CHAPITRE VI

DANIEL DANS LA FOSSE AUX LIONS

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1-5: "1 Darius trouva bon d’établir sur le royaume cent vingt satrapes, qui devaient être dans tout le royaume. 2 Il mit à leur tête trois chefs, au nombre desquels était Daniel, afin que ces satrapes leur rendissent compte, et que le roi ne souffrît aucun dommage. 3 Daniel surpassait les chefs et les satrapes, parce qu’il y avait en lui un esprit supérieur; et le roi pensait à l’établir sur tout le royaume. 4 Alors les chefs et les satrapes cherchèrent une occasion d’accuser Daniel en ce qui concernait les affaires du royaume. Mais ils ne purent trouver aucune occasion, ni aucune chose à reprendre, parce qu’il était fidèle, et qu’on n’apercevait chez lui ni faute, ni rien de mauvais. 5 Et ces hommes dirent: Nous ne trouvons aucune occasion contre ce Daniel, à moins que nous n’en trouvions une dans la loi de son Dieu."

Babylone fut prise par les Perses, et Darius le Mède fut intronisé en 538 av. J.-C. Lorsque Darius mourut deux ans plus tard, Cyrus monta sur le trône. L’événement mentionné dans ce chapitre eut donc lieu quelque part entre ces deux dates.

Daniel était un dirigeant actif du royaume lorsque Babylone atteignit l’apogée de sa gloire. Depuis lors jusqu’à ce que les Mèdes et les Perses s’emparent du trône de l’empire universel, il était un résident de la capital familiarisé avec toutes les affaires du royaume. Cependant, nous n’avons aucun récit concernant les événements qui arrivèrent durant sa longue activité dans chacun des royaumes. Seuls quelques événements font surface ici et là qui peuvent inspirer foi, espérance et courage au le coeur des enfants de Dieu de toutes les époques, et les pousser à être fidèles à leur adhésion à la droiture. L’événement raconté dans ce chapitre est mentionné dans Hébreux 11, où il nous est parlé de ceux qui par la foi "fermèrent la gueule des lions".

Darius établit cent vingt princes sur le royaume, parce qu’on suppose qu’à cette époque il devait y avoir cent vingt provinces dans l’empire, chacune ayant son prince ou son gouverneur. Grâce aux victoires de Cambyse et de Darius Hystaspe, l’empire s’agrandit jusqu’à avoir cent vingt sept provinces (Esther 1:1). Trois présidents furent placés sur ces princes, et Daniel fut le responsable. Daniel fut sans aucun doute élevé à ce poste à cause de son esprit exemplaire et de la fidélité qu’il manifesta dans son travail.

En tant que responsable de l’empire de Babylone, Daniel aurait pu être considéré par Darius comme un ennemi digne d’être banni ou éliminé de n’importe quelle façon. Ou, en tant que captif d’une nation alors en ruine, il aurait pu être méprisé. Mais il faut dire, en hommage à Darius, que Daniel eut sa préférence à tous les autres, parce que la perspicacité du roi vit en lui un esprit magnifique, et il pensa l’établir sur tout le royaume.

Alors, la jalousie de tous les autres princes s’éveilla contre lui, et ils commencèrent à tramer sa destruction. La conduite de Daniel était parfaite, dans tout ce qui concernait le royaume. Il était fidèle en tout. Ils ne pouvaient pas trouver une seule raison de se plaindre de lui sur ce sujet. Alors, ils se dirent qu’ils ne trouveraient aucune occasion de l’accuser, excepté dans la loi de son Dieu. Qu’il en soit de même pour nous! Personne ne pourrait demander une meilleure recommandation.

