Sermon Nº 16

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LA VRAIE MISÉRICORDE

Revenons au chapitre 58 d'Ésaïe, versets 1 et 2: "Crie à plein gosier, ne te retiens pas, élève ta voix comme une trompette, et annonce à mon peuple ses iniquités, à la maison de Jacob ses péchés! Tous les jours ils me cherchent, ils veulent connaître mes voies; comme une nation qui aurait pratiqué la justice et n'aurait pas abandonné la loi de son Dieu". Comme s'ils étaient en harmonie avec tous les décrets de Dieu. "Ils me demandent des arrêts de justice, ils désirent l'approche de Dieu. Que nous sert de jeûner, si tu ne le vois pas? De mortifier notre âme, si tu n'y as pas égard?" Voici la réponse: "Voici, le jour de votre jeûne, vous vous livrez à vos penchants, et vous traitez durement tous vos mercenaires. Voici, vous jeûnez pour vous disputer et vous quereller, pour frapper méchamment du poing; vous ne jeûnez pas comme le veut ce jour, pour que votre voix soit entendue en haut. Est-ce là le jeûne auquel je prends plaisir?" (Vers. 2b-5a).

Le texte dit: "Est-ce là … un jour où l'homme humilie son âme?" ou mieux Est-ce... pour que l'homme afflige son âme durant un jour? Un homme se passe d'aliments et afflige son âme en ayant faim: il appelle cela un jeûne. Il a affligé son âme un jour. "Est-ce là le jeûne auquel je prends plaisir, un jour où l'homme humilie son âme? Courber la tête comme un jonc, et se coucher sur le sac et la cendre, est-ce là ce que tu appelleras un jeûne, un jour agréable à Dieu?" (verset 5b). Voici le jeûne auquel Dieu prend plaisir: "Détache les chaînes de la méchanceté, dénoue les liens de la servitude, renvoie libres les opprimés, et que l'on rompe toute espèce de joug; partage ton pain avec celui qui a faim, et fais entrer dans ta maison les malheureux sans asile; si tu vois un homme nu, couvre-le, et ne te détourne pas de ton semblable"; c'est-à-dire de ta propre chair, (vers. 47). Voilà le jeûne acceptable pour Dieu. Mais ce jeûne, ne peut être observé tant qu'on ne parvient pas à voir Christ uni à toute âme et à la traiter selon l'alliance que Christ a faite avec elle. Quand nous y parviendront -en Christ, et uniquement en Lui- alors nous pratiquerons le jeûne que nous observerons tout le temps.

Je voudrais vous lire un paragraphe que j'ai trouvé dans "Les Témoignages": "Cherchez dans le ciel et sur la terre, il n'y a pas de vérité révélée, plus puissante que celle qui se manifeste dans la miséricorde envers ceux mêmes qui ont besoin de votre sympathie, et de votre aide pour briser les jougs et libérer les opprimés. Là, la vérité est vécue, obéie, et enseignée, telle qu'elle est en Christ". Telle est la vérité vécue et telle est la vérité en Jésus. Est-ce que cela ne nous conduit pas là où est Jésus? N'est-ce pas Jésus Lui-même? Il s'est allié à toute âme, Il s'est lié à tout humain, dans la chair de péché, et nous ne devons pas nous détourner de celui qui est notre chair. Quand nous, qui professons le nom de Christ, nous le respecterons en chaque homme avec lequel Il s'est allié, nous formerons un seul Groupe d'Aide chrétienne partout où il y a des Adventistes. Alors l'œuvre d'Aide chrétienne avancera partout et constamment, car ce sera le vrai Christianisme. Nous professons croire au nom de Christ qui, dans la nature des choses exige que nous respections l'investissement qu'Il a fait en faveur de toute âme, et que nous servions tous ceux qui sont dans le besoin.

D'autre part, l'organisation des Groupes d'Aide chrétienne, ou de toute autre type de groupes, suscités par l'idée du devoir, et nous engageant à le faire sans y voir Christ, sans ce lien avec Christ et cet amour pour Lui qui voit Ses intérêts en tout humain, car Il est lié à tous les hommes; sans cela toute action manquera réellement son but. D'autres genres d'œuvres chrétiennes avanceront avec cette méthode insuffisante, mais c'est la plus grande: "Cherchez dans le ciel et sur la terre, il n'y a pas de vérité révélée plus puissante" pour le travail chrétien et pour enseigner la vérité telle qu'elle est en Christ. C'est précisément une bénédiction, qu'à cette époque où un tel jeûne est nécessaire partout, et surtout parmi nous, que Dieu nous amène à agir de la sorte et nous révèle tout ce problème en nous donnant l'Esprit et le secret pour œuvrer au nom de Christ, pour l'amour de Christ, et avec Son Esprit, en faveur de tout homme, car toute âme a été acquise par Lui. Il s'est allié à tout être humain. Quel que soit celui-ci, Dieu s'intéresse à lui; Il a tout investi en lui.

