bible a été pour l'anglais.

Pourquoi l'Islam est-il si agressif ?

Le secret du succès missionnaire de l'Islam vient de ce qu'il en appelle à une loi spirituelle et à une discipline ferme incorporées dans un programme hautement détaillé de "soumission" à Dieu (le mot "Islam" signifie littéralement "soumission à Allah"). L'Islam joue sur la confusion idolâtre et sans loi de l'homme moderne, et propose un mode d'adoration nettement défini. C'est ce qui attire beaucoup de gens dans des pays considérés jadis comme des bastions du Christianisme. Beaucoup des plus grandes églises d'Europe sont presque vides car elles n'offrent pas de défi clair au besoin ardent et intime de l'homme pour la dévotion et la soumission.

L'Islam est florissant aujourd'hui car notre culture occidentale soi-disant chrétienne se moque de l'exigence de l'Évangile, affirmant que celui qui suit le Christ doit aussi prendre sa croix. Mais l'Islam ne peut pas donner ce qu'il promet car il manque de la substance même de la vérité qui nourrit. De profondes différences pratiques existent entre l'Islam et l'Évangile du Nouveau Testament. L'Islam peut se caractériser par une "forme de piété sans puissance" (2 Timothée 3: 5). Il est, de fait, une religion de salut par les oeuvres. Ceci peut s'illustrer par son attitude envers les femmes et la sexualité.

Les femmes sont regardées comme des tentatrices irrésistibles dont l'attrait rivalise même avec la puissance d'Allah pour s'assurer la fidélité de l'homme. "L'ordre musulman fait face à deux menaces : L'infidèle au dehors et la femme au dedans." (Fatima Mernissi, Au delà du voile).

Toute la structure musulmane peut être considérée comme une attaque et une défense à l'égard du pouvoir dérangeant de la sexualité féminine. C'est "tout un système ... basé sur la supposition que la femme est un être puissant et dangereux." (Idem).

C'est la raison pour laquelle, en Islam, les femmes doivent être voilées et cachées aux yeux du public. Si un homme et une femme sont ensemble, seuls, on suppose automatiquement qu'ils ne peuvent résister à la tentation. Les hommes musulmans sont excités par l'ingénuité ouverte des femmes occidentales qu'ils interprètent comme une franche invitation et ils sont en conséquence rendus perplexes s'ils essuient un refus indigné à leurs avances.

La source des difficultés de l'Islam

L'Islam ne connaît pas de motivation profonde provenant de l'intérieur de l'âme qui rende capable de refuser des désirs illicites et de réaliser une soumission réelle à Dieu. Il ne connaît pas le moyen de dire "Non" à la tentation comme le fait la justice par la foi du Nouveau Testament. Si la tentation se présente, l'Islam suppose que l'on cède automatiquement, d'où la nécessité de la supprimer matériellement. La foi de l'Islam demeure aussi dépourvue de la Bonne Nouvelle de l'Évangile que le désert de l'Arabie saoudite est dépourvu de fleurs. Elle est étrangère à la motivation qui s'élève au-dessus de la peur de l'enfer et l'espérance d'une récompense, étrangère à "l'amour -agapé- de Christ qui nous presse" (2 Corinthiens 5: 14).

L'Islam et l'Évangile du Nouveau Testament restent donc dans une position de combat corps à corps. Mais Christ a annoncé d'avance une pénétration de Sa Bonne Nouvelle dans le monde entier. "Cet Évangile du royaume sera prêché dans le monde entier pour servir de témoignage à toutes les nations; alors viendra la fin." (Matthieu 24:14). On rapporte du Caire qu'un intellectuel musulman a confié à un journaliste occidental du "Saturday Evening Post" de Septembre 1980: "Beaucoup de gens de la société arabe ressentent aujourd'hui un grand vide spirituel dans leur vie". Ce vide doit être comblé par le pain venant du ciel qui satisfait les plus profonds désirs de l'âme humaine, par un message qui non seulement exige une complète soumission à Dieu, mais indique clairement le seul moyen de la réaliser. La Bonne Nouvelle du Fils de Dieu se soumettant au sacrifice de la croix pour la rédemption du monde doit être proclamée dans toutes les magnifiques dimensions de sa réalité.

Quand le croyant en Christ peut dire : "Je suis crucifié avec Christ et si je vis, ce n'est plus moi qui vis, c'est Christ qui vit en moi" (Galates 2: 20), le Musulman sincère se dresse et prête l'attention. Telle est la véritable soumission à Dieu après laquelle soupire son cœur affamé. Et toujours depuis 1888, les adventistes ont eu pour mission spéciale de leur en faire part.

Signs of the Times, 1985.

Traduit avec l'autorisation de l'auteur.
1. Religion de masse et pas d'ancrage personnel et direct en Christ
2. Cf. "POST TENEBRAS LUX" (après les ténèbres la lumière), inscription sur le monument du mur des Réformateurs à Genève. (NDLR)

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