 6-10: "6 Puis ces chefs et ces satrapes se rendirent tumultueusement auprès du roi, et lui parlèrent ainsi: Roi Darius, vis éternellement! 7 Tous les chefs du royaume, les intendants, les satrapes, les conseillers, et les gouverneurs sont d’avis qu’il soit publié un édit royal, avec une défense sévère, portant que quiconque, dans l’espace de trente jours adressera des prières à quelque dieu ou à quelque homme, excepté à toi, ô roi, sera jeté dans la fosse aux lions. 8 Maintenant, ô roi, confirme la défense, et écris le décret, afin qu’il soit irrévocable, selon la loi des Mèdes et des Perses, qui est immuable. 9 Là-dessus le roi Darius écrivit le décret et la défense. 10 Lorsque Daniel sut que le décret était écrit, il se retira dans sa maison, où les fenêtres de la chambre supérieure étaient ouvertes dans la direction de Jérusalem; et trois fois par jour il se mettait à genoux, il priait, et il louait son Dieu, comme il le faisait auparavant."

Remarquez les moyens que ces personnes utilisèrent pour accomplir leur dessein néfaste. Ils se rendirent vers le roi, d’une façon tumultueuse, dit la note dans la marge. Ils vinrent comme s’ils avaient un sujet d’extrême importance à lui soumettre. Ils assurèrent que tous étaient d’accord. Ce qui était faux, puisque Daniel, leur supérieur, ne fut pas consulté sur ce sujet.

Le décret qu’ils présentaient semblait destiné à accroître l’honneur et le respect de la volonté du roi. Aucune prière ou demande, disaient-ils, ne devaient être adressées à aucun homme ou dieu, sauf au roi, durant trente jours. Sous cette approche élogieuse, les princes cachèrent leur mauvaise intention envers Daniel. Le roi signa le décret, et il devint une loi immuable des Mèdes et des Perses.

Notez la subtilité de ces hommes, l’extrémité à laquelle ils en arrivèrent pour provoquer la ruine de l’homme bon. S’ils avaient indiqué dans le décret qu’aucune prière ne devait être adressée au Dieu des Hébreux, ce qui était le véritable but recherché, le roi aurait immédiatement deviné leur dessein, et il n’aurait pas signé le décret. Mais ils lui avaient donné une application générale, et ils se montrèrent disposés à laisser de côté et à insulter leur propre religion et la multitude de leurs dieux, pour provoquer la ruine de l’objet de leur haine.

Daniel comprit ce qui était en train de se tramer contre lui, mais il ne fit rien pour déjouer la conspiration. Il se recommanda simplement à Dieu et en confia le résultat à la Providence. Il n’abandonna pas la capitale en prétextant des affaires d’état à traiter, il n’accomplit pas non plus ses dévotions d’une façon plus secrète qu’à l’ordinaire. Quand il sut que le décret avait été signé, il s’agenouilla trois fois par jour, comme c’était son habitude, la face tournée vers sa Jérusalem bien-aimée, et il offrit ses prières et ses supplications à Dieu.

 11-17: "11 Alors ces hommes entrèrent tumultueusement, et ils trouvèrent Daniel qui priait et invoquait son Dieu. 12 Puis ils se présentèrent devant le roi, et lui dirent au sujet de la défense royale: N’as-tu pas écrit une défense portant que quiconque dans l’espace de trente jours adresserait des prières à quelque dieu ou à quelque homme, excepté à toi, ô roi, serait jeté dans la fosse aux lions? Le roi répondit: La chose est certaine, selon la loi des Mèdes et des Perses, qui est immuable. 13 Ils prirent de nouveau la parole et dirent au roi: Daniel, l’un des captifs de Juda, n’a tenu aucun compte de toi, ô roi, ni de la défense que tu as écrite, et il fait sa prière trois fois le jour. 14 Le roi fut très affligé quand il entendit cela; il prit à coeur de délivrer Daniel, et jusqu’au coucher du soleil il s’efforça de le sauver. 15 Mais ces hommes insistèrent auprès du roi, et lui dirent: Sache, ô roi, que la loi des Mèdes et des Perses exige que toute défense ou tout décret confirmé par le roi soit irrévocable. 16 Alors le roi donna l’ordre qu’on amena Daniel, et qu’on le jetât dans la fosse aux lions. Le roi prit la parole et dit à Daniel: Puisse ton Dieu, que tu sers avec persévérance, te délivrer! 17 On apporta une pierre, et on la mit sur l’ouverture de la fosse; le roi la scella de son anneau et de l’anneau de ses grands, afin que rien ne fût changé à l’égard de Daniel."