Cette vérité nous amène à la situation où nous ferons toujours tout notre possible pour montrer les charmes, les grâces et la bonté de Christ aux hommes qui ne Le connaissent pas, mais en qui Il a tout engagé pour qu'ils puissent être attirés là où ils apprécieront la bonté de Christ, et le merveilleux placement effectué en leur faveur. Si nous faisons tout cela pour l'amour de l'homme ou pour notre propre honneur, nous pouvons nous tromper, bien sûr. Mais si nous le faisons comme à Christ et à cause de l'intérêt de Christ pour cet homme, il est tout à fait impossible que nous soyons jamais dans l'erreur. Car Christ vît à jamais et n'oublie pas. "Donne à celui qui te le demande, et ne te détourne pas de l'emprunteur".

Voici le principe: C'est à Christ que nous le faisons. Bien que cet homme puisse mépriser Christ, et ne jamais croire en Lui, et sombrer dans la perdition, le jour où je serai là-haut à Sa droite, Christ ne l'aura pas oublié. En souvenir de cela, Il dira: 'Vu que tu l'as fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c'est à Moi que tu l'as fait'. Il dit aussi "Quiconque donnera seulement un verre d'eau froide à l'un de ces petits parce qu'il est mon disciple, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense" (Mat. 10:42). Si nous sommes disposés à faire les choses pour un disciple de Christ, combien plus le ferons-nous s'il s'agit de Christ Lui-même! "Car Dieu n'est pas injuste, pour oublier votre travail et l'amour que vous avez montré pour Son nom, ayant rendu et rendant encore des services aux saints" (Héb. 6:10).

Qu'en est-il de nous? Voilà la vraie solidarité humaine, la vraie fraternité. On parle beaucoup de 'la paternité de Dieu et de la fraternité des hommes', et différentes organisations agissent pour répandre des idées à ce sujet. Mais c'est surtout la fraternité humaine qu'on approuve. Si vous appartenez à notre église, alors vous êtes inclus dans cette fraternité; mais si vous n'appartenez pas à notre église, nous ne nous intéressons pas particulièrement à vous, car nous n'avons rien à voir avec l'action en faveur de ceux qui sont hors de notre église. C'est ainsi que nous concevons la fraternité. Ce n'est pas du tout la vraie fraternité humaine.

Les vraies paternité de Dieu et fraternité des hommes se trouvent dans la fraternité des hommes en Christ. C'est voir Christ comme Il s'est allié étroitement à tout homme et a tout investi en tout homme. Il a abattu le mur de séparation. Dans Sa chair, qui était notre chair, Il a abattu le mur de séparation qui était entre nous, pour faire en Lui des deux un seul homme nouveau, créant ainsi la paix. Et en Lui, il n'y a ni Grec, ni Juif, ni noir, ni blanc, ni barbare, ni Scythe, ni esclave, ni homme libre, ni rien de la sorte. Tous sont un en Christ; il n'y a pas acception de personne pour Dieu. En Christ seul sont la paternité de Dieu et la fraternité des hommes; en Christ on trouve la fraternité des hommes seulement quand on trouve Christ, Frère de tous. "Pour cette raison, Il n'a pas honte de les appeler frères". Qui? Tout homme qui est fait de chair et de sang. Christ n'a pas honte de l'appeler frère. Il n'a pas honte de le prendre par la main, même si son haleine sent l'alcool, et de lui dire: 'Viens avec moi, et suivons un meilleur chemin'. Voilà la fraternité des hommes. Cela a toujours été l'œuvre de Satan de faire penser aux hommes que Dieu est aussi éloigné que possible. Mais Dieu s'efforce éternellement d'aider les hommes à découvrir qu'Il est aussi près d'eux que possible. Aussi, nous lisons : 'Il n'est pas loin de chacun de nous'. La grande inquiétude du paganisme était de penser que Dieu était loin de l'homme, et aussi très courroucé contre lui, attendant uniquement l'occasion de le secouer sauvagement pour le plonger dans la perdition. Ainsi, le païen faisait des offrandes pour mettre Dieu de bonne humeur et pour l'empêcher de le châtier. Mais il n'était 'pas loin' de tous les païens de tous temps, et si près d'eux que tout ce qu'ils avaient à faire était de "le trouver en tâtonnant" pour le trouver (Act. 17:21-28) malgré leur aveuglement et les ténèbres.