Une fois le piège tendu, il ne restait plus à ces hommes qu’à regarder leur victime se prendre au piège. Aussi, ils vinrent ensemble, cette fois-ci à la résidence de Daniel, comme si une affaire importante les obligeait subitement à consulter le responsable des présidents; et, voici qu’ils le trouvèrent en train de prier son Dieu, ce qu’ils attendaient et espéraient. Jusque-là leur plan s’était réalisé comme ils l’avaient imaginé. Ils ne tardèrent donc pas à se présenter devant le roi avec leur accusation.

En entendant dire du monarque que le décret était en vigueur, ils furent prêts à dénoncer Daniel. Afin d’exciter les préjugés du roi, ils dirent: "Daniel, l’un des captifs de Juda, n’a tenu aucun compte de toi, ô roi, ni de la défense que tu as écrite." Oui, se plaignirent-ils, ce pauvre captif, qui dépend entièrement de toi pour tout ce dont il jouit, au lieu d’être reconnaissant et d’apprécier tes faveurs, il n’a aucune considération pour toi, ni ne fait aucune attention à ton décret. Alors le roi vit le piège qu’ils avaient tendu aussi bien à lui qu’à Daniel, et il travailla jusqu’au coucher du soleil pour le délivrer, probablement par des efforts personnels auprès des conspirateurs pour les induire à l’indulgence, ou par des arguments ou des efforts pour abroger la loi. Mais la loi fut maintenue; et Daniel, le vénérable, le sérieux, le droit, et le serviteur le plus irréprochable du royaume fut jeté dans la fosse aux lions.

 18-24: "18 Le roi se rendit ensuite dans son palais; il passa la nuit à jeun, il ne fit point venir de concubine auprès de lui, et il ne put se livrer au sommeil. 19 Le roi se leva au point du jour, avec l’aurore, et il alla précipitamment à la fosse aux lions. 20 En s’approchant de la fosse, il appela Daniel d’une voix triste. Le roi prit la parole et dit à Daniel: Daniel, serviteur du Dieu vivant, ton Dieu, que tu sers avec persévérance, a-t-il pu te délivrer des lions? 21 Et Daniel dit au roi: Roi, vis éternellement! 22 Mon Dieu a envoyé son ange et fermé la gueule des lions, qui ne m’ont fait aucun mal, parce j’ai été trouvé innocent devant lui; et devant toi non plus, ô roi, je n’ai rien fait de mauvais. 23 Alors le roi fut très joyeux, et il ordonna qu’on fît sortir Daniel de la fosse. Daniel fut retiré de la fosse, et on ne trouva sur lui aucune blessure, parce qu’il avait eu confiance en son Dieu. 24 Le roi ordonna que ces hommes qui avaient accusés Daniel fussent amenés et jetés dans la fosse aux lions, eux leurs enfants et leurs femmes; et avant qu’ils fussent parvenus au fond de la fosse, les lions les saisirent et brisèrent tous leurs os."

La conduite du roi après que Daniel ait été jeté dans la fosse aux lions témoigne de l’intérêt sincère qu’il éprouvait pour le prophète, et de la sévère condamnation qu’il ressentait pour sa propre conduite sur ce sujet. A l’aube, il se dirigea vers la fosse des bêtes affamées et voraces. Daniel était vivant, et sa réponse à la salutation du monarque n’était pas un reproche pour avoir cédé à ses mauvais conseillers. En termes respectueux, il dit: "Roi, vis éternellement!" Ensuite, il rappela au roi d’une façon qui dut le toucher vivement, mais sans l’offenser, qu’il ne lui avait fait aucun mal. A cause de son innocence, Dieu, qu’il servit continuellement, avait envoyé son ange et fermé la gueule des lions.

Car Daniel était là, protégé par un pouvoir supérieur à tout pouvoir sur la terre. Sa cause fut défendue et son innocence fut proclamée. "Et on ne trouva sur lui aucune blessure, parce qu’il avait eu confiance en son Dieu". La foi le sauva. Un miracle eut lieu. Pourquoi les accusateurs de Daniel furent-ils emmenés et jetés dans la fosse? Probablement, parce qu’ils attribuèrent la préservation de Daniel non pas à un miracle accompli en sa faveur, mais dû au fait que les lions n’avaient pas eu faim à ce moment là. Le roi a dû dire: "Dans ce cas, ils ne vous attaqueront pas non plus, aussi, nous allons vérifier cela en vous y mettant à sa place." Les lions étaient suffisamment affamés maintenant que l’intervention divine n’agissait plus, et ces hommes furent mis en pièces avant d’avoir atteint le fond de la fosse. C’est ainsi que Daniel fut doublement vengé, et les paroles de Salomon s’accomplir d’une manière frappante: "Le juste est délivré de la détresse, et le méchant prend sa place" (Prov. 11:8).

 25-28: "25 Après cela, le roi Darius écrivit à tous les peuples, à toutes les nations, aux hommes de toutes langues, qui habitaient sur toute la terre: Que la paix vous soit donnée avec abondance! 26 J’ordonne que, dans toute l’étendue de mon royaume, on ait de la crainte et de la frayeur pour le Dieu de Daniel. Car il est le Dieu vivant, et il subsiste éternellement; son royaume ne sera jamais détruit, et sa domination durera jusqu’à la fin. 27 C’est lui qui délivre et qui sauve, qui opère des signes et des prodiges dans les cieux et sur la terre. C’est lui qui a délivré Daniel de la puissance des lions. 28 Daniel prospéra sous le règne de Darius, et sous le règne de Cyrus, le Perse."

La délivrance de Daniel eut pour résultat la promulgation, à travers tout l’empire, d’une autre proclamation en faveur du vrai Dieu, le Dieu d’Israël. Il fut commandé à tous les hommes d’avoir de la crainte et de la frayeur pour Lui. Le complot que les ennemis de Daniel avaient élaboré pour provoquer sa ruine, ne réussit qu’à le faire avancer. Dans ce cas, comme dans l’expérience des trois Hébreux dans la fournaise ardente, l’approbation de Dieu est placée sur deux grandes catégories de devoirs: refuser de céder à tout péché connu, et refuser d’accomplir tout devoir connu. Le peuple de Dieu, à travers tous les âges, peut tirer un encouragement de ces deux exemples.

Le décret du roi présentait le caractère du vrai Dieu: Il est le Créateur; tout les autres n’ont aucune vie par eux-mêmes. Il est éternel; tous les autres sont impuissants et sans valeur. Il possède un royaume; car il les a tous faits et il les gouverne tous. Son royaume ne sera pas détruit; tous les autres auront une fin. Sa domination n’a pas de fin; aucun pouvoir humain ne prévaudra contre lui. Il délivre ceux qui sont en esclavage. Il sauve Ses serviteurs de leurs ennemis quand ils l’appellent à l’aide. Il accomplit des merveilles dans les cieux et des signes sur la terre. Et pour compléter le tout, il délivra Daniel, et offrit à nos yeux la preuve la plus éclatante de Son pouvoir et de Sa bonté à sauver Son serviteur du pouvoir des lions. Quelle éloge du grand Dieu et de son fidèle serviteur!

Ainsi se termine la partie historique du livre de Daniel.

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