Puis vint la papauté, incarnation même de l'inimitié entre l'homme et Dieu. Cette incarnation du mal se donna le nom de Christianisme, et plaça à nouveau Dieu et Christ si loin que personne ne put s'approcher d'eux. Il fallait que quelqu'un intervienne devant Dieu, car Il était si loin que Marie, son père et sa mère, et tous les autres saints catholiques, Jeanne d'Arc et Christophe Colomb, devaient se placer entre Dieu et les hommes, pour instaurer une relation, afin que tous soient persuadés qu'Il fait attention à eux. Mais tout ceci est une invention satanique. Christ n'est pas éloigné. Il est plus près de nous que le plus proche parent selon la chair. Dieu veut que nous le voyions si proche qu'il est impossible que rien ni personne ne s'interpose entre Lui et nous. Il est près de chacun de nous, même des païens. L'incarnation de cette inimitié contre Dieu  -la papauté‑ est responsable de l'idée fausse selon laquelle Dieu est si saint qu'il serait vraiment inconvenant qu'Il s'approche de nous, et possède une nature comme la notre, pécheresse, dépravée et déchue. Donc, Marie doit être née immaculée, parfaite, sans péché, et plus élevée que les anges; donc, Christ doit être né d'elle pour avoir la nature humaine absolument sans péché. Mais cela Le situe plus loin de nous que les anges, et avec une nature sans péché. Mais si Christ n'est pas plus près de nous dans une nature pécheresse qu'avec une nature sans péché, alors grande est ma déception, car j'ai besoin de quelqu'un qui soit plus près de moi que cela. J'ai besoin de quelqu'un qui m'aide et connaisse la nature pécheresse, car c'est la nature que j'ai; et telle est celle que Christ prit. Il devint l'un de nous. Telle est la vérité présente à tous points de vue, alors que la papauté prend possession du monde, et que son image s'affirme dans la mauvaise voie, oubliant tout ce que Dieu est en Christ, et tout ce que Christ est dans le monde: elle a la forme de la piété sans en avoir la réalité ni la puissance. Actuellement, n'est-ce pas assurément la chose la plus nécessaire dans le monde, à savoir que Dieu proclame les mérites réels de Christ et Sa sainteté? Il est vrai qu'Il est absolument saint, mais sa sainteté n'est pas de celles qui s'effraient au contact des gens qui ne le sont pas, de peur d'abîmer Sa sainteté. Si on possède une sainteté qui nous empêche d'être en compagnie -au nom de Christ- de gens déchus, perdus et dégradés, alors on ferait mieux de s'en débarrasser, et de se procurer la vraie sainteté. Il y a beaucoup de cette sorte de sainteté chez les chrétiens, et peut-être aussi chez les Adventistes. Alors, si un membre, sympathise avec les malheureux déchus, et les aide, on est prêt à dire: 'Si vous fréquentez ces gens, je ne peux plus m'associer à vous, je ne suis pas sûr de vouloir appartenir encore à l'église si vous travaillez avec ces gens, et les amenez dans l'église'. Répondons: 'Alors vous feriez mieux de quitter l'église au plus vite, car bientôt l'église de Christ contiendra justement cette sorte de gens. Les publicains et les prostituées entreront dans le royaume avant vous'.

L'église sera bientôt façonnée selon la grâce et le caractère de Christ; alors ses membres n'auront pas peur de descendre très bas pour relever comme Lui, les déchus, sans avoir peur de se souiller en descendant, en Son nom, vers les plus vils. La sainteté pure et puissante de Dieu rend Sa présence insupportable au pécheur, car elle est un feu consumant le péché. Il tarde à Christ que cette sainteté consume le péché et sauve les âmes. Dans Sa chair pécheresse, Il est venu chercher les pécheurs là où ils vivent. Ainsi, en Christ seul se trouve la fraternité des hommes. Tous sont en effet 'un' en Christ. Alors, certains en ont conclu que si Christ devint 'nous', Il est notre chair, et disent : 'Je suis Christ'. Ils pensent que si Christ pardonna les péchés, ils peuvent aussi pardonner les péchés; s'Il fit des miracles, ils feront des miracles. C'est un argument effrayant. Il y a deux possibilités à ce sujet. Christ est devenu 'nous', Il a été à notre place, faible comme nous en tous points, semblable à nous, et cela à jamais; mais pas pour que nous soyons 'Lui'. Non, c'est Dieu qui doit toujours être manifesté et pas 'nous'.

Pour qu'il en soit ainsi, Christ s'est dépouillé et a pris notre place, pour que Dieu Lui-même puisse venir à nous, nous apparaître, et Se révéler en nous, et à travers nous en toutes choses. Ce qui nous a perdus au début, c'est l'exaltation du moi, la mise en avant du moi au-dessus de Dieu. Pour que nous puissions nous débarrasser de notre moi mauvais, Christ S'est dépouillé de Son moi juste, et Il a prit notre moi mauvais. Il a crucifié notre moi, en nous soumettant toujours, pour que Dieu puisse être tout en nous, et tout ce qui existe en Christ. Assurément, voilà pourquoi ceci eut lieu. Nous ne devons pas nous élever, Christ doit grandir, je dois diminuer. Il doit vivre, je dois mourir. Il doit être magnifié, je dois être dépouillé.